40 à 50 % des femmes ont eu au moins une cystite (infection urinaire basse) au cours de leur vie.
90 % des cystites sont causées par des germes, généralement d’origine digestive, qui se propagent à la faveur d’une auto-contamination : au moment où l’on va à la selle, les bactéries souillent le périnée, puis l’urètre et vont enfin infecter la vessie, explique le Pr François Haab, chef du service urologie de l’hôpital Tenon (Paris).
D’où cette envie de faire pipi, fréquente et irrépressible, et ces sensations de brûlure souvent insupportables en urinant. Et si les femmes sont particulièrement vulnérables, c’est que la distance entre leur méat urétral et leur vessie est beaucoup plus courte que chez les hommes.
La bactérie Escherichia coli, est la principale responsable mais d’autres germes sont parfois en cause, notamment le staphylocoque saprophyticus (Staphylococcus saprophyticus).
Infections urinaires à répétition : c’est quoi ? Pourquoi j’en fais ?
« Dès lors qu’une patiente présente des épisodes infectieux à répétition, sur la base de trois à quatre par an, il est possible de parler de cystite récidivante », indique l’Association française d’urologie (source 1). Une consultation médicale est alors nécessaire afin d’identifier le mécanisme à l’origine de l’épisode infectieux et de trouver le traitement adapté.
Parmi les facteurs de risque d’infection urinaire chez la femme, indique un article du Manuel MSD (source 2), on trouve :
- Les rapports sexuels ;
- L’utilisation de diaphragmes et de spermicides ;
- La prise d’antibiotiques ;
- Un nouveau partenaire sexuel au cours de l’année passée ;
- Des cas de cystite récidivante chez les femmes parentes au 1er degré ;
- Des antécédents d’infections urinaires récurrentes ;
- Une première infection urinaire à un âge précoce…
Certaines situations favorisent également la survenue d’une cystite : malformations de l’appareil urinaire, maladies neurologiques, obésité, prise de certains médicaments, ménopause, présence de sucre dans les urines chez une personne diabétique…
La manipulation et la consommation de viande en cause ?
Dans une étude parue en 2021 dans la revue Emerging Infectious Diseases, des chercheurs ont mis en évidence l’origine alimentaire des cystites causées par le Staphylococcus saprophyticus., qui serait un contaminant récurrent de la viande de porc, du fait qu’il est présent dans la flore intestinale et rectale des porcs. L'équipe a analysé les S. saprophyticus présents dans un abattoir, et les a comparés à celles responsables d’infections urinaires chez l’humain. Les résultats ont révélé que les bactéries de l'abattoir étaient similaires aux bactéries responsables de cystites. La contamination a pu avoir lieu de façon interhumaine (des ouvriers de l’abattoir vers leurs proches), ou lors de la manipulation ou de la consommation de la viande contaminée, avant cuisson. D'où l'importance des bonnes pratiques d'hygiène individuelle pour éviter la propagation des maladies infectieuses, souligne l'auteure de l'étude, Maria Miragaia.
Que faire quand on a des infections urinaires à répétition ?
La prise en charge des cystites récidivantes s’articule autour de la mise en exergue des symptômes, d’un bilan urologique, d’une éventuelle antibiothérapie et de conseils hygiéno-diététiques, explique l’Association française d’urologie.
Parmi les examens recommandés, on réalise généralement :
- Un examen clinique, indispensable pour rechercher une pathologie plutôt d’ordre anatomique ;
- Un catalogue mictionnel pour évaluer le fonctionnement de votre vessie ;
- Une débitmétrie (examen non invasif et indolore qui consiste à uriner dans un récipient spécifique afin de juger de la qualité de la miction) ;
- Une mesure du résidu post-mictionnel.
Afin de prendre en charge l’infection urinaire récidivante, on recommande de :
- Bien soigner l’épisode en cours : « on propose un traitement antibiotique spécifique en une seule prise, par voie orale », indique le Pr Haab ;
- Augmenter ses apports hydriques en absorbant 1,5 l d’eau supplémentaire par rapport à la quantité d’eau consommée habituellement, recommande l’Association française d’urologie ;
- Faire une cure de canneberge de 15 jours à un mois sous forme de jus, de comprimés, de sachets, même si la controverse sur son efficacité demeure.
Parmi les alternatives à l’antibiothérapie, « l’utilisation d’une œstrogénothérapie locale chez les patientes post-ménopausées peut s’avérer efficace », note l’Association française d’urologie.
Cystite fréquente : dans certains cas, un traitement antibiotique préventif
Si les explorations n’ont pas permis de mettre en évidence la cause de la cystite récidivante, que la cause ne peut être traitée, ou encore en cas d’échec dans la prise en charge, il existe malgré tout plusieurs possibilités thérapeutiques, avance l’Association française d’urologie. À commencer par une antibiothérapie préventive à dose très faible (antibioprophylaxie).
Une antibiothérapie préventive à dose très faible peut être envisagée si l’infection revient sans raison une ou deux fois par mois, indique le Pr Haab.
L’indication de l’antibioprophylaxie au long cours devrait toutefois rester exceptionnelle, précise l’Association française d’urologie. « La recommandation repose sur la prescription de Fosfomycine trométamol (Monuril) sur la base d’un sachet par semaine avec une réévaluation de la patiente tous les six mois ».
À noter : « s’il s’agit de cystites post-coïtal, le traitement doit être pris au décours du rapport sexuel sans excéder une prise par semaine. Le triméthoprime seul (dont le nom commercial est le Delprim) est désormais autorisé ».
Prévention des cystites récidivantes chez la femme : comment les éviter ?
Un certain nombre de mesures préventives « de bons sens » sont toujours utiles :
- Boire au moins 1,5 l d’eau par jour ;
- Lutter contre une éventuelle constipation qui accentue la prolifération bactérienne dans le tube digestif ;
- Aller faire pipi après chaque rapport sexuel pour éliminer les germes qui pourraient stationner à l’entrée de l’urètre ;
- Concernant la toilette intime, éviter les douches vaginales trop fréquentes, les savons parfumés et les bains moussants qui « décapent » la flore vaginale ;
- Aux toilettes, toujours s’essuyer de l’avant vers l’arrière ;
- Porter des sous-vêtements en coton et éviter de porter des pantalons ou shorts trop serrés ;
- L’arrêt des spermicides, s’il y a lieu, est utile, ajoute l’Association française d’urologie.
Attention toutefois, souligne l’Association française d’urologie, car « dans la cystite récidivante, l’instauration de règles hygiéno-diététiques est proposée d’emblée alors même qu’il n’existe aucune preuve formelle de leur efficacité. Il faut adapter le discours à chaque patiente […]. »
De plus, si ces conseils hygiéno-diététiques sont toujours utiles à mettre en place, « les mesures habituellement proposées comme le fait de s’essuyer d’avant en arrière, de porter des sous-vêtements en coton plutôt que synthétiques… sont des conseils de bon sens mais il n’existe pas à l’heure actuelle de littérature confirmant ces assertions. Ces mesures, en outre, sont parfois culpabilisantes pour les patientes alors même qu’elles ne régleront pas la problématique. La seule consigne ayant prouvé son efficacité est celle d’augmenter ses apports hydriques en absorbant 1,5 L d’eau supplémentaire par rapport à la quantité d’eau consommée habituellement ».