Définition : qu'est-ce que les maux de tête (céphalées) ?
Les maux de tête aussi appelés céphalées sont au sens large des douleurs qui siègent au niveau de la tête, soit de localisation crânienne (frontale haute, pariétale, temporale, occipitale), soit de localisation faciale. Selon la classification réalisée en 1988 par l'International Headache Society ou IHS (révisée en 2004), nous distinguons les céphalées primaires et les céphalées secondaires.
- La cause des céphalées primaires (dont font notamment partie les migraines ou encore les céphalées de tension) n'est pas connue bien qu'elles soient associées à certains facteurs déclenchants et à une contraction suivie d’une dilatation brutale des vaisseaux sanguins.
Pour le docteur George Retali, neurologue au CHU de Bastia :
Parmi les céphalées primaires, il faut principalement distinguer les migraines et les céphalées de tension. Les migraines sont une véritable maladie chronique tandis que les céphalées de tension, même lorsqu'ils sont récurrents sont un mal occasionnel provoqué par certains facteurs de risque. Généralement, les céphalées cèdent à la prise de paracétamol ou d'anti-inflammatoires mais ce n'est pas toujours le cas de la véritable migraine. Dans ce cas, des triptans sont nécessaires pour soulager la douleur.
- Les céphalées secondaires sont symptomatiques d'une lésion (traumatisme crânien par exemple), d'une pathologie (maladie vasculaire crânienne ou cervicale par ex.) ou d'une exposition à un agent toxique (comme un médicament)...
Les céphalées, des chiffres qui donnent mal à la tête ...
À l’échelle mondiale, on estime qu'un adulte sur deux souffre de maux de tête ou de céphalées. De 1,7 à 4% de la population adulte mondiale est affectée par une céphalée durant au moins 15 jours par mois (source 1).
Les céphalées sont un problème mondial touchant toutes les populations, quels que soient l’âge, la race, le niveau des revenus et la zone géographique (source 1).
La migraine, quant à elle, représente 15 % des maux de tête. Les migraines touchent davantage la gente féminine.
Quelles sont les différentes formes de maux de tête (céphalées) ?
Selon la classification réalisée en 1988 par l'International Headache Society ou IHS (révisée en 2004), nous distinguons les céphalées primaires et les céphalées secondaires.
Les céphalées primaires (migraine, céphalée de tension, etc.)
La cause des céphalées primaires n'est pas connue bien qu'elles soient le plus souvent associées à certains facteurs déclenchants et à une contraction suivie d’une dilatation brutale des vaisseaux sanguins. Aucune lésion n'explique leur apparition. Parmi les céphalées primaires, nous distinguons :
- la migraine avec ou sans aura (l'aura se traduit par des troubles visuels et neurologiques qui précédent la migraine classique) ;
- la migraine hémiplégique associe la migraine classique à une aura présentant des troubles moteurs et au moins un autre symptôme (trouble visuel, sensitif ou aphasique). Cette maladie rare touche 1 personne sur 10 000 (source 2). La migraine hémiplégique peut être familiale ou sporadique ;
- les céphalées de tension se traduisent par un mal de tête, probablement dû à la contraction exagérée des muscles du cou. La céphalée est ressentie comme une pression ou une tension, un peu comme un bandeau ou un casque enserrant la tête, irradiant parfois jusqu'au cou ;
- les algies vasculaires de la face - de la famille des TACs (Trigémino Automatiques Céphalées) - sont relativement rares (touchant près de 1 adulte sur 1 000) et plus fréquentes chez les hommes que chez les femmes (source 2). Leur cause reste encore mal connue. Elles se manifestent par des crises douloureuses strictement unilatérales centrées autour de la zone oeil-tempe (orbito-temporale). La céphalée peut être associée à des signes dits végétatifs homolatéraux (œil rouge et/ou larmoyant, oedème et/ou chute de la paupière, narine bouchée avec écoulement nasal, sudation du visage ou du front) ;
- les autres céphalées primaires : maux de tête en "coup de tonnerre" provoqués par le froid, la toux, l'effort, l'activité sexuelle...
