On parle d’infertilité en cas de difficulté à obtenir une grossesse, qui se traduit par "l'absence de grossesse malgré des rapports sexuels non protégés pendant une période d’au moins 12 mois", note l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) (Source 1). On la distingue de la stérilité, qui est l'incapacité totale à procréer naturellement (lorsque les chances d'obtenir une grossesse sont de zéro). À noter qu'entre un tiers et la moitié des grossesses surviennent après six mois de tentatives. "Ce faible « rendement reproductif » par rapport à d’autres espèces animales s’expliquerait en partie par un fort taux de fausses couches spontanées, très tôt au cours de la grossesse, la plupart n’étant même pas décelées".
Passée la période des 12 mois, de nombreux couples qui n'arrivent pas à concevoir font appel à une assistance médicale, qui peut résoudre un certain nombre de cas d’infertilité. Des traitements sont proposés aux couples, et varient en fonction des causes et du profil du/des patients.
Quelles sont les causes de l'infertilité ?
Chez la femme, l'infertilité peut être causée par :
- Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ;
- L’insuffisance ovarienne, qui entraîne une"altération de la qualité ovocytaire, avec une augmentation du taux de fausses-couche spontanées et d’anomalies chromosomiques fœtales" , selon l'Inserm (Source 1) ;
- L’insuffisance ovarienne prématurée, "une perte folliculaire anormalement importante associée à l’absence de cycle menstruel, avec une ménopause précoce survenant avant l’âge de 40 ans" ;
- La sténose tubaire bilatérale, c'est-à-dire la réduction de la perméabilité des trompes de Fallope, bloquant le passage des spermatozoïdes vers l’ovule ;
- Des anomalies utérines (syndrome de Rokitanski (absence d'utérus), malformations, polypes de l'endomètre, certains fibromes utérins) ;
- L’endométriose.
Chez l'homme, l'infertilité peut être causée par :
- L’insuffisance testiculaire : les anomalies spermatiques sont les causes les plus fréquentes de l'infertilité chez les hommes. La qualité et la quantité des spermatozoïdes est altérée ;
- Les dysfonctions sexuelles : "indépendamment des troubles de l’érection et de l’éjaculation d’origine psychogène, des facteurs vasculaires, hormonaux, métaboliques ou neurologiques peuvent entraîner une dysfonction sexuelle", note l'Inserm (Source 1).
Certaines causes communes aux deux sexes : les pathologies hypothalamo-hypophysaires, "responsables d’une altération de la production d’hormones pouvant entraîner l’absence d’ovulation (...) ou un déficit de production des spermatozoïdes", observe l'Inserm (Source 1). Certains traitements anticancéreux comme la chimiothérapie peuvent également mener à l'infertilité. Enfin, d'autres facteurs comme le tabac, le surpoids, l'obésité, le stress, ou encore l'exposition à certaines pesticides, solvants, métaux lourds sont incriminés.
Quels sont les symptômes de l'infertilité ?
Ce qu'on peut appeler symptôme d'infertilité est l'incapacité de concevoir un enfant après une année de rapports sexuels non protégés. D'autres signes peuvent se manifester ou accompagner cette incapacité à concevoir, comme une dysfonction érectile, des douleurs au niveau des testicules pour les hommes, et des cycles menstruels anormaux pour les femmes.
Après 12 mois d'essais infructueux, il est conseillé de réaliser un bilan d'infertilité, au cours duquel un spécialiste de la fertilité tentera de savoir avec vous pourquoi la grossesse n'arrive pas, afin de maximiser vos chances pour une grossesse naturelle, ou alors vous proposer des solutions alternatives. Il vous interrogera notamment sur votre histoire, votre mode de vie et vous prescrira si nécessaire des examens médicaux. Si vous essayez d'avoir un enfant et que vous ou votre conjoint souffrez de certaines pathologies (maladies chroniques, maladies génétiques), n'attendez pas les 12 mois recommandés avant de consulter un spécialiste de la fertilité !
Mieux vaut prévenir que guérir : pensez à la consultation préconceptionnelle, qui permet de détecter très tôt si des problèmes peuvent venir entraver la conception.
Quels traitements contre l'infertilité féminine ?
Lorsqu'un couple infertile est pris en charge, il existe trois types de traitements :
- Le traitement médical ;
- Le traitement chirurgical ;
- L'assistance médicale à la procréation (AMP ou PMA) : l'insémination intra-utérine, la fécondation in vitro (FIV) et la fécondation assistée par micro-injection intra-cytoplasmique (ICSI).
Traitement médical contre l'infertilité de la femme : la stimulation ovarienne
On stimule les ovaires de la femme pour mieux maîtriser son ovulation qui est absente (anovulation) ou irrégulière (dysovulation). Cette stimulation ovarienne ou induction d'ovulation est faite par l’hormone FSH (Follicle Stimulating Hormone), qui permet à un ou deux follicules de se développer et d’aboutir à la maturation d’un ou de deux ovocytes. Elle peut suffire à traiter l’infertilité.
