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Gastro entérite : prévention et traitements contre la gastro

Sept questions sur l'efficacité des probiotiques

Sept questions sur l'efficacité des probiotiques

Publié par Emmanuelle Blanc  |  Mis à jour le par Hélène BourExperts : Dr Jean-Marc Bohbot, médecin infectiologue, Institut Albert Fournier, Paris ; Philippe Langella, directeur de recherches à l’Unité Micalis, Inra, Jouy-en-Josas ; Pre Marie-Bénédicte Romond, enseignante chercheuse à la Faculté de pharmacie de Lille

Les probiotiques, nous dit-on, sont bons pour la flore intestinale et le ventre, mais aussi pour l’humeur, l’immunité, les infections… bref, la santé en général. Ces affirmations sont-elles fondées ? Et parmi les innombrables souches, quelles sont celles dont on peut attendre un effet ?

 

Que ce soit en pharmacies ou en parapharmacies, en magasins diététiques ou sur internet, l’offre de produits probiotiques est pléthorique. Pas facile de s’y retrouver quand on n’y connaît rien ! Philippe Langella, directeur de recherches à l'Inra, précise :

« L’Autorité européenne de sécurité des aliments a permis de faire le ménage sur ce marché où il y avait beaucoup d’excès, mais elle a, à mon avis, placé la barre beaucoup trop haut en exigeant qu’ils démontrent une efficacité proche de celles des médicaments, qu’ils ne sont pas, alors que certains ont des dossiers scientifiques parfois plus solides que certains minéraux et vitamines bénéficiant, eux, d’une autorisation d’allégation santé. »

Une chose est sûre : les probiotiques ne constituent pas une famille homogène et leur action dépend de la souche. Toute la difficulté est donc de trouver laquelle apportera les bénéfices attendus. Se tromper n’est au fond pas très grave, mais comme ce sont des produits qui ont un coût non négligeable, mieux vaut aller vers ceux qui ont été évalués.

Les probiotiques reconstituent la flore pendant un traitement antibiotique. Vrai ou faux ?

Vrai. Les experts sont formels : sachant les effets délétères des antibiotiques sur le microbiote (nom que les scientifiques donnent désormais à la flore intestinale), les probiotiques, qui peuvent aider à restaurer son équilibre, ont tout à fait leur place.

Plusieurs souches de bonnes bactéries ont démontré leur efficacité dans la prévention des diarrhées liées à la prise d’antibiotiques :

  • Lactobacillus rhamnosus GG,
  • Bifidobacterium longum,
  • ainsi que Saccharomyces boulardii.

« Il faut les prendre dès le début et tout au long du traitement antibiotique, en évitant les formules qui contiennent aussi des prébiotiques du type FOS ou inuline, qui risquent d’aggraver la diarrhée », précise la Pre Marie-Bénédicte Romond, enseignant chercheur à la Faculté de pharmacie de Lille. Quant à continuer à prendre des probiotiques qui combinent plusieurs souches afin de restaurer la diversité de la flore, cela semble logique, mais ce n’est pas démontré.

Notre sélection pour l’adulte :

  • Lactibiane ATB. Lab. Pileje, 13,80 € la boîte de 10 gélules.
  • ArkoBiotics Supraflor. Lab. Arkopharma, environ 8,50 € la boîte de 14 gélules.
  • Ultra Levure 200 mg. Lab. Biocodex, environ 6,50 € la boîte de 30 gélules.

Notre sélection pour le nourrisson et l’enfant

  • Pediakid Colicillus Bébé. Lab. Ineldea, 12,90 € le flacon compte-gouttes de 10 ml.
  • Ultra Baby dès la naissance. Lab. Biocodex, environ 8,20 € la boîte de 14 sticks.
  • Ultra Levure 100 mg, à partir de 2 ans. Lab. Biocodex, environ 6,60 € la boîte de 20 sachets.

Les probiotiques limitent les symptômes d’une gastroentérite. Vrai ou faux ?

Vrai. Une méta-analyse publiée en 2015 a confirmé l’efficacité de la souche Lactobacillus rhamnosus GG contre les diarrhées liées à une gastroentérite, avec non seulement une réduction de  leur durée mais également de leur intensité, aussi bien chez l’adulte que chez l’enfant. En 2014 déjà, plusieurs sociétés savantes européennes pédiatriques avaient souligné tout son intérêt dans cette indication chez l’enfant, au même titre que la levure Saccharomyces boulardii (Ultra-Levure), en complément des mesures diététiques.

Notre sélection
Outre la gamme Ultra-Levure mentionnée plus haut :
Pour l’adulte : Lactibiane Imedia. Lab. PiLeJe, 10 € la boîte de 4 sticks.
Pour le bébé et le jeune enfant :

  • Ergyphilus Enfants. Lab. Nutergia, 11,50 € la boîte de 14 sachets.
  • Lactibiane Enfant Gouttes. Lab. PiLeJe, 18,10 € le flacon de 30 ml.

Les probiotiques soulagent les symptômes du syndrome de l’intestin irritable. Vrai ou faux ?

