Comment utiliser les huiles essentielles en limitant les risques ?

L'aromathérapie, c'est-à-dire l'utilisation médicale des huiles essentielles, n'est pas anodine. Les huiles essentielles (HE) sont très concentrées en principes actifs, d’où leur effet important sur de nombreux petits maux. Encore faut-il savoir les utiliser, car elles contiennent aussi des principes toxiques, voire caustiques. Revers de leur succès croissant : les intoxications aux huiles essentielles se multiplient. A tel point que le centre antipoison de Lille vient de tirer la sonnette d'alarme pour la région Hauts-de-France.

Pour bénéficier au mieux de leurs bienfaits, le docteur Jean-Reynald Millot nous donne les clés de leur utilisation.

Il y a peu d'obligations juridiques en termes de qualité. Il me semble important d'utiliser des huiles essentielles 100 % naturelles et 100 % pures. Le label "Écocert" est aussi le gage que la matière première est exempte de pesticides. C'est à peu près la seule garantie de qualité que le consommateur peut détecter sur l'emballage du produit.

Du côté du fabricant, il est important qu'il se réfère aux normes Afnor qui permettent de garantir des teneurs minimales et maximales en molécules actives.

Enfin, certains fabricants certifient l'absence de safrole (molécule présente de façon habituelle mais suspectée d'être cancérigène). Le respect de ces deux normes n'apparaît pas sur l'étiquetage, explique le Dr jean-Raynald Millot.

C'est pourquoi il est vivement conseillé d'utiliser des huiles produites par des laboratoires pharmaceutiques et achetées en pharmacie. Il est important de prendre conseil auprès de votre pharmacien.

L'étiquette présente le nom latin de la plante, la partie utilisée pour ses propriétés curatives, son analyse chimique appelée "chemotype" et notée "CT". Chacune contient sa ou ses molécules principales.

L'huile essentielle d'eucalyptus radié, par exemple, est principalement composée de 1,8 cinéole et d'alpha-terpinéol. Ces molécules ont leur caractéristique propre leur conférant des propriétés anti-inflammatoires et expectorantes. Enfin, sa vertu thérapeutique est inscrite sur le boîtage.

Des conseils de prudence doivent entourer leur utilisation : pas d’usage en période d'allaitement ou pour les enfants, éviter les yeux (particulièrement sensibles).

Les huiles essentielles sont aujourd'hui en vente libre sur internet et dans de très nombreuses enseignes, et plus seulement en pharmacies. Assurez-vous de bénéficier de conseils de conservation et d'utilisation au moment de leur achat.

Beaucoup d'huiles essentielles sont déconseillées par voie cutanée (cannelle, thym, origan, sarriette, orange, citron… ) car elles sont allergisantes, irritantes ou photosensibilisantes. Le bon geste : avant toute application sur la peau, déposez quelques gouttes d’HE pure au pli du coude et vérifiez s’il y a une réaction de type allergique.

Très peu d'HE sont applicables pures sur un pansement ou directement sur la peau, et seulement en cas de brûlure, d’inflammation cutanée ou d’hématome (huile essentielle d'hélichryse). Dose conseillée : 1 à 2 gouttes, 3 à 4 fois par jour au maximum. Prenez l'avis du pharmacien.

Généralement, l'huile essentielle doit être diluée dans un corps gras (huile végétale par exemple) avant d'être appliquée sur la peau en massage.

Pour un massage ou une friction :

Pour une odeur saine et agréable, choisissez un diffuseur passif (en pharmacies et magasins bios), dont la surface chauffe légèrement.

Pour “décontaminer” une pièce en cas de risque infectieux, optez pour un diffuseur actif qui vaporise (en pharmacies et magasins bios). Pour assainir l’air intérieur : utiliser de l'huile essentielle de ravintsara.

On peut également utiliser un diffuseur pour dégager les voies respiratoires, dans ce cas l'huile essentielle d’eucalyptus globuleux est recommandé. Si on souhaite être plus énergique, les huiles essentielles de citron jaune ou de laurier noble sont idéales. En revanche, en cas de trouble du sommeil, utilisera de l'huile essentielle de lavande.

