Qu'est-ce que l'hypoglycémie ?
L'hypoglycémie correspond à la diminution anormale du taux de glucose dans la sang (glycémie inférieure à 0.70 g/l). Elle implique l'apparition de symptômes pénibles : nervosité, faiblesse, tremblements, faim impérieuse... Dans les cas graves l'hypoglycémie peut entraîner des troubles neurologiques allant jusqu'au coma. L'ingestion de sucre (glucose) fait disparaître le malaise.
L'hypoglycémie véritable ne concerne en réalité qu'une minorité de personnes dont notamment les diabétiques. En effet, l'hypoglycémie est alors secondaire au traitement pour contrôler le diabète (insuline, sulfamides hypoglycémiants ...). D'autres médicaments et d'autres maladies graves peuvent provoquer une hypoglycémie.
"D'un autre côté, il existe ce que nous appelons l'hypoglycémie réactionnelle qui concerne des individus en bonne santé. Il ne s'agit pas d'une véritable hypoglycémie dans la mesure où les taux du glucide dans le sang ne sont jamais très bas. Mais le patient 'flirte' avec de faibles taux aux alentours de 0,6 à 0,8 g/l de sang", souligne le docteur David Levine, médecin du sport à la Fédération française de football FFF.
Certaines personnes sont particulièrement en proie à ces hypoglycémies réactionnelles : les sportifs, les personnes qui ont une alimentation irrégulière, déséquilibrée, insuffisante ou trop sucrée...
"En outre, certaines personnes sont plus sujettes à l'hypoglycémie tout simplement car elles sont plus sensibles à la baisse de la glycémie et éprouvent facilement des symptômes comme une faiblesse, une irritabilité ou une baisse de l'attention", souligne le praticien.
Quelles sont les différentes formes d'hypoglycémie ?
Nous distinguons l'hypoglycémie véritable qui affecte souvent des sujets malades (le plus souvent diabétiques) ou prédisposés de l'hypoglycémie réactionnelle qui concerne le sujet en bonne santé.
L'hypoglycémie véritable
Elle est caractérisée par une glycémie strictement inférieure à 0,7. Les taux peuvent descendre très bas. L'hypoglycémie véritable peut même occasionner des convulsions voire un coma dans les cas graves et si le patient n'ingère pas de sucre rapidement. On distingue plusieurs types :
- l'hypoglycémie iatrogène : elle est liée à la prise de médicaments tels que ceux administrés aux patients diabétiques ;
- l'hypoglycémie de jeûne : elle touche des patients dont l'état de santé ne leur permet pas de conserver une glycémie stable lors d'un jeûne prolongé. Il peut s'agir de personnes alcooliques, gravement dénutries, atteintes d'une maladie grave (notamment au niveau du foie ou du pancréas) ...
- l'hypoglycémie réactive : elle est consécutive à l'ingestion d'une grande quantité de glucides chez certains patients qui produisent en réponse, une grande quantité d'insuline. Il peut s'agir de personnes qui ont subi une chirurgie bariatrique ou celles qui souffrent d'une intolérance au glucose ou d'une insulinorésistance (phase qui précède le diabète). Enfin il existe des hypoglycémies de sensibilité à certains aliments contenant du fructose, du galactose ou de la leucine.
L'hypoglycémie réactionnelle
Elle peut toucher n'importe quel individu à tout âge et peu importe l'état de santé. Elle est liée à une baisse de sucre dans le sang en raison d'un jeûne prolongé ou d'une activité physique intense. Généralement les taux de glucose ne descendent pas en dessous de 0,6 g/l de sang. Les symptômes dépendent de la sensibilité du sujet à la baisse de la glycémie. Généralement les sujets décrivent une nervosité, une faim impérieuse, une incapacité à se concentrer ainsi qu'une grande faiblesse.
" Les sportifs sont généralement gênés au cours de leur entrainement. L'hypoglycémie entraîne une baisse des performances chez l'athlète", selon David Levine, médecin du sport.
À quoi est due une hypoglycémie ?
L'hypoglycémie véritable est liée à la prise de certains médicaments ou à certaines maladies. D'un autre côté, l'hypoglycémie réactionnelle peut toucher n'importe quel individu ( elle est alors liée à une alimentation déséquilibrée, insuffisante ou encore à une activité intense).
Les causes de l'hypoglycémie stricto sensu
Elle peut être liée à :
La prise de certains médicaments : antidiabétiques (insuline, sulfonylurées...), la pentamidine, la quinine...
Les diabétiques soumis à des traitements hypoglycémiants sont plus sujets à l'hypoglycémie dans certaines situations comme un régime hypocalorique, un jeûne, une activité physique intense ou une insuffisance rénale chronique.
En outre, l'hypoglycémie peut toucher toute personne qui prendrait des antidiabétiques en dehors d'un diabète. Par exemple, dans le cadre d'un trouble psychique comme un trouble factice imposé à soi-même ou à autrui (affection qui consiste à falsifier ou produire les symptômes d'un trouble physique ou psychologique chez soi-même ou chez une autre personne).
