Définition : qu'est-ce que l'hépatite B ?
L’hépatite B désigne une inflammation du foie liée à la contamination par le virus VHB.
Dans la majorité des cas, l'hépatite B est une maladie aiguë provoquant une altération des cellules du foie (nommées "hépatocytes"). Elle peut passer inaperçue ou donner lieu à des manifestations cliniques comme des nausées, une fatigue ou encore une jaunisse. Chez environ 1% des patients, l'hépatite B aiguë est fulminante provoquant une atteinte du foie sévère qui nécessite une greffe en urgence (source 1).
En outre, dans 2 à 10% des cas, l'hépatite B aiguë ne guérit pas évoluant vers l'hépatite B chronique qui se traduit par la persistance du virus dans l'organisme pendant plus de six mois (source 1). "L'hépatite B chronique peut être silencieuse mais entraîne la dégradation progressive du foie. Le patient encourt d'abord un risque de fibrose, de cirrhose et parfois de cancer du foie", selon la docteure Vianna Costil, gastro-entérologue et hépatologue à Paris.
Après l’hépatite A, l'hépatite B est la seconde cause d’hépatite virale aiguë et une des causes les plus importantes d’hépatite chronique. Mais par son caractère discret, la maladie demeure sous-diagnostiquée. En France, en 2016, 135 706 personnes adultes (18-75 ans) vivaient avec une hépatite B chronique. Parmi ces personnes, seulement 17,5% connaissaient leur maladie (source 1). La France fait partie des pays dits « de faible endémie » pour le virus de l’hépatite B.
"La vaccination devenue obligatoire est la principale mesure de prévention de l’hépatite B. Elle permet de réduire le nombre de porteurs chroniques du virus de l’hépatite B. Les autres mesures de prévention sont l’adoption de certaines règles d’hygiène et l’utilisation du préservatif lors des rapports sexuels" d'après la spécialiste.
Il n'existe pas de traitement de l'hépatite B aiguë. Des antiviraux peuvent être prescrits en cas d'hépatite B chronique. Dans les cas sévères, l'hospitalisation et/ou le recours à la greffe de foie sont nécessaires.
Hépatite B, hépatite D, infection Delta : quésaco ?
Saviez-vous qu'il était possible d'attraper l'hépatite B et D en même temps ? En effet, le virus de l'hépatite D (VHD) se loge dans l'enveloppe du virus de l'hépatite B (VHB). La transmission du VHD suppose donc la contamination par le VHB. Le patient peut donc attraper ces deux maladies en même temps ou bien être contaminé par l'hépatite D alors qu'il est déjà infecté par l'hépatite B (nous parlons dans ce cas de surinfection Delta). La présence des deux virus dans l'organisme augmente les risques de complications de l'hépatite B en phase aiguë ou chronique.
Qu'est-ce que la co-infection VIH-VHB ?
On appelle co-infection VIH-VHB, l’infection simultanée par le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) et par le virus de l’hépatite B (VHB). L’infection par le VIH augmente les risques de complications de l’hépatite B, induisant notamment une aggravation générale de l’infection, un risque de passage de la forme aiguë à la forme chronique multiplié par 5, une progression plus rapide de la fibrose du foie vers un stade sévère et donc un risque augmenté de cancer du foie. En revanche, l’hépatite B n’a pas d’influence sur l’évolution de l‘infection par le VIH.
Qu'est-ce que le VHB, le virus de l'hépatite B ?
Le virus de l'hépatite B (VHB) est un virus à ADN qui appartient à la famille des Hepadnaviridae, dont l'une des particularités est de répliquer son génome par l'intermédiaire d'une transcriptase inverse virale. Le VHB est à l'origine d'infections hépatiques dont les conséquences sont redoutées : hépatite chronique active, fibrose, cirrhose et carcinome hépatocellulaire (un cancer du foie).
Le VHB ne détruit pas directement les cellules du foie : c'est le conflit immunitaire entre la réponse cytotoxique contre les hépatocytes infectés et la persistance de l'infection virale qui est à l'origine des lésions hépatiques chroniques.
Le VHB est spécifiquement humain, mais peut infecter certains autres primates.
La transmission du VHB se fait par le sang et ses dérivés (salive, sperme et sécrétions vaginales), les virus se multiplient ensuite dans les cellules hépatiques.
Comment se transmet l'hépatite B ?
Le VHB est présent dans le sang et ses dérivés (salive, sperme et sécrétions vaginales). Le virus VHB reste infectieux jusqu'à 7 jours dans l'environnement.