Pour être efficace, la diffusion des huiles essentielles (HE) doit être réalisée dans le respect des propriétés physicochimiques des actifs. « Il faut absolument préférer la diffusion à froid », dit Françoise Couic Marinier. La chaleur entraîne en effet une oxydation des huiles, ce qui peut changer leurs propriétés et les rendre toxiques. On préfère les diffuseurs par ultrasons, nébulisation, ou sur un galet qui n'utilisent pas de chaleur. 

Mettez 3 gouttes de chacune des huiles essentielles conseillées dans le diffuseur. Changez les HE 1 à 2 fois par jour (avec un diffuseur passif) ou tous les deux jours (avec un diffuseur actif)

Evitez par cette voie certaines HE (thym, eucalyptus…), irritantes.

«On utilise un diffuseur trois fois par jour maximum, notamment si les huiles essentielles ont des vertus pour la sphère ORL, et pendant 10 à 20 minutes», explique la spécialiste. Si la surface de la pièce est inférieure à 20 m2, il est recommandé de ne pas être présent lors de la diffusion pour éviter les retombées sur la peau car certaines HE sont irritantes. 

On ne diffuse pas d’huiles essentielles en présence de personnes asthmatiques, épileptiques, de femmes enceintes ou qui allaitent, de jeunes enfants, ou d’animaux domestiques.

À ultrasons : il met en suspension dans l’air ambiant une quantité d’eau et d’huiles essentielles par ionisation. Cette technique propulse, dans une sorte de brouillard aromatique, des microparticules d’huiles essentielles qui restent 15 à 20 minutes dans l’air avant de retomber. Ce type de diffuseur convient à une pièce de 20 à 40 m2. Il émet un bruit de gouttelettes et permet également une humidification de l’air.  Comment le choisir ? Optez pour un dispositif pouvant contenir un volume d’eau de 50 à 100 ml pour une dilution idéale des huiles essentielles. Afin d’éviter qu’il ne chauffe, préférez ceux qui se branchent sur secteur. Notre sélection : Diffuseur ultrasons en bambou, Ladrôme. env. 39 €. www.ladrome.bio Son atout : peut être programmé pour s’arrêter automatiquement. 

Par nébulisation : cette technique n’utilise pas d’eau. Les HE sont diffusés sous forme d’aérosol grâce à une petite pompe à air motorisée. Convient pour des grandes surfaces, mais peut être un peu bruyant. Comment le choisir ? « Mieux vaut éviter les dis- positifs en verre sur lesquels les dépôts de HE sont plus importants et difficiles à nettoyer. Ces dépôts risquent de disséminer des particules nocives», dit Françoise Couic Marinier. Notre sélection : Diffuseur Novalia, Nature et Découvertes, Env. 70 €.  Son atout : le flacon d'huiles essentielles s’insère dans le diffuseur. Pratique, transportable, et permet une diffusion dans une surface de 60 m2. 

Sur le galet : les HE sont versées sur la surface poreuse qui va les absorber pour les diffuser lentement dans un tout petit espace : sur un bureau ou une table de chevet. Comment le choisir ? Optez pour une pierre poreuse comme l’argile blanche ou la pierre de lave, et préférez un dispositif en boîte, muni d’un couvercle, afin que la diffusion ne soit pas continue. Notre sélection : Galet aromatique Fleurance Nature, 4,90 €. fleurancenature.fr. Son atout: à base d’argile blanche, dans un boîtier en aluminium. 

Evitez qu’un enfant soit à proximité.

L'inhalation d'huiles essentielles est surtout recommandée en cas de rhume ou d'autre infection ORL.

Insolubles dans l’eau, les HE se diluent dans des bases pour bain (en pharmacies et magasins bios).

Pour vous relaxer : mélangez 5 à 10 gouttes d’une HE douce dans la base et incorporez-les dans un bain à 38 °C-39 °C. Restez cinq à dix minutes dans l’eau, pas davantage.

En cas d’infection : dans un bain à 35 °C-37 °C, ajoutez 5 gouttes de deux HE dans une base.

Ces conseils sont destinés à l’adulte.

