"Vous voyez je ne mets jamais de prothèses dans la rue, jamais, je sors toujours comme ça. Mon buste aérodynamique comme je dis, je l'aime profondément. Il me rappelle tous les jours que je suis en vie." Voici comment Aurore débute son témoignage vidéo. Résolument positive, résolument combative, et pas seulement pour elle. Avec son compte Insta Amazone et alors, elle choisit de prendre la parole sur son cancer du sein, pourquoi elle a refusé la reconstruction mammaire après sa mastectomie, comment elle vit désormais chaque instant. Rencontre.
Quels ont été les premiers signes de votre cancer ?
Alors j'ai découvert que j'avais un cancer du sein sous la douche, en prenant la douche, en faisant l'autopalpation, j'ai senti une boule sur mon sein gauche. Au départ, je pensais que c'était un kyste hormonal. J'ai découvert mon cancer par autopalpation parce que je n'avais pas l'âge de rentrer dans le dépistage par mammographie, comme les femmes, à partir de 50 ans.
Deux mois après, j'ai fait une mammographie et l'échographie qui a suivi la mammographie. Le radiologue m'a annoncé sans ménagement et très violemment et un air déshumanisé que j'avais un cancer. Ses mots exacts ont été : "Vous avez un cancer, ça, c'est opération et chimiothérapie." Donc après l'annonce violente je suis dans un état de choc, je suis sidérée, complètement sidérée. Je prends ma voiture et c'est pas moi qui conduit, la voiture m'amène seule chez mon généraliste. Dans ma tête sur 8 km, il y a qu'une chose qui résonne, c'est : "tu as un cancer et c'est ta faute" parce qu'en plus le radiologue m'avait dit en deuxième partie après l'annonce, il me demande depuis quand j'ai ça. Et quand je lui dis depuis deux mois, il me répond : "bah alors c'est bien fait pour vous".
La dureté des traitements
Je consulte une semaine après mon oncologue chirurgienne, on fait la biopsie qui donne un nom au cancer : carcinome canalaire infiltrant 100 % hormono-dépendant. On décide de la chirurgie, on décide d'une mastectomie gauche parce que c'était sur le sein gauche. On m'opère. Et à partir de là, hormonothérapie pour une durée de 5 ans. Aujourd'hui j'ai été obligée d'arrêter l'hormonothérapie avant l'heure parce que celle-ci m'attaque la vue. C'est pas chez tout le monde, c'est un des effets secondaires qui arrive très rarement et qui est arrivé chez moi.
Mais moi, j'encourage les femmes à prendre l'hormonothérapie, parce que les effets secondaires, d'accord, il y en a beaucoup. Oui. On est fatiguée, on a des bouffées de chaleur, On a mal aux os. Il peut avoir X effets secondaires, mais par rapport à ce que ça nous protège, ça vaut le coup de la prendre. L'hormonothérapie prévient quand même beaucoup de risques de récidives et c'est un des traitements très importants aujourd'hui.
Pourquoi avoir créé le compte Insta Amazone et alors ?
Il fallait que j'en fasse, qu'il a un ressorte un truc positif. Donc j'ai décidé de créer le compte Instagram pour briser le tabou sur les amazones, parce qu'on parle beaucoup du cancer du sein. En 2022, le cancer du sein, on en parle énormément. Les amazones, on en parle jamais. Elles sont cachées, les femmes sont très mal dans leur corps dès qu'elles ont une cicatrice, parce que la société aujourd'hui nous dit que pour être une femme, il faut absolument avoir deux seins. Et je suis pas du tout d'accord avec ça ! Après, je ne suis pas une anti-reconstruction. Je comprends, je respecte tout à fait les femmes qui la font, moi je n'en veux pas et je crois qu'on a le droit aussi d'être une femme, d'être jolie et de se sentir bien dans son corps qu'on ait un sein ou qu'on en ait zéro. On a subi quelque chose de grave. Pourquoi on se montrerait pas sans seins ?
Je veux dire, la féminité, ce n'est pas que des seins pour moi. La féminité, c'est la douceur, la bienveillance. La gentillesse, un sourire, un regard, c'est une globalité. C'est une gestuelle, c'est un tout, mais ça ne peut pas être que des seins. Dire que la féminité, c'est que des seins, c'est hyper réducteur de ce qu'est une femme aujourd'hui.
Je crois qu'on a le droit aussi d'être une femme, d'être jolie et de se sentir bien dans son corps qu'on ait un sein ou qu'on en ait zéro.
Énormément de femmes, de tout âge, que ce soit des jeunes ou des moins jeunes, parce que le cancer du sein, malheureusement, il touche toutes les femmes. Il y a même des femmes qui ne sont pas du tout touchées par le cancer du sein, mais qui ont des complexes X Y, et qui viennent me dire : "mais merci parce que ce que tu as toi et ce que tu montres, finalement nous à côté on a rien et tu nous aide à avancer dans notre vie".
Bizarrement, je touche même des hommes qui me disent, parce que les hommes sont touchés par le cancer du sein : 1%. Mais c'est pas ceux-là qui viennent me voir, c'est des hommes qui me disent : "Grâce à toi, on a compris, J'ai compris que ce qu'a vécu ma mère, ce qu'a vécu ma grand-mère ou même ce que vit ma sœur, ma femme, et tu m'aides à avancer dans cette vie avec en tant qu'accompagnant d'une femme touchée par un cancer.
On n'a pas à avoir honte de son cancer
Je l'ai fait aussi, au-delà de vouloir briser les tabous, pour rassurer et pour mettre les femmes en confiance. Parce que quand j'ai eu ma mastectomie, quelques jours avant, j'ai cherché sur internet "mastectomie" et je voyais que des morceaux de cicatrices comme ça, je voyais pas de visage, je voyais pas de corps et je me suis dit que c'est pas possible. On est des humains et il faut se montrer. On n'a pas à avoir honte d'avoir eu un cancer du sein. On n'a pas à avoir honte d'avoir une mastectomie, on n'a pas choisi, on n'a pas fait exprès, ça nous est tombé dessus.
Faisons-en quelque chose et quelque chose de bien. Pour aider. Donc mon compte Instagram il existe pour ça. Il existe pour que la société s'ouvre sur ça. Pour que les regards changent, que les lignes bougent. Pour sensibiliser au dépistage aussi, avec l'autopalpation. Il existe pour tellement de raisons mon compte Instagram !
Quels conseils donner aux femmes qui vivent l'épreuve du cancer ?
Je lui dirais déjà de faire confiance à l'équipe médicale qui la soigne et de se faire confiance en elle-même. De faire confiance à son corps. En 2e chose, je dirais que elle entre dans une chose qu'elle ne connaît pas, donc de pas se projeter, de pas se dire : "Ah, je vais perdre mes cheveux, je vais avoir la chimio, je vais être brûlée par la radiothérapie.
Tout ça, on ne le sait pas, donc c'est une étape après l'autre. C'est un jour après l'autre, on avance. Aujourd'hui, c'est la biopsie, demain c'est la chirurgie. Après-demain, on verra les traitements et petit à petit on avance. Ne pas avoir peur des effets secondaires du traitement, quels que soient les traitements, même si c'est dur et c'est difficile, et c'est parfois même très compliqué. Mais on finit toujours par se relever.