Les céphalées secondaires, symptomatiques d'un autre problème
Ces céphalées sont symptomatiques d'une lésion, d'une pathologie, de l'exposition à un agent toxique…
- les céphalées post-traumatisme crânien ou cervical ;
- les céphalées secondaires à une pathologie vasculaire crânienne ou cervicale telle une hémorragie méningée, un hématome intra-crânien, une malformation vasculaire, une douleur d'origine carotidienne ou de l'artère vertébrale, une hypertension artérielle systémique, une thrombose veineuse, un anévrisme, un AVC…
- les céphalées secondaires à une pathologie intra-crânienne non vasculaire (hypertension intra-crânienne non vasculaire, tumeur cérébrale, malformation de Chiari…) ;
- les céphalées toxiques aiguës ou chroniques par abus de médicaments ou sevrage ;
- les céphalées en rapport avec un processus infectieux intra-crânien (méningite, encéphalite, abcès empyème, extra-céphaliques, infections virales ou bactérienne...) ;
- les céphalées secondaires à un trouble métabolique (hypocix, hypercapnie, hypoglycémie, hypercalcémie, dialyse...);
- les céphalées associées à une affection de la face (dentaire, sinusienne, oculaire, auriculaire) ou de la nuque (torticolis);
- les céphalées associées à un trouble psychiatrique.
À noter qu'un mal de crâne peut aussi résulter d'une névralgie crânienne (névralgie du nerf trijumeau par exemple) et qu'il existe des céphalées "inclassables", selon la classification de l'IHS (1988).
Causes : pourquoi a-t-on mal à la tête ?
Les causes des céphalées primaires
Généralement, les céphalées sont dites "primaires" c'est-à-dire qu'elles ne sont pas dues à une pathologie quelconque. "Leur cause n'est pas clairement établie mais elles sont souvent associées à une contraction suivie d’une dilatation brutale des vaisseaux situés dans les méninges", d'après le praticien. Ces céphalées sont le plus souvent déclenchées par :
- de la tension (céphalées de tension).
"Dans ce cas, les céphalées sont d’intensité légère à modérée, décrites comme une sensation d’étau autour de la tête. Elles peuvent résulter du stress, d'une activité physique, de troubles du sommeil, d'une douleur cervicale ou mandibulaire ou de la tension oculaire...", d'après le docteur George Retali.
- une migraine, qui est une véritable maladie chronique. Les migraines peuvent être déclenchées par un manque de sommeil, des changements de temps, la faim, une stimulation excessive des sens, le stress ou d’autres facteurs. Elles peuvent être aggravées par l’activité physique, la lumière, les sons ou les odeurs.
Moins souvent, les céphalées primaires sont dus à une algie vasculaire de la face ou à l’un des nombreux troubles de céphalées secondaires.
Les causes des céphalées secondaires
Les céphalées secondaires sont symptomatiques d'une pathologie ou de lésions intra-crâniennes.
Certains troubles de céphalées secondaires sont graves, particulièrement ceux qui impliquent le cerveau, comme la méningite, une tumeur cérébrale, l'anévrisme, l'AVC ou un saignement dans le cerveau (hémorragie intracérébrale).
La fièvre peut provoquer des céphalées, comme de nombreuses infections qui n’impliquent pas forcément le cerveau (maladie de Lyme, grippe...).
Les céphalées se produisent fréquemment lorsque les personnes arrêtent de consommer de la caféine ou arrêtent de prendre des antalgiques après les avoir utilisés pendant longtemps (céphalées de sevrage ou par surconsommation de médicaments).
Le neurologue alerte contre l'addiction aux antalgiques :
Si vous souffrez de maux de tête récurrents, il est préférable de consulter un médecin. La prise d'antalgiques (et notamment de codéine) entraîne un phénomène d'accoutumance à l'origine des récidives des céphalées. Les patients entrent alors dans un cercle vicieux alors même que l'origine de leur mal n'a pas été identifiée
Contrairement aux idées reçues, la fatigue visuelle et l’hypertension artérielle (sauf pour des hypertensions artérielles extrêmes) ne provoquent généralement pas de céphalées.
