Quelle est la durée normale du cycle menstruel ?
Si un cycle menstruel dure normalement 28 jours, il existe de nombreuses variations selon les femmes. Certaines auront en effet des cycles plus courts (par exemple 25 jours), d’autres des cycles plus longs pouvant aller jusqu’à 35 ou 40 jours. Vous n’ovulez pas au 14e jour ? Pas de panique ! Les femmes n’étant pas des coucous suisses, c’est tout à fait normal. « Dans un cycle idéal de 28 jours, l’ovulation arrive 14 jours après le premier jour des règles. Mais, il est tout à fait possible d’ovuler avant le 14e jour, on parlera alors d’ovulation précoce ou bien d’ovuler après le 14e jour, on parlera alors d’ovulation tardive, explique la De. Odile Bagot. Par exemple, une femme qui a un cycle de 30 jours ovulera au 16e jour parce que ce qui est constant, quelle que soit la durée des cycles, ce sont les 14 jours entre l’ovulation et les prochaines règles. »
Les différentes phases du cycle
Rappelons que le cycle débute le premier jour des règles et s’achève au premier jour des règles suivantes. Il se divise en trois phases : la phase folliculaire, l’ovulation et la phase lutéale.
La phase folliculaire
La première phase du cycle - appelée également phase folliculaire- débute le premier jour des règles. Sous l’effet de la FSH – Follicle Stimulating Hormone ou plus simplement l’hormone folliculo-stimulante – les follicules ovariens vont se développer et l’un d’entre eux va devenir mature. « Le follicule de De Graaf, une sorte de petit kyste dans lequel se développe l’ovule va alors sécréter des œstrogènes. Cela entraîne un pic de LH (hormone lutéinisante) qui va permettre l’expulsion de l’ovocyte et déclencher l’ovulation », explique la Dre Bagot. En phase pré-ovulatoire, c’est-à-dire quelques jours avant l’ovulation, la glaire cervicale se modifie, devient glissante et transparente afin de permettre aux spermatozoïdes d’atteindre plus facilement l'ovule. Durant cette première phase du cycle, la température corporelle reste en général en-dessous des 37 °C.
L’ovulation
Sous l’effet de la LH (hormone lutéinisante), le follicule De Graaf se rompt libérant l’ovocyte. C’est l’ovulation ! L’ovule n’est viable que pendant 24 heures en moyenne. Ensuite, s’il n’est pas fécondé par un spermatozoïde, il dégénère.
La phase lutéale
Lors de la seconde phase du cycle menstruel - appelée phase lutéale - le follicule qui a libéré l’ovocyte dégénère et se transforme en corps jaune. Celui-ci va alors secréter de la progestérone qui va permettre à la muqueuse utérine de s’épaissir et d’offrir un environnement favorable à la nidation. En phase post-ovulatoire, la glaire cervicale s’épaissit et la température corporelle augmente de 0,3 à 0,5 °C pour se maintenir sur un plateau thermique haut pendant 13 à 14 jours. « En l’absence de fécondation, la température redescend ensuite en-dessous de 37°C juste avant l’arrivée des règles, signe du début d’un nouveau cycle », explique le Dr. Bagot.
Pourquoi mon cycle est-il plus long ?
« Plutôt que d’ovulation tardive, on préfèrera parler de cycles longs et irréguliers, précise d’emblée la gynécologue. Dans le cas d’un cycle long, la phase folliculaire dure plus longtemps, ce qui retarde le phénomène d'ovulation et augmente la durée du cycle menstruel. Beaucoup de femmes ont des cycles longs, et jusqu'à 35 jours cela ne présage habituellement pas d'une ovulation de mauvaise qualité. » Des cycles qui s’échelonnent de trois à six semaines, accompagnés de règles normales en durée et en abondance, ne doivent pas inquiéter outre mesure.
« En revanche, si vous avez des règles tous les deux, trois ou quatre mois, mieux vaut consulter son gynécologue », confie la Dre Bagot.
