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5 maladies sexuellement transmissibles qui n'appartiennent pas au passé !

5 maladies sexuellement transmissibles qui n'appartiennent pas au passé !

Publié par Sylvie Dellus  |  Mis à jour le par Marine Nugeron

En collaboration avec Dre Elisabeth Paganelli (Gynécologue médicale)

Syphilis, LGV, gonorrhée, chlamydias, condylomes… Les infections sexuellement transmissibles (IST, anciennement MST) sont de retour alors que certaines avaient pratiquement disparu. Elles touchent aujourd’hui un public mal informé. 

Pourquoi ces IST reviennent-elles en force ?

Si ces infections reviennent, c’est avant tout « parce que l’on a moins peur », synthétise la Dre Elisabeth Paganelli, gynécologue médicale, secrétaire générale du SYNGOF (syndicat national des gynécologues). En effet, les infections sexuellement transmissibles (IST), autrefois appelées maladies sexuellement transmissibles (MST), ont été éclipsées pendant longtemps par le sida. La peur de l’infection incitait à se protéger. Mais avec l'apparition des trithérapies et des médicaments tels que le PrEP, il y a eu un recul de l'usage du préservatif, une augmentation des comportements à risque et donc un retour des IST (source 1). 

Comment se transmettent ces maladies vénériennes ? Comment s’en protéger ?

« Les IST sont transmissibles lors des pénétrations mais également pendant les préliminaires ou le sexe oral. C’est pourquoi il est important de se protéger et de se faire dépister fréquemment », insiste la Dre Paganelli.

Comment s'en protéger ?

  • Mettre un préservatif : seule prévention efficace, il est de rigueur s'il y a le moindre doute sur soi ou son.sa partenaire. Certains préservatifs sont remboursés à 60 % par la Sécurité sociale sur prescription d’un médecin ou d’une sage-femme. Notez que dans un avis publié le 16 avril 2021, le Haut conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes (HCE) défend le remboursement intégral du préservatif féminin.
  • Éviter les comportements à risque et les partenaires multiples, ainsi que la surconsommation d'alcool ou de drogue.Tout cela va évidemment augmenter les risques de contracter une IST.
  • Se faire dépister régulièrement : afin d'être diagnostiqué et traité au plus vite mais également pour éviter de transmettre l'infection à d'autres, il convient de faire des contrôles réguliers.
  • Refuser le gynéco-bashing : c’est une mode qui consiste à refuser les consultations gynécologiques et contre laquelle la Dre Paganelli se révolte. Certes il convient d’aller voir des professionnels compétents et droits, cependant on ne peut pas faire l’économie d’un examen médical.

Ces IST sont très mal connues, notamment des jeunes

L’épidémie de IST se concentre sur des populations à risque, comme les hommes homos et bisexuels, ou les personnes qui multiplient les partenaires. Mais les hétérosexuels ne sont pas épargnés. Les papillomavirus humains (HPV), responsables de verrues génitales, de cancers du col de l’utérus et de cancers ORL, n’ont jamais disparu. Les chlamydioses touchent particulièrement les jeunes femmes entre 15 et 30 ans. Et l’herpès génital concerne 18 % des Français.  

Mais ce qui inquiète les médecins, c’est la méconnaissance autour de ces maladies. Une enquête récente du Syndicat national des dermatologues-vénéréologues montre que, dans la tranche d’âge 18-35 ans, sept personnes sur dix ignorent ou interprètent mal les signes d’une IST comme les brûlures, les écoulements ou les ulcérations. Trois sur dix ne savent pas que ces maladies peuvent aussi se transmettre par voie anale. Le virus du sida a provoqué un tel électrochoc que l’on en a oublié l’information sur des pathologies courantes et contagieuses.

Syphilis : de retour en France depuis les années 2000

« La syphilis revient au premier plan avec deux à trois cas par semaine dans le service », souligne le Pr Charles Cazanave, service des maladies infectieuses et tropicales CHU de Bordeaux (source 1). Ce qui corrèle les propos que nous avait tenus son confrère le Pr Michel Janier, dermato-vénéréologue à l’hôpital Saint-Louis et à l’hôpital Saint-Joseph, à Paris, en 2016 : « En 1995, nous avions, à l’hôpital Saint-Louis, quatre cas par an de syphilis. Aujourd’hui, nous en sommes à 200 par an. La syphilis est de retour en France depuis les années 2000. Elle concerne à 90 % les homosexuels masculins mais, de temps en temps, nous recevons une jeune femme. » Quelques milliers de nouveaux cas sont enregistrés chaque année en France, mais on estime leur nombre à dix fois plus et pour cause : « Il n’y a plus d’obligation à déclarer la maladie donc on n’est pas sûr de ces chiffres. »  

La maladie est due à une bactérie, le tréponème pâle. Le premier symptôme est un chancre, une petite plaie qui apparaît sur la peau ou les muqueuses.

