Définition : qu'est-ce que la tachycardie ?
La tachycardie est un trouble du rythme cardiaque (ou arythmie) qui se caractérise par des pulsations trop rapides en dehors de tout effort physique (tachycardie de repos). On considère qu’un cœur sain présente un rythme cardiaque régulier de 60 à 100 battements par minute. Au-delà de 100 pulsations par minute, nous parlons de tachycardie. La tachycardie peut être bénigne ou au contraire grave en fonction de son origine et de ses éventuelles complications.
La tachycardie est permanente ou transitoire. Elle est souvent asymptomatique, mais il n’est pas rare que le patient ressente des palpitations, des vertiges et parfois une perte de connaissance (syncope).
« Le traitement de la tachycardie dépend son origine : lorsqu’elle est sinusale, c’est-à-dire adaptative à une circonstance particulière, elle est considérée bénigne et ne nécessite pas de traitement. En revanche lorsque la tachycardie est liée à un emballement de certaines parties du cœur (et plus particulièrement les oreillettes et les ventricules), elle est regardée comme pathologique et doit être traitée », selon le Dr Grégory Schoukroun, cardiologue à la clinique du Mont-Louis à Paris (75011). La tachycardie constitue dans certains cas une urgence vitale.
Causes : pourquoi ce rythme cardiaque rapide ?
Les mécanismes de la tachycardie
Le cœur est un muscle composé de quatre cavités : les oreillettes gauches et droites et les ventricules gauches et droits. Les contractions cardiaques résultent de l’activité d’un influx électrique qui émerge du haut de l’oreillette droite dans une zone appelée nœud sinusal. Ce nœud produit près de 100 décharges électriques par minute. Son action est régulée par le nerf vague qui ralentit le rythme cardiaque à environ 70 battements par minute au repos.
Par l’effet de la contraction, les oreillettes vont pouvoir envoyer le sang dans les ventricules. L’activité électrique va aussi atteindre les ventricules permettant à ces derniers de se contracter à leur tour et d’expulser le sang vers l’aorte et l’artère pulmonaire. On comprend donc que le cœur a un rôle de pompe et permet la circulation du sang vers les différents organes.
Un rythme cardiaque rapide peut résulter d’une suractivation du système nerveux sympathique au niveau du nœud sinusal qui est déclenché par une circonstance particulière comme un effort physique, une émotion vive… Mais la tachycardie peut aussi provenir d’une accélération pathologique et spontanée des contractions des ventricules ou des oreillettes. Dans ce cas, l’arythmie compromet la vascularisation des organes et la santé du patient.
Des origines différentes
Les tachycardies auriculaires
Elles ont pour origine une contraction rapide des oreillettes. Elles sont généralement bénignes et sans nécessité de traitement.
- La tachycardie sinusale : elle est déclenchée par un élément qui active le système nerveux sympathique : effort physique, émotion, abus de certaines substances (alcool, drogue, psychotropes, stimulants…), fièvre, douleurs, anémie, déshydratation, hyperthyroïdie... Elle est donc un processus adaptatif naturel. Le médecin la reconnaît par un rythme cardiaque qui reste régulier et généralement inférieur à 150 battements par minute. Elle est sans gravité et ne nécessite pas de traitement, si ce n’est celui de sa cause. Cependant, il arrive plus rarement qu’une tachycardie sinusale soit symptomatique d’une pathologie grave comme une insuffisance cardiaque ou une embolie pulmonaire.
- La tachycardie supraventriculaire : elle reste généralement bénigne. Elle est le plus souvent congénitale et touche le sujet jeune. Elle résulte d’un dysfonctionnement des fibres nerveuses au sein du cœur. Elle sévit généralement par crises qui peuvent être impressionnantes au cours desquelles le cœur se met à battre de 160 à 200 pulsations/ minute. « La maladie de Bouveret est la forme la plus fréquente de tachycardie supraventriculaire. Ce type de tachycardie ne nécessite pas de traitement sauf si elle impacte la qualité de vie du patient », explique le Dr Grégory Schoukroun, cardiologue.
Les tachycardies d’origine ventriculaire
« Lorsque l’accélération cardiaque provient d’une contraction rapide des ventricules, les conséquences peuvent être graves voire fatales : malaise, perte de connaissance et dans le pire des cas mort subite. Les tachycardies ventriculaires résultent le plus souvent d’une pathologie cardiaque sous-jacente », selon le praticien.
