On le sait, l’excès de cholestérol peut favoriser les maladies cardiovasculaires en contribuant à l’obstruction progressive des artères (athérosclérose). Pour limiter les risques, il est essentiel d’adopter une alimentation équilibrée, de pratiquer une activité physique régulière et de surveiller sa consommation d’aliments riches en graisses saturées. Mais qu’en est-il des boissons alcoolisées, plus particulièrement de la bière ? Peut-elle faire grimper votre taux de mauvais cholestérol (LDL) en flèche, ou, au contraire, avoir un effet protecteur ? Réponse d’Anne Guillot, diététicienne nutritionniste, et du Dr Jean-François Renucci, médecin vasculaire ambassadeur de la fondation Agir pour le Cœur des Femmes.
Rappel : qu’est-ce que le cholestérol ?
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est essentiel de connaître le rôle du cholestérol dans notre organisme. Contrairement aux idées reçues, le cholestérol n’est pas intrinsèquement nuisible. Cette substance lipidique, naturellement présente dans notre corps, joue un rôle fondamental dans plusieurs fonctions biologiques essentielles :
- Il participe à la fabrication et à la protection des membranes cellulaires.
- Il permet la synthèse de la vitamine D, essentielle à la santé osseuse et immunitaire.
- Il intervient dans la production d’acides biliaires, qui facilitent la digestion des graisses.
- Il est un précurseur indispensable à la synthèse de certaines hormones telles que les œstrogènes, la testostérone et le cortisol.
Le problème survient en cas de déséquilibre lipidique, lorsque le taux de “mauvais” cholestérol dépasse les recommandations, indique le Dr Renucci.
HDL et LDL : “bon” ou “mauvais” cholestérol ?
On distingue principalement deux types de cholestérol, qui n’ont pas le même impact sur la santé cardiovasculaire :
- Le « bon » cholestérol (HDL - High-Density Lipoprotein). Il aide à éliminer le cholestérol en le transportant vers le foie, où il est dégradé et éliminé. Un taux élevé de HDL est considéré comme protecteur contre les maladies cardiovasculaires.
- Le « mauvais » cholestérol (LDL - Low-Density Lipoprotein). Lorsqu’il est présent en excès, il favorise la formation de plaques d’athérome dans les artères, réduisant leur élasticité et augmentant le risque de maladies cardiovasculaires.
Comme mentionné ci-dessus, le taux de cholestérol sanguin est influencé par plusieurs facteurs, notamment l’alimentation et la consommation d’alcool, l’activité physique et la génétique. D’où l’importance de questionner sa consommation de bière.
La bière fait-elle monter le taux de cholestérol ?
La bière en elle-même ne contient pas de cholestérol, souligne d’emblée Anne Guillot, diététicienne nutritionniste. Elle est principalement composée d’eau (environ 90 %), d’alcool, de glucides issus des céréales (orge, blé, maïs) et de houblon. En apparence, donc, elle ne représente pas une menace pour notre cholestérol.
Bière et cholestérol : un lien indirect mais bien réel
Vous l’aurez compris, la bière n’influence pas directement le taux de cholestérol. Mais la manière dont elle est métabolisée par notre organisme peut avoir des effets indirects sur notre profil lipidique…
- L’alcool augmente le taux de triglycérides sanguins. “Une fois ingéré, l’alcool contenu dans la bière est transformé en acides gras par le foie, ce qui peut entraîner une élévation des triglycérides dans le sang. Or, un excès de triglycérides favorise le dépôt de graisses dans les artères, augmentant ainsi le risque de crises cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux (AVC)”, indique le Dr Renucci.
- L’alcool surcharge le foie, qui joue un rôle central dans la production et l’élimination du cholestérol. Une consommation excessive d’alcool perturbe ces processus, favorisant une augmentation du « mauvais » cholestérol. Par ailleurs, une surcharge hépatique prolongée peut induire une stéatose hépatique (foie gras), une condition qui complique encore davantage le métabolisme des lipides.