« Cela peut ressembler à une mycose et gratter, précise la secrétaire générale du SYNGOF. »

À la longue, la syphilis peut avoir de graves conséquences sur le plan neurologique. 

La gonorrhée ou chaude-pisse, ultrarésistante aux antibiotiques

La gonorrhée, aussi nommée blennorragie ou, plus familièrement chaude-pisse ou chtouille, est une infection sexuellement transmissible due à une bactérie. Elle provoque des écoulements au niveau génital et se caractérise par une sensation de brûlure en urinant. « Ça fait très mal, donc on sait quand on l’a, explique la Dre Paganelli. Mais cela peut ressembler à une cystite avec des pertes très abondantes. »

Cette infection touche majoritairement les hommes mais chez les femmes elle peut attaquer les trompes de Fallope, ce qui est une cause d’infertilité. « Les premières FIV étaient d’ailleurs souvent pratiquées pour ces femmes-là, analyse notre experte gynécologue. La gonorrhée peut aussi provoquer une péritonite : la bactérie remonte dans le corps et engendre une inflammation abdominale grave. Selon les personnes, ça peut être assez rapide, donc comme pour tout, l’idéal c’est encore de l’éviter, en se protégeant et en se dépistant. »

« Le nombre de diagnostics d’infection à gonocoque rapportés a augmenté de 53% entre 2016 et 2018. Cette augmentation s’observe chez les HSH (hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, NDLR) (+58%) et chez les hétérosexuels (+29%) », souligne le site de Santé Publique France. Mais là encore, les chiffres doivent être inférieurs à la réalité, notamment parce que les systèmes permettant de diagnostiquer et de notifier ces infections sont moins en place dans les pays pauvres où ces IST sont en fait plus répandues.
 
L’infection se traitait bien avec des antibiotiques mais elle a été classée en juillet 2017 par l’Organisation mondiale de la santé, comme « menace sanitaire émergente », en raison de l’émergence de gonocoques hautement résistants aux antibiotiques. 

Les chlamydias, un risque d’infertilité

L'infection à chlamydia très fréquente (plus de 100 000 cas par an, selon Santé Publique France) se manifeste par des pertes vaginales chez les femmes et un écoulements chez les hommes. Mais parfois, il n’y a aucun symptôme visible.  

La bactérie, qui se transmet par voie vaginale, anale ou orale, est mise en évidence par une analyse d’urine ou un prélèvement local. Il est très important de la dépister car la maladie est l'une des principales causes d’infertilité.  

Des antibiotiques (azithromycine et doxycycline) permettent de s’en débarrasser. Les échecs de traitement sont rares. 

La LGV, une maladie émergente

« La lymphogranulomatose vénérienne (LGV) fait son retour depuis 2003, alors qu’elle avait disparu depuis longtemps », selon le Pr Janier. 

« C’est une infection à chlamydia, mais plus méchante et plus agressive car la bactérie traverse la muqueuse et pénètre en profondeur », poursuit l’expert.

Le bouton, qui apparaît sur les organes génitaux ou l’anus, évolue ensuite en ulcération. Le traitement est plus long que la chlamydiose classique : antibiotiques pendant trois semaines (source 2). 

Les condylomes, des IST trop souvent oubliées

Ces verrues génitales sont transmises par certains papillomavirus, une famille de virus responsables également de cancers du col de l’utérus et de cancers ORL. Très fréquents (50 000 cas par an), ces condylomes sont bénins. Néanmoins, leur présence est « le signe d’une moindre défense immunitaire vis-à-vis des papillomavirus », estime le Pr Janier. Les femmes qui ont des condylomes ont donc, potentiellement, un risque plus élevé de cancer du col de l'utérus. 

En prévention, une vaccination est recommandée chez les adolescents, filles et garçons, entre 11 et 14 ans. Chez la femme, un suivi gynécologique, avec des frottis ou tests HPV réalisés à intervalles réguliers entre 25 et 65 ans, permet de dépister le cancer du col de l’utérus. Dans les cas ou de cellules cancéreuses pourraient poser problème, une petite opération laser est également possible, mais il faut bien sûr s’y prendre à temps !  
 

IST, comment se faire dépister ?

Le dépistage des IST est conseillé au moins une fois par an aux personnes qui ont des pratiques sexuelles à risque (sans préservatif, partenaires multiples...).  
En cas de symptômes, vous pouvez en parler à votre médecin ou à votre gynécologue qui pourra vous orienter vers un dermato-vénéréologue.

Pour le VIH, vous pouvez vous procurer en pharmacie un test rapide. Le résultat s’affiche en 30 minutes. S’il est positif, il doit être confirmé en laboratoire.   

En savoir plus :
Le site de Santé Publique France sur les IST
Le site sida-info-service très complet et bien fait. 

Sources

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