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Grossesse chimique : une fausse couche très précoce

Femme qui fait un test de grossesse. La grossesse biochimique signifie qu’il y a bien eu un début de grossesse mais que celle-ci est non-évolutive. - © Diego Cervo

Publié le par Sophie Helouard

En collaboration avec Dre Odile Bagot (gynécologue obstétricienne)

Utilisé dans le cadre de la PMA, le terme « grossesse biochimique » désigne une fausse couche spontanée ultra-précoce. Le point sur le sujet avec la Pre. Joëlle Belaïsh-Allart, présidente du Collège National des Gynécologues Obstétriciens de France et Dre. Odile Bagot, gynécologue-obstétricien, auteure de Vagin & Cie, on vous dit tout !

https://www.santemagazine.fr/grossesse/conception-bebe/test-de-grossesse-urinaire-sanguin-maison-947105Grossesse biochimique : définition

La grossesse biochimique – parfois malencontreusement appelée « grossesse chimique » - désigne une fausse couche ultra-précoce avant même qu’il y ait le moindre signe de grossesse. « Le terme a été inventé en fécondation in vitro (FIV) pour qualifier le tout début d’une grossesse diagnostiquée lors de la première prise de sang réalisée 14 jours après la ponction pour savoir si la femme est enceinte ou non, explique la Pre. Joëlle Belaïsh-Allart. Si le dosage de l’hormone bêta-HCG est positif, c’est-à-dire supérieur à 10 mUI/ml, cela signifie qu’il y a bien un début de grossesse – avec preuve chimique de celle-ci - mais qu’il n’y a encore aucun signe clinique. Si la grossesse continue jusqu'au stade où l’on voit une image d’œuf dans l'utérus - en général vers six semaines et demie d’aménorrhée c’est-à-dire six semaines et demie sans règles - on parlera de « grossesse échographique ». Enfin, si la grossesse atteint douze semaines d'aménorrhée, on parlera de « grossesse évolutive » après l'échographie du premier trimestre ».

La grossesse biochimique signifie qu’il y a bien eu un début de grossesse mais que celle-ci est non-évolutive (arrêt très précoce du développement embryonnaire). Elle survient peu ou prou dans 20 % des cycles chez les couples fertiles qui souhaitent concevoir (source 1).

Comment savoir si on fait une grossesse biochimique ?

Excepté dans un contexte de fécondation in vitro (FIV) où une prise de sang est réalisée 14 jours après la ponction afin de vérifier s’il y a un début de grossesse, lors d’une conception « naturelle », cette fausse couche spontanée passe très souvent inaperçue. « La femme peut s’en apercevoir si elle réalise un test ultra-précoce, c’est-à-dire avant la date prévue de ses règles et que ce dernier est positif, explique la Dre. Odile Bagot. Si les règles arrivent ensuite, elle saura alors qu’il y a bien eu un début de grossesse mais que celle-ci n’était pas viable ».

Des propos confirmés par la présidente du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens (CNGOF) : « en théorie, une grossesse biochimique peut aussi être observée en dehors du contexte d’assistance à la procréation assistée si une femme a un retard de règles, qu'elle fait un dosage de l’hormone bêta-hCG et que celui-ci est positif, affirme celle-ci. Dans ce cas, il y a bien preuve d'une implantation, d'un début de grossesse, mais celle-ci n'évolue pas, c'est une fausse couche ultra-précoce ».

Pourquoi le test est-il positif ?

Lors de la fécondation de l’ovule par un spermatozoïde, les deux cellules fusionnent pour former la première cellule du futur bébé. « Celle-ci va ensuite se dédoubler pour donner deux cellules, puis quatre, puis seize, etc., rappelle la Dre. Odile Bagot. Puis l’œuf va s’implanter dans l’utérus : c’est la nidation ». C'est à ce moment-là que la bêta-HCG – la fameuse hormone de grossesse - commence à être produite et est quantifiable dans le sang. C’est pourquoi le test de grossesse peut être positif. En cas d’arrêt du développement embryonnaire, le taux de bêta-HCG s’effondre laissant présager d’une fausse couche spontanée très précoce.

