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Tout savoir sur le cordon ombilical pendant la grossesse

Nouveau-né avec son cordon ombilical. À la naissance, le cordon ombilical est clampé puis coupé à l'aide de ciseaux. - © Blueshot

Publié le par Sophie Helouard

En collaboration avec Dr Olivier Multon (Gynécologue-obstétricien)

Tel un petit scaphandrier nageant dans sa piscine de liquide amniotique, le futur bébé est relié au placenta par son cordon ombilical. Quel est son rôle ? Quand se forme-t-il ? Que devient celui-ci après la naissance ? Le point avec le Dr. Olivier Multon, gynécologue-obstétricien. 

Qu’est-ce que le cordon ombilical ?

Je me forme lors des premières semaines de grossesse, je mesure en moyenne 55 centimètres et j’assure les échanges vitaux entre la maman et son futur bébé : je suis ? Le cordon ombilical, bien sûr ! Organe essentiel de la gestation, le cordon relie le fœtus au placenta.

Quand se forme-t-il ?

Le cordon ombilical se forme au cours du premier trimestre de grossesse, entre la 4ème et la 8ème semaine de gestation sous l’effet du développement de la cavité amniotique.

Quel est son rôle pendant la grossesse ?

Connecté au placenta, le cordon ombilical assure les échanges vitaux nécessaires au développement du futur bébé. Il permet ainsi :

  • d’apporter les éléments nutritifs (sels minéraux, acides aminés, etc.) et d'oxygéner le fœtus grâce à la veine ombilicale ;
  • d’éliminer les déchets (dioxyde de carbone, urée) à travers les artères ombilicales.

À quoi est-il relié ?

Le cordon ombilical relie le bébé au placenta :

  • côté fœtus, celui-ci s’insère au niveau de l’ombilic c’est-à-dire du futur nombril ;
  • côté placentaire, il s’accroche sur la face fœtale du placenta.

De quoi est-il composé ?

De couleur blanc-jaunâtre et d'aspect gélatineux, le cordon ombilical est constitué de tissus conjonctifs et de vaisseaux sanguins. Il se compose :

  • d’un revêtement comparable à la membrane amniotique (l’amnios) ;
  • d’un tissu conjonctif baptisé « gelée de Wharton » qui enveloppe et protège les vaisseaux ombilicaux d’éventuelles pressions ;
  • de deux artères ombilicales, qui conduisent le sang du fœtus au placenta ;
  • d'une veine, plus large que les artères, qui ramène le sang oxygéné placentaire vers le fœtus.

 « Le cordon ombilical permet d’apporter du sang oxygéné au fœtus par l’intermédiaire de la grosse veine et de renvoyer le sang appauvri en oxygène par les deux artères vers le placenta », confirme le Dr. Multon.

Les anomalies morphologiques du cordon

Certains cordons peuvent être trop courts, d’autres trop longs, trop maigres ou trop « épais ».

Un cordon trop court

Même si c’est une anomalie assez rare (1 % des grossesses), un cordon trop court c’est-à-dire d’une longueur inférieure à 30 centimètres expose à des complications :

  • lors des versions par manœuvres externes (VME) pour retourner un fœtus qui se présente en siège ;
  • ou lors de l’accouchement : allongement de la durée du travail, anomalies dans la progression du bébé, trouble du rythme cardiaque du fœtus, etc.

« Le bébé va avoir plus de mal à sortir ce qui peut nécessiter unecésarienne », confirme le Dr. Multon. Cette anomalie peut s'associer à une réduction de l’espace utérin, dans le cas, par exemple, d’une quantité insuffisante de liquide amniotique (oligoamnios).

Un cordon trop long

Au contraire, certains cordons peuvent être trop longs et mesurer plus de 70 centimètres (6 à 7 % des naissances) voire un mètre.

Ce type d’anomalie va favoriser les nœuds, les circulaires - c’est-à-dire l’enroulement du cordon autour d'une partie du corps du fœtus – ou encore la procidence du cordon, affirme le spécialiste.

Un cordon trop maigre

Un cordon trop maigre c’est-à-dire d’un diamètre inférieur à 1 cm peut accompagner un retard de croissance intra-utérin (RCIU).

Un cordon trop épais

Quant au cordon trop épais, c’est-à-dire d’un diamètre supérieur à 2 cm, il a souvent un aspect œdématié et est généralement sans conséquence pour le bébé.

Procidence du cordon

On parle de « procidence du cordon ombilical » pendant l’accouchement lorsqu’une boucle du cordon descend dans le vagin avant le fœtus. Un phénomène relativement rare puisqu’il concerne entre 0,33 et 0,66 % des naissances. La procidence est dite :

  • du 1er degré : lorsque le cordon reste dans le vagin au niveau du col ;
  • du 2ème degré : lorsque le cordon atteint la vulve ;
  • du 3ème degré : lorsque le cordon est à l’extérieur de la vulve.

