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Les bienfaits de la chronopsychologie contre le stress et la fatigue

Chronopsychologie stress travail © simonapilolla

Publié par Anne Thoumieux  |  Mis à jour le par Mathilde PujolExpert : Florent Bouër, spécialiste de la gestion du temps en entreprise ; François Testu, chronopsychologue, doyen de l’UFR Arts et Sciences humaines à l’université François Rabelais de Tours.

La chronopsychologie étudie les rythmes comportementaux, cognitifs et psychiques humains à des fins d'aménagement. En respectant ses rythmes psychologiques, on peut faciliter son travail et son quotidien, être plus performant et éviter les gros stress. Les pistes à suivre pour vivre plus sereinement grâce à la chronopsychologie.

 

Vous l’avez certainement remarqué, dans une journée, certaines tâches nous semblent faciles et nous les exécutons avec enthousiasme, quand d’autres nous semblent interminables et nous submergent. Or, si aujourd’hui nous sommes nombreux à connaître le principe de chronobiologie ou à le deviner instinctivement, plus rares sont ceux qui connaissent la chronopsychologie.

Qu'est-ce que la chronopsychologie ?

Plus récente, cette discipline étudie l’influence des rythmes temporels, comme l’alternance jour/nuit ou celle des saisons, sur nos comportements et nos capacités intellectuelles.

La chronopsychologie cible l’esprit quand la chronobiologie se penche sur les aspects physiques du corps. C’est la différence entre les deux disciplines, explique François Testu, chronopsychologue et professeur de psychologie.

Humeur, mémoire, réflexion... les performances cognitives de chacun, enfant comme adulte, varient tout au long de la journée, mais aussi de la semaine et de l’année. Devenue centrale dans l’étude des rythmes scolaires, la chronopsychologie est à présent considérée comme un levier antistress important.

Comment fonctionne la chronospsychologie ?

Concrètement, il s’agit d’organiser ses activités professionnelles et personnelles selon ses rythmes : exécuter les tâches les plus importantes à certains moments de la journée, quand on est au meilleur de sa forme psychologique et savoir se dégager des temps de repos.

À la clé : une meilleure attention permettant d’atténuer la fatigue et le stress, et d’améliorer ses performances. En évitant de bousculer son horloge interne, on gagne également en calme intérieur et en confiance en soi.

Quels sont les bienfaits de la chronopsychologie ? Pourquoi l'utiliser ?

Les bienfaits de la chronopsychologie sont nombreux à l'ère du surmenage, où nous pouvons vite nous sentir débordé.

Aujourd’hui, on s’en sert pour aider les gens à prendre conscience de leurs rythmes personnels pour adopter les bons comportements au bon moment, et éviter le stress, la fatigue et le surmenage, souligne François Testu.

Un problème que connaît bien Florent Bouër, formé à cette science après avoir connu un burn-out retentissant. Diplômé d’une école de commerce, il excelle en management dans le secteur du jeu vidéo où il gravit les échelons rapidement, passant de responsable de point de vente à responsable du service achat France. Jusqu’au clash.

En fait, ce poste demandait des qualités que je n’avais pas. Pour compenser ces lacunes, je travaillais trop, je n’arrivais pas à décrocher. J’ai alors voulu comprendre pourquoi. 

Au détour de bilans de compétences et de tests de personnalité, il s’aperçoit qu’il serait mieux en formateur. Il crée alors Idéal Formation, en adaptant la méthode de Christian Loridon, un spécialiste de la gestion du temps, impliquant les notions de haut rendement et d’objectifs. Aujourd’hui, il forme des managers autant que des assistantes. Il leur apprend à écouter leurs signaux internes pour mieux gérer leur temps.

La chronopsychologie s’inscrit dans ce programme comme la part concrète d’organisation qui permet d’être “mieux dans ses baskets” en planifiant ses activités selon ses ressentis, pour être efficace et content de soi. Elle prend en compte l’intérêt du sujet et la notion de satisfaction y est moteur !, explique-t-il.

Les grands principes de la chronopsychologie

La chronopsychologie se concentre tout d'abord sur l'aménagement du temps de travail, dans le but de trouver un bon équilibre.

Entre 10 h et 13 h, puis entre 16 h et 19 h, les capacités intellectuelles sont les meilleures, l’esprit connaît un fort pic d’attention. C'est un créneau horaire qui correspond à une phase de productivité intellectuelle. C’est le bon moment pour engager des tâches à haut rendement.

Ce sont celles qui produisent 80 % des résultats. Pour les identifier, demandez-vous ce qui, précisément, vous fait atteindre vos objectifs et vous apporte une satisfaction professionnelle et personnelle, dit Florent Bouër. Pour un manager, il peut s’agir de stratégies, pour un médecin des consultations
et des diagnostics, ou encore des plannings pour une assistante.

À 13 h, l’intellect a besoin de se reposer, mais encore faut-il en prendre conscience. Ne faites pas l’impasse sur cette pause, évitez de manger devant l'écran, un sandwich à la main, en 10 minutes top chrono, et, si possible, changez de lieu, d’entourage, sortez, déconnectez !

