Qu'est-ce qu'une infection sexuellement transmissible (IST/MST) ?
Les infections sexuellement transmissibles (IST), anciennement maladies sexuellement transmissibles (MST), désignent des pathologies infectieuses transmises lors de rapports sexuels (certaines peuvent également se transmettre par d’autres voies). Il existe 30 IST différentes dont des infections bactériennes, virales et parasitaires (source 1).
Quelles sont les IST les plus fréquentes ?
Les IST les plus répandues sont :
- 5 maladies bactériennes ou parasitaires curables mais susceptibles de complications parfois graves sans traitement : les chlamydioses, la gonococcie, la trichomonase, les mycoplasmes et la syphilis.
- 4 maladies virales : l’hépatite B, l’herpès génital, le VIH et le papillomavirus humain (HPV). L’hépatite B peut guérir spontanément ou se chroniciser occasionnant des complications hépatiques parfois graves. L’herpès génital et le VIH se logent dans l’organisme de leur hôte. Si l’herpès est symptomatique, les récidives de poussées sont possibles. Le VIH reste dormant et sa charge virale est indétectable grâce au traitement actuel. Les HPV passent souvent inaperçus, plus rarement ils occasionnent des condylomes ou encore des lésions précancéreuses.
Les infections sexuellement transmissibles se transmettent principalement par contact cutané lors d’un rapport sexuel, vaginal, anal ou oral. La contagiosité dépend de la maladie : « Par exemple, le VIH est considéré comme une infection moins contagieuse que les chlamydioses devenues très fréquentes », selon le docteur Olivier Marpeau, chirurgien-gynécologue. Un grand nombre d’IST, notamment la chlamydiose, la gonococcie, l’hépatite B, l’infection à VIH et la syphilis, se transmettent aussi de la mère à l’enfant pendant la grossesse et à l’accouchement.
Quelles sont les différentes infections sexuellement transmissibles (IST/MST) ?
- Les chlamydioses qui sont des IST devenues très fréquentes surtout chez les 15-24 ans (source 2). Elles sont dues à la bactérie chlamydia trachomatis, susceptible de provoquer une infection uro-génitale ou une infection ano-rectale. « Les chlamydioses peuvent provoquer des symptômes inconfortables mais sont le plus souvent asymptomatiques. Avec le temps, elles peuvent occasionner des complications chez la femme, affectant les voies génitales hautes (donnant lieu à une salpingite ou à une cervicite par exemple) et compromettre la fertilité. En dehors de ce cas de figure, les chlamydioses restent bénignes et traitées efficacement par la prise d’antibiotiques », selon Olivier Marpeau, chirurgien-gynécologue.
- Les papillomavirus humains ou HPV sont une famille de virus sexuellement transmissibles très contagieux. Il s’agit de l’infection sexuellement transmissible (IST) la plus fréquente : 80 % de la population contracte au moins un HPV au cours de sa vie (source 1). Les infections à HPV sont asymptomatiques dans 90 % des cas (source 1). Cependant dans 1 cas sur 10, le virus peut se manifester sous diverses formes selon le génotype du virus :
-Les HPV 6 et 11 sont bénins se traduisant le plus souvent par la survenue de condylomes ou verrues génitales
- Les HPV 16 et 18 sont associés au développement de lésions précancéreuses et cancéreuses, en particulier du col utérin, du vagin, de la vulve, de l’anus, de la gorge, des amygdales et de la langue.
« Malheureusement le préservatif ne protège pas contre les infections au HPV. Seule la vaccination des jeunes personnes permet une protection efficace », souligne le gynécologue.
- Le virus de l’hépatite B (VHB) est un virus très contagieux : « c’est la seule hépatite sexuellement transmissible. En effet, l’hépatite C est aussi considérée comme une IST mais il faut une pénétration du virus directement dans les voies sanguines par l’intermédiaire de lésions (plaies, ulcérations…) au niveau parties génitales », selon le praticien. Si l’hépatite B initiale, dite aiguë, peut ne présenter aucun symptôme, sa forme chronique (2 à 10 % des cas) est responsable de graves complications comme une cirrhose ou un cancer du foie. Un vaccin existe pour prévenir l’infection, mais la recherche continue pour développer de nouveaux traitements.