Cette stimulation doit obligatoirement être surveillée par des échographies et des dosages hormonaux. Elle est réalisée par injection sous-cutanée et peut durer deux à trois semaines. L'induction d'ovulation peut également être réalisée dans le cadre d'une fécondation in vitro (FIV) et d'une injection intra-cytoplasmique (ICSI), afin d'augmenter les chances d'obtenir des embryons.
Traitement médicamenteux ou par injection contre l'infertilité féminine
Différents traitements peuvent vous être proposés en fonction de la qualité de votre ovulation :
- Du citrate de clomiphène complété par une prise d’œstrogènes pour améliorer la glaire cervicale ;
- Un traitement par injection d’hormones gonadotrophines, les hormones qui stimulent les gonades, ou les glandes sexuelles, pour effectuer leurs fonctionnements reproducteurs. Ces gonadotrophines sont utilisées seules ou en association avec le clomifène (une injection tous les jours ou tous les deux jours durant 6 à 12 jours, en première partie du cycle).
Infertilité de la femme : l’insémination artificielle
Elle est précédée d’une stimulation ovarienne. Elle consiste à injecter des spermatozoïdes sélectionnés dans l’utérus de la femme au moment de l’ovulation. L’objectif : on passe outre la glaire cervicale en cas d’anomalie et on favorise le rapprochement entre l’ovocyte et les spermatozoïdes. Le traitement s’effectue dans la continuité d’une stimulation ovarienne, ce qui permet de déposer les spermatozoïdes au moment optimal.
Le recueil du sperme est programmé le jour de l’insémination après un délai d’abstinence sexuelle de 2 à 6 jours. Il est alors préparé en laboratoire afin de reproduire les modifications qu’il subit lors d’un rapport sexuel en traversant la glaire cervicale.
Infertilité de la femme : la fécondation in vitro (FIV)
La FIV permet à la fécondation d’avoir lieu en “éprouvette” et peut donc être mieux maîtrisée. L’embryon (ou les embryons) formé au bout de deux à trois jours, est alors, soit transféré dans l’utérus pour la poursuite normale d’une grossesse, soit congelé.
Avant de se lancer, il faut être conscient qu’il s’agit d’une épreuve très fatigante pour le couple. Il y a d’abord une hyperstimulation ovarienne avec une surveillance encore plus accrue (échographie et prise de sang) de la croissance des follicules. Ensuite, on procède au déclenchement de l’ovulation. On ponctionne avec une aiguille le liquide contenu dans chacun des follicules présents, dans les douze heures, et sous anesthésie locale ou générale. Chaque ovocyte est alors mis en contact avec le sperme préalablement recueilli. Trois jours plus tard, si une fécondation s’est produite, le transfert d’embryons dans l’utérus peut avoir lieu. Il faut attendre quatorze jours en moyenne pour savoir si le transfert a réussi et si une grossesse évolue.
Infertilité de la femme : la micro-injection ou ICSI (intra Cytoplasmic Sperm Injection)
Dans la FIV avec ICSI (de l’anglais : “Intra cytoplasmic sperm injection”), les étapes sont identiques à la FIV classique, mais l’on met en contact direct l’ovocyte avec un seul spermatozoïde sélectionné préalablement. Elle débute comme une FIV classique mais, au lieu de mettre en culture les ovocytes et les spermatozoïdes et d'attendre la fécondation, le biologiste introduit lui-même, sous microscope, un spermatozoïde mobile dans chaque ovocyte ponctionné.
Infertilité et endométriose
"L’endométriose est souvent diagnostiquée lors d’un bilan d’infertilité", note l'Association française de lutte contre l'endométriose (Source 3). Souvent associée à l'infertilité, pourtant seulement 30 à 40% des femmes touchées par l'endométriose doivent faire face à un problème d’infertilité.
En cas d'endométriose, et si la grossesse ne vient pas, les techniques de procréation médicalement assistée sont conseillées : stimulation de l’ovulation, insémination artificielle, fécondation in vitro.
Quels traitements contre l'infertilité masculine ?
Comme pour l'infertilité féminine, le traitement de l'infertilité masculine passe par :
- Le traitement qui comprend des médicaments ;
- Le traitement chirurgical ;
- L'assistance médicale à la procréation (AMP) : l'insémination intra-utérine, la fécondation in vitro (FIV) et la fécondation assistée par micro-injection intra-cytoplasmique (ICSI).
Mais en dehors de problèmes anatomiques (obstruction des voies spermatiques…), que l’on corrigera de manière chirurgicale, les réponses à l'infertilité masculine passe le plus fréquemment par des techniques d’aide à la procréation.
