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Blennorragie - Gonococcie : tout savoir sur cette infection sexuellement transmissible

test-gonorrhee-blennorragie © Istock / Hailshadow

Publié par Ysabelle Silly et Dora Laty  |  Mis à jour le par Sylvie Gotlibowicz

En collaboration avec Dr Marc Perrussel (Dermatologue)

Aussi appelée gonorrhée, la blennorragie est une infection sexuellement transmissible de plus en plus répandue, surtout chez les jeunes. C’est une infection des organes génito-urinaires, due au gonocoque. Souvent asymptomatique, elle passe inaperçue. L’absence de prise en charge expose alors à des complications. On fait le point.

Définition : qu'est-ce que la blennorragie ou gonococcie ?

La blennorragie (appelée aussi gonorrhée, urétrite gonococcique, gonococcie, chaude-pisse ou encore chtouille dans le langage populaire) est une infection sexuellement transmissible (IST) due à la bactérie du gonocoque. Elle se transmet au cours des rapports sexuels non protégés (incluant tous types de rapports y compris anaux ou bucco-génitaux).

Cette affection urogénitale touche le plus souvent les adultes ou les adolescents de 15 à 30 ans. Les hommes sont plus touchés que les femmes. En outre, un enfant peut être exposé au gonocoque suite à des sévices sexuels. De même, un nouveau-né peut être contaminé lors de l’accouchement si sa mère est déjà atteinte. Il peut alors présenter une conjonctivite à la naissance.

Une IST en recrudescence

Comme d'autres IST que l'on croyait appartenir au passé, la gonococcie connait depuis quelques années en France une recrudescence : + 19 % du nombre de cas entre 2019 et 2022.  Parmi ces quelque 15 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année, 64 % concernent des hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes (source 1). 

Heureusement, aujourd’hui la sévérité de la maladie est réduite par les traitements actuels. Ces derniers se résument à la prise d’antibiotiques.

Toutefois, en l'absence de diagnostic et de traitement, l’infection gonococcique peut évoluer vers des formes compliquées compromettant parfois la fertilité chez la femme. Un rétrécissement de l'urètre peut aussi être retrouvé chez l'homme. En effet, la maladie étant souvent asymptomatique, elle peut passer inaperçue pendant des mois, voire des années" Dr Marc Perrussel, dermatologue et vénérologue. 

L’association de la blennorragie avec d’autres IST ou MST (maladies sexuellement transmissibles) est fréquente (chlamydia, VIH, Herpès, syphilis, hépatite…). Une infection concomitante à Chlamydia trachomatis est retrouvée chez 15 à 25 % des hommes hétérosexuels et 35 à 50 % des femmes (source 2).

Si vous avez plusieurs partenaires sexuels dans l’année, il est recommandé de vous faire dépister tous les trois mois de l’ensemble des IST. Sinon, un dépistage est conseillé au minimum une fois par an et chaque fois que vous avez un doute.

Causes : à quoi est due la blennoragie (ou gonococcie) ?

La gonorrhée est due à une bactérie, Neisseria gonorrheae ou gonocoque. Cette bactérie est un diplocoque gram-négatif qui n’est observé que chez l’Homme et est presque toujours transmis par contact sexuel. Les infections de l’urètre et de l’utérus sont les plus fréquentes, mais l’infection peut également toucher le pharynx ou le rectum après des rapports respectivement oraux ou anaux et une conjonctivite peut survenir après une contamination de l’œil.

Comment se transmet la bactérie gonocoque ?

Le gonocoque peut se transmettre par un rapport sexuel non protégé de tout type aussi bien vaginal qu’anal ou buccogénital (fellation ou cunnilingus).

Après un rapport sexuel vaginal, la probabilité de transmission est d’environ 20 % de la femme à l’homme, mais peut être plus élevée de l’homme vers la femme. En outre, on estime que plus de la moitié des contaminations résulte d’un rapport bucco-génital (source 1).

Ajoutons que le nouveau-né peut contracter une infection conjonctivale lors du passage intravaginal au moment de l’accouchement lorsque la mère est contaminée.

La conjonctivite à gonocoque peut aussi toucher l’adulte par autocontamination par l’intermédiaire des mains (par exemple après un contact avec ses organes génitaux contaminés).

