Définition : c'est quoi les leucorrhées ou pertes blanches ?
Les leucorrhées (également appelées pertes blanches) désignent des écoulements vaginaux non sanglants, (contrairement aux règles ou aux métrorragies qui correspondent à des saignements survenant entre les règles).
Les pertes blanches sont le plus souvent un phénomène physiologique normal chez la femme. Elles sont dues aux sécrétions de glaire cervicale et des glandes annexes (glandes de Skène et Bartholin) et à la desquamation vaginale. Elles apparaissent à partir de la puberté et disparaissent progressivement à partir de la ménopause.
Ces sécrétions de couleur blanchâtre sont plus ou moins abondantes selon les patientes et en fonction de la période de leur cycle menstruel. En effet, les leucorrhées augmentent lors de l’ovulation (la glaire est alors plus abondante et semblable à du blanc d’œuf). Ces pertes ne sont pas associées à des brûlures, à des démangeaisons ou à tout autre symptôme général. Elles ne dégagent aucune odeur.
Le signe d’une infection en cas de leucorrhées colorées, odorantes, douloureuses
Toutefois, si les leucorrhées sont colorées, odorantes, douloureuses (brûlures), accompagnées de prurit ou de symptômes généraux (fatigue, fièvre…), nous parlons de pertes blanches pathologiques. Dans ce cas, les pertes blanches sont le signe d’une infection à identifier afin de la traiter.
Dans la majorité des cas, il s’agit d’infections génitales basses. Elles peuvent être provoquées par une mycose liée la prolifération de la levure candida albicans. Les pertes sont alors abondantes, grumeleuses et associées à des démangeaisons, indique le Dr Olivier Marpeau, chirurgien gynécologue à l’Hôpital Privé de Provence.
« Parfois, les pertes blanches sont liées à une vaginose. Cette dernière correspond à un déséquilibre de la flore vaginale entre une perte de lactobacilles (flore de Döderlein) et une prolifération d’autres bactéries du vagin (comme Gardnerella vaginalis ou Peptostreptococcus) », poursuit l’expert.
Il arrive aussi que les leucorrhées soient le symptôme d’une infection sexuellement transmissible (IST). Dans ce cas, elles résultent d’un agent infectieux transmis par le partenaire sexuel : une bactérie (chlamydia, gonocoque ou blennorragie, mycoplasme) ou le parasite trichomonase vaginalis.
Plus rarement, les leucorrhées peuvent être le signe d’un ectropion (immaturité du col de l’utérus), d’un cancer de l’utérus ou d’une tumeur bénigne.
Lorsque les pertes blanches ne traduisent pas une infection, il n’y a pas lieu de les traiter. « Certaines patientes se plaignent d’avoir des pertes trop abondantes. Il n’y a alors par grand-chose à faire. Parfois, la prescription d’une pilule contraceptive ou de probiotiques pour rééquilibrer la flore vaginale permet de voir diminuer les leucorrhées. À l’inverse pour les femmes qui se plaignent de sécheresse vaginale, il existe beaucoup de solutions : gel, crèmes, ovules lubrifiants, laser vaginal… » explique le spécialiste.
En cas d’infection, le médecin prescrit un traitement adapté rapidement afin que l’agent pathogène n’atteigne pas les voies génitales hautes (utérus, trompes…). Le plus souvent à base d’antifongiques ou d’antibiotiques selon l’agent pathogène causal.
Quels sont les différents types de leucorrhées ?
On distingue les leucorrhées physiologiques normales des leucorrhées pathologiques.
Les leucorrhées physiologiques
Elles correspondent à des sécrétions vaginales normales chez la femme. Elles apparaissent à partir de la puberté et se raréfient à la ménopause. La période préovulatoire et la grossesse augmentent leur quantité. Ces pertes proviennent de :
- La desquamation vaginale à l’origine d’écoulements laiteux, peu abondants, opalescents, et qui augmentent en période prémenstruelle ;
- La glaire cervicale sécrétée par les cellules cylindriques de l’endocol qui augmente du 8e au 15e jour du cycle, translucide et semblable à du blanc d’œuf.
