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Radon : quels sont les risques pour la santé ?

Famille détendue sur un canapé dans son salon © Halfpoint Images / Moment

Publié par Nathalie Courret  |  Mis à jour le par Mathilde Pujol

En collaboration avec Alain Rannou (Adjoint à la direction de la protection de l’homme à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) et Bénédicte Gross (Ingénieure sécurité spécialiste du radon)

On ne le voit pas, on ne le sent pas, et pourtant, le radon est un gaz radioactif naturel présent partout. La prévention destinée à réduire le risque lié au radon vise les habitations privées, car il est parfois dangereux. Alors, faut-il en avoir peur ? Quelles sont les conséquences de l’inhalation de radon à long terme ?

Le radon, un gaz naturel issu du radium, peut s’accumuler à l’intérieur des habitations, augmentant à long terme le risque de cancer du poumon. Peut-on le mesurer ? Comment s’en protéger ? Réponses.

Définition : qu’est-ce que le radon ?

Le radon est un gaz naturellement présent dans le sol. Il est émis par la désintégration du radium, lui-même présent dans la croûte terrestre. Mais, volatil, le radon s’échappe de la matrice minérale dans laquelle se trouve son « père » le radium.

Cette irradiation naturelle ne pose pas de problème à l’extérieur, car le radon se dilue dans l’atmosphère. En revanche, il peut s’accumuler dans les espaces clos et confinés comme les logements et les bureaux. Or nous passons environ 90 % de notre temps dans des bâtiments.

En réalité, ce sont ses produits de dégradation qui sont dangereux. Le radon a peu d’affinité pour les tissus biologiques et il est exhalé quasiment aussi vite qu’il est inhalé, précise Alain Rannou, adjoint à la direction de la protection de l’homme à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

Mais ses descendants sont des particules solides. Une fois inhalées, elles se déposent dans l’arbre respiratoire. L’énergie qu’elles libèrent endommage les tissus, notamment les cellules basales de l’épithélium respiratoire, particulièrement radiosensibles, qui sont très importantes car capables de se transformer en n’importe quel autre type de cellule bronchique.

À savoir : la concentration en radon dans l’air se mesure en Bq/m³ (becquerel par mètre cube).

Où trouve-t-on le plus de radon ?

Le radon est présent partout : dans l’air, le sol, l’eau.

  • Dans l’air extérieur, le radon se dilue rapidement et sa concentration moyenne reste généralement faible ;
  • Dans des lieux confinés tels que les grottes, les mines souterraines mais aussi les bâtiments en général, et les habitations en particulier, il peut s’accumuler et atteindre des concentrations élevées atteignant parfois plusieurs milliers de Bq/m³.

« La présence de radium, et donc de radon, est plus importante dans les massifs anciens que sont les massifs granitiques, volcaniques et montagneux ainsi que dans certains terrains sédimentaires », explique Alain Rannou, adjoint à la direction de la protection de l’homme à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

« Les zones les plus concernées correspondent aux formations géologiques naturellement les plus riches en uranium (grands massifs granitiques comme le Massif armoricain, le Massif central, la Corse, les Vosges, etc.) ainsi que sur certains grès et schistes noirs », indique l’IRSN (source 1).

La nature et la perméabilité du terrain influencent aussi la diffusion du radon dans l’air. Par exemple, il s’échappe facilement des sols poreux et perméables, comme les sables ou les alluvions. Et les failles, les grottes et les galeries souterraines (mines) favorisent son transfert sur de grandes distances, puisqu’aucun obstacle ne freine alors sa propagation.

Comment le radon entre-t-il dans les habitations ?

À l’intérieur, le radon peut atteindre des concentrations importantes si le renouvellement de l’air est faible. Les sous-sols, les caves, les vides sanitaires, en contact avec le sol, contiennent en général les concentrations les plus importantes de gaz. Le radon peut aussi s’infiltrer dans les habitations par les fissures au niveau des planchers et des murs, par les joints entre les parois, par les passages de canalisations, de câbles, ou encore par les conduites d’eau. Autrement dit, plus le sol est riche en radon et plus la construction de la maison est « poreuse », plus l’air intérieur sera contaminé.

En vidéo : d’où vient la pollution de l’air intérieur ?

La carte du potentiel radon en France par l’IRSN

À partir de la connaissance de la géologie de la France, l’IRSN a établi une carte du potentiel radon des sols. Elle permet de déterminer les communes sur lesquelles la présence de radon à des concentrations élevées dans les bâtiments est la plus probable.

​La cartographie du potentiel du radon conduit à classer les communes en 3 catégories :

  • Catégorie 1 (jaune) : "les communes à potentiel radon de catégorie 1 sont celles localisées sur les formations géologiques présentant les teneurs en uranium les plus faibles. Ces formations correspondent notamment aux formations calcaires, sableuses et argileuses constitutives des grands bassins sédimentaires (bassin parisien, bassin aquitain) et à des formations volcaniques basaltiques (massif central, Polynésie française, Antilles…)" ;
  • Catégorie 2 (jaune/orange) : "les communes à potentiel radon de catégorie 2 sont celles localisées sur des formations géologiques présentant des teneurs en uranium faibles mais sur lesquelles des facteurs géologiques particuliers peuvent faciliter le transfert du radon vers les bâtiments. Les communes concernées sont notamment celles recoupées par des failles importantes ou dont le sous-sol abrite des ouvrages miniers souterrains" ;
  • Catégorie 3 (orange) : "les communes à potentiel radon de catégorie 3 sont celles qui, sur au moins une partie de leur superficie, présentent des formations géologiques dont les teneurs en uranium sont estimées plus élevées comparativement aux autres formations. Les formations concernées sont notamment celles constitutives de massifs granitiques (massif armoricain, massif central, Guyane française…), certaines formations volcaniques (massif central, Polynésie française, Mayotte…) mais également certains grès et schistes noirs".

