Plus d’un million de Français sont atteints de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Cette maladie détruit la “macula”, zone centrale de la rétine où se concentrent les cellules sensibles à la lumière appelées “photorécepteurs”. Deux formes existent : la forme humide à évolution rapide et la forme sèche, plus lente mais aussi destructrice. Si on sait traiter la forme humide, il n’existe pas de traitement pour enrayer la forme sèche. La recherche ouvre cependant des voies prometteuses pour soigner cette maladie.
Des médicaments prometteurs pour traiter la DMLA
Dans la forme humide, il y a une prolifération de vaisseaux sanguins dans la rétine, due à la production anormale de molécules dites “facteurs de croissance” (VEGF). Or, ces vaisseaux sanguins abîment la rétine. Le traitement actuel consiste à injecter des “anti-VEGF” pour empêcher leur croissance. « Ils stoppent la maladie et améliorent même parfois la vision, dit le Pr Éric Souied, chef de service d’ophtalmologie à l’hôpital de Créteil. Ainsi certaines personnes peuvent à nouveau conduire. »
Mais ces médicaments posent problème : ils doivent être injectés dans l’œil plusieurs fois par an et leur coût est très élevé (environ 1000 euros l’injection). L’enjeu est donc de trouver des médicaments aussi efficaces et plus faciles à administrer. Une demi-douzaine de molécules sont testées : des anti-VEGF en collyre ou encore des médicaments qui s’associeront aux anti-VEGF pour décupler leur efficacité et ainsi, espacer les injections.
Pour la forme sèche, des molécules sont en cours d’évaluation en Europe et aux États-Unis. Les plus prometteuses consistent à bloquer la réaction d’inflammation qui, dans la DMLA sèche, détruit les photorécepteurs. « Certaines sont injectables, d’autres en prise orale, précise le Pr Souied. Mais il est impossible de savoir laquelle “sortira” sur le marché, d’ici une dizaine d’années.
Un nouvel espoir de traitement : la thérapie génique
Trois essais cliniques de thérapie génique sont menés dans le monde. Celle-ci consiste à utiliser un virus inactivé pour transporter un gène thérapeutique jusqu’aux cellules malades. Ce gène remplace le gène déficient, ou produit des “molécules thérapeutiques”. C’est l’approche choisie par les chercheurs français.
« Le gène utilisé fabrique une molécule anti-VEGF. Une fois intégré au matériel génétique des cellules de la rétine, ce gène produira en permanence le médicament : le patient n’aura plus besoin d’injection », dit Alexis Bemelmans, qui travaille sur la forme humide de la DLMA avec le Pr José-Alain Sahel, directeur de l’Institut de la vision, à Paris. Les premiers résultats devront confirmer l’absence de toxicité de ce traitement qui ne pourra pas être disponible avant au moins cinq ans.
La thérapie génique est aussi envisagée pour la forme sèche. Ici, un gène capable de rendre certaines cellules de la rétine sensibles à la lumière sera utilisé. « L’idée est d’utiliser des cellules qui ne sont pas détruites par la DMLA, comme les neurones qui transportent l’informa- tion visuelle au cerveau », reprend Alexis Bemelmans, chercheur à l’Institut de la vision de Paris. Les essais chez l’homme devraient démarrer en 2016.
Les cellules souches à l’essai
Début janvier 2012, les autorités américaines ont autorisé l’essai clinique du laboratoire “Advanced Cell Technology”. Cette étude porte sur deux patientes dont l’une souffre d’une forme sèche, avant de vérifier la sécurité de cette approche dérivée de cellules souches embryonnaires humaines. Au bout de quatre mois, plus de 99 % des cellules souches injectées se sont bien différenciées en photorécepteurs. Et surtout, les chercheurs ont constaté un léger gain d’acuité visuelle chez la patiente atteinte de DMLA sèche. Reste aux chercheurs à confirmer ce résultat sur la durée, et surtout auprès d’un nombre plus important de personnes.