Les pertes physiologiques ne sont pas accompagnées d’irritation, ni d’odeur et ne sont pas le signe d’une infection (elles ne contiennent d’ailleurs pas de globules blancs ou polynucléaires). Leur abondance ou au contraire leur absence (sécheresse vaginale) peut être parfois source de gêne pour la patiente.
Les leucorrhées pathologiques
Ce sont des pertes vaginales symptomatiques d’une infection. Elles sont colorées (jaunâtres, verdâtres…) ou blanches, ont parfois une mauvaise odeur et peuvent contenir du sang. Elles sont parfois associées à d’autres symptômes locaux (brûlures, prurit…) ou généraux (fièvre, fatigue, douleurs du bas-ventre…). Elles traduisent le plus souvent une infection génitale basse liée à un déséquilibre de la flore microbienne génitale (mycose, vaginose) ou à une infection sexuellement transmissible (chlamydiose, gonorrhée, mycoplasme, trichomonase vaginalis).
Plus rarement les leucorrhées pathologiques sont le signe d’un cancer du col de l’utérus ou d’une tumeur bénigne.
Attention, l’ectropion (c’est-à-dire lorsque la muqueuse normalement présente dans l’utérus est extériorisée dans le vagin) peut aussi provoquer une sécrétion importante de leucorrhées. Il n’y a alors aucun risque particulier.
Quelles sont les causes des leucorrhées ?
Les leucorrhées physiologiques sont normales chez les femmes entre le début de la puberté et la ménopause. Elles sont dues à l’action des œstrogènes permettant leur production par la desquamation vaginale et l’activité de la glaire cervicale. Elles sont plus ou moins abondantes d’une femme à l’autre. Elles augmentent en période préovulatoire et pendant la grossesse.
Les leucorrhées pathologiques sont provoquées le plus souvent par une infection génitale basse induite par :
- Un déséquilibre de la flore vaginale à l’origine :
- D’une mycose (liée à la prolifération du champignon candida albicans) ;
- D’une vaginose (liée à la prolifération de bactéries comme gardnerella vaginalis ou Peptostreptococcus) ; - Une infection sexuellement transmissible liée à :
- Une bactérie (chlamydia, gonocoque, mycoplasme) ;
- Un parasite (trichomonase) ; - Un cancer du col de l’utérus ou une tumeur bénigne ;
- Un ectropion.
Déséquilibre de la flore vaginale : quelles causes ?
Le vagin est un écosystème dynamique qui possède de nombreux micro-organismes. La flore dominante est nommée Bacille de Döderlein. Ce lactobacille tapisse la muqueuse vaginale et transforme le glycogène (contenu dans les cellules vaginales et cervicales) en acide lactique. Cet acide explique le pH acide du vagin qui est un facteur protecteur contre la prolifération bactérienne et fongique. Une hygiène intime excessive ou encore des frottements (liés au port de vêtements trop serrés, à des rapports sexuels prolongés... ) peuvent entraîner un déséquilibre de la flore vaginale qui se traduit par une trop grande proportion de bactéries ou champignons dont le nombre est habituellement limité au sein de la flore. Nous parlons de mycose (liée à la multiplication du champignon candida albicans) ou de vaginose (liée à la prolifération de bactéries comme gardnerella vaginalis ou Peptostreptococcus...).
Quels sont les facteurs de risque des leucorrhées ?
Les pertes blanches sont physiologiques chez la femme (apparaissant à partir de la puberté et se raréfiant à la ménopause). Les facteurs de risque d’une augmentation des pertes blanches sont la période préovulatoire et la grossesse.
Les facteurs de risque de pertes blanches pathologiques (qui sont odorantes, colorées et associées à d’autres symptômes comme des démangeaisons ou une altération de l’état général) sont :
- Une hygiène intime excessive ou agressive (avec un savon mal adapté) des zones génitales voire de l’intérieur du vagin : « souvent, les femmes pensent à tort qu’une douche vaginale est synonyme d’une bonne hygiène. Certaines la pratiquent même quotidiennement, ce qui est une catastrophe pour l’équilibre de la flore génitale », avertit le Dr Olivier Marpeau ;
- Le port de pantalons trop serrés ;
- Le port de sous-vêtements irritants (qui ne sont pas en coton) ;
- Le port de sous-vêtements humides (maillots de bain mouillés) ;
- Le port de strings ;
- Le port prolongé de serviettes hygiéniques ou de tampons ;
- Les frottements prolongés lors des rapports sexuels par exemple ;
- Un climat chaud et l’hypersudation ;
- Des rapports sexuels non protégés ;
- Un cancer du col de l’utérus ;
- Une tumeur bénigne du col de l’utérus ;
- Un ectropion.