Quels sont les facteurs de risque de maux de tête ?
Les facteurs de risque de maux de tête sont :
- le stress ;
- les troubles du sommeil;
- une douleur cervicale ou mandibulaire ;
- une tension oculaire ;
- des changements de temps ;
- la faim ;
- une stimulation excessive des sens (odeurs ou sons forts) ;
- l’activité physique intense et brutale ;
- la lumière ;
- les sons ;
- une maladie cérébrale (méningite, tumeur cérébrale, anévrisme, AVC, hémorragie intracérébrale) ;
- une forte fièvre ;
- des troubles digestifs ;
- le sevrage à la la caféine ou aux antalgiques ;
- l'abus de certains médicaments ;
- l'abus d'alcool (gueule de bois) ou la prise de stupéfiants ;
- des bouleversements hormonaux (menstruation, grossesse, ménopause chez la femme par exemple...);
- l'ingestion de substances toxiques…
Symptômes : comment savoir de quel mal de tête je souffre ?
Il est parfois difficile d'identifier le type de mal de tête dont nous souffrons. Voici une liste de symptômes qui vous aidera à reconnaître la nature de votre mal de tête.
Reconnaître les céphalées de tension
- Impression de pression au niveau de la tête ou d’avoir la tête enserrée ;
- La douleur touche les deux côtés de la tête (bilatérale) ;
- La douleur se déclenche souvent au niveau du front ou de la nuque avant de s’étendre parfois à l’ensemble de la tête ;
- La douleur est modérée et n’empêche généralement pas de continuer ses activités quotidiennes ;
- C’est une douleur constante, elle n’est pas pulsatile : elle ne donne pas l’impression de battre dans la tête ;
- Elle est parfois accompagnée d'une intolérance légère à la lumière ou au bruit, mais jamais les deux en même temps ;
- Enfin la céphalée de tension ne donne pas de vertiges ni de nausées.
Reconnaître la migraine
Les symptômes de la migraine sans aura
La migraine donne lieu à une douleur lancinante unilatérale (du côté droit ou gauche de la tête), parfois pendant des heures, voire des jours. La douleur est pulsatile et elle est souvent associée à d'autres symptômes : intolérance à la lumière, aux bruits et aux odeurs, nausées, vomissements, etc.
Les symptômes de la migraine avec aura ou migraine ophtalmique
La migraine ophtalmique présente dans un premier temps des symptômes neurologiques qui touchent le plus souvent la vision (scotomes scintillants, phosphènes, une impossibilité pour les yeux de voir à droite et/ou à gauche, déficit ou de trouble de la perception visuelle etc).
Parfois l’aura peut toucher la sensibilité des membres, avec des engourdissements ou fourmillements dans les mains, les pieds et/ou les jambes. Certains patients connaissent même des hémiplégies (paralysies d’un côté du corps).
Enfin la migraine ophtalmique peut affecter le langage (aphasie : le patient éprouve une difficulté à parler) et provoque souvent des troubles de l'équilibre et des vertiges.
Maux de tête : quand faut-il s'inquiéter ?
Il est impératif de consulter très rapidement une aide médicale d'urgence comme le Samu, joignable au 15 ou au 112 dans les cas suivants :
- votre mal de tête est soudain, violent et s'accompagne de faiblesse brutale, de paralysie, de troubles de l'élocution ou d'une confusion ;
- vous présentez une douleur explosive, insupportable, d'intensité maximale dès le début de la crise ;
- vous vomissez, vous avez de la fièvre, une raideur de la nuque, et/ ou que votre état général se détériore ;
- vous avez soudainement des maux de tête violents accompagnés de douleurs d'un ou des deux yeux et vous voyez flou ;
En outre, vous devriez consulter un médecin si vos maux de tête :
- se répètent souvent ;
- sont associés à d'autres symptômes ;
- ne ressemblent pas à vos maux de tête habituels.
Prévention : comment éviter les maux de tête ?