Quels sont les facteurs de risque de la blennoragie (ou gonococcie) ? Quelles sont les personnes à r

Les facteurs de risque de la blennorragie ou gonococcie

  • Les rapports sexuels non protégés de tout type ;
  • le multipartenariat sexuel et le libertinage ;
  • des abus sexuels ou viols ;
  • une infection à gonocoque chez la femme enceinte (risque de transmission au nouveau-né lors de l’accouchement) ;
  • une ou plusieurs contamination(s) à d’autres IST (et plus particulièrement au VIH).

Une immunodépression est un facteur de risque de complications de la gonorrhée.

Les personnes à risque de chaude-pisse

Les données fournies par les réseaux de surveillance ont permis d’identifier des personnes ayant davantage de risque de gonococcies en France (source 1) :

  • les hommes entre 21 et 30 ans et les femmes entre 16 et 25 ans qui ont une sexualité active ;
  • les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) ;
  • les personnes infectées par le VIH/sida ;
  • les personnes ayant des pratiques à risque (multiples partenaires sexuels, utilisation inconstante des préservatifs, fellation non protégée…).

Les facteurs de risque

 

Quel sont les symptômes de la blennorragie (ou gonococcie) ?

Selon le sexe et l’âge de la personne atteinte, les symptômes de la blennorragie varient.

Les symptômes de la blennorragie chez la femme

Beaucoup de femmes atteintes ne présentent aucun signe : jusqu’à 70 % des cas sont totalement asymptomatiques (source 1). Ou alors certaines manifestations peuvent apparaître plus tardivement (jusqu’à 10 jours après un rapport sexuel). Il s’agit de signes d’inflammation des voies génitales basses et des voies urinaires (urétrite) :

Les femmes présentent des envies d’uriner fréquentes, des douleurs (sensation de brûlure) à la miction ou lors des rapports sexuels, une inflammation de la vulve (vulvite) et/ou du vagin ou encore des pertes jaunâtres et parfois malodorantes...Dr Marc Perrussel. 

Chez la fillette, victime d’abus sexuels, les douleurs en urinant sont accompagnées de signes vaginaux :

  • des pertes purulentes ;
  • une inflammation de la vulve ;
  • des démangeaisons

Les symptômes de la blennorragie chez l’homme

Chez l’homme, la maladie se manifeste par une inflammation de l’urètre (urétrite) dans les 2 à 14 jours après le rapport sexuel. Par la suite des signes génitaux apparaissent. Les signes peuvent être :

  • au début, une sensation de picotements et de gêne au niveau de l’urètre ;
  • des envies fréquentes d’uriner associées à des douleurs intenses ;
  • un écoulement purulent jaunâtre apparaît au niveau de la verge.

Il est indispensable de consulter un médecin, un urologue ou un gynécologue. Les rapports sexuels doivent être suspendus en l’absence de traitement.

Parfois des manifestations pharyngées, rectales ou oculaires

En cas de rapport sexuel anal, les symptômes peuvent se localiser au niveau de l’anus ou du rectum. La gonococcie rectale est habituellement asymptomatique. Elle survient principalement chez l’homme pratiquant la pénétration anale réceptive et peut être observée chez la femme qui a des rapports anaux. Les symptômes comprennent des démangeaisons rectales, des pertes rectales troubles, des saignements et une constipation.

En cas de rapport bucco-génital, une pharyngite gonococcique peut apparaître. Elle est habituellement asymptomatique mais peut provoquer des maux de gorge.

Lors de l’accouchement, si la mère est contaminée, elle est susceptible de contaminer le nouveau-né provoquant chez ce dernier une ophtalmie gonococcique. Cette conjonctivite purulente aiguë apparaît 2 à 5 jours après la naissance, mais peut débuter plus tôt en cas de rupture prématurée des membranes. Le nouveau-né présente un gonflement de la paupière important suivi de l’apparition d’un chémosis et d’un écoulement purulent abondant. En l’absence de traitement, des ulcérations cornéennes et une cécité peuvent survenir.

La conjonctivite à gonocoque peut aussi survenir chez l’adulte. Urgence diagnostique et thérapeutique, elle est une complication d’une gonococcie génitale transmise à l’œil (puis généralement aux deux yeux) par l’intermédiaire des mains (autocontamination). Elle peut aboutir à la cécité.

Quelles sont les complications de la blennorragie (ou gonococcie) ?

En l’absence de prise en charge, la blennorragie peut évoluer vers des formes compliquées.