Quels sont les symptômes des leucorrhées ?
Les symptômes des leucorrhées physiologiques
Les leucorrhées physiologiques ne s’accompagnent que de quelques signes. Elles sont :
- De quantité variable ;
- Claires ;
- Non odorantes.
Les symptômes des leucorrhées pathologiques
Les leucorrhées pathologiques peuvent se présenter de manière variable, selon leur cause :
- Blanchâtres, verdâtres ou grisâtres ;
- Épaisses, liquides ou mousseuses ;
- Avec une odeur nauséabonde variable ;
- Parfois, sanglantes.
Elles peuvent être associées à d’autres signes :
- Des douleurs abdominales ;
- Des brûlures vaginales ;
- Des démangeaisons ;
- De la fièvre et de la fatigue ;
- Des rapports sexuels douloureux, voire impossibles.
Toute leucorrhée suspecte (même les leucorrhées d’allure physiologique inquiétante) doit être prise au sérieux. Elle nécessite une consultation médicale ou gynécologique.
Prévention : comment lutter contre les leucorrhées ?
« Certaines patientes se plaignent de pertes blanches trop abondantes. Mais si elles ne sont pas symptomatiques d’une infection, il n’y a pas de raison de les traiter. En outre, il n’existe pas de traitement efficace contre les pertes blanches », indique l’expert.
Parfois, lorsque la patiente est très gênée, il est possible de prescrire une pilule contraceptive ou des probiotiques qui peuvent réduire les sécrétions vaginales. Olivier Marpeau, chirurgien gynécologue
Pour prévenir les infections, à l’origine des leucorrhées pathologiques, il est recommandé de :
- Se protéger à l’aide de préservatif lors de rapports sexuels ;
- Limiter le nombre de partenaires sexuels différents ;
- Après un rapport sexuel, il est recommandé de se laver ;
- Proscrire les douches vaginales et les toilettes intimes trop fréquentes et agressives ;
- Éviter les culottes trop serrées et en synthétique car elles favorisent la transpiration ;
- Éviter les pantalons trop serrés ;
- Laver les sextoys avant un rapport sexuel ou les couvrir d’un préservatif ;
- Entretenir une bonne hygiène intime une fois par jour en utilisant un savon adapté ;
- Le séchage des zones intimes doit être doux et minutieux ;
- Éviter les sous-vêtements humides (maillots de bain mouillés) ;
- Changer plusieurs fois par jour de serviettes hygiéniques, tampons… ;
- Éviter les protège-slips ou ne les utiliser qu’à titre occasionnel en cas de pertes vaginales plus importantes ;
- Ne pas utiliser d’antiseptique au niveau du vagin et de la vulve sans l’avis d’un médecin.
Quels examens pour diagnostiquer les leucorrhées ?
En cas de pertes blanches mal odorantes ou générant des démangeaisons, il est recommandé de consulter un gynécologue. Ce dernier pratiquera :
- Un examen clinique comprenant un interrogatoire (sur les symptômes, les antécédents personnels ou familiaux du patient et le contexte de l’infection) et un examen du vagin, de l’utérus et des ovaires. Le médecin introduit l’index et le médius, protégés par un gant, dans le vagin, tout en exerçant une pression à la partie inférieure de l’abdomen avec l’autre main. Lorsque cette manœuvre entraîne une douleur significative ou en cas de fièvre, cela indique la présence probable d’autres foyers infectieux ;
- Un prélèvement vaginal : le médecin prélève un échantillon de pertes vaginales, si présentes, avec un coton monté. Cet échantillon sera examiné au microscope. À partir des informations recueillies lors de cet examen, le médecin peut généralement déterminer si la cause relève d’une mycose, d’une vaginose ou d’une IST ;
- Un prélèvement cervical (du col utérin) : le médecin utilise également un coton pour prélever un échantillon de pertes au niveau du col de l’utérus. L’échantillon est analysé pour la recherche d’infections sexuellement transmissibles IST (chlamydia, gonocoque, mycoplasme, trichomonase…).