Infertilité masculine : le traitement médicamenteux
Ils varient en fonction des causes d'infertilité :
- Dans le cadre d’un dysfonctionnement testiculaire, un traitement hormonal donne de bons résultats. En cas d'insémination artificielle, ce traitement peut être prescrit dans le but d'améliorer la qualité du sperme ;
- En cas de prostatite (infection de la prostate) ou de MST, des antibiotiques sont prescrits ;
- Dans certains cas d'infertilité ayant une cause immunologique, il est possible de prescrire des corticoïdes.
Traiter l'infertilité de l'homme avec la chirurgie des voies génitales
Chez l'homme, la chirurgie des voies génitales est envisagée pour rétablir la perméabilité des voies génitales. Elle peut notamment être décidée en cas de rétrécissement limité du canal déférent ou lorsque le patient souffre d’une varicocèle testiculaire importante (des varices apparaissent autour des veines entourant les testicules, altérant la formation des spermatozoïdes).
Infertilité de l'homme : les aides à la procréation
Plus lourde, et représentant parfois un véritable parcours du combattant pour les couples infertiles, c'est souvent l'aide à la procréation médicalement assistée qui contourne le mieux les problèmes de fertilité. C'est grâce à ces différentes techniques que l'infertilité masculine comme féminine sont le mieux traitées.
En fonction de la problématique, le médecin, un uro-andrologue spécialisé dans les problèmes de fertilité, proposera une insémination artificielle (introduire dans l'utérus, le jour de l'ovulation, des spermatozoïdes préalablement préparés) ou encore une FIV, souvent associée à une ICSI.
Une anomalie "raisonnable" de la spermatogenèse n’est pas toujours un frein à une procréation spontanée, mais statistiquement, les délais seront plus longs. Le recours à une PMA (procréation médicalement assistée) dépendra donc du temps que l’on est prêt à attendre.
Il faut savoir que "le taux de réussite d’une FIV (fécondation in vitro) diminue nettement après 37 ans chez la femme", précise Elise de La Rochebrochard, chercheuse en épidémiologie de la reproduction humaine à l’Ined (Institut national d’études démographiques). Et le taux de fausse couche, lors d’une insémination artificielle, augmente avec l’âge du père, atteignant 35 % quand ce dernier a plus de 40 ans. (Source 2).
Problème de fertilité : conseils pour gérer l'épreuve en couple
La plupart des couples confrontés à une infertilité éprouvent un sentiment d’injustice. Ne pas pouvoir donner un enfant à l’autre génère une culpabilité, qu’il faut désamorcer au sein du couple.
Voici quelques clés pour mieux gérer l'épreuve à deux :
Savoir communiquer avec l’autre
Réintégrer la parole et la complicité, travailler sur l’estime de soi et de l’autre malgré l’épreuve, une démarche qui est indispensable. "C’est dans la tête, tu y penses trop"... Ces réflexions renforcent les doutes : "Si je n’y parviens pas, c’est donc ma faute !" Décomplexez-vous. Même si certaines infertilités peuvent résulter de blocages psychologiques, ces cas concernent principalement des histoires lourdes.
Résoudre la rancune et la rancœur
Outre le rejet de celui qui est infertile et des fantasmes qui y sont associés, "si j’étais resté avec mon ex, j’aurais déjà des enfants", il est nécessaire de dépasser le sentiment de malaise vis-à-vis de la famille, des amis ou des collègues. Le fait de savoir qu’une fonction naturelle chez d’autres se révèle complexe pour soi provoque des jalousies. Ceci est encore plus criant dans une fratrie où il réveille des compétitions affectives anciennes. De plus, un sentiment difficilement exprimable se transfère alors sur des inconnus : "je ne supporte plus de voir des enfants dans la rue", "la une des journaux people avec les stars enceintes m’agace…" . Ces couples se sentent décalés avec, à la clé, le risque de s’isoler progressivement.
Rompre le silence et libérer la parole
Bien que la cause de l’infertilité est féminine dans 60% des cas, c’est souvent la femme qui endosse la responsabilité de l’infertilité face aux autres et à la famille. Un mensonge par omission, car il est difficile de remettre en cause la virilité du conjoint. Mais à qui confier ce lourd secret de l’infertilité ? Briser le silence et partager la tristesse sont des étapes importantes. "Il n’est pas douloureux de parler ; ce qui fait mal, c’est de vivre l’échec", assure Léa Karpel, psychologue clinicienne à l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart. Si un des partenaires a demandé expressément le silence à l’autre, s’engage alors un conflit de loyauté : trahir la promesse faite au conjoint ou mentir à sa famille. A deux ou avec l’aide d’un psychologue, le couple doit apprendre à libérer sa parole.