En France, tous cancers confondus, plus de 50 % des patients sont en vie cinq ans après le diagnostic. Un dépistage précoce permet de repérer de petites tumeurs qui ont de bonnes chances de guérir. C’est vrai pour la plupart des cancers dépistables.
Se faire dépister
« Avant l’instauration d’un dépistage organisé du cancer du sein, 25 % des tumeurs que l’on trouvait étaient de petite taille, moins d’un centimètre. Aujourd’hui, grâce au dépistage, ce taux est passé à 40 %. Or, plus la tumeur est petite, meilleur est le pronostic et les traitements sont moins lourds », observe le Dr Brigitte Seradour, coordinatrice nationale du programme de dépistage du cancer du sein auprès de l’Institut national du cancer (Inca).
De même, un dépistage régulier réduit le risque de mortalité dans le cancer colorectal et dans le cancer du col de l’utérus. « Le frottis permet de dépister des lésions précancéreuses qui se traitent bien et ont un bon pronostic », souligne Stéphanie Barré, chargée de mission à la Haute autorité de santé (HAS).
Le dépistage organisé, mais pas généralisé
En revanche, l’intérêt du dépistage est plus discuté dans le cancer de la prostate, sauf pour les hommes qui ont des antécédents familiaux. « 30 à 40 % des cancers [de la prostate] diagnostiqués n’auraient jamais donné de symptômes du vivant de la personne. Par comparaison, c’est 10 % dans le cancer du sein. En outre, les traitements de la prostate ont un risque de séquelles important », souligne le Dr Jérôme Viguier, responsable du département dépistage à l’Inca.
Lorsqu’on choisit de se faire dépister, mieux vaut le faire dans le circuit organisé. Pour le sein, toutes les mammographies normales sont revues par un second radiologue. « 5 à 7 % des cancers diagnostiqués le sont grâce à cette deuxième lecture », précise le Dr Viguier.
Dans le cancer du côlon et dans le cancer du col de l’utérus (puisqu’un dépistage organisé est expérimenté dans treize départements), l’analyse des prélèvements respecte un cahier des charges. « La grande force de l’organisation, ce sont des procédures de qualité maximale », confirme le Dr Olivier Scemama, de la HAS.
Bénéficier d’une thérapie ciblée
Chaque tumeur porte en elle la trace d’anomalies moléculaires. Dans certains cancers (sein, côlon, poumon, ovaire, lymphome, leucémie…), celles-ci sont bien identifiées, ce qui a permis de développer des “thérapies ciblées”. Il en existe une vingtaine aujourd’hui.
« Ces thérapies sont dirigées spécifiquement contre une molécule – une protéine, en général – trop active. Si on la bloque, le cancer va réduire voire disparaître », explique le Pr Michel Marty, responsable du centre d’investigation en oncologie et hématologie de l’hôpital Saint-Louis (Paris) et président d’Eurocancer. Qu’elles remplacent ou qu’elles s’ajoutent aux “chimios” classiques, ces nouvelles thérapies augmentent les chances de guérison.
« C’est formellement démontré dans le cancer du sein surexprimant HER2 [récepteur d’un facteur de croissance tumorale], dans le lymphome et dans le myélome. Le risque de rechute diminue de 30 à 50 % », selon le Pr Marty.
Dans d’autres cancers, comme l’adénocarcinome du rein, l’arrivée de cinq nouveaux médicaments a permis d’augmenter nettement la survie. En France, 28 plateformes hospitalières de génétique moléculaire des cancers réalisent les tests nécessaires pour avoir accès à ces thérapies ciblées. Selon l’Inca, 102 000 patients en ont bénéficié en 2009.
Réduire le risque de récidive en pratiquant une activité physique
Des études ont montré que l’activité physique réduit le risque de récidive du cancer du sein et du cancer du côlon. Elle agit en effet sur certaines hormones et sur des facteurs de croissance tumorale. Plus cette activité physique est soutenue (tout en restant adaptée aux capacités de chaque personne), plus elle est pratiquée tôt au cours du traitement, plus son effet préventif augmente.
Le bon rythme ? Pratiquer trente minutes de marche rapide ou de gymnastique cinq fois par semaine, ou encore une heure trois fois par semaine. Autre avantage – et non des moindres –, les patients ressentent moins la fatigue due aux traitements et se déclarent moins déprimés.
Participer à un essai clinique
En 2009, 28 200 patients atteints de cancer ont participé à un essai clinique, soit 30 % de plus qu’en 2008. Grâce à eux, un nouveau médicament ou une nouvelle stratégie de soins ont été testés.
« Aujourd’hui, les patients demandent à entrer dans un essai clinique. Ils savent que c’est un élément de progrès, tout en acceptant un certain degré d’incertitude », observe le Dr Françoise May-Levin, coordinatrice médicale du comité de patients pour la recherche clinique, créé par la Ligue nationale contre le cancer.
Participer à une recherche scientifique n’est certes pas un gage de guérison, mais le patient ne perd rien à essayer puisqu’il bénéficiera au minimum du traitement de référence. L’adjonction d’une thérapie innovante est décidée par tirage au sort, pour que les médecins puissent comparer deux groupes.
Une chose est sûre, les volontaires se disent généralement très satisfaits de leur prise en charge. Ils bénéficient en effet d’un meilleur suivi et ressentent une plus grande confiance envers l’équipe médicale.
Préserver son moral
La dépression guette, à un moment ou à un autre, 25 % des patients atteints de cancer. Cette souffrance incite au repli sur soi et pousse certains à négliger leur traitement. Au bout du compte, il semble qu’elle soit associée à une mortalité légèrement plus élevée.
« Je crois, toutefois, qu’il faut rassurer les patients déprimés. On ne peut pas dire que ces facteurs psychologiques soient à l’origine d’un moins bon pronostic. En revanche, il est fondamental pour les patients d’exprimer leur souffrance et de bénéficier d’un soutien psychologique, d’autant plus que certains devront vivre avec leur cancer de manière chronique pendant de longues années », observe le Dr Cédric Lemogne, psychiatre à l’hôpital européen Georges-Pompidou (Paris).
Les personnes qui bénéficient d’un soutien social (les amis, la famille, d’autres patients…) et qui gardent une attitude positive sont globalement mieux armées face à la maladie. Ceux qui participent à des groupes de paroles se sentent mieux compris. Le bénéfice ne se mesure pas en années de vie gagnées, mais en terme de bien-être. Et cela compte énormément.
En savoir plus :
- propose des cours de gymnastique douce ou organise des randonnées dans différentes villes (renseignements : 0 810 111 101, prix d’un appel local).
- L’association (Cancer arts martiaux et informations) propose quant à elle des cours de karaté, danse, taï-chi, yoga... (renseignements : 06 34 23 04 39).
- L’ met en ligne un registre des essais cliniques en cancérologie, ainsi qu'une cartographie des 881 hôpitaux autorisés à soigner les malades du cancer.
- Le propose une recherche par pathologie.