Reconnaître les signes de l’ovulation
La femme est fertile le jour de l’ovulation ainsi que les quatre ou cinq jours qui la précède. « Dans un cycle parfait de 28 jours, l’ovulation a lieu le 14e jour du cycle, c’est-à-dire 14 jours après le premier jour des règles. Mais, contrairement à ce que beaucoup de femmes imaginent, l’ovulation ne survient pas toujours deux semaines après le début des règles, mais deux semaines avant le début des règles suivantes ! Autrement dit, la date du premier jour de vos règles ne vous informe que sur la date de l’ovulation passée et pas sur celle qui va venir ! »
L’ovulation s’accompagne de signes spécifiques :
- tension ou sensibilité accrue au niveau des seins,
- modification de la glaire cervicale qui devient plus transparente, liquide et abondante,
- baisse de la température corporelle : juste avant l’ovulation, celle-ci chute de quelques dixièmes de degré pour atteindre son point le plus bas appelé le Nadir,
- augmentation de la libido,
- parfois, légère douleur au niveau d’un ovaire.
Quelles sont les causes d’une ovulation tardive ?
De très nombreuses causes peuvent impacter l’activité hormonale de la femme et avoir un retentissement sur son cycle menstruel : en premier lieu le stress, un choc émotionnel (décès, divorce), un traumatisme (agression, harcèlement) ou encore un changement de poids (perte ou prise de poids). D’autres pathologies peuvent également provoquer une ovulation tardive : notamment une maladie inflammatoire comme la maladie de Crohn, le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ou encore une hyperprolactinémie. « Il ne faut pas oublier la périménopause qui peut, elle aussi, jouer les trouble-fête », ajoute la spécialiste.
Quelles sont les conséquences sur la fertilité ?
Tout dépend de la cause de l’ovulation tardive. Ainsi, chez la femme qui a toujours eu des cycles longs, la seule conséquence sera mathématique : celle-ci ayant moins d’ovulations au cours de l’année, elle aura donc moins de possibilités de tomber enceinte. « Cela signifie que celles qui nourrissent un projet de grossesse ne doivent pas rater le coche », rappelle la Dre Bagot. En revanche, lorsque l’ovulation tardive est engendrée par une pathologie comme une maladie inflammatoire chronique de l’intestin, un syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ou encore une hyperprolactinémie, celle-ci peut être à l’origine de troubles de la fertilité.
Désir de grossesse : quand consulter ?
La femme qui nourrit un projet de grossesse et présente des cycles longs et irréguliers doit consulter son gynécologue. « En première intention on prescrira un bilan hormonal afin de vérifier la prolactinémie – c’est-à-dire le taux de prolactine dans le sang - ainsi que la FSH, explique la Dre Bagot. On demandera également à la patiente de faire sa courbe de température : c’est très simple à réaliser et cela donne rapidement une idée du cycle. Enfin, on peut également réaliser un monitorage de l’ovulation – c’est-à-dire vérifier le degré de maturité folliculaire par échographie – ainsi qu’un dosage des œstrogènes. »
Quels sont les traitements ?
Les traitements dépendent bien sûr de la cause de l’ovulation tardive. « Par exemple, en cas d’aménorrhée ou de troubles du cycle liés à une hyperprolactinémie, on peut prescrire un traitement anti-prolactinémie », confirme la Dre Bagot. Si la patiente souffre d’un syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) qui, rappelons-le, se caractérise par des troubles (ou une absence) du cycle menstruel, par la présence excessive de poils (hirsutisme) et par de l'acné, un traitement médicamenteux peut être proposé pour régulariser le cycle menstruel. En cas de soucis de fertilité, il sera possible de procéder à une stimulation ovarienne ou à une procréation médicalement assistée (PMA). « Enfin, dans le cadre d’une ménopause précoce – une pathologie rare qui touche moins de 2 % des femmes – la patiente ayant un désir de grossesse pourra bénéficier d’un don d’ovocyte », conclut le Dr. Bagot.