- Le syndrome du QT long : il s’agit d’une anomalie du rythme cardiaque ventriculaire. Il se caractérise par un intervalle QT (qui est un segment tracé sur l’électrocardiogramme) de morphologie et de longueur anormales. Ce syndrome est associé au risque de malaise, de perte de connaissance, voire d’arrêt cardiaque. Cette affection peut être d’origine :
- congénitale : le sujet est alors atteint d’une anomalie génétique des canaux potassiques (ou canalopathie). Le risque de malaise cardiovasculaire survient le plus souvent lors d’une activité physique, une émotion, un bruit strident, la prise de médicaments allongeant l’intervalle QT…
- acquise : elle est alors liée à une bradychardie (rythme cardiaque lent au repos), une hypokaliémie (taux bas de potassium), une hypocalcémie (taux bas de calcium) ou une hypomagnésémie (carence en magnésium), une intoxication aux organophosphorés, une affection du système nerveux centrale (méningite), un régime hyperprotidique, une hypothermie, la prise de certains médicaments (méthadone, certains antipsychotiques, antiarythmiques, antibiotiques, Bépridil, Sotalol, anti-H1, Pentamidine, Vincamine IV, Imipraminique en surdosage…).
- La torsade de pointe : elle est responsable d’accélérations brèves et irrégulières du rythme cardiaque. Elles sont souvent asymptomatiques mais exposent les patients à un risque de mort subite. Elles peuvent être dues à un QT long congénital ou acquis ; à une cardiopathie ischémique ou hypertensive ; à dautres facteurs favorisants : une maladie du foie, un surdosage ou une interaction médicamenteuse.
- La tachycardie ventriculaire : elle se traduit par un rythme cardiaque anormalement rapide de 120 à 250 battements par minute. Elle peut être la conséquence d’une cardiopathie ou d’une cicatrice cardiaque sous-jacente. Elle est généralement brève mais peut se compliquer d’une fibrillation ventriculaire. Cette dernière est un trouble du rythme cardiaque correspondant à la contraction rapide, désorganisée et inefficace des ventricules cardiaques. Ce qui veut dire que le cœur ne bat plus comme d'habitude, il ne pompe plus, il tremble. Elle entraîne une perte de connaissance immédiate et peut déboucher sur une mort subite.
Quels sont les symptômes de la tachycardie?
La tachycardie est souvent asymptomatique. Toutefois, elle peut se traduire par :
- des palpitations ;
- une respiration courte ;
- une faiblesse ;
- une nervosité, agitation, irritabilité ;
- des vertiges, étourdissements ;
- des troubles du sommeil : l’endormissement est gêné par les palpitations.
À noter que dans la majorité des cas, la tachycardie est d’origine sinusale et bénigne. Cependant, lorsqu’elle est d’origine ventriculaire ou auriculaire, le patient est à risque de complications telles que :
- une perte de connaissance (syncope) ;
- un arrêt cardiaque ;
- une mort subite.
Conseils de prévention
Afin d’éviter la tachycardie, il est recommandé de prendre soin de son cœur et de ses artères en :
- conservant un mode de vie sain : activité physique, alimentation équilibrée, IMC normal, évitement du tabac, de l’alcool et des drogues ;
- évitant le stress,
- entretenant un suivi médical en cas de cardiopathie ou de trouble du rythme cardiaque déjà diagnostiqué. À noter qu’il est possible de prévenir les rechutes par la prise d’anti-arythmiques ou les radiofréquences.
Quels examens faire ?
L’examen clinique
« Généralement, le patient consulte lorsqu’il ressent un rythme cardiaque rapide, des palpitations ou des accélérations cardiaques qui l’indisposent », explique le cardiologue. Le médecin procède à un interrogatoire (sur les symptômes et les antécédents personnels ou familiaux du patient) et à un examen cardiologique (prise de la fréquence cardiaque et écoute du cœur au stéthoscope). Il peut prescrire des examens complémentaires s’il le juge nécessaire. Parfois la découverte de la tachycardie est occasionnée par une crise, lors d’un passage aux urgences.