Les préparations prescrites sont liquides ou en gélules. En cas de problèmes infectieux, prenez 4 à 6 gélules par jour, cinq à huit jours au plus.

En principe sur avis médical, car une grande prudence s’impose.

Les posologies sont données à titre indicatif et peuvent varier d’une huile essentielle à l’autre.

Si vous souffrez de maux de grossesse courants tels que la nausée et la rétention d’eau, certaines huiles essentielles peuvent vous soulager. Encore une fois, vérifiez avec votre sage-femme ou médecin que ces huiles sont adaptées pour vous. Certaines HE sont en effet déconseillées chez la femme enceinte.

"L’utilisation des huiles essentielles chez la femme enceinte et chez l’enfant nécessite un avis médical préalable", précise l’Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM). Et en général, les huiles essentielles ne doivent pas être utilisées au-delà de quelques jours sans avis médical.

Si vous pratiquez régulièrement des exercices sur un tapis de yoga, vous pouvez le nettoyer avec des huiles essentielles. Mélangez quelques gouttes d'huile essentielle d'arbre à thé à un petit verre d’eau et vaporisez le tout sur le tapis, avant de l'essuyer. Vous pouvez ajouter quelques gouttes de vinaigre blanc pour nettoyer en profondeur.

En complément des traitements traditionnels, de nombreuses personnes atteintes du trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), se tournent vers les huiles essentielles. D'après le site She Knows, le cèdre, le vétiver, l'orange, la camomille, l'ylang-ylang, la lavande et l'encens sont quelques parfums qui pourraient aider.

Certaines huiles essentielles (HE) absorbées par inhalation sont signalées comme produisant des effets anxiolytiques mais les mécanismes neurochimiques sous-jacents, cependant, ne sont pas bien compris. C'est désormais choses faites : de nouvelles recherches menées par des scientifiques de l'Université Monash et publiées en novembre 2021 dans la revue « Neurochemistry International » ont découvert pourquoi certaines huiles essentielles peuvent être bénéfiques pour l'humeur. Les huiles essentielles sont vendues sans ordonnance en pharmacie et dans des boutiques de bien-être, c'est pourquoi les chercheurs estiment qu'elles sont souvent utilisées sans une bonne compréhension de celles qui sont à considérer comme les meilleures pour des avantages particuliers, ici l'amélioration de l'humeur.

Dans cette étude, l'équipe scientifique a découvert que c'est l'interaction des huiles essentielles avec des niveaux naturellement élevés d'ascorbate (par exemple la vitamine C) dans le cerveau qui permet de produire des effets antioxydants ou pro-oxydants. Par exemple, il a été démontré que l'HE de lavande produit un effet bénéfique sur l'humeur, ce qui, selon les chercheurs, est maintenant lié à son puissant effet antioxydant dans le cerveau. Une découverte qui a son importance puisqu'elle ouvre la voie à la sélection et à la classification des HE en fonction de cette propriété, et au développement de thérapies peu coûteuses mais efficaces pour les troubles psychiques.

Les moucherons qui hantent votre maison peuvent être éloignés en mélangeant environ 10 gouttes d’huile essentielle de citronnelle dans 60 ml d'eau chaude. Vaporisez-le autour des fenêtres et des portes.

Quelques gouttes d'huile essentielle d'arbre à thé ou de citron sur un bout de coton, placés dans des chaussures, permettent d’éliminer les mauvaises odeurs. L’huile de menthe poivrée mélangée à la peinture fraîche permet également d’en atténuer l’odeur.

L'huile essentielle de citron serait capable de d’éliminer la colle, l’encre, et la sève, ainsi que les chewing-gums collés.

Ces huiles s'oxydent facilement. Après ouverture, leurs principes actifs sont valables 5 ans. Sauf pour les agrumes réduits à 3 ans. Or à raison de 2 ou 3 gouttes par utilisation un flacon peut servir longtemps.

C'est pourquoi il faut préférer les flacons en verre teinté pour protéger le contenu de la lumière. Il est d'ailleurs préférable de laisser le flacon dans sa boîte pour plus d'opacité et de la conserver à l'abri de la chaleur, voir au frais.