- lors d'un rapport sexuel non protégé (les rapports bucco-génitaux et oro-génitaux sont aussi à risque élevé de transmission) ;
- lors d'un baiser profond avec échange de salive (bien que le risque soit bien moindre que lors d'un rapport sexuel non-protégé) ;
- lors d'un contact avec du sang infecté (exposition professionnelle pour les soignants, consommation de drogues par voie intraveineuse ou nasale, réalisation de piercing(s)/ tatouage(s)/ mutilation(s) sans respect des règles d'hygiène) ;
- de personne à personne par un contact avec du sang ou une plaie : "directement ou indirectement par l'intermédiaire d'objets provoquant des microlésions cutanées (rasoir, brosse à dents, pince à épiler...). Il vaut mieux éviter tout partage de ses effectifs personnels et de son matériel de toilette", prévient la docteure Vianna Costil.
Certains modes de transmission sont devenus rares en France tels que :
- la transmission de la mère au foetus au cours de la grossesse ou de l'accouchement. Le risque est actuellement faible en raison du dépistage obligatoire du VHB pendant la grossesse et donc la possibilité de traiter la future mère.
- la transmission par transfusion sanguine : "ce risque est quasiment nul du fait des mesures de sécurité prises lors du don de sang", selon l'experte.
Hépatite B : quelles sont les régions endémiques ?
En France, l'hépatite B concerne moins de 1 % de la population. Pour comparaison, sa prévalence varie de 8 à 20 % dans les zones dites « de forte endémie » comme : l'Afrique sub-saharienne, l'Asie du Sud-Est, la Chine méridionale ou le bassin Amazonien (source 2).
Quelles sont les personnes à risque d'hépatite B ?
Certaines personnes sont plus à risque d'attraper l'hépatite B telles que :
- les toxicomanes ;
- les homosexuels et les HSV ;
- les personnes qui adoptent des conduites sexuelles à risque (libertinage, multipartenariat sexuel, rapports sexuels non protégés...) ;
- les professionnels de la santé ;
- les personnes recevant des traitements d’hémodialyse ;
- les nouveau-nés de mères infectées par le virus de l’hépatite B (rare).
Quels sont les symptômes de l'hépatite B ?
La période d'incubation de l'infection par le virus VHB est généralement de 30 à 180 jours. Dans un premier temps, le patient connaît un premier épisode aigu. Dans certains cas, l'infection devient chronique.
Reconnaître l'hépatite B aiguë
La plupart du temps, l'hépatite B aiguë ne donne lieu à aucune manifestation clinique. Certaines personnes ressentent cependant des signes discrets à désagréables :
- fatigue (asthénie) ;
- fièvre ;
- nausées et vomissements :
- perte d'appétit ;
- douleurs musculaires et articulaires.
Chez environ 1 % des patients, l’hépatite B est dite fulminante : la dégradation des cellules du foie est très rapide, nécessitant une greffe hépatique en urgence.
Dans plus de neuf cas sur dix, l'hépatite B aiguë guérit en l'absence de tout traitement.
Reconnaître l'hépatite B chronique
Si le virus de l'hépatite B est présent dans l'organisme depuis plus de six mois, nous parlons d'hépatite chronique. Cette situation touche 2 à 10% des patients (source 1). Dans ce cas, la dégradation du foie s'aggrave avec le temps. À terme, le patient encourt un risque de fibrose puis de cirrhose et parfois de cancer du foie. Un traitement antiviral ainsi qu'un suivi médical (et notamment hépatique) au long cours sont alors nécessaires. Les médicaments permettent souvent de venir à bout de l'infection mais celle-ci est parfois résistante aux médicaments. " En outre, si le foie est fortement endommagé, malgré les traitements, les lésions peuvent être irréversibles", selon la gastro-entérologue.
Comment peut-on prévenir l'hépatite B ?
La prévention de l’hépatite B repose sur plusieurs facteurs, dont la vaccination.
Le vaccin contre l'hépatite B
La vaccination contre l’hépatite B est obligatoire chez tous les nouveau-nés depuis 2018, dès l'âge de 2 mois.
Elle est recommandée, en rattrapage, chez tous les enfants ou adolescents non vaccinés jusqu’à 15 ans révolus et chez certaines personnes (notamment celles qui séjournent fréquemment ou de façon prolongée dans un pays où le virus de l’hépatite B circule fortement ou celles ayant des relations sexuelles avec des partenaires multiples…) ;
L'obligation vaccinale contre l'hépatite B concerne aussi les professionnels de santé des établissements de soins ou de prévention exposés au sang et aux liquides biologiques, ainsi que les étudiants dans ces professions (dont les assistants dentaires à compter du 1er avril 2019) et le personnel exposé des services d'incendie et de secours.
" La vaccination est devenue obligatoire car elle est le seul moyen de lutte efficace contre la propagation de la maladie. Il est donc fortement déconseillé de déroger à cette règle sauf en cas d'effets secondaires inquiétants comme une forte fièvre. Dans ce cas, l'arrêt de la vaccination en cours est parfois envisagé", d'après la docteure Vianna Costil.