La prévention des maux de tête repose avant tout sur l’éviction de leur facteur de risque (surtout si vous souffrez de migraines ou de céphalées chroniques), par exemple :
- se faire vacciner/vérifier que les vaccins soient à jour pour anticiper les méningites ;
- porter un casque lors d’un travail à risque pour éviter un traumatisme crânien ;
- surveiller ses yeux régulièrement pour éviter l'hypertension oculaire ;
- se rendre deux fois par an chez le dentiste pour éviter les problèmes dentaires ;
- éviter les facteurs de stress et traiter le stress/l'anxiété chronique ;
- traiter les troubles du sommeil ;
- consulter en cas de douleur cervicale ou mandibulaire ;
- éviter les changements brutaux de température ;
- s'alimenter régulièrement afin d'éviter la faim ;
- éviter les sons et les odeurs trop forts(tes) ;
- pratiquer une activité physique d'intensité progressive ;
- éviter la lumière forte ;
- porter des lunettes de soleil lorsque le temps est lumineux ;
- prendre en charge une maladie cérébrale sous-jacente aux maux de tête (méningite, tumeur cérébrale, anévrisme, AVC, hémorragie intracérébrale) ;
- faire baisser une forte fièvre (prise d'antipyrétiques, bain froid...) ;
- éviter la dépendance à la caféine ou aux antalgiques ;
- éviter l'abus de certains médicaments ;
- éviter l'abus d'alcool (gueule de bois) ou la prise de stupéfiants.
Diagnostic des céphalées : quel bilan ?
Généralement l'examen clinique est suffisant à diagnostiquer des migraines ou des céphalées primaires comme des céphalées de tension. En revanche, une céphalée d'apparition brutale dont la symptomatique est inhabituelle et qui s'aggrave sur la durée doit faire craindre une pathologie plus grave (AVC, méningite...). Elle nécessite une consultation au service des urgences et un bilan comprenant des examens comme une IRM, une ponction lombaire...
Traitements : comment soigner un mal de tête ?
Selon la cause du mal de tête, le traitement est variable.
"Le traitement de la migraine comprend le traitement de la crise, qui a pour but de soulager rapidement la douleur, et le traitement de fond, qui a pour but de diminuer la fréquence et l’intensité des crises. En cas de crise non soulagée par les AINS, il existe des traitements spécifiques : les triptans ", d'après le docteur George Retali.
Le traitement de la crise de migraine doit être le plus précoce possible. Il peut être utile de tenir un agenda des crises pendant 6 mois en notant la date de survenue de la migraine, sa durée, l’intensité de la douleur et les médicaments utilisés pour soulager la crise.
"La plupart des céphalées de tension d’intensité légère à modérée sont soulagées par presque tous les antidouleurs en vente libre (antalgiques), comme l’aspirine, le paracétamol ou l’ibuprofène", pour le praticien. Le massage de la zone douloureuse peut calmer la douleur. La plupart des personnes présentant des céphalées épisodiques légères à modérées n’ont pas besoin de consulter un médecin.
Si un médicament est en cause : ajustement de la posologie ou arrêt ;
Chirurgie, chimiothérapie ou radiothérapie en cas de tumeur cérébrale ;
Prise d’antibiotiques lors de méningites ;
Prise d’antihypertenseurs pour l’hypertension artérielle ;
Prise en charge d'un accident vasculaire cérébral, d'hypertension oculaire (glaucome)...
L'homéopathie, la phytothérapie, l'aromathérapie et la naturopathie peuvent être utiles en cas de maux de tête, en complément d'un traitement adapté.
Phytothérapie
Selon le type de maux de tête : la mélisse, la menthe poivrée ou la camomille romaine sont des plantes utiles en traitement de fond.
Aromathérapie
L'aromathérapie peut aider à soulager les symptômes du mal de tête : masser les tempes et la nuque avec deux gouttes d'huile essentielle de menthe et renouveler l'application, si nécessaire.
- pratiquer la sophrologie : imaginer la sensation opposée à la douleur ;
- tremper les pieds dans un bain chaud ;
- mettre les coudes dans de l'eau très chaude (cela peut décongestionner la tête) ;
- appliquer une bouillote sur le foie ;
- boire de grandes quantités d'eau.
Extrait de Le grand livre de la naturopathie de Christian Brun. Editions Eyrolles.