Avec un million de patients en France, la DMLA – dégénérescence maculaire liée à l’âge – est la première cause de malvoyance chez les personnes âgées de plus de 50 ans dans les pays développés. Un chiffre voué à doubler au cours des vingt prochaines années, du fait du vieillissement de la population et de l’augmentation de la durée de vie.
Le dépistage précoce, indispensable pour freiner la DMLA
La DMLA est liée à une altération de la macula, zone centrale de la rétine. On distingue principalement deux formes avancées de DMLA, dites "sèche" et "humide".
Deux types de DMLA
La DMLA sèche correspond à une diminution de l’épaisseur des tissus rétiniens ; la DMLA humide, à une augmentation de leur épaisseur. Les conséquences sur la vision sont identiques, mais la forme humide, ou exsudative, se déclenche plus brutalement. La DMLA sèche évolue en général sur une dizaine d’années.
« Il existe des précurseurs à ces types de DMLA, note le Pr Eric Souied, chef du service d'ophtalmologie à l'hôpital intercommunal de Créteil. On parle de MLA, maculopathie liée à l’âge. Lors d’un dépistage, la présence de ces éléments permet de prévoir la survenue d’une DMLA dans les cinq ou dix ans à venir. »
La forme sèche de la DMLA peut s’installer et évoluer sans aucun symptôme durant plusieurs années. Seul un examen du fond de l'œil, pratiqué par un ophtalmologiste, permet de diagnostiquer la maladie à ce stade.
Retarder l’apparition de la maladie
Ce dépistage précoce permet une prise en charge optimale : « Les premiers symptômes repérables par le patient signent un avancement de la maladie déjà notable, souligne le Pr Eric Souied. Un patient pris en charge tôt aura plus de chances de récupérer une partie de son acuité visuelle. »
De plus, l’examen du fond de l’œil permet de signaler les précurseurs de tous types de DMLA, sèches et humides. En leur présence, le patient pourra se prémunir de la maladie ou retarder son apparition, en limitant les facteurs de prédisposition tels que le tabagisme ou une alimentation déséquilibrée.
Où se faire dépister ? Consultez la liste des ophtalmologues participant aux journées nationales d'information et de dépistage de la DMLA, qui se déroulent chaque année en juin : dépistage gratuit en cabinet sur rendez-vous.
Identifier les symptômes d'une DMLA
Différents troubles de l’acuité visuelle marquent la possibilité d’une DMLA. Si l’un d’entre eux survient, il convient de consulter un ophtalmologiste au plus vite :
- diminution de l'acuité visuelle : la capacité à percevoir les détails est moindre ; un éclairage plus puissant devient nécessaire pour lire
- moindre perception des contrastes ;
- déformation des lignes : les lignes droites semblent gondolées ou ondulées ;
- apparition d'une tache sombre au milieu du champ de vision.
Une gêne quotidienne
Sans jamais rendre totalement aveugle, la DMLA gêne pour lire ou regarder la télévision, percevoir les détails, coudre, reconnaître des visages dans la rue.
La vision périphérique reste normale et permet de se déplacer, de s'habiller seul(e) et de garder une autonomie importante. Elle peut cependant amener à l'arrêt de la conduite d'un véhicule automobile, et est susceptible d'être à l'origine de chutes.
Prévenir la dégénérescence maculaire liée à l’âge
Comme son nom l’indique, la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est principalement due au vieillissement : elle concerne les populations de plus 50 ans. Sa prévalence augmente progressivement, jusqu’à toucher une personne sur quatre à partir de 75 ans, une sur deux après 80 ans.
Tabagisme et obésité, facteurs de risque
Les femmes et les personnes à la peau claire ont plus de chance de contracter la maladie. Le tabagisme, la surcharge pondérale, constituent également des facteurs de risque.
Par ailleurs, la probabilité de développer une DMLA est multipliée par quatre dans le cas d'antécédents familiaux.
Le rôle de l’alimentation
Inversement, plusieurs études indiquent qu’une alimentation équilibrée, riche en fruits et légumes et poissons gras, pourrait prémunir contre la maladie : « Un changement de comportement alimentaire permet de diviser par deux la probabilité de développer la maladie chez les sujets à risque », indique le Pr Eric Souied.
Contrairement aux idées reçues, une activité visuelle excessive ou répétée (lecture, travaux sur ordinateur, expositions à la lumière) ne joue aucun rôle dans le développement de la maladie.
Consommer une alimentation riche en caroténoïdes diminue les risques
Dans une étude réalisée à partir d'un suivi sur 8 ans de 609 participants à la cohorte ALIENOR, des chercheurs de l'Inserm se sont intéressés à deux caroténoïdes précis, la lutéine et la zéaxanthine. Ces derniers sont non synthétisés par l'organisme : il faut les absorber à travers l'alimentation. Comme ils l'expliquent, « on les retrouve notamment dans les fruits jaune orangé comme les agrumes ou les tomates, et dans les légumes à feuilles vertes, tels que les épinards, les choux et les blettes. Ce sont des pigments qui jouent un rôle très spécifique puisqu’ils sont présents en grande concentration dans la macula. »
Les participants ont réalisé dès leur intégration un dosage sanguin pour mesurer leur concentration plasmatique en lutéine et en zéaxanthine. Ils ont ensuite effectué une consultation ophtalmologique afin de diagnostiquer la DMLA. Parmi eux, 54 ont développé une DMLA sur la période de suivi, qui a duré 8 ans. « Ces travaux révèlent qu’une concentration plus importante de caroténoïdes dans le plasma, en particulier de lutéine et de zéaxanthine, réduit de 37% le risque de développer une forme avancée de DMLA », note l'équipe scientifique dont l'étude est parue dans Nutrients. Ce résultat est similaire pour les formes sèche et humide de la maladie.
Mais concrètement, comment la lutéine et la zéaxanthine apportent une protection à la rétine ? Il s'avère que ces pigments végétaux absorbent la lumière bleue, connue pour endommager la rétine sur le long terme. Par ailleurs, ils jouent le rôle d’antioxydant afin de protéger la rétine du stress oxydatif, un facteur de la DMLA. Si on veut aller un peu plus loin, l’alimentation la plus bénéfique serait un régime méditerranéen, riche en fruits et légumes et qui apporte assez d’oméga-3 grâce aux poissons gras.», concluent les chercheurs.
Les traitements de la DMLA
Aujourd’hui, on ne guérit pas la DMLA.
- La forme humide (deux fois plus fréquente que la forme sèche) dispose depuis quelques années de traitements anti-angiogéniques en injection dans la cavité de l'œil : ils permettent d’enrayer sa progression, voire de récupérer une partie de l’acuité visuelle, en moyenne, deux lignes. Autorisé en 2015 dans cette autorisation, l'Avastin est désormais remboursé, au même titre que le le traitement classique, le Lucentis (ranibizumab).
- Il existe moins de recours face à la forme sèche de la maladie. Les recherches dans ce domaine sont néanmoins prometteuses : « Les essais en cours permettent d’escompter, dans les trois à cinq années à venir, l’apparition de nouveaux médicaments, signale le Pr Eric Souied. Ceux-ci pourraient parvenir à stabiliser la maladie, voire permettre de regagner une partie de l’acuité visuelle perdue. »
En attendant, reste l’administration de certains micronutriments : l'efficacité d'une supplémentation riche en oméga-3 (DHA et EPA), a notamment été démontrée pour la forme humide de la DMLA.
En savoir plus : association DMLA.