Gros dérapage en vue. Selon un rapport de la Commission des comptes de la Sécurité sociale rendu public ce mercredi 29 mai, le déficit de la Sécurité sociale pourrait être bien plus élevé que prévu. Il devrait ainsi se creuser à 16,6 milliards d’euros en 2024, au lieu des 10,8 milliards prévus par le gouvernement dans le budget de la Sécurité sociale 2024.
En cause : des dépenses toujours très importantes, face à des recettes moins favorables que prévu, notamment à cause du ralentissement de la croissance économique. Car lors du vote du budget de la Sécurité sociale, l’exécutif misait sur une croissance économique de 1,4 % pour 2024, prévision qui a été revue à la baisse, à +1 %, jouant à la défaveur du “déficit de la Sécu”.
Très critique et très direct quant à la politique menée par l’actuel gouvernement concernant le déficit public, Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, a fait part de ses grandes préoccupations à ce sujet. Il a insisté sur la nécessité de mettre en place des réformes pour changer la donne, sans quoi le système de protection social risquerait, selon ses dires, d’être fragilisé, et la cohésion du pays menacée.
Les arrêts maladie dans le viseur de la Cour des comptes
Parmi les propositions évoquées dans le rapport pour inverser la tendance, citons la régulation des dépenses de médicaments, la compensation des exonérations et exemptions de cotisation sur les compléments de salaires (heures supplémentaires etc.), mais aussi les arrêts maladie. Il serait ainsi question de mettre à contribution entreprises et assurés concernant l’indemnisation des arrêts maladie, ou même d’augmenter la période de carence pendant laquelle les salariés en arrêt maladie ne sont pas indemnisés.
La Cour des comptes envisage ainsi la non-indemnisation des arrêts de travail de moins de huit jours, et l’augmentation à 7 jours du délai de carence, contre trois actuellement. Des mesures qui permettraient respectivement 470 millions d’euros et 950 millions d’euros de dépenses en moins. Elle propose également de réduire à deux ans la durée maximale d’indemnisation, contre trois actuellement, pour 750 millions de dépenses en moins.