« Pendant le travail, à chaque contraction utérine, le fœtus va comprimer les vaisseaux du cordon ce qui peut entraîner un manque d’oxygène (hypoxémie fœtale) et nécessiter une césarienne en urgence », détaille le Dr. Multon.

Les anomalies d’insertion

Il arrive également que le cordon soit mal inséré dans le placenta. Par exemple, on parlera d’insertion marginale lorsque le cordon s’insère à moins de 1,5 cm du rebord placentaire. L’insertion placentaire vélamenteuse désigne, quant à elle, une insertion du cordon sur les membranes, en dehors de la plaque choriale, c’est-à-dire de la face fœtale du placenta. Une anomalie congénitale relativement rare (1 % des grossesses) plus souvent associée à des malformations fœtales, une artère ombilicale unique et un retard de croissance intra-utérin.

Doppler ombilical

En cas de retard de croissance intra-utérin, un échographiste peut réaliser un doppler ombilical. Cet examen indolore, faisant partie de l'échographie, permet d’étudier le débit du sang dans les artères via des ultrasons. « Celui-ci renseigne sur la qualité des échanges entre le placenta et le fœtus, essentielle à la bonne croissance du bébé, en mesurant le flux sanguin de l’une des artères du cordon ombilical, rappelle le Collège National des Gynécologues Obstétriciens Français (CNGOF). Il permet, avec la biométrie, de suivre la bonne croissance du fœtus. En effet, si la qualité du flux sanguin est mauvaise, cela peut avoir des conséquences néfastes sur le développement du bébé ».

Section du cordon ombilical : quand faut-il le couper ?

Au moment de la naissance, le cordon ombilical n’a plus d’utilité pour le nouveau-né dont les poumons se remplissent d’air et qui peut respirer désormais de façon autonome. C’est pourquoi, il est généralement coupé avant la délivrance, c’est-à-dire l’expulsion du placenta. La sage-femme ou le gynécologue-obstétricien pose deux pinces (clamps) séparées d’une dizaine de centimètres sur le cordon afin d’interrompre la circulation du sang puis le sectionne entre les deux pinces avec une paire de ciseaux. Rassurez-vous, le cordon n’étant pas innervé, le geste est totalement indolore pour le nouveau-né ! S’il a longtemps été d’usage de le clamper quelques secondes après la naissance, des études préconisent aujourd’hui un clampage plus tardif. « Lorsqu’il naît, le bébé doit soudain respirer seul, c’est un moment un peu compliqué pour lui et son taux d’oxygène peut varier, explique le Dr. Olivier Multon. Son cœur continue à envoyer du sang vers le placenta qui n’est pas encore décollé de la paroi utérine. En laissant le cordon quelques minutes – jusqu’à l’arrêt de la circulation intracordonale– on permet au nouveau-né de profiter d’une oxygénation supplémentaire et d’un apport sanguin bénéfique pour éviter les carences en fer ». Un clampage tardif d’autant plus pertinent dans le cadre d’une naissance prématurée.

Quand tombe le cordon ombilical du bébé ?

Après la naissance, la sage-femme va poser une pince stérile appelée « clamp de Barr » à environ 2 centimètres de l’abdomen du nouveau-né. Cette pince assure une fermeture étanche du cordon ainsi que l’hémostase c’est-à-dire l’arrêt de l’écoulement du sang. Le reliquat cordonal va ensuite s’assécher et tomber au bout d’une dizaine de jours laissant place à l’ombilic (nombril). Après la chute du cordon, continuez les soins de nettoyage jusqu’à la cicatrisation complète du nombril.

Que devient le cordon ombilical du nouveau-né après l'accouchement ?

Si la plupart du temps, le cordon ombilical est jeté après la naissance, certaines maternités sont spécialisées dans le recueil de sang de cordon (voir encadré). Les cellules souches contenues dans ce sang peuvent alors servir pour traiter un malade atteint de leucémie. Renseignez-vous auprès de votre sage-femme ou de votre gynécologue-obstétricien.

Le don de sang de cordon

Certaines maternités acceptent les dons de sang de cordon ombilical. « Le prélèvement a lieu dans les minutes qui suivent l’accouchement lorsque le cordon ombilical vient d’être coupé et que le placenta est encore dans l’utérus, précise l’Agence de la biomédecine. Il est totalement indolore et ne présente pas de risque ni pour le bébé ni pour la mère puisqu’il ne modifie pas les gestes médicaux de l’accouchement ». Des cellules souches sanguines sont récupérées et serviront à traiter des patients souffrant de pathologies sanguines comme les leucémies ou le lymphome.

Sources

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