Exposition au radon : quels sont les effets sur le corps humain ?

Le radon est classé par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) comme cancérigène certain pour le poumon depuis 1987.

10 % des décès par cancer du poumon sont dus au radon

D’après les évaluations conduites en France, il serait la seconde cause de cancer du poumon, après le tabac et devant l’amiante : sur les 30 000 décès constatés chaque année, 3 000 lui seraient attribuables (soit 10 % des décès par cancer du poumon), rapporte l’IRSN.

Cette augmentation est proportionnelle à l’exposition cumulée tout au long de sa vie. « Le risque de cancer du poumon lié au radon augmente avec la concentration en radon dans l’air respiré et la durée pendant laquelle on le respire (augmentation de 16 % du risque par 100 Bq/m3 de radon mesuré sur une durée de 30 ans) (OMS, 2021) », indique le Centre de lutte contre le cancer Léon-Bérard (CLB) (source 2).

Le risque de cancer du poumon est également amplifié par la consommation de tabac. Pour une même exposition au radon, le risque de développer un cancer du poumon est nettement plus élevé pour un fumeur que pour un non-fumeur : environ 20 fois plus à exposition au radon égale.

Plusieurs études ont également montré « une association entre la concentration de radon domestique estimée et le risque de leucémie aiguë lymphoblastique », cite le Centre de lutte contre le cancer Léon-Bérard. « Toutefois, des études épidémiologiques complémentaires sont nécessaires pour identifier une augmentation du risque de leucémies chez l’enfant dû aux expositions ».

Comment se protéger du radon ?

La meilleure des solutions est façonnée sur mesure selon l’architecture du logement, avec ou sans sous-sol, avec ou sans étage, et après qu’on a identifié les points d’entrée du radon, préconise Bénédicte Gross, ingénieure sécurité spécialiste du radon.

Les mesures de protection reposent sur deux principes : empêcher l’entrée du radon dans le logement et en faciliter la sortie. Logique ! Cela passe par le renforcement de l’étanchéité de l’habitation, l’amélioration de son aération et, si besoin, le traitement de son soubassement.

« Les pièces à vivre en contact avec le sol sont les plus concernées », observe la spécialiste. Différentes actions sont possibles : étancher la dalle et les murs de la maison, parfois même les plafonds, colmater les fissures, refaire les joints, obturer les passages autour des gaines et des canalisations, en choisissant des matériaux étanches au passage des gaz.

À savoir : les colles à la silicone, les mastics à élasticité permanente, le verre, le plastique PE-HD de 1,5 mm d’épaisseur, le PVC armé de 1 mm d’épaisseur et les polymères bitumineux sont étanches au radon, mais les briques, la terre cuite et les peintures synthétiques ne le sont pas.

Une fois les pièces bien isolées, il faut s’assurer que le renouvellement de l’air est suffisant. L’aération peut être naturelle, par ouverture des fenêtres, ou améliorée, par la mise en dépression du sol, la mise en surpression du bâtiment ou l’installation d’une ventilation mécanique. Les coûts d’installation varient de 300 à 5 000 € selon la technique, mais, en cas de doute, mieux vaut prendre l’avis de professionnels car le bricolage mal ajusté peut faire entrer encore plus de radon !

Exposition au radon : quelle est la réglementation en France ?

En France, il n’existe actuellement pas de limite réglementaire applicable aux habitations.

Sur la base des recommandations de l’OMS, la Commission européenne et la France ont retenu la valeur de 300 Bq/m³ en moyenne annuelle comme valeur de référence en dessous de laquelle il convient de se situer. Lorsque les résultats de mesure dépassent 300 Bq/m³, il est ainsi nécessaire de réduire les concentrations en radon.

Dans les lieux ouverts au public (établissements scolaires, sanitaires et stations thermales) et les lieux de travail des 31 départements prioritaires, des règles existent depuis 2004 : l’État ou l’employeur est dans l’obligation de faire mesurer les niveaux de radon de ses locaux par un organisme agréé.

Comment savoir s’il y a du radon dans ma maison : mesure de la radioactivité avec un dosimètre

Dans un logement privé, on peut effectuer les mesures soi-même avec un dosimètre. Plusieurs sociétés proposent des détecteurs fiables pour un coût modéré. « Comme un film photographique est sensible à la lumière, ces détecteurs sont sensibles aux particules alpha émises par le radon », explique Alain Rannou.

La concentration en radon dans l’air est variable d’un lieu à l’autre. La concentration moyenne en radon dans les habitations s’élève à 90 Bq/m³ pour l’ensemble de la France avec des disparités importantes d’un département à l’autre et, au sein d’un département, d’un bâtiment à un autre.

À partir de quand faut-il agir ?

  • Entre 200 et 400 Bq/m3, « il est raisonnable de faire venir des professionnels pour identifier où sont les points d’entrée du radon et les corriger », conseille Alain Rannou ;
  • À 1 000 Bq/m3, il faut prendre des mesures de protection rapides. Cette valeur constituerait un seuil d’alerte.
Sources
OSZAR »