Définition : qu'est-ce que la dysphagie ?
La dysphagie est un obstacle à la déglutition. Plus précisément, elle correspond à une difficulté à assurer la progression des aliments (solides ou liquides) de la bouche vers l'œsophage (fausses routes) ou à propulser les aliments à travers l'œsophage.
La dysphagie ne doit pas être confondue avec le syndrome qualifié de boule dans la gorge qui correspond à la sensation d'avoir une boule ou une masse dans la gorge, non corrélée à la prise d'aliments et alors qu'aucune masse n'est présente. "Il ne faut pas non plus confondre la dysphagie avec une douleur lors de la déglutition ou odynophagie. Cette dernière peut toutefois être symptomatique d'une dysphagie", souligne la docteur Vianna Costil, gastro-entérologue et hépatologue libérale.
En effet, la dysphagie peut être ressentie comme une gêne ou une douleur au niveau du thorax, derrière le sternum, parfois à la base du cou ou encore par une sensation d'étouffement lors de la déglutition. Elle provoque parfois des régurgitations ou des éructations douloureuses, comme le précise l'experte :
"Les patients ressentent les aliments se bloquer, certains éructent ou vomissent."
Parallèlement, le sujet peut, dans certains cas, souffrir de troubles respiratoires (et parfois d'une toux) causés par le mauvais passage des aliments vers la trachée. "Le refus de s'alimenter est une autre conséquence possible de la dysphagie. Une dénutrition est alors à craindre", alerte la gastro-entérologue. D'autres complications sont fréquentes comme une modification de la voix, un risque d'étouffement par fausse route, la perforation ou l'obstruction de l'œsophage dans les cas les plus graves...
La dysphagie affecte le plus souvent les personnes âgées. Il s’agit d’un trouble fréquent en gériatrie. "Elle peut être inquiétante et signaler certaines pathologies comme un cancer, un reflux gastro œsophagien ou une sténose peptique par exemple. Il est préférable de consulter rapidement."
Le traitement passe par celui de sa cause. Il peut consister en une endoscopie ou une chirurgie digestive.
Quels sont les différentes formes de dysphagie ?
Nous distinguons deux formes de dysphagie en fonction du site de blocage.
- La dysphagie haute ou oropharyngée qui résulte d'une difficulté à assurer la progression des aliments de l'oropharynx (partie moyenne du pharynx située à l'arrière de la bouche) vers l'œsophage. Elle se caractérise par une difficulté à avaler, des régurgitations nasales, des fausses routes suivies de toux. Des pathologies neurologiques ou musculaires sont généralement en cause.
- La dysphagie basse ou œsophagienne se caractérise par une difficulté à propulser les aliments à travers l'œsophage. Les patients peuvent se plaindre d'une gêne ou d'une douleur thoracique lors de la déglutition. Ces derniers peuvent redouter de s'alimenter et éviter toute prise alimentaire se risquant à une perte de poids.
Quels sont les causes et facteurs de risque de la dysphagie ?
Les organes de la déglutition se composent du pharynx (supérieur, moyen ou oropharynx et inférieur) du sphincter supérieur de l'œsophage, du corps de l'œsophage et du sphincter inférieur de l'œsophage. Ces composants fonctionnent comme un système synchronisé qui propulse les aliments depuis la bouche jusqu'à l'estomac et prévient leur reflux secondaire vers l'œsophage. Un obstacle physique, une pathologie neurologique ou musculaire ou encore des troubles de la motilité œsophagienne peuvent faire dysfonctionner le système.
Image : le processus de déglutition

Les facteurs de risque de dysphagie oropharyngée
La dysphagie peut résulter d'une difficulté à assurer le passage des aliments de la bouche vers l'œsophage. Les causes peuvent être :
- une affection neurologique :
- accident vasculaire cérébral
- maladie de Parkinson
- sclérose en plaques
- certaines maladies du motoneurone (sclérose latérale amyotrophique, paralysie bulbaire progressive, syndrome pseudobulbaire)
- poliomyélite bulbaire
- artérite à cellules géantes.
- une maladie musculaire :
- myasthénie
- dermatomyosite
- dystrophie musculaire
- incoordination cricopharyngée (asynchronisme cricopharyngé).
Les facteurs de risque de dysphagie œsophagienne
La dysphagie peut résulter d'une difficulté à propulser les aliments à travers l'œsophage en raison de :
- un trouble de la motricité :
- achalasie
- maladie de Chagas
- spasmes œsophagiens diffus
- sclérodermie
- œsophagite à éosinophiles.
- une obstruction mécanique :
- sténose peptique le plus souvent induite par un reflux gastro-oesophagien. À noter que certains médicaments sont pourvoyeurs de sténoses (bisphosphonates/alendronate, chlorure de potassium, anti-inflammatoires non-stéroïdiens, antibiotique/doxycycline, aspirine).