L’électrocardiogramme (EGC)
Il s’agit d’un tracé représentant l’activité électrique du cœur. L’examen est indolore et rapide : le médecin place des électrodes sur diverses parties du corps (thorax, chevilles, poignets…) : « L’électrocardiogramme permet de vérifier l’activité électrique du cœur aussi bien au repos que pendant un effort physique ». Un test d’effort (qui consiste à pédaler sur un vélo) est donc pratiqué avec les électrodes placées sur la peau et en mesurant la pression artérielle.
L’Holter
Il s’agit d’un dispositif semblable à l’ECG mais dont les résultats sont plus complets car il permet d’enregistrer l’activité électrique du cœur sur une durée de 24 heures. En effet, une arythmie n’est pas permanente et peut se déclencher à tout moment de la journée.
L’échocardiographie
Elle est pratiquée dans le cadre d’un trouble du rythme afin de vérifier qu’il n’y a pas de malformation cardiaque sous-jacente ou de présence de caillots au niveau du cœur qui résulterait d’une mauvaise vascularisation (elle-même liée à l’arythmie). Elle permet aussi de visualiser l’activité des ventricules et des oreillettes.
Quels traitements en cas de tachycardie ?
Le traitement de la tachycardie sinusale
Elle se résorbe par le traitement de sa cause. Par exemple, si le patient est sujet à un stress chronique, il semble judicieux de traiter ce dernier. Il en va de même si le patient présente une hypothyroïdie…
Le traitement de la tachycardie auriculaire
« Elle est traitée en première intention par anticoagulant afin d’éviter la formation de caillots de sang dans les artères », précise le Dr Schoukroun. Si les anticoagulants ne sont pas efficaces, il est possible de prescrire une cardioversion : elle consiste à faire passer de manière brève et volontaire un courant électrique dans le cœur afin de rétablir un rythme cardiaque normal.
Le traitement de la tachycardie ventriculaire
Le premier objectif est de prévenir les crises qui peuvent être fatales. Les traitements disponibles sont :
- Les médicaments antiarythmiques et les bêtabloquants ;
- La chirurgie ou la radiofréquence : elles ont pour objectif l’ablation de la région atteinte ;
- La mise en place d’un défibrillateur implantable : ce dernier déclenche un courant électrique dans le cœur en cas de tachycardie ventriculaire.
Une crise de tachycardie ventriculaire est une urgence médicale. Le traitement peut passer par :
- la prise de médicaments antiarythmiques ;
- un choc électrique externe si le patient a perdu connaissance ou est en arrêt cardiaque,
- la mise en place de sondes ventriculaires endocavitaires introduites par abord veineux périphérique ;
- un choc électrique interne permet de régulariser votre rythme cardiaque en délivrant un courant électrique au niveau du muscle cardiaque, sous anesthésie locale de quelques minutes.
Phytothérapie
En cas de palpitations :
- en infusion : agripaume sommités fleuries. Mettre 50 g dans 1 litre d'eau, laisser infuser 15 minutes. 1 tasse toutes les 1/2 heures jusqu'à apaisement ;
- en infusion : aubépine fleurs. Mettre 15 g dans 1 litre d'eau, laisser infuser 10 minutes. Plusieurs tasses par 24 heures si nécessaire.
En prévention :
- en infusion : agripaume sommités fleuries. Mettre 10 g dans 1 litre d'eau, laisser infuser 15 minutes. 1 tasse après chaque repas ;
- en infusion : mélange de plantes associant aubépine fleurs 30 g, passiflore feuilles-fleurs 30 g, aspérule odorante sommités fleuries 30 g. Mettre 1 cuillerée à soupe du mélange dans 125 ml d'eau, laisser infuser 5 minutes. 1 tasse après chaque repas ;
- en infusion puis dans le bain : aubépine fleurs. Mettre 500 g dans 3 ou 4 l d'eau, laisser infuser 15 minutes. Pour prévenir une nervosité cardiaque nocturne, verser cette préparation dans l'eau d'un bain avant le coucher.
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Sources
Entretien avec le Docteur Grégory Shoukroun cardiologue interventionnel à la Clinique du Mont-Louis à Paris.
"Les troubles du rythme cardiaque", cours CHU Carcassonne (PDF en ligne : https://www.ch-carcassonne.fr/imgfr/files/GATI.pdf)