Que faire contre des pertes blanches trop abondantes ?
Il n’existe pas de traitement pour les leucorrhées physiologiques même si elles sont abondantes. Parfois le médecin peut prescrire une pilule contraceptive ou des probiotiques afin de réduire leur quantité. En outre, la simple utilisation de protège-slips peut permettre d’améliorer le confort de la femme.
Que faire en cas d’absence de pertes blanches (sécheresse vaginale) ?
En cas de sécheresse vaginale (insuffisance voire absence de pertes blanches), notamment dans le cadre de la ménopause, le médecin offre plusieurs solutions aux patientes :
- Les traitements locaux avec ou sans œstrogènes (gels, crèmes, ovules pour la sécheresse vaginale ou lubrifiants vaginaux) ;
- Des traitements hormonaux systémiques (THS) par œstrogènes et progestérone ;
- « Chez les femmes ménopausées, il est possible d’utiliser la rejuvénation vaginale, un traitement au laser redonnant au vagin les caractéristiques d’un vagin « jeune » et donc mieux lubrifié. Cependant ce geste, qui donne d’excellents résultats, n’est pas pris en charge par la Sécurité sociale », explique le Dr Olivier Marpeau.
Si la sécheresse vaginale est liée à la prise d’un contraceptif hormonal, votre gynécologue peut vous proposer de changer ce moyen de contraception. Enfin si la sécheresse vaginale gêne les rapports sexuels, vous pouvez consulter un sexologue, allonger le moment des préliminaires, communiquer de ce problème avec votre partenaire sexuel afin d’adapter avec lui vos pratiques sexuelles.
Que faire en cas d’infection vaginale (leucorrhées pathologiques) ?
En cas de pertes blanches abondantes, mal odorantes et colorées (jaunâtres à verdâtres), il est recommandé de consulter un gynécologue car elles pourraient être le signe d’une infection. En cas d’infection, le traitement dépend de l’agent pathogène causal :
- En cas de mycose vaginale, les ovules ou capsules antifongiques (de la famille des imidazolés actifs sur la levure Candida albicans) à introduire dans le vagin sont privilégiés. En cas d’atteinte de la vulve, il est recommandé de compléter le traitement vaginal par l’application d’une crème antifongique. Le partenaire sexuel doit également être traité.
Des traitements par voie orale en cas de mycose récidivante existent également.
- En cas de vaginose bactérienne, le traitement consiste en la prise d’antibiotiques (tels que le secnidazole, le métronidazole ou la clindamycine). Le secnidazole par voie orale pendant 7 jours en une prise unique constitue le traitement de choix pour les femmes qui ne sont pas enceintes. Cependant, il peut y avoir des effets secondaires pour l’organisme. Les médecins préfèrent donc administrer aux femmes enceintes le métronidazole sous forme de gel vaginal ou de crème vaginale ;
- En cas d’IST, le médecin administre des antibiotiques au patient et à son/ses partenaire(s) sexuel(s) :
Chlamydia | L’azithromycine en dose unique d’1 gramme ou par la doxycycline 100 mg, deux fois par jour pendant 7 jours. |
Gonocoque | Administration d’une céphalosporine en dose unique : soit la ceftriaxone par voie injectable, soit la céfixime par voie orale. |
Trichomonase vaginalis | Une seule dose de métronidazole ou de tinidazole. |
De façon générale, afin de prévenir les infections et de prendre soin de votre flore vaginale, il est recommandé d’adopter une toilette intime (mais non intrusive !) à raison d’une fois par jour avec un savon alcalin.
Le laser ou la cryothérapie (froid) permettent de limiter des leucorrhées gênantes lors d’ectropion.
Lors de la survenue d’un cancer, un traitement particulier est instauré.