Autres recommandations pour se protéger de l'hépatite B
- L'utilisation systématique de préservatifs lors des rapports sexuels ;
- L'utilisation systématique de matériel médical et de seringues à usage unique (notamment chez les toxicomanes) ;
- Le port de gants avant de toucher au sang d’une personne, qu’elle soit infectée ou non. Cette précaution s’applique particulièrement au personnel soignant. Évitez aussi d’utiliser le rasoir ou la brosse à dents d’une autre personne, ou de prêter les vôtres.
- Le non-partage des pailles, de seringues et de tout autre matériel de consommation de stupéfiants par les toxicomanes et les usagers de drogues ;
- La stérilisation des aiguilles à tatouer et du matériel de piercing.
Le dépistage systématique (par prise de sang) des donneurs de sang a permis de faire pratiquement disparaître l’hépatite B post-transfusionnelle.
Dans certains cas (notamment nouveau-né de mère porteuse du virus de l'hépatite B), des immunoglobulines peuvent être injectés par voie veineuse.
Comment est établi le diagnostic de l'hépatite B ?
Le depistage de l'hépatite B se fait au moyen de deux prises de sang :
- - d'abord à la recherche d'anticorps contre l'hépatite B ;
- - ensuite à la recherche d’antigènes, c’est-à-dire de certaines substances qui composent le virus de l’hépatite B (antigène HBs, antigène HBe ou ADN viral). Si le patient souffre d’hépatite B aiguë ou chronique, ce test est positif.
Si le diagnostic est positif, le médecin demande des examens supplémentaires afin d'évaluer l'état du foie : taux de transaminases, échographie, scanner, IRM, ponction biopsie hépatique...
Quand faire le dépistage de l'hépatite B ?
Le dépistage de l'hépatite B est obligatoire avant un don de sang et si vous êtes enceinte.
Selon, le site de l'Assurance maladie, il est préférable de vous faire dépister pour le VHB si :
- vous vivez avec une personne qui a une hépatite B chronique ;
- vous prenez des risques lors de vos rapports sexuels (multipartenaire) ou vous avez eu un partenaire présentant une infection à VHB ;
- vous venez d'un pays de forte endémie d'hépatite B (Afrique, Asie du Sud-Est) ou vous y avez séjourné ;
- vous utilisez des drogues intraveineuses ou intra-nasales ou vous avez utilisé ce type de drogues ;
- vous avez une activité professionnelle à risque (en contact direct avec des patients ou avec des liquides biologiques). Contactez votre médecin du travail ;
- vous avez fait un tatouage ou un piercing avec des règles d'hygiène douteuses ;
- vous avez une situation médicale à risque (transfusions, dialyse, greffe d’organes…)
- vous devez recevoir un traitement par anticorps monoclonaux ;
- vous séjournez ou avez séjourné en prison, en institution psychiatrique ;
- vous êtes séropositif pour le VIH ou le VHC (hépatite C) ;
- vous avez ou venez d’avoir une infection sexuellement transmissible (IST).
Quels sont les traitements de l'hépatite B ?
Pas de traitement en cas d'hépatite B aiguë
Il n’y a pas de traitement spécifique en cas d’hépatite B aiguë. Le médecin peut recommander :
- du repos ;
- une alimentation saine et peu grasse ;
- l'évitement de l'alcool ;
- l'évitement des médicaments susceptibles d'endommager le foie.
Hépatite B chronique : le recours aux traitements est parfois nécessaire
La plupart des personnes atteintes d’hépatite B chronique ne nécessitent pas de traitements médicamenteux. Un suivi médical régulier est néanmoins requis.
"Toutefois en cas d'inflammation ou de fibrose du foie, le médecin envisage le recours aux traitements contre le virus de l’hépatite B. Dans les formes graves et avancées d’hépatite B chronique, une hospitalisation peut être nécessaire", d'après la spécialiste.
L’interféron alfa peut notamment être administré en injection sous la peau pendant 48 semaines chez certains patients (plutôt des patients jeunes, avec certains types de VHB sensibles à l’interféron, et chez qui le virus n’est pas trop actif). L’administration d’interféron alfa est efficace chez 20 à 30 % des patients traités et semble réduire le risque de cirrhose du foie (source 3).
D'autres médicaments qui agissent en bloquant la multiplication du virus de l’hépatite B peuvent aussi être prescrits. C'est le cas des inhibiteurs nucléosidiques et nucléotidiques, prescrits chez les patients chez lesquels le virus de l’hépatite B est très actif et dont le foie montre des signes d’inflammation et de fibrose. Cette famille d'antiviraux contient les substances suivantes : entécavir, ténofovir, adéfovir et lamivudine.
La greffe du foie parfois utilisée en cas d'atteinte hépatique sévère
Lorsque le pronostic vital est engagé en raison d'une cirrhose du foie, la greffe de foie est la seule alternative. Chaque année, en France, plus d’un millier de greffes de foie sont pratiquées chez des personnes atteintes d’hépatite B chronique (source 3).