Vrai. Certains ont montré par des études cliniques contre placebo qu’ils réduisent les douleurs, ballonnements et inconfort intestinal chez ceux qui souffrent de ce syndrome également appelé colopathie fonctionnelle, et améliorent leur qualité de vie. Toutefois, pas chez tout le monde ni avec les mêmes résultats : « Ces personnes représentent une population très hétérogène, analyse Philippe Langella. Il faut souvent essayer plusieurs formules et compter au moins 4 semaines de traitement pour juger des effets. »

Notre sélection :

  • Kijimea Côlon Irritable, environ 27 € la boîte de 28 gélules. « Les pharmaciens qui le conseillent ont d’excellents retours », dit le Pr Romond.
  • Probiopur. Lab. Nutrixeal, 25,50 € le flacon de 30 gélules, nutrixeal.fr
  • Lactibiane Référence. Lab. PiLeJe, 29,10 € la boîte de 30 gélules.
  • Symbyosys Alflorex. Lab. Biocodex, environ 25,90 € la boîte de 30 gélules.

En vidéo : Colopathie fonctionnelle : les probiotiques sont-ils efficaces ?

Les probiotiques peuvent améliorer l’humeur. Vrai ou faux ?

On n’en sait rien. « Il y a des études en cours qui visent à trouver des souches capables, via leur effet sur la flore, de réguler la sérotonine, hormone de l’humeur, précise la Pre Romond. Et d’autres, dans les pays nordiques, où l’on teste des probiotiques dans la prévention de la dépression, particulièrement fréquente dans ces régions en raison du manque de lumière à certaines périodes de l’année. Mais il faudra attendre les résultats pour en tirer des conclusions. »

Les probiotiques renforcent l’immunité avant l’hiver. Vrai ou faux ?

Pas sûr. « C’est un domaine de recherches très actif, avec de nombreux travaux en cours, mais pas encore de résultats probants qui pointent vers une souche particulière », souligne la Pre Romond.

Les probiotiques préviennent les récidives d’infections vaginales et urinaires. Vrai ou faux ?

Vrai. « Nous savons que ces maladies sont très souvent liées à un déséquilibre de la flore vaginale, dit le Dr Jean-Marc Bohbot. Et nous disposons d’études cliniques solides démontrant que des femmes traitées par voie vaginale avec certaines souches de lactobacilles font deux moins de récidives que celles traitées avec un placebo. En particulier, Lactobacillus crispatus pour les vaginoses bactériennes ou les cystites, et Lactobacillus rhamnosus pour les mycoses. »

Notre sélection :

  • En cas de vaginose bactérienne ou de cystite : Physioflor. Lab. Iprad, environ 9,17 € la boîte de 7 gélules vaginales.
  • En cas de mycose : Gynophilus LP. Lab. Besins, environ 14 € la boîte de 6 comprimés vaginaux à libération prolongée.

Les probiotiques sont bons aussi pour les poumons. Vrai ou faux ?

Probable. Moins de symptômes d’infection respiratoire chez les personnes en surpoids, obèses ou âgées, voilà ce qui a été observé lors de la prise quotidienne de probiotiques, du moins selon une étude scientifique présentée lors de l'édition 2021 de la Digestive Disease Week, grand congrès international sur la santé gastro-intestinale.

"C'est une preuve supplémentaire que le microbiote intestinal a une relation complexe avec nos divers systèmes organiques. Il n'affecte pas seulement le fonctionnement de notre intestin ou de notre foie, il impacte aussi certains aspects du fonctionnement de tout notre corps”, a souligné  le Dr Benjamin Mullish, auteur principal de l'étude et chercheur à l’Imperial College de Londres (Royaume-Uni), dans un communiqué.

Les chercheurs ont analysé les données de 220 patients ayant participé à une étude sur les probiotiques et la perte de poids. Ils ont alors constaté que les personnes qui prenaient quotidiennement des probiotiques avaient une incidence réduite de 27% des symptômes par rapport au groupe ayant pris un placebo. Cet effet était d’autant plus important chez les participants âgés de 45 ans ou plus, ainsi que chez ceux souffrant d'obésité. Pour le Dr Mullish, cette étude alimente les données sur l'axe intestin-poumon, autrement dit sur la façon dont intestin et poumons interagissent entre eux. D’autres études devront être menées pour mieux identifier les mécanismes permettant d’expliquer cette association.

Jet-lag, horaires décalés : des prébiotiques pour remettre son horloge biologique à l’heure

Dans une étude scientifique, publiée en octobre 2021 dans la revue Brain, Behavior, and Immunity, des chercheurs rapportent avoir observé que la consommation d’aliments prébiotiques, qui servent de nourriture aux “bonnes” bactéries du microbiote intestinal, aideraient à recaler une horloge biologique perturbée  du fait d’un décalage horaire ou d’un travail en horaires décalés par exemple, .

“Cette étude (menée sur des rats) suggère qu'en favorisant et en stabilisant les bonnes bactéries dans l'intestin et les métabolites qu'elles libèrent, nous pourrions être en mesure de rendre notre corps plus résistant aux perturbations [de notre horloge biologique]”, a déclaré dans un communiqué l'auteure principale de l’étude, Monika Fleshner, professeure de physiologie intégrative à l'Université du Colorado (Boulder, États-Unis). Abondants dans de nombreux aliments fibreux, tels que les poireaux, les asperges, les artichauts ou les oignons, ces glucides non digestes pour l’homme traversent l’intestin grêle, et s’attardent dans le gros intestin, où ils sont ingérés par les bactéries qui s’y trouvent.

Les les chercheurs ont trouvé une explication derrière ce constat : les animaux ayant ingéré des prébiotiques hébergeaient plus de bonnes bactéries, qui à leur tour produisaient des métabolites qui les protégeaient de ce qui s'apparentait au décalage horaire. D’autres travaux sont en cours pour mettre au point des compléments alimentaires efficaces pour un effet aussi bénéfique chez l’homme.

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