Les complications chez l’homme

Chez l’homme, une gonorrhée non traitée peut provoquer :

  • une inflammation de la prostate (prostatite) et/ou de l’épididyme (épididymite). Ces complications peuvent être à l’origine de problèmes d’infertilité ;
  • plus rarement, certains hommes développent des abcès des glandes de Tyson et de Littré, des abcès péri-urétraux ou une infection des glandes de Cowper, de la prostate ou des vésicules séminales.

Les complications chez la femme

Chez la femme, les complications sont plus fréquentes car la gonorrhée est souvent sans symptôme. Après quelques mois à quelques années, une gonorrhée non traitée peut provoquer une maladie pelvienne inflammatoire qui peut se traduire par une cervicite (inflammation du col de l’utérus), une salpingite (inflammation des trompes de Fallope), une pelvipéritonite (inflammation du péritoine du bassin) ou des abcès pelviens. La femme peut alors développer des douleurs pelviennes chroniques. Ces complications exposent à un risque d’infertilité ou de grossesses ectopiques (hors de l’utérus).

Autres complications

D’autres complications peuvent survenir chez des individus des deux sexes :

  • l’infection gonococcique disséminée provoque une fièvre, un malaise, des gonflements, des douleurs articulaires diffuses et des lésions cutanées pustuleuses. Chez certains patients, la douleur se développe et les tendons rougissent ou enflent. Les lésions cutanées se produisent généralement sur les bras ou les jambes ;
  • l’arthrite gonococcique septique est une forme plus localisée d’infection gonococcique disséminée qui entraîne une arthrite septique douloureuse avec épanchement habituellement de 1 ou 2 articulations telles que les genoux, les chevilles, les poignets ou les coudes.

Comment peut-on prévenir la blénnorragie (gonococcie) ?

L’unique prévention de la blennorragie consiste à se protéger lors des rapports sexuels par l'usage de préservatifs : la contamination s’effectue principalement lorsque le sujet est en contact direct avec la muqueuse sexuelle du partenaire infecté.

Il est aussi possible de prévenir les complications de la maladie (et notamment le risque de stérilité) en la décelant précocement grâce au dépistage. Si vous avez plusieurs partenaires sexuels dans l’année, il est recommandé de vous faire dépister tous les trois mois de l’ensemble de ces IST. Sinon, un dépistage est conseillé au minimum une fois par an et chaque fois que vous avez un doute.

Ajoutons qu’en cas de diagnostic positif au gonocoque, il convient pour le patient de :

  • s’abstenir de tout rapport sexuel non protégé dans la semaine qui suit la prise d’un traitement en dose unique ou pendant toute la durée du traitement si celui-ci est plus long ;
  • contacter ses partenaires sexuels récents afin qu’ils fassent eux-mêmes un test de dépistage et reçoivent, le cas échéant, un traitement antibiotique.

Diagnostic : comment savoir si on souffre de blennorragie ?

L’examen clinique met le médecin sur la voie. Mais le diagnostic de blennorragie (gonococcie) est confirmé à partir d’une analyse d’urine ou d’un prélèvement fait en passant un coton-tige (écouvillon) sur les organes touchés (urètre, vagin, rectum, gorge). Ce prélèvement est envoyé dans un laboratoire d’analyses pour identifier la bactérie et pour rechercher une éventuelle résistance au traitement antibiotique.

Depuis septembre 2024, il est possible de se faire dépister sans ordonnance (donc pas besoin de consulter un médecin) en se rendant directement dans un laboratoire de biologie médicale. Ce dépistage est gratuit pour les moins de 26 ans et remboursé à 60% pour le reste de la population.

En cas de diagnostic de gonorrhée, un dépistage des autres infections sexuellement transmissibles (IST) est recommandé.

Quel est le traitement de la blennorragie (gonococcie) ?

« Le principal traitement de la blennorragie est l’antibiothérapie notamment par les pénicillines », souligne le docteur Marc Perrussel. Plus précisément le médecin prescrit une injection de ceftriaxone (Rocéphine®), Gentamicine ou Ciprofloxacine selon les cas. La personne est considérée comme guérie (et donc non contaminante) une semaine après l’injection.

« Le traitement systématique des partenaires permet d’interrompre la chaîne de transmission. Un traitement actif sur la chlamydia est associé au traitement de la gonococcie » selon le dermatologue.

Lorsqu’une personne présente un écoulement urétral après un rapport sexuel non protégé, et sans attendre les résultats d’analyses, il est recommandé de prescrire un traitement efficace sur la chlamydia et le gonocoque et de réaliser un dépistage de toutes les IST.

Sources

Médicaments associés

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