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Pourquoi je suis essoufflé au moindre effort ?

Femme assise sur un canapé ayant du mal à respirer dans un salon lumineux © Liubomyr Vorona / iStock / Getty Images Plus

Publié le par Manon Duran

En collaboration avec Dr Frédéric Le Guillou (pneumologue, allergologue et président de l’Association Santé Respiratoire France)

L’essoufflement au moindre effort n’est pas anodin et peut être le signe d’un manque d’entraînement, mais aussi d’un problème de santé sous-jacent. Problèmes cardiaques, pulmonaires, anémie, stress… Les causes sont nombreuses et méritent d’être explorées pour retrouver une respiration fluide et un quotidien plus serein.

L'essentiel

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Chaque personne a un seuil d’essoufflement différent, et il est normal d’être essoufflé après un effort (manque de forme, âge, surpoids). Mais un essoufflement qui survient de manière inhabituelle, qui s’aggrave ou qui s’accompagne d’autres symptômes (douleurs thoraciques, vertiges, palpitations, cyanose des lèvres ou des doigts) doit amener à consulter rapidement un professionnel de santé !

Vous montez quelques marches et vous voilà déjà à bout de souffle ? Cela peut être impressionnant, voire anxiogène. Rassurez-vous, vous n’êtes pas seul(e). Cette sensation désagréable peut avoir de multiples explications, allant d’un simple manque de condition physique à des raisons médicales plus sérieuses. Comment distinguer un essoufflement banal d’un essoufflement pathologique. Réponse du Dr Frédéric Le Guillou, pneumologue, allergologue et président de l’Association Santé Respiratoire France.

Dyspnée : qu’est-ce que l’essoufflement ?

L’essoufflement, aussi appelé dyspnée, désigne une sensation de gêne respiratoire pouvant aller d’une simple difficulté à respirer à une impression de manquer totalement d’air. Il peut se manifester dans différents contextes (dyspnée de repos, dyspnée d’effort, orthopnée, etc.), être temporaire et anodin ou, au contraire, révéler un problème de santé.

Essoufflement physiologique ou pathologique : quelles différences ?

Il est important de distinguer l’essoufflement adaptatif (ou normal), qui survient dans certaines situations physiologiques, de la dyspnée pathologique, qui peut être le signe d’une maladie.

  • L’essoufflement adaptatif. Il est courant après un effort physique intense, comme une course prolongée ou la montée rapide de plusieurs étages. « Dans ce cas, l’organisme répond à une augmentation temporaire des besoins en oxygène. Une récupération rapide et complète survient après un court repos », explique le Dr Le Guillou.
  • L’essoufflement pathologique. Lorsque l’essoufflement apparaît après un effort modéré, voire au repos, il peut révéler une pathologie sous-jacente. Dans ce cas, il est essentiel de consulter un médecin !

À noter : nous n’avons pas tous la même capacité respiratoire, et donc les mêmes seuils d’essoufflement. « Tout dépend de notre âge, de notre sexe, de notre poids, de notre taille, de notre activité physique, etc. », précise le Dr Le Guillou.

Si vous ressentez un essoufflement inhabituel, il est essentiel d’en comprendre l’origine. Dr Frédéric Le Guillou, pneumologue.

Quelles sont les causes les plus courantes d’essoufflement ?

L’essoufflement peut être dû à de nombreuses causes. Découvrez les principales causes possibles :

Le vieillissement

« La fonction respiratoire diminue chez tout le monde avec l’âge. Il est donc normal de ressentir des essoufflements plus fréquents en vieillissant », prévient le Dr Le Guillou.

Le manque de condition physique

« L’inactivité physique affaiblit les muscles, y compris les muscles impliqués dans la respiration. Un effort modéré peut alors sembler épuisant, car le corps n’est plus habitué à mobiliser efficacement l’oxygène », explique le pneumologue.

Le surpoids et l’obésité

L’excès de poids sollicite davantage le cœur et les poumons, augmentant la charge de travail sur le système cardiovasculaire et respiratoire. Cela peut entraîner un essoufflement rapide, même lors d’activités quotidiennes, note le Dr Le Guillou.

L’anxiété et le stress

Le stress intense et l’anxiété peuvent déclencher une hyperventilation, c’est-à-dire une respiration trop rapide et superficielle qui donne l’impression de manquer d’air, même en l’absence d’effort physique. Elle se manifeste aussi par des palpitations et des fourmillements dans les mains et autour de la bouche.