- La gonococccie (blennorragie) est une IST fréquente et en constante augmentation. Chez l’homme, elle se traduit par une inflammation de l’urètre (blennorragie) tandis que chez la femme, la maladie est le plus souvent asymptomatique à moins qu’elle ne donne lieu à une infection génitale haute (salpingite ou cervicite). L’anorectite (inflammation de l’anus et du rectum) peut survenir chez les 2 sexes, mais prédomine chez l’homme.
- Les mycoplasmes sont des bactéries. Elles peuvent passer inaperçues et menacent la fertilité si elles ne sont pas traitées.
- La trichomonase est due à un parasite (trichomonas vaginalis). Elle peut passer inaperçue et menace la fertilité si elle n’est pas traitée.
- L’herpès génital est une affection virale fréquente parfois asymptomatique ou qui peut se manifester par l’apparition de vésicules puis d’ulcérations douloureuses sur les organes génitaux. « L’herpès génital est le plus souvent lié à une infection au virus herpès simplex 2 (HSV2) et parfois au virus herpès simplex 1 (HSV1) causant l’herpès labial. La transmission se fait alors lors d’un rapport sexuel bucco-génital », explique le spécialiste. Le traitement passe par la prise d’un antiviral appelé aciclovir.
- Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est une maladie virale chronique grave. Elle s’attaque aux cellules du système immunitaire, principalement à certains globules blancs (lymphocytes T4). Les défenses immunitaires sont donc affaiblies occasionnant le déclenchement de maladies dites « opportunistes ». En absence de traitement (trithérapie), le VIH évolue vers le SIDA, une maladie aux complications fatales. En France, on estime entre 100 000 et 130 000 le nombre de personnes vivant avec une infection par le VIH. Il y a environ 7 000 nouveaux cas par an en France (55 % par rapports hétérosexuels, 25 % par rapports homosexuels) (source 3).
- La syphilis est provoquée par une bactérie : le tréponème pâle. « Cette maladie est le plus souvent silencieuse les premiers temps (bien qu’elle occasionne parfois un chancre apparent). En l’absence de traitement antibiotique, elle est susceptible de s’étendre à l’organisme compromettant à terme le pronostic vital. Heureusement, la syphilis se fait de plus en plus en rare », selon le docteur Olivier Marpeau.
Quelles sont les causes des IST/MST ?
Les infections sexuellement transmissibles (IST) sont généralement dues à :
- des bactéries (syphilis, gonococcie, chlamydiose…) ;
- des virus (sida, hépatites B et C, condylomes, herpès…) ;
- des parasites (mycoplasmes, trichomonase…).
Quels sont les facteurs augmentant le risque d'attraper une IST ?
Les facteurs favorisant la survenue des IST sont :
- le « multipartenariat sexuel » (au moins deux partenaires dans l’année) ;
- le changement de partenaire récent ;
- avoir un ou des partenaire(s) diagnostiqué(s) avec une IST ;
- avoir une IST : en effet, il n’est pas rare que les IST coexistent entre elles. Par exemple, une personne atteinte d’herpès génital peut avoir des lésions génitales qui vont favoriser l’entrée dans l’organisme du virus du sida ou permettre l’infection à l’hépatite C ;
- l’homosexualité ou la bisexualité chez les hommes (HSH) ;
- un comportement à risque : libertinage, échangisme, prostitution, toxicomanie… ;
- un viol avec ou sans violences physiques.
MST-IST : quels symptômes ? comment se fait le diagnostic ?
Les symptômes des IST sont très diversifiés.
Il peut s'agir de manifestations au niveau des voies génitales basses comme c'est parfois le cas du gonocoque ou des chlamydioses. Mais généralement ces affections sont asymptomatiques (au même titre que les mycoplasmes et les trichomonases). Il faut alors se méfier de ces atteintes qui peuvent migrer silencieusement vers les voies génitales hautes compromettant la fertilité chez la femme. Dr Olivier Marpeau, gynécologue.
Enfin, certaines IST peuvent se généraliser à d’autres organes ou à l’ensemble de l’organisme comme c’est le cas de la syphilis, du VIH ou de l’hépatite B.
Les symptômes et le diagnostic des chlamydioses (infections à chlamydia)
Cette affection est parfois asymptomatique. Mais lorsqu’elle se manifeste, les signes apparaissent une à deux semaine(s) après le rapport sexuel contaminant.