En début d'après-midi, et malgré la pause, l’attention décroît. C'est la période difficile après le déjeuner. Pour compenser cette fatigue passagère, il est conseillé de se consacrer plutôt aux tâches de routine, et de ne pas réaliser des tâches qui demandent trop de concentration. "Attelez-vous à des tâches distrayantes et à des interactions, comme discuter du travail en cours avec un collègue plutôt que d’élaborer des tableaux complexes et soporifiques", propose le formateur. Cela peut aussi être le moment de caler vos réunions, rendez-vous...

À partir de 19 h, l’activité cérébrale et l’attention diminuent. Il est alors important de respecter un moment de détente : offrez-vous un sas de décompression avant d’éventuellement retravailler ou passer à des activités familiales.

Quand prendre des pauses ? Dès que l’on ressent un manque d’attention, mieux vaut stopper totalement son activité en cours, et s’en extraire totalement en s’éloignant de son poste, même quelques minutes. Allez faire un tour à la machine à café, vous aérer quelques minutes, marcher, passer un coup de fil personnel... Le but est d'opérer une rupture complète, même courte.

Chronopsychologie : comment récupérer dans la semaine ?

Nous n'avons pas la même activité cérébrale un lundi qu'un vendredi, un début de semaine ou un début de weekend. Les variations de concentration, de réflexion intellectuelle... vont orienter l'organisation des tâches.

Le lundi est une journée de réadaptation, même si on constate une grande hétérogénéité dans les profils journaliers de performances et de comportement. On est moins concentré, car l’esprit doit se remettre en route. Mieux vaut prévoir des activités d’organisation que de lancer un nouveau projet. Et, pour faciliter cette reprise, il faut savoir alterner ses activités. "Le rythme de base est une heure et demie. On l’appelle “le module d’or”, car c’est un bon intermédiaire : ni trop long ni trop court, parfait pour exécuter une tâche de planification avec une concentration ininterrompue", conseille Florent Bouër.

Le soir, l’esprit a besoin de calme pour “digérer” la journée. Pour bien récupérer et ne pas se sentir fatigué, il vaut mieux alterner les sorties un soir sur deux et, encore mieux, les programmer la deuxième moitié de la semaine à l’approche du week-end.

Le vendredi après-midi, l’activité cérébrale est bonne, mais l’attention est dispersée dans l'avenir proche, surtout à la perspective du week-end. Il vaut mieux poursuivre ce qui a déjà été initié, ou finaliser des tâches en retard, que de se lancer dans des dossiers à enjeu. Accumulez les tâches faciles et les actions de communication (coups de fil…).

Passer les différents caps de l'année grâce à la chronopsychologie

L'arrivée du printemps s’accompagne d’un regain de lumière et d’énergie. Ainsi, les mois d’avril, de mai et de juin constituent la meilleure période pour démarrer des projets, changer, refaire, rénover, entreprendre...

La rentrée de septembre offre, quant à elle, un regain de motivation qui s’accompagne d’une plus grande activité. C’est le moment de prévoir son année, de l’organiser à l’avance, de la structurer. Stimulé, on a envie d’initier de nouveaux projets.

Les vacances doivent être vraiment reposantes. Pour cela, l’idéal est de pouvoir s’extraire de son cadre habituel. Programmez des breaks début mars et début novembre, deux périodes difficiles, car on subit les contrecoups des fêtes de Noël et de la rentrée, et préservez une grande coupure l’été, nécessaire pour vous détacher du quotidien et vous ressourcer.

Et si je n'ai pas un rythme classique ?

On peut identifier son propre rythme en fonction de son quotidien. «"l suffit pour cela d’observer un petit recul sur soi pour prendre conscience de son état d’esprit face à une tâche", explique Florent Bouër.

Je travaille très tôt

Il faut savoir alterner ses activités pour maintenir son attention. Le changement d’activité fait l’effet d’une pause et stimule l’intellect, car il remobilise l’intérêt, conseille l’expert. Par exemple, un boulanger aura tout intérêt à alterner la fabrication de brioches, de croissants et de baguettes.

Je travaille la nuit

Avant tout, évitez la prédisposition psychologique qui consiste à penser que le travail de nuit est forcément plus fatigant, et demandez-vous : “quand est-ce que je me sens bien ?”, comme vous le feriez en journée pour planifier en fonction vos activités, souligne Florent Bouër.

Un conducteur se sentira parfois plus performant en début ou en fin de nuit quand une infirmière, elle, pourra être stimulée par l’arrivée d’un patient, sans que le cycle jour/nuit n’influe sur sa concentration. Certes, le sommeil influence le psychisme, mais l’important est d’avoir un rythme régulier : se coucher et se réveiller à la même heure.

Et si je ne peux pas prendre de vacances au printemps ?

Pour compenser, misez sur la luminosité naturelle et sortez le plus possible à l’extérieur : les nerfs optiques commandent la production d’une hormone d’éveil et de réveil (l’arginine). Cela ne remplace pas une vraie pause, mais permet d’être moins fatigué physiquement et psychologiquement.

Les professionnels à consulter

On peut consulter un psychologue spécialisé en gestion du temps ou du stress. On peut aussi suivre une formation dans le cadre de son entreprise, prise en charge au même titre qu’une formation en anglais.

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