Un jeûne prolongé chez :
- les personnes alcooliques (qui boivent beaucoup sans manger) ;
- les personnes souffrant de dénutrition sévère ;
- les personnes atteintes d'une maladie hépatique avancée (cirrhose, cancer du foie...);
- les personnes qui ont une maladie de stockage du glycogène ou toute anomalie des systèmes enzymatiques qui contrôlent l'utilisation du glucose ;
- les personnes atteintes d'autres maladies comme : un insulinome (tumeur productrice d'insuline située au niveau du pancréas), les troubles qui diminuent la sécrétion d'hormones par l'hypophyse et les glandes surrénales (comme la maladie d'Addison), une insuffisance rénale chronique, une insuffisance cardiaque, un cancer, une septicémie...
Une réaction à certains aliments comme les glucides (notamment chez les insulinorésistants ou les intolérants au glucose, au fructose ou au galactose) ou à certaines protéines (chez les intolérants à la leucine par exemple). L'hypoglycémie réactive est aussi parfois la conséquence d'une chirurgie bariatrique.
Les causes d'une hypoglycémie réactionnelle
Une hypoglycémie réactionnelle peut apparaître chez un sujet en bonne santé dans certaines circonstances :
- une grande fatigue (liée à un sommeil insuffisant, un surmenage... );
- une activité physique intense ;
- une alimentation irrégulière, déséquilibrée, insuffisante ou encore trop sucrée ;
- un régime alimentaire hypocalorique ou un jeûne prolongé.
Quelle sont les facteurs de risque de l'hypoglycémie ?
Les facteurs de risque de l'hypoglycémie sont :
- la prises de certains médicaments (antidiabétiques, quinine, pentamidine...) ;
- certaines maladies (diabète, maladie hépatique, alcoolisme, maladie de stockage du glycogène, insulinome, maladie d'Addison, insuffisance rénale chronique, insuffisance cardiaque, septicémie, cancer...) ;
- une intolérance aux glucides ou à des protéines ;
- une chirurgie bariatrique ;
- un état de dénutrition avancé ;
- un jeûne prolongé ;
- une activité physique intensive ;
- une alimentation déséquilibrée, insuffisante ou encore trop sucrée.
Quelles sont les personnes à risque d'hypoglycémie ?
N'importe quel individu peut être sujet à une crise d'hypoglycémie quelque soit son âge ou son état de santé. "Cependant certains individus particulièrement sensibles à une baisse de glycémie sont généralement en proie à des malaises à répétition", selon le docteur David Levine. C'est notamment le cas en fin de matinée.
En revanche, seules certaines personnes sont en proie à des hypoglycémies véritables. Il s'agit :
- des personnes diabétiques ;
- des personnes qui prennent certains médicaments (antidiabétiques, quinine, pentamidine...) ;
- des personnes alcooliques ;
- des personnes en dénutrition sévère ;
- des personnes touchés par certaines maladies (diabète, maladie hépatique, maladie de stockage du glycogène, insulinome, maladie d'Addison, insuffisance rénale chronique, insuffisance cardiaque, septicémie, cancer...) ;
- des personnes intolérantes aux glucides ou à des protéines ;
- des personnes ayant subi une chirurgie bariatrique.
Quels sont les symptômes de l'hypoglycémie ?
Lorsque le corps est en état d'hypoglycémie, les symptômes suivants surviennent :
- faim intense ;
- troubles visuels ;
- nausées ;
- anxiété ;
- nervosité, irritabilité ;
- tremblements ;
- bourdonnements d'oreille ;
- frilosité ;
- sueurs ;
- tachycardie ;
- fatigue, faiblesse ;
- somnolences ;
- comportements bizarres ;
- incapacité à se concentrer ;
- difficulté à parler ;
- malaise général...
En dessous d'un certain seuil, des troubles neurologiques plus graves peuvent survenir : confusions, convulsions voire coma.
Les symptômes d’hypoglycémie apparaissent rarement jusqu’à ce que le taux de glucose dans le sang chute en dessous de 0,6g/l de sang. Cependant, certaines personnes sont symptomatiques pour des taux très légèrement supérieurs à ce seuil, notamment en cas de baisse rapide de la glycémie (c'est le cas des hypoglycémies réactionnelles chez le sujet en bonne santé), et d’autres ne développent pas de symptômes tant que leur glycémie n’est pas bien plus basse.
Quels sont les moyens de prévention de l'hypoglycémie ?
Pour éviter la survenue d'une hypoglycémie, il est utile de suivre ces conseils :
- pour les hypoglycémies réactionnelles, fractionner ses repas (trois repas, trois collations) ;
- éviter la consommation de sucres rapides. Préférer les sucres lents (et notamment les céréales complètes) ainsi que les aliments riches en acides gras insaturés et en protéines. Des aliments riches en chrome (levure de bière, foie, jaune d'œuf et fruits de mer) sont recommandés afin d'éviter les hypoglycémies.