Chez l’homme, les patients décrivent une urétrite et des écoulements du pénis. Chez la femme, c’est une vaginite accompagnée de pertes vaginales, des douleurs ou sensations de brûlure et parfois des petits saignements qui inquiètent les patientes. Les localisations ano-rectales ou pharyngées sont le plus souvent asymptomatiques. Parfois une altération de l’état général comme une fièvre ou de la fatigue est associée. Le diagnostic passe par l’examen clinique confirmé par un prélèvement génital ou jet d’urine. Il est nécessaire de traiter les chlamydioses au risque qu’elles ne se compliquent chez la femme par une salpingite, une cervicite, des douleurs pelviennes chroniques voire une infertilité.
Les symptômes et le diagnostic des papillomavirus humains
Dans la grande majorité des cas, les personnes contaminées par un papillomavirus (HPV) ne développent aucun symptôme. Certains patients présentent toutefois de petites verrues le plus souvent bénignes appelées condylomes. Elles apparaissent dans les deux mois qui suivent le rapport sexuel contaminant.
Certains papillomavirus sont susceptibles d’entraîner la formation de lésions précancéreuses ou cancéreuses au niveau du col de l’utérus, de la vulve ou du vagin chez la femme et du pénis chez l’homme. On peut aussi en retrouver au niveau de l’anus, de la langue, des amygdales et de la gorge. Un frottis du col de l’utérus permet de détecter des lésions malignes ou un cancer du col de l’utérus.
Les symptômes et le diagnostic de la gonococcie
La gonococcie est une infection souvent asymptomatique. Mais elle se manifeste parfois dans la semaine qui suit le rapport contaminant. Chez l’homme, une urétrite associée à des écoulements purulents est révélatrice. Chez la femme, une vaginite, des pertes vaginales et des sensations de brûlure sont caractéristiques. Il existe aussi des formes ano-rectales (anorectites) ou pharyngées (asymptomatiques). Le diagnostic passe par l’examen clinique confirmé par un prélèvement génital ou jet d’urine.
En l’absence de traitement, la maladie peut entraîner un risque de salpingite, de cervicite, d’infertilité, de douleurs pelviennes chroniques ou encore une grossesse extra-utérine chez la femme. Chez l’homme, le risque est le développement d’une prostatite ou d’un rétrécissement de l’urètre.
Les symptômes et le diagnostic de l’hépatite B
L’hépatite B passe parfois inaperçue. Toutefois, certains patients décrivent dans un premier temps une altération de l’état général : fièvre, fatigue, douleurs musculaires… Parfois, l’urine devient plus sombre et la peau jaunâtre (atteinte du foie). Dans 90 % des cas, la maladie guérit spontanément. Plus rarement, elle se chronicise pendant plus de 6 mois entraînant parfois des complications hépatiques graves (fibrose, cirrhose…), en l’absence de tout traitement. Le diagnostic est confirmé par un examen sérologique par prise de sang.
Les symptômes et le diagnostic de l’herpès génital
L’herpès génital est parfois asymptomatique. Si la maladie se manifeste, la première poussée est la plus virulente. Elle apparaît environ une semaine après le rapport sexuel contaminant. Les récidives surviennent en cas de bouleversement immunitaire ou hormonal (fatigue, stress, menstruations…). Des vésicules en bouquet puis des ulcérations douloureuses et qui démangent sont caractéristiques. Une altération de l’état général est souvent associée. Le diagnostic est confirmé par un prélèvement sur les lésions ou un examen sérologique par examen sanguin.
Les symptômes et le diagnostic des mycoplasmes et de la trichomonase
L’infection à mycoplasmes et la trichomonase se traduisent par des écoulements au niveau du vagin (vaginite), le pénis ou l’anus associés à des douleurs à type de brûlures et des démangeaisons. Ces symptômes apparaissent dans la semaine qui suit le rapport sexuel contaminant. Un prélèvement local est nécessaire au diagnostic. Non traitées, ces infections peuvent migrer vers les voies génitales hautes entraînant un risque de fertilité chez la femme ou de grossesse extra-utérine.
Les symptômes et le diagnostic de la syphilis
La syphilis est souvent asymptomatique mais elle se manifeste parfois en 3 phases symptomatiques distinctes. La première correspond à l’apparition d’un chancre. Ce dernier est une érosion indolore qui apparaît sur les organes génitaux. Le contact avec le chancre est responsable de la contamination. Quelques mois plus tard, les stades suivants correspondent à la propagation de la maladie à l’organisme : les atteintes sont alors cutanées puis viscérales et nerveuses, lors du stade tertiaire. Le diagnostic passe par une prise de sang.
