Qu'est-ce qu'une névralgie ?
La névralgie est une poussée douloureuse sur le trajet d’un nerf sensitif. Elle peut résulter d'une lésion, d'une inflammation ou de la compression de ce nerf. Elle est idiopathique, secondaire à une maladie (inflammatoire, immunologique, neurologique...) ou encore d'origine psychosomatique.
"Une névralgie se caractérise par une douleur subaiguë (bien souvent la douleur est décrite comme insupportable) et évoluant par poussées, à type de décharges électriques, dans le territoire correspondant au nerf atteint. Elle peut s'accompagner de troubles sensitifs ou moteurs (comme dans le cas de la sciatique), de symptômes visuels (névralgie faciale du nerf trijumeau) etc... Un fond de douleur peut persister entre deux crises", explique le docteur George Retali, chef de l'unité de neurologie au CHU de Bastia.
Le traitement commun de la névralgie passe par la prise d'antalgiques et d'anti-inflammatoires. La kinésithérapie et l'ostéopathie peuvent aussi être préconisées.
Quels sont les différents types de névralgies ?
Il existe différents types de névralgies en fonction de la localisation et du/des nerf(s) touché(s) :
La névralgie faciale
"La névralgie faciale touche le nerf trijumeau situé au niveau de la face. La douleur intense touche une partie de la face. Certains signes sont associés : larmoiement, écoulement nasal, hypersalivation...", décrit le docteur George Retali. Une fois la crise douloureuse passée, il n'y a plus de symptôme jusqu'à la prochaine crise.
La névralgie dentaire
La névralgie dentaire, que l'on appelle communément « rage de dents », est une douleur aiguë, due à la lésion ou à l'irritation de l'un des nombreux nerfs parcourant la sphère bucco-dentaire. Elle peut être ou non d'origine dentaire.
La névralgie d'Arnold
La névralgie d’Arnold ou arnodalgie est provoquée par la compression du nerf d’Arnold (ou nerf grand occipital). Chargé d’innerver les muscles profonds du cou, ce nerf joue deux grands rôles : un rôle moteur (mobilité du cou) et un rôle sensitif (il nous permet de sentir notre cuir chevelu). Le nerf d’Arnold part de la nuque et remonte vers le crâne, à gauche et à droite. Lorsqu’il est compressé, de vives douleurs apparaissent. La névralgie d’Arnold peut entraîner des douleurs au niveau des cervicales, des céphalées ou encore des vertiges.
La névralgie cervicale
La névralgie cervicale se manifeste par une douleur sur la nuque et au cou.
La névralgie cervico-brachiale
La névralgie cervico-brachiale touche le nerf brachial. La douleur intense part sur le coté, passe sur le moignon de l'épaule et parcourt le bras jusqu'à la main. Parfois le patient ne peut plus bouger le bras et/ou l'épaule.
La névralgie intercostale
Elle se manifeste par une douleur ressentie au niveau du thorax. Elle touche généralement un, parfois plusieurs nerfs intercostaux. Il existe un nerf par espace intercostal (entre les côtes). La douleur part de la racine au niveau de la moelle pour se terminer en avant sur le côté du sternum.
La névralgie pudendale
La névralgie pudendale est définie par des douleurs du périnée, aggravées par la position assise et qui sont liées à la compression du nerf pudendal (ancien nerf honteux interne).
La sciatique
Elle affecte le nerf sciatique." Il s'agit de douleurs intenses, au niveau d'un membre inférieur, situées sur le trajet de ce nerf et souvent associées à des douleurs lombaires. La cause la plus fréquente de sciatique est la hernie discale", selon le spécialiste. Il existe des types de sciatiques sévères comme la sciatique paralysante, la sciatique hyperalgique, la sciatique associée à un syndrome de la queue-de-cheval...
La cruralgie
La cruralgie est une douleur spécifique qui se manifeste dans la zone du nerf crural (donc à la face antérieure et/ou interne de la cuisse et/ou de la jambe). La douleur se situe dans l'aine, le devant de la cuisse et le genou. La cause la plus fréquente de cruralgie est la hernie discale lombaire.
À quoi est due la névralgie ?
"La névralgie est due à la compression, la lésion ou l'inflammation d'un nerf. Les causes sont diversifiées. Il est essentiel de trouver l'étiologie afin de venir à bout d'une névralgie", souligne l'expert.
- origine traumatique : par exemple, lors de la section d'un nerf au cours d'un accident ou d'une chute ;
- origine infectieuse : virales (zona), bactérienne (diphtérie), infection ostéo-articulaire... ;
- origine immunologique : syndrome de Guillain Barré, lupus érythémateux disséminé ;
- origine mécanique (par compression) : hernie discale, tumeur, hématome, pression exercée par un vaisseau sanguin ...;
- origine inflammatoire : névrite, polynévrite, polyradiculonévrite, multinévrite, spondylarthrite ankylosante... ;
- origine vasculaire : c'est le cas de la neuropathie diabétique par exemple. Dans ce cas , la glycémie, c’est-à-dire le taux de sucre dans le sang, est élevée et endommage les vaisseaux sanguins qui nourrissent les nerfs. Ces dommages nuisent au bon fonctionnement des nerfs et entraînent un ralentissement ou même l’arrêt de la transmission des messages entre le cerveau et la zone du corps qui est touchée.
