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Dépression : comment la soigner ?

Dépression : comment la soigner ? © iStock

Publié par Christine Baudry  |  Mis à jour le par Hélène Bour

La dépression est une maladie qui peut être soignée. Mais moins de 25 % des patients ont accès à des traitements efficaces. Médicaments, psychothérapies, autres pistes thérapeutiques…on fait le point.

Comme toute pathologie, la dépression doit être prise au sérieux. C'est une maladie qui se soigne, à condition de ne pas sous-estimer ses conséquences sur le long terme et d'accepter de se faire soigner. Son traitement classique associe antidépresseurs et psychothérapie. Mais d'autres techniques peuvent être sollicitées.

Les antidépresseurs pour apporter un soulagement

Les médicaments antidépresseurs agissent au niveau du cerveau pour en rééquilibrer les dysfonctionnements. On ignore si les déséquilibres constatés lors de la maladie en sont la cause ou la conséquence, mais les médicaments sont efficaces dans la plupart des cas, lorsqu’ils sont prescrits à bon escient. Ils permettent d’atténuer un certain nombre de symptômes (troubles du sommeil, appétit) et redonnent un peu de tonus pour envisager la vie sous un jour moins noir.

Toutes les dépressions ne justifient pas un traitement médicamenteux, cela dépend de leur intensité. Mais dans de nombreux cas, ils s’imposent en première intention pour apporter un soulagement. Celui-ci n’est toutefois pas immédiat : il faut attendre deux à trois semaines pour en ressentir les effets.

Le traitement se déroule sur une phase d’attaque de six à douze semaines. Il se poursuit par une consolidation qui peut durer de quatre à six mois. Une période durant laquelle il est déconseillé d’arrêter le traitement brutalement, même si l’on se sent mieux.

Les psychothérapies, une efficacité reconnue contre la dépression

La psychothérapie a une efficacité démontrée dans la prise en charge de la dépression. En cas de dépression sévère, le traitement psychothérapique ne commence qu’après le soulagement de la souffrance aiguë.

Dans tous les cas, elle permet au patient de mettre des mots sur sa douleur morale sans se sentir jugé. Le simple fait de bénéficier d’une écoute bienveillante et neutre (extérieure au cercle familial ou amical) est déjà bénéfique.

Une psychothérapie doit s’engager sur un rythme suivi et régulier (une fois par semaine, deux fois par mois minimum) pendant plusieurs mois.

Le travail psychothérapeutique permet au patient de mettre des mots sur ses sensations, de les regarder différemment. En fin de compte, cette approche cognitive lui offre la possibilité de lutter par lui-même contre ses schémas de pensées négatifs et autodévalorisants.

Les psychothérapies par la parole ont montré aussi leur efficacité dans la prévention des récidives.

Dépression : les autres traitements

  • L’hospitalisation est parfois nécessaire en début de traitement quand le patient dépressif est apathique, inhibé au point de ne plus réussir à prendre soin de lui, quand il y a lieu de craindre la tentative de suicide.
  • La photothérapie ou luminothérapie est indiquée dans la dépression saisonnière quand la maladie est directement imputable au manque de lumière naturelle.
  • La stimulation magnétique transcrânienne consiste à appliquer de façon indolore des impulsions magnétiques brèves au moyen d’un casque. Elle est proposée en hospitalisation aux patients souffrant d'une dépression modérée et qui ne supportent pas les effets secondaires des médicaments.
  • L’électroconvulsivothérapie (également appelée sismothérapie) est bien loin des électrochocs d’antan : le patient est anesthésié et reçoit un traitement antidouleur. Elle reste très utile pour les patients en état de mélancolie grave, apathiques, résistants aux antidépresseurs, et à risque suicidaire majeur. Ses seuls effets secondaires sont des troubles de la mémoire qui disparaissent naturellement dans les jours suivant le traitement.
  • Les approches complémentaires n’ont pas leur place en tant que telles dans la prise en charge d’une authentique dépression, mais elles peuvent être utilisées en complément d’un traitement médicamenteux et/ou psychothérapique.

La piste du gaz hilarant pour soulager les symptômes

Respirer du gaz hilarant contre la dépression, en voilà une idée saugrenue. Et pourtant, selon une étude parue le 9 juin 2021 dans la revue Science Translational Medicine, un tel traitement pourrait être intéressant et efficace. Le fait de respirer un mélange oxygène-protoxyde d’azote (MOPA) pendant une heure a considérablement réduit les symptômes de personnes dépressives et dont la dépression résistait aux traitements classiques (antidépresseurs).

"Le fait que nous ayons vu des améliorations rapides chez de nombreux patients de l'étude suggère que le protoxyde d'azote peut aider les personnes souffrant de dépression vraiment sévère et résistante", a déclaré le Dr Charles R. Conway, professeur de psychiatrie à l'Université de Washington et co-auteur de l'étude.dans un communiqué.

S55 % des participants à l'étude ont connu une amélioration significative d'au moins la moitié de leurs symptômes dépressifs, et 40 % étaient considérées comme étant en rémission - ce qui signifie qu'ils n'étaient plus cliniquement déprimés. Et en tout, quelque 85% (17 sur 20) ont connu une amélioration suffisamment significative pour que leur classification clinique de la dépression évolue favorablement : par exemple, d’une dépression sévère à modérée.

Autre avantage majeur du mélange oxygène-protoxyde d’azote pour les chercheurs : l’effet anesthésiant diminue rapidement. Pour preuve, il est utilisé en milieu hospitalier et cabinet dentaire, et n’entraîne pas d’interdiction de conduire ou autre dans les heures qui suivent.

Qui consulter en cas de dépression ?

  • La première personne à consulter est votre généraliste : il est bien placé pour détecter une dépression et la distinguer d’un état anxieux ou d’une déprime passagère. Il peut vous prescrire un traitement et vous orienter vers une personne compétente dans votre région pour engager un suivi spécialisé.
  • Le psychiatre, médecin spécialisé, qui peut à la fois prescrire un traitement médicamenteux et engager un suivi psychothérapeutique, est au premier rang des spécialistes de la dépression.
  • Le psychologue peut engager avec vous un suivi thérapeutique à moyen ou long terme, mais il n’est pas autorisé à prescrire de médicaments (s’il y a lieu, le traitement médicamenteux peut alors être prescrit par le médecin traitant).

 

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