Les symptômes et le diagnostic du VIH
Il n’est pas rare que le VIH passe inaperçu les premières années. Certains patients ressentent quelques signes lors d’une phase appelée primo-infection qui intervient 15 jours après la contamination. Les patients décrivent un état grippal associé à des taches rouges sur la peau. Après cet épisode, le patient est généralement asymptomatique pendant des années avant que la détérioration du système immunitaire ne se fasse sentir. Le stade sida apparaît 10 ans après la contamination par l’apparition de maladies dites « opportunistes » parfois graves et liées à la dégradation de l’état général du patient. Le diagnostic est établi par un examen sérologique au moyen d’une prise de sang dès 6 semaines après un rapport sexuel à risque.
Dépistage gratuit : pour quelles IST ?
Pour tous, dépistage gratuit du VIH : chacun peut se faire tester gratuitement et sans ordonnance dans n’importe quel laboratoire d’analyses médicales.
Pour les moins de 26 ans : depuis septembre 2024 les moins de 26 ans peuvent ainsi se rendre dans un laboratoire d’analyses médicales sans ordonnance, donc sans avoir à aller chez un médecin avant, pour se faire dépister des 4 IST suivantes :
- l'hépatite B,
- la syphilis,
- la chlamydia,
- la gonorrhée.
Comment prévenir les infections sexuellement transmissibles ?
Pour prévenir la survenue des IST, il est utile de suivre quelques conseils.
- Utiliser des préservatifs, seul moyen contraceptif qui protège efficacement des IST. Rappelons que les préservatifs sont désormais gratuits pour les jeunes de moins de 26 ans.
- Sauf contre-indication, se faire vacciner contre l’hépatite B et le papillomavirus (certains sont responsables des condylomes et des cancers du col de l’utérus).
- Ne pas prendre de drogues injectables, pour les maladies se transmettant par le sang (sida, hépatites B et C…).
- Éviter d’avoir plusieurs partenaires sexuels.
- Éviter les comportements à risque : libertinage, prostitution…
- Effectuer des dépistages régulièrement et en particulier en cas de prise de risque, de viol ou de nouveau partenaire sexuel.
- Éviter l’échange du linge de toilette qui peut exposer à certaines IST comme l’herpès génital.
- Si vous pensez avoir une infection sexuellement transmissible, consultez sans attendre. Si vous êtes traité(e) pour IST, prenez le traitement prescrit par votre médecin jusqu’au bout et prévenez votre ou vos partenaires(s) afin qu’il(s) ou qu’elle(s) puissent également se faire dépister et traiter le cas échéant.
Si vous avez régulièrement des conduites à risque (rapports non protégés et/ou un multipartenariat sexuel), il est possible d’avoir recours à des traitements préventif du VIH. Le traitement post-exposition (TPE) est un traitement donné en urgence après un risque de transmission du VIH. Il empêche le virus de s’installer dans l’organisme et permet de rester séronégatif. En outre, la PrEp (prophylaxie pré-exposition) est un outil préventif qui permet à une personne séronégative exposée au VIH de se protéger en prenant un traitement antirétroviral (Truvada®). Ces médicaments peuvent être pris quotidiennement ou encore à titre occasionnel et à plus fortes doses en cas de rapport à risque (les comprimés sont pris avant et après le rapport sexuel).
Quels sont les traitements des infections sexuellement transmissibles (IST/MST)?
Selon la nature de l’infection sexuellement transmissible, le traitement est variable.
Il repose globalement sur :
- la prise de médicaments par voie locale ou générale (antibiotiques, antiviraux, antiparasitaires…) ;
- le traitement du partenaire, même s’il ne présente aucun signe.
Certaines IST sont bénignes et guérissent très bien une fois traitées (chlamydioses, gonococcie, …).
Toutefois, d’autres peuvent se chroniciser et avoir des conséquences (hépatite B…) ou rester dans l’organisme (comme le VIH) et parfois survenir de nouveau (herpès génital…).
Infections | Traitements |
Chlamydioses | Antibiotiques par voie orale :
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Gonococcie |
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Herpès génital | Traitement par antiviral :
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Syphilis |
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Hépatite B |
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Trichomonase |
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Mycoplasme |
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VIH |
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