Les causes pulmonaires

Les poumons sont les premiers organes à suspecter en cas de dyspnée. Lorsque leur fonction est altérée, l’oxygène peine à atteindre le sang, ce qui entraîne une sensation d’essoufflement, indique le Dr Le Guillou. Les maladies le plus souvent impliquées sont les suivantes :

  • L’asthme, une maladie inflammatoire chronique des voies respiratoires qui entraîne un rétrécissement des bronches, rendant la respiration difficile.
  • La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), une maladie chronique des poumons, souvent liée au tabagisme. Elle est due à une obstruction progressive et irréversible des voies respiratoires.
  • La pneumonie, une infection pulmonaire souvent bactérienne, qui provoque une inflammation des alvéoles pulmonaires.
  • Une embolie pulmonaire, une urgence vitale due à un caillot sanguin obstruant une artère pulmonaire. Elle peut survenir après une immobilisation prolongée (vol long-courrier, alitement, chirurgie).
  • Un cancer pulmonaire peut entraîner un essoufflement progressif à cause de la compression des bronches ou de l’infiltration du tissu pulmonaire par la tumeur.
  • Une fibrose pulmonaire, une maladie rare qui provoque une rigidification progressive du tissu pulmonaire, limitant l’expansion des poumons et réduisant l’oxygénation du sang.

Les causes cardiaques

Le cœur joue un rôle clé dans l’oxygénation du corps, rappelle le Dr Le Guillou. Plusieurs pathologies peuvent entraîner une mauvaise oxygénation du sang et provoquer un essoufflement :

  • Une insuffisance cardiaque, qui se traduit par une diminution de la capacité du cœur à pomper le sang, ce qui entraîne une accumulation de liquide dans les poumons et les jambes.
  • Un infarctus du myocarde, qui survient lorsqu’une artère du cœur est bouchée par un caillot, empêchant l’irrigation du muscle cardiaque. L’essoufflement peut être un des premiers signes, surtout chez les femmes ou les diabétiques.
  • Une hypertension artérielle pulmonaire, une augmentation de la pression sanguine dans les artères des poumons, qui épuise le cœur et réduit l’oxygénation.
  • Des valvulopathies, des maladies des valves cardiaques (rétrécissement ou insuffisance valvulaire), qui peuvent gêner le flux sanguin.

Anémie, allergies… Les autres causes possibles

  • Une carence en fer ou en globules rouges (anémie), qui réduit la capacité du sang à transporter l’oxygène.
  • L’hyperthyroïdie, caractérisée par une production excessive d’hormones thyroïdiennes, accélère le métabolisme.
  • Les allergies respiratoires peuvent également provoquer un gonflement des voies respiratoires et une sensation d’oppression thoracique.
  • Certains traitements (bêtabloquants, opioïdes, etc.) peuvent avoir des effets secondaires et altérer la fonction respiratoire.

Essoufflement au moindre effort : quels symptômes doivent alerter ?

Vous l’aurez compris, l’essoufflement est une sensation subjective qui peut survenir lors d’un effort intense, mais aussi dans des circonstances anormales. Il devient pathologique lorsqu’il est excessif par rapport à l’effort fourni ou qu’il apparaît au repos. Certains signes doivent inciter à consulter rapidement, car ils peuvent révéler une maladie sous-jacente parfois grave.

Les symptômes qui doivent alerter :

  • Un essoufflement brutal et intense : une difficulté respiratoire soudaine, qui survient sans raison évidente, peut être le signe d’une embolie pulmonaire, d’un infarctus ou d’une crise d’asthme sévère.
  • Une dyspnée au repos : « Une gêne respiratoire qui survient alors que vous êtes inactif est anormale et peut indiquer une insuffisance cardiaque ou une maladie pulmonaire évolutive », insiste le Dr Le Guillou.
  • Une respiration sifflante : la présence de sifflements, notamment à l’expiration, peut révéler une obstruction bronchique due à l’asthme ou à une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO).
  • Un essoufflement nocturne : le fait de se réveiller en pleine nuit avec une sensation d’étouffement peut être lié à une insuffisance cardiaque ou un syndrome d’apnée du sommeil.
  • Une association avec des douleurs thoraciques : si l’essoufflement s’accompagne de douleurs dans la poitrine, d’oppression ou de palpitations, cela peut traduire un infarctus du myocarde ou une péricardite.
  • Une cyanose ou des extrémités froides : des lèvres bleuies, des doigts froids ou pâles sont des signes d’une mauvaise oxygénation du sang et nécessitent une consultation en urgence.
  • Un essoufflement associé à de la fièvre : une infection respiratoire comme une pneumonie ou une bronchite sévère peut provoquer une dyspnée. Une aggravation rapide doit faire consulter.
  • Un essoufflement chronique qui s’aggrave : un essoufflement qui s’installe progressivement et empire avec le temps peut être révélateur d’une pathologie pulmonaire ou cardiaque sous-jacente, comme la BPCO ou l’insuffisance cardiaque.

Essoufflement au moindre effort : quand s’inquiéter et consulter un médecin ?

Un essoufflement est inquiétant lorsqu’il est disproportionné par rapport à l’effort fourni, inhabituel, persistant ou accompagné d’autres symptômes.

