Une démence correspond à un trouble de la mémoire et des fonctions cognitives (difficultés à formuler des idées, dans la perception du monde extérieur, la maîtrise des gestes...). L'Assurance-maladie précise que pour être considéré comme une démence, le trouble doit durer depuis au moins six mois et être suffisamment important pour retentir sur la vie quotidienne. Parce qu'il n'existe pas encore de traitement curatif, le développement d'approches préventives est essentiel.
Et pour des chercheurs de l'University College London, la prévention devrait commencer dès l'enfance en ciblant des facteurs de risques bien précis ce qui permettrait d'éviter un cas de démence sur trois (35%). En effet, si les cas de démence vont considérablement augmenter compte tenu de l’allongement de l’espérance de vie, les chercheurs affirment qu'il est possible d'agir en limitant l'impact des facteurs de risque dès le plus jeune âge et à tous les stades de la vie.
"Bien que la démence soit diagnostiquée plus tard, les changements au niveau du cerveau commencent habituellement à se développer des années auparavant, avec des facteurs de risque survenant tout au long de la vie, pas seulement dans la vieillesse. Nous croyons qu'une approche plus large de la prévention de la démence profitera à nos sociétés vieillissantes.", a déclaré le professeur Gill Livingston, premier auteur de l'étude.
Les trois facteurs de risque prioritaires
L'étude a modélisé l'impact de neuf facteurs de risque divers: le maintien de l'éducation jusqu'à l'âge de 15 ans puis, entre 45 et 65 ans, la réduction de l'hypertension artérielle, de l'obésité et de la perte auditive. Enfin à plus de 65 ans, les estimations montrent l'importance de réduire le tabagisme, et de prévenir la dépression, l'inactivité physique, l'isolement social et le diabète.
Parallèlement, les chercheurs évoquent un autre facteur de risque sur lequel il n'est pas encore possible d'agir, à savoir un risque génétique lié à l’allèle ε4 du gène de l’apolipoprotéine E qui accroit le risque de démence. Un moyen de cibler ce facteur de risque empêcherait à lui seul la survenue d'un cas de démence sur dix. Sur les 35% de tous les cas de démence qui pourraient être évités, trois facteurs de risque jouent un rôle déterminant.
Les chercheurs recommandent ainsi de miser sur l'éducation au début de la vie (facteur qui réduit à lui seul le nombre total de cas de démence de 8%), sur la prévention de la perte de l'audition à la mi-vie (9%) et sur l'arrêt du tabac (5%). Pour le premier facteur, il s'agit de stimuler le cerveau par l'activité intellectuelle pour limiter le déclin cognitif, qui peut évoluer vers une démence.
Bouger son corps, muscler son cerveau
La préservation de l'audition peut, quant à elle, aider à vivre dans un environnement stimulant au niveau cognitif et limiter par ailleurs les risques associés que sont la dépression et l'isolement social. Enfin, l'arrêt du tabac est important pour réduire l'exposition du cerveau aux neurotoxines et améliorer la santé cardiovasculaire qui, à son tour, affecte la santé du cerveau.
C'est pourquoi les chercheurs suggèrent des interventions de santé publique, notamment en invitant les personnes à s'engager dans des activités stimulantes mentalement (cinéma, restaurant, bénévolat, jeux...). D'autres interventions ont déjà été mises en place comme des conseils pour augmenter son activité physique, arrêter de fumer et prévenir l'hypertension artérielle et le diabète.
Si ces dernières ont des bénéfices avérés et présentent d'autres avantages pour la santé, les chercheurs estiment qu'elles n'ont pas encore assez d'impact. "Bien que les interventions sur ces facteurs de risque ne permettent pas de retarder, prévenir ou guérir l'ensemble des cas de démence, il y a beaucoup à gagner, d'autres études suggérant que sa prévalence serait réduite de moitié si son apparition était retardée de cinq ans.", concluent les auteurs.
Ces derniers évoquent néanmoins une limite à leur estimation, car ils n'ont pas pris en compte le régime alimentaire et l'alcool. Sur le sujet, l'Organisation mondiale de la santé confirme les dangers pour le cerveau d'une alimentation déséquilibrée et de l’usage nocif de l’alcool. Elle indique par ailleurs que ces facteurs de risques, ainsi que tous les autres évoqués dans l'étude, sont communs avec d’autres maladies non transmissibles.