- cancer de l'œsophage
- anneaux œsophagiens inférieurs
- diaphragmes œsophagiens
- sténoses radiques
- pathologies qui compriment l'œsophage (dilatation de l'oreillette gauche, anévrisme aortique, troubles vasculaires tels qu'une artère aberrante sous-clavière, thyroïde rétrosternale, exostose cervicale ou tumeur thoracique)
- ingestion de substances caustiques.
Quelles sont les personnes à risque de dysphagie ?
La dysphagie peut concerner jusqu'à 15% de la population, selon certaines études (source 1).
Les personnes âgées sont les plus concernées par la dysphagie, mais pas uniquement. En effet, certaines pathologies se manifestant par une dysphagie peuvent concerner des enfants ou des adolescents, comme l’achalasie, l’œsophagite à éosinophiles ou toutes les tranches d’âge avec le reflux gastro-œsophagien.
Les personnes alcooliques et/ou tabagiques sont exposées à un risque accru de cancer de l’œsophage et donc potentiellement de dysphagie.
Quels sont les symptômes de la dysphagie ?
La dysphagie correspond à des difficultés à déglutir. D’autres signes peuvent être présents, variables selon la cause de la dysphagie :
- des douleurs (odynophagie), une gêne ou des brûlures lorsque le sujet avale et déglutit ;
- des éructations douloureuses ;
- des fausses routes suivies de toux ;
- des régurgitations alimentaires nasales ou orales;
- une salivation abondante (hypersialorrhée)...
Quelles sont les complications de la dysphagie ?
En outre, la dysphagie chronique peut donner lieu à certaines conséquences et complications telles que :
- un risque de fausse route d'aliments ou de sécrétions salivaires et d'étouffements ;
- une toux chronique ;
- une pneumopathie aiguë ou chronique ;
- une diminution de l'alimentation, un amaigrissement allant parfois jusqu'à la dénutrition ;
- un hoquet persistant ;
- une modification de la voix ;
- une impaction alimentaire (stagnation de corps étrangers dans l'œsophage) pouvant mener à une obstruction ou à un perforation de l'œsophage avec un risque de surinfection.
Comment peut-on prévenir une dysphagie ?
Il n’y a pas vraiment de recommandation à suivre pour prévenir l’apparition d’une dysphagie ; cependant, la consommation de tabac et d’alcool est à éviter car ils sont des facteurs d’aggravation de ce trouble et surtout des facteurs favorisant le cancer de l'œsophage. "En outre, la prise en charge d'un reflux gastro œsophagien permet d'éviter certaines pathologies comme une sténose peptique pouvant induire une dysphagie. Enfin, le meilleur moyen de prévenir une dysphagie est de consulter rapidement en cas de symptômes", selon Vianna Costil.
Comment est établi le diagnostic de dysphagie ?
"En cas de sensation de blocage des aliments lors de la déglutition, il convient de consulter un médecin. En effet, ce symptôme peut traduire une dysphagie traduisant elle-même une pathologie nécessitant une prise en charge", alerte la docteure Vianna Costil.
En cas de suspicion de dysphagie haute, un examen ORL ("laryngoscopie" ou "nasofibroscopie") s’impose. Il est malgré tout possible de ressentir un blocage au niveau du cou, alors même que la dysphagie est basse ou œsophagienne. C’est la raison pour laquelle une endoscopie digestive haute ou œso-gastro-duodénale doit être systématique. Des prélèvements (biopsies) seront ensuite analysés pour préciser le diagnostic.
Si l'endoscopie digestive haute se révèle normale, des examens plus spécialisés seront proposés comme la manométrie œsophagienne afin de repérer un éventuel trouble moteur œsophagien.
Un scanner thoracique à la recherche d’une cause extrinsèque peut aussi être pratiqué.
Comment traiter une dysphagie ?
"Le traitement de la dysphagie est celui de sa cause. Il est établi avec le médecin une fois le diagnostic posé. Les conséquences de celle-ci sont aussi prises en charge, notamment en cas de dénutrition. Le patient peut alors recourir à une alimentation liquide voire par sonde", explique la gastro-entérologue Vianna Costil.
- "En cas de cancer, le traitement peut consister en une chirurgie ou une association de chimio et radiothérapie", selon la praticienne.
- Une sténose peut être dilatée au cours d’une endoscopie digestive au moyen de ballonnets ou de bougies. Une prothèse (ou "stent" ) définitive ou provisoire peut être posée pour augmenter le calibre de l’œsophage.
- L’achalasie peut être traitée par voies chirurgicales ou endoscopiques.
- Des médicaments spécifiques et des mesures diététiques permettent de venir à bout d'un reflux gastro-œsophagien ou d'une œsophagite à éosinophiles.