Les cas qui nécessitent une consultation rapide chez le médecin généraliste

  • Si l’essoufflement survient sans effort intense et sans cause apparente.
  • Si la dyspnée est chronique et semble s’aggraver progressivement.
  • Si l’essoufflement est accompagné d’une toux persistante, d’expectorations sanglantes ou d’une perte de poids inexpliquée (pouvant faire évoquer un cancer du poumon).
  • Si la personne a des antécédents de maladies pulmonaires ou cardiaques (asthme, BPCO, insuffisance cardiaque, hypertension pulmonaire).
  • Si l’essoufflement s’accompagne d’un gonflement des jambes, pouvant indiquer une insuffisance cardiaque.
  • Si des signes de fatigue importante, de vertiges ou de malaise sont présents.

Les cas qui nécessitant une consultation en urgence (appelez le 15 ou le 112)

  • Si l’essoufflement est soudain et intense, notamment au repos.
  • Si la personne a du mal à parler ou à respirer normalement.
  • Si l’essoufflement est accompagné de douleurs dans la poitrine ou de palpitations.
  • Si la peau ou les lèvres deviennent bleutées (cyanose).
  • Si la respiration devient très rapide (>30 respirations par minute) ou très lente.
  • Si l’essoufflement est associé à une confusion, une désorientation ou une somnolence inhabituelle.

Que faire quand on a du mal à respirer ? Comment se débarrasser d’un essoufflement gênant ?

Plusieurs solutions permettent d’améliorer sa capacité respiratoire et de retrouver un souffle plus confortable.

Adoptez une activité physique régulière

Vous l’aurez compris, le manque d’exercice peut affaiblir les muscles respiratoires et réduire l’endurance. L’idéal ? Pratiquer une activité adaptée, comme :

  • La natation, excellente pour travailler la respiration en douceur.
  • La marche rapide, idéale pour renforcer progressivement votre capacité respiratoire.
  • Le yoga ou la respiration diaphragmatique, qui aident à contrôler et optimiser le souffle.

L’important est de commencer progressivement et de choisir une activité qui vous plaît pour maintenir la régularité.

Surveillez votre alimentation

Une alimentation déséquilibrée peut impacter votre respiration en favorisant la prise de poids, qui elle-même exerce une pression sur les poumons et le diaphragme. Pour éviter cela :

  • Privilégiez une alimentation riche en fruits, légumes et oméga-3, bénéfiques pour la santé cardiovasculaire.
  • Limitez les aliments trop gras, sucrés ou transformés qui peuvent favoriser l’inflammation et la fatigue respiratoire.
  • Buvez suffisamment d’eau pour fluidifier les sécrétions bronchiques et faciliter la respiration.

Arrêtez de fumer

Le tabac est l’un des principaux responsables des maladies pulmonaires chroniques (BPCO, emphysème, bronchite chronique…). Arrêter de fumer est une étape clé pour préserver vos poumons et améliorer votre souffle.

Si vous avez du mal à arrêter seul, pensez aux substituts nicotiniques, à l’accompagnement médical ou aux thérapies comportementales. En quelques semaines après l’arrêt du tabac, la fonction pulmonaire commence déjà à s’améliorer !

Travaillez votre respiration

Des exercices spécifiques peuvent vous aider à mieux oxygéner votre corps et à améliorer votre souffle. Parmi les plus efficaces :

  • La respiration abdominale : inspirez profondément en gonflant le ventre, puis expirez lentement en rentrant le ventre.
  • Les techniques de sophrologie : elles permettent d’apprendre à contrôler son souffle et à réduire le stress, qui peut aggraver l’essoufflement.
  • Le travail avec un coach respiratoire : utile notamment pour les personnes souffrant d’asthme ou d’anxiété liée à la respiration.

Consultez un spécialiste si nécessaire

Consultez rapidement un médecin si votre essoufflement est fréquent, intense ou qu’il s’aggrave. Un bilan chez un pneumologue permettra de :

  • Vous proposer un traitement ou des recommandations adaptées.
  • Vérifier l’état de vos poumons et votre capacité respiratoire.
  • Identifier d’éventuelles pathologies sous-jacentes (asthme, BPCO, insuffisance cardiaque…).

L’essoufflement au moindre effort n’est pas une fatalité. En adoptant une hygiène de vie adaptée et en identifiant les causes potentielles de vos difficultés respiratoires, vous pouvez retrouver un souffle plus confortable et améliorer votre qualité de vie. Si vos symptômes persistent, ne tardez pas à consulter un professionnel de santé !

En résumé, l’essoufflement au moindre effort n’est pas une fatalité. En identifiant ses causes et en adoptant les bons réflexes, il est possible d’améliorer significativement sa respiration et sa qualité de vie. Si vos symptômes persistent ou s’aggravent, ne tardez pas à consulter un professionnel de santé !

Sources

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