La démence frontotemporale (DFT) sous sa forme la plus fréquente, dite à variante frontale ou comportementale, représente 20% des démences dégénératives, et près d’un tiers est diagnostiqué chez les moins de 65 ans. Les troubles de la mémoire faisant partie des principaux symptômes, la DFT est souvent confondue avec la maladie d’Alzheimer.
Pourtant, ces deux maladies demandent une prise en charge médicale et psychosociale différente et adaptée. Mais la situation pourrait bientôt changer. Des chercheurs de l’Institut national de la santé (Inserm) en collaboration avec une équipe internationale, ont mis au point un système de diagnostic efficace pour distinguer les deux maladies.
Le test a pour but d’évaluer la cognition sociale du patient, soit l’ensemble des capacités cognitives qui lui permettent de s’adapter à son environnement social.
- La première partie consiste à demander au malade de reconnaître des émotions sur des photographies de visage, explique l’Inserm.
- Dans une seconde phase, des scènes de vie lui sont décrites afin qu’il distingue celles qui sont socialement gênantes ou pas.
Informer les médecins
Les auteurs de ces travaux ont analysé les dossiers de 96 patients de l’hôpital Pitié-Salpêtrière de Paris et atteints d’une des deux maladies. Tous avaient bénéficié d’un bilan complet d’un point de vue biologique, ainsi que des tests de mémoire et des tests de cognition sociale mis au point par les chercheurs.
"Nous avons observé que 85 à 94% des patients peuvent être classés dans le bon groupe –Alzheimer ou DFT- en se fiant aux seuls tests de cognition sociale. Comparativement, le résultat n'est que de 70% avec les tests de mémoire seuls, ce qui se traduit dans la pratique par un diagnostic erroné de maladie d'Alzheimer chez un patient DFT sur deux", expliquent les chercheurs. Une zone d’incertitude de 11% subsiste chez les malades à un stade avancé, pour lesquels l’altération cognitive est plus générale.
Les chercheurs insistent sur l’importance que les médecins et neuropsychologues soient informés du fait que la distinction entre Alzheimer et DFT ne repose pas uniquement sur les tests de mémoire.