- limiter le stress ;
- avoir une activité physique quotidienne modérée. "De leur côté, les sportifs doivent adapter leur alimentation à l'effort. Des repas équilibrés, réguliers et riches en hydrates de carbone sont recommandés", souligne le docteur David Levine ;
- limiter sa consommation de café, de thé et d'alcool ;
- consommer des hydrates de carbone en cas de consommation de boissons alcoolisées.
" Si vous ressentez une baisse d'énergie soudaine, il est conseillé de consommer des sucres rapides (bonbons, gâteaux, jus de fruits...) afin d'éviter une hypoglycémie. Afin d'éviter toute rechute, il est préférable d'enchaîner sur un apport en féculents", souligne David Levine, médecin du sport.
Comment est établi le diagnostic d'hypoglycémie ?
Reconnaître une véritable hypoglycémie
Le diagnostic de l'hypoglycémie chez le diabétique
Chez les diabétiques, le diagnostic peut être confirmé si l’on mesure une glycémie basse pendant la crise. Le patient peut alors se munir de son glucomètre. La crise est susceptible de se produire peu après une injection d'insuline ou lors d'un jeûne, d'une activité physique intense...
Le diagnostic de l'hypoglycémie chez le patient non diabétique
En cas de crise d'hypoglycémie chez un patient non diabétique, il est indispensable de rechercher une cause : maladie, dénutrition, prise de médicaments, intolérance à certains aliments...
D'abord, l'hypoglycémie peut être confirmée par la mesure de la glycémie lors des symptômes. Celle-ci est alors strictement inférieure à 0,7 g/l.
Si l’on suspecte qu’un médicament comme la pentamidine ou la quinine est la cause de l’hypoglycémie, le traitement est arrêté, puis la glycémie est mesurée pour évaluer une éventuelle augmentation.
En cas de suspicion d’un insulinome, il peut être nécessaire de mesurer les taux d’insuline dans le sang pendant un jeûne (parfois jusqu’à 72 heures).
Reconnaître une hypoglycémie réactionnelle (chez le sujet en bonne santé)
Chez les personnes en bonne santé, le diagnostic d’hypoglycémie est basé sur les symptômes décrits et d'autres examens comme la mesure de la glycémie pendant une crise. Une glycémie basse pendant une crise confirme le diagnostic. La disparition des symptômes en quelques minutes après l’ingestion de glucose est en faveur du diagnostic.
Quels sont les traitements de l'hypoglycémie ?
Traitement immédiat de l’hypoglycémie
En cas de crise d'hypoglycémie, il convient de cesser toute activité et de s'assoir. L'ingestion de sucre permet de mettre un terme aux symptômes : jus de fruits, bonbons, gâteaux, barres chocolatées...
Il est recommandé de consommer au moins 5g de sucre pour 20 kg de poids. Un adulte doit consommer au moins 15 grammes de sucres.
Par la suite, il peut être utile de consommer des glucides lents (comme des pâtes ou du riz).
Lorsque les symptômes sont graves chez le patient diabétique, l'entourage peut réaliser des injections de glucagon.
Lorsque l’hypoglycémie provoque une perte de connaissance et qu’il n’est pas possible de donner du sucre par voie orale, le médecin peut administrer rapidement du glucose par voie intraveineuse afin de prévenir les lésions cérébrales.
L'injection de glucagon chez les diabétiques
Les personnes à risque d’épisodes d’hypoglycémie sévère (et notamment les diabétiques) peuvent garder du glucagon à portée de main en cas d’urgence.
L’administration de glucagon stimule la libération de grandes quantités de glucose par le foie. Ce médicament est administré sous forme d’injection ou au moyen d’un nouvel inhalateur nasal ; il ramène généralement la glycémie à une valeur normale en 5 à 15 minutes.
Les kits de glucagon sont faciles d’emploi et les membres de la famille peuvent être formés à l’administration du glucagon.
Traitement de la cause de l’hypoglycémie
En cas de crise d'hypoglycémie, il convient de traiter la cause afin d'éviter les récidives. Par exemple, si un médicament provoque une hypoglycémie, la dose est ajustée ou le médicament remplacé. Les insulinomes (tumeurs endoctrines du pancréas) doivent être retirés par voie chirurgicale. une renutrition est préconisée chez le patient dénutri...
La limitation de la prise de glucides, en particulier des sucres simples, est parfois conseillée pour éviter l’hypoglycémie qui survient après un repas (appelée « hypoglycémie réactive »). Des inhibiteurs de l’alpha-glucosidase, tels que l’acarbose, qui ralentissent l’absorption des glucides, ont également été utilisés avec succès chez les personnes présentant une hypoglycémie réactive et une hypoglycémie suite à une chirurgie bariatrique.
Chez les patients en bonne santé sujettes aux hypoglycémies réactionnelles, il est recommandé de prendre des petits repas (alimentation en fractionné), plutôt que 3 gros repas normaux.