- Les glucides présents dans la bière peuvent perturber l’équilibre glycémique et favoriser la résistance à l’insuline, ce qui, à terme, peut entraîner un diabète de type 2. Ils contribuent aussi à une prise de poids et à une accumulation de graisse abdominale, deux facteurs de risque du syndrome métabolique (ensemble de troubles incluant l’hypertension, l’hyperglycémie et l’hypercholestérolémie).
Quels sont les risques associés à une consommation excessive de bière ?
En résumé, une consommation excessive de bière peut entraîner :
- une augmentation des triglycérides, favorisant les maladies cardiovasculaires.
- une prise de poids et un syndrome métabolique, aggravant le risque de diabète et d’hypercholestérolémie.
- une stéatose hépatique (foie gras), qui peut évoluer vers des complications plus graves comme la cirrhose.
- une augmentation de la tension artérielle, ce qui accroît le risque d’AVC et de maladies cardiaques.
“Sans compter les risques liés à une alcoolisation massive, tels que les accidents, les comportements à risque ou encore les violences volontaires”, précise le Dr Renucci.
Faut-il arrêter complètement la bière quand on a du cholestérol ?
Non, il n’est pas nécessaire d’arrêter totalement la bière, répond Anne Guillot. “Un verre de bière occasionnel, intégré dans un mode de vie sain, ne pose pas de problème majeur. En revanche, si vous avez un taux de cholestérol ou de triglycérides élevé et que vous buvez régulièrement de la bière, il peut être judicieux de revoir vos habitudes pour limiter les risques cardiovasculaires”, estime la diététicienne. Cela ne signifie pas nécessairement une interdiction totale, mais plutôt une gestion raisonnée et modérée de votre consommation.
Quelle quantité de bière peut-on boire par jour quand on a du cholestérol ?
La modération est essentielle lorsque l’on consomme de l’alcool, en particulier pour ceux qui ont des problèmes de cholestérol ou des antécédents cardiovasculaires :
- Limitez-vous à un verre de bière par jour, et pas tous les jours !
- Privilégiez les bières légères, moins riches en alcool et en glucides.
- Évitez les bières très sucrées, comme certaines bières aromatisées ou brunes.
- Faites de l’exercice régulièrement : une activité physique régulière aide à maintenir un bon équilibre lipidique.
- Surveillez votre alimentation globale et évitez d’associer la bière à des produits riches en graisses saturées, comme les charcuteries, les fritures ou les fromages gras.
La bière sans alcool est-elle préférable quand on a du cholestérol ?
À première vue, la bière sans alcool semble être une alternative intéressante, car elle ne contient pas d’alcool et donc ne provoque pas d’élévation des triglycérides. Mais certains types de bière sans alcool contiennent des quantités significatives de sucre, ce qui peut avoir un effet néfaste sur la glycémie et le cholestérol…
“Certaines bières sans alcool sont en effet riches en sucres, qui peuvent perturber le métabolisme des lipides, augmentant ainsi les risques de problèmes de cholestérol et de diabète”, prévient le Dr Renucci. Il est donc important de lire attentivement les étiquettes des produits et de privilégier les bières sans alcool faibles en glucides.
Autrement dit, la bière sans alcool peut être une option si vous souhaitez éviter l’alcool, mais elle doit également être consommée avec modération !
En résumé, il n’est pas nécessaire d’arrêter complètement la bière lorsque l’on a du cholestérol, mais la clé réside dans la modération et le choix de bières plus légères, moins sucrées et moins alcoolisées.
Bon à savoir : n’hésitez pas à consulter un professionnel de santé pour des conseils personnalisés ! “Les efforts sur le plan alimentaire sont essentiels, mais ils ne suffisent pas toujours à réguler le taux de cholestérol. Des médicaments sont parfois nécessaires en complément”, rappelle le Dr Renucci.