Quels sont les symptômes de la grossesse biochimique ?

Comme évoqué précédemment, la grossesse biochimique passe la plupart du temps inaperçue et est souvent confondue avec la menstruation.

En général, la grossesse s’arrête trop précocement pour qu’il y ait des premiers symptômes comme les nausées, confirme la Dre. Odile Bagot. Celle-ci ne sera pas non plus visible à l’échographie car l’embryon est encore trop petit.

En revanche, si la patiente suit un traitement en PMA, la grossesse biochimique se traduira par :

  • parfois un retard des règles : l’implantation de l’embryon puis l’arrêt de son développement entraîne une prolongation du cycle de quelques jours ;
  • un test de grossesse positif : dans le cas d’une grossesse biochimique, le test de grossesse est positif mais est suivi quelques jours plus tard de l’arrivée des règles ;
  • un taux d’hormone bêta-HCG positif mais faible : de même, si la patiente réalise un test de grossesse par prise de sang, on détectera bien la présence de l’hormone bêta-HCG - appelée aussi l’hormone de la grossesse - mais celui-ci sera faible. Normalement, au cours des premières semaines de grossesse, ce taux augmente régulièrement, progressivement et double toutes les 48 heures. Aussi, si la bêta-HCG est faible ou que son taux s’effondre, cela signifie généralement qu’il y a bien eu implantation de l’embryon dans l’utérus mais que son développement s’est arrêté et que la grossesse est non évolutive.

Quelles sont les causes de cette fausse couche très précoce ?

Si les causes de la grossesse biochimique - c'est-à-dire de cette fauche couche très précoce - ne sont pas bien connues, il semble que certains facteurs comme l’âge, un problème hormonal ou bien une anomalie chromosomique entrent en ligne de compte. « En général, ces fausses couches spontanées (FCS) ultra-précoces sont liées à une anomalie chromosomique, confirme la Pre. Joëlle Belaïsh-Allart. Si elles se répètent, il peut être nécessaire de consulter un spécialiste en infertilité. Ces FCS ultra-précoces sont d'autant plus fréquentes lorsque la femme est âgée ».

Grossesse biochimique et fertilité

En général, une grossesse biochimique n’a pas d’impact sur la fertilité. « Cette grossesse qui s'arrête très précocement est un phénomène physiologique, rassure la Dre. Odile Bagot. Il faut savoir qu’à l’âge de 30 ans, sur 10 grossesses qui débutent entre 6 et 7 vont s’arrêter spontanément sans même que la femme s’aperçoive qu’elle est enceinte. À 40 ans, on estime que 9 grossesses sur 10 s’arrêtent. C’est la raison pour laquelle la fécondité diminue avec le temps ».

Grossesse biochimique et FIV

Dans le cadre de la PMA, une grossesse biochimique n’a pas d’incidence sur l’endomètre et il est possible de recommencer un nouveau traitement rapidement. Même si cette fauche couche ultra-précoce peut être mal vécue par les couples, c’est un signe plutôt positif pour une future grossesse. Celle-ci signifie, en effet, qu’une implantation est possible !

Que faire en cas de grossesse biochimique ?

La grossesse biochimique n’entraînant pas de symptôme, la plupart des femmes ignorent qu’elles en ont fait une. « C’est un processus naturel, rappelle la Dre. Odile Bagot. Beaucoup de grossesses s’arrêtent de façon très précoce parce qu’il y a une anomalie chromosomique et que l’embryon est non viable. Celle-ci n’a aucun impact sur la fertilité future. Au contraire, c’est plutôt une bonne nouvelle puisque cela signifie que le couple est fertile et que la femme a toutes ses chances de tomber enceinte par la suite. Bref : il ne faut pas s’inquiéter ! ». Et la gynécologue de conclure : « Il faut être patiente et éviter de faire un test de grossesse avant de constater un réel retard de règles ».

Sources

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