Des maladies vasculaires peuvent provoquer une neuropathie comme une thrombose ;
- origine carentielle : parfois le mauvais fonctionnement des nerfs (neuropathie) est liée à une dénutrition et au manque de certains oligo-éléments. La carence en vitamine B est incriminée dans certaines formes de neuropathie. Une alimentation équilibrée est fortement recommandée ;
- origine toxique (intoxication alcoolotabagique prolongée par ex.) ;
- origine médicamenteuse ( antituberculeux (Ethambutol, Isoniazide), certaines chimiothérapies ou encore la chloroquine) ;
- origine psychosomatique.
Névralgie : qui est à risque ?
Certaines personnes sont plus à risque de névralgie :
- les personnes âgées ;
- les personnes diabétiques ;
- les personnes obèses ou au contraire en état de dénutrition ;
- les personnes immunodéprimées ;
- les personnes souffrant d'arthrose, d'ostéoporose ou d'un tassement vertébral (fracture vertébrale) ;
- les personnes ayant eu un accident, traumatisme physique ;
- les personnes souffrant de certaines maladies auto-immunes (lupus érythémateux disséminé, syndrome de Guillain Barré...) ;
- les personnes souffrant de neuropathies périphériques ;
- les personnes souffrant d'une pathologie du rachis ;
- les personnes souffrant d'une dystrophie musculaire ;
- les personnes souffrant d'une maladie neurodégénérative (sclérose en plaques, maladie de Charcot...) ;
- les personnes souffrant d'un handicap moteur ;
- les personnes qui suivent un régime alimentaire déséquilibrée ( Attention, un mode de vie végétarien expose à une carence en vitamine B12) ;
- les gros fumeurs ;
- les personnes souffrant d'anxiété ou de dépression ;
- les personnes alcooliques.
Quels sont les symptômes de la névralgie ?
La névralgie se distingue d'une autre douleur par une intensité habituellement subaiguë : la douleur est parfois insupportable.
En fonction de sa localisation, elle peut provoquer d'autres symptômes : par exemple un larmoiement (pour l'oeil), un écoulement nasal (pour le nez), des signes provoqués par la douleur (céphalées, nausées, palpitations...) ou encore une incapacité motrice. En effet, la névralgie s'accompagne souvent d'une pseudoparalysie (due essentiellement à la douleur). Lorsqu'il existe une paralysie franche, celle-ci est le fait d'une lésion associée à un nerf moteur ou la partie motrice du nerf commun à la motricité et la sensibilité.
Les paresthésies (fourmillements) et autres troubles de la sensibilité sont fréquents.
Comment peut-on prévenir la névralgie ?
" Il n'est pas possible de prévenir la névralgie. Cette douleur est tout à fait spontanée, imprévisible et peut apparaître même chez des patients qui n'ont pas d'antécédents familiaux de névralgie et un bon état de santé général", selon le docteur George Retali.
Afin de prévenir la névralgie, il peut être recommandé de :
- Traiter la pathologie causale de la névralgie (diabète, arthrose, hernie discale, neuropathie périphérique, ostéoporose, lupus...) ;
- Perdre du poids en cas de surpoids (en effet, le surpoids peut favoriser l'apparition de la sciatique notamment) ;
- Conserver une alimentation équilibrée, un poids sain et une activité physique régulière ;
- Faire un sevrage tabagique ou alcoolique (pour les gros fumeurs et alcooliques) ;
- Traiter le stress et la dépression ;
- Éviter la pratique de certains sports (sport de raquette (tennis, badminton) en cas de névralgie cervico-bracchiale et de façon générale la musculation).
Diagnostic : quel bilan pour la névralgie ?
Le diagnostic est propre à chaque cause de névralgie. Les examens communs de base reposent sur :
- La prise de sang pouvant orienter sur l'origine virale ou bactérienne.
- La radiographie pour rechercher une anomalie de position des vertèbres entre elles.
- Le scanner ou l'IRM.
- L'élécromyogramme.
Quels sont les traitements de la névralgie ?
"Le traitement de fond est spécifique à la cause de la névralgie. Le traitement commun des névralgies repose sur la combinaison d’antalgiques et d’anti-inflammatoires par voie orale (névralgie légère à modérée), intramusculaire ou via des infiltrations locales (névralgies sévères à paralysantes). Lorsque la douleur est intense, le recours aux morphiniques est parfois nécessaire", Selon le docteur George Retali.
Un repos de quelques jours peut être bénéfique (sciatique).
Le médecin peut aussi recommander le port d’un corset ou d’un collier cervical, des séances de kinésithérapie, voire une intervention chirurgicale pour lever la compression. La kinésithérapie permet d'éviter l'amyotrophie (diminution de volume et de tonicité) du muscle.
Une bonne hygiène de vie est essentielle. En cas de récidive(s) ou de séquelle(s), il est conseillé de se rendre dans une école du dos ou dans un centre antidouleur. L'ostéopathie peut permettre d'éviter une nouvelle compression et donc un nouvel épisode douloureux.
Remerciements au docteur George Retali, chef de l'unité de neurologie au CHU de Bastia