Le prurigo nodulaire : une maladie chronique
Le prurigo nodulaire est difficile à supporter psychologiquement par les patients.
Est-ce que le prurigo gratte ?
Le prurigo se traduit par une envie irrépressible de se gratter (appelée prurit) et l’apparition de nodules et de lésions de grattage sur la peau (source 1).
Comment reconnaître le prurigo ?
Les lésions, sous forme de nodules ou de papules blanchâtres ou rosées, sont localisées essentiellement sur les jambes.
Cette maladie impacte fortement la qualité de vie des patients puisqu’elle gêne le sommeil et peut engendrer des comportements obsessionnels pouvant mener à l’anxiété et à la dépression.
Sa forme chronique est mieux définie depuis une conférence de consensus organisée par la European academy of dermatology en 2019.
Combien de temps peut durer un prurigo ?
Le prurigo est considéré comme chronique à partir du moment où les lésions durent depuis plus de six semaines. Le prurigo nodulaire en est la forme la plus fréquente.
« Il s’agit d’une maladie chronique, très résistante aux traitements actuellement et qui peut donc durer pendant des décennies », explique le Pr Laurent Misery, chef du service de dermatologie au CHU de Brest.
Une lésion de grattage peut-elle laisser des cicatrices ?
C’est possible, chez une personne qui se gratte profondément.
Prurigo nodulaire : quelle cause ?
Un véritable cercle vicieux se met en place : l’envie de se gratter devient de plus en plus forte, d’autant qu’elle touche une personne particulièrement sensible aux démangeaisons. « La cause du prurigo est la sensibilisation au prurit, c’est-à-dire qu’il s’instaure un cercle vicieux prurit-grattage qui conduit le système nerveux à percevoir de nombreuses sensations comme étant à tort prurigineuses. Le prurit, c’est-à-dire la démangeaison, devient alors de plus en plus envahissant. Les neurones sont en permanence activés par certaines cytokines produites par des lymphocytes. Initialement, la cause du prurit peut être très variable : des piqûres d’insecte, un eczéma atopique, un prurit d’origine rénal ou hépatique, un prurit d’origine neurologique ou psychologique, etc… », explique le dermatologue.
Eczéma et prurigo
Peut-on confondre les deux maladies ? « Oui, car les deux peuvent coexister », répond le dermatologue. Rappelons que l’eczéma se manifeste par des plaques prurigineuses et évolue par poussées.
Comment soigner le prurigo nodulaire ?
Le traitement comporte plusieurs niveaux, du plus simple au plus sophistiqué.
« Il faut commencer par des traitements locaux, tels que les corticoïdes ou du tacrolimus », recommande le Pr Misery.
Si ces crèmes ou pommades appliquées sur la peau ne suffisent pas, on passe à des traitements en comprimés. « On commence par des anti-histaminiques en allant éventuellement vers la gabapentine, la ciclosporine ou le méthotrexate », précise le dermatologue.
- Les anti-histaminiques sont des médicaments habituellement donnés en cas d’allergie.
- La gabapentine est un antiépileptique. Elle agit également sur les douleurs neuropathiques.
- La ciclosporine module le système immunitaire et a un effet anti-inflammatoire.
- Le méthotrexate est prescrit dans d’autres maladies de peau comme le psoriasis ou la pelade.
À côté de ces médicaments, la photothérapie, basée sur les rayons ultra-violets, a aussi sa place. Malheureusement, « tous ces traitements ont souvent une efficacité limitée », constate le Pr Misery.
Bientôt de nouveaux traitements
À l’avenir, d’autres traitements injectés en sous-cutané pourraient changer la vie des patients atteints de prurigo nodulaire. Le dermatologue s’en réjouit : « Ils seront bientôt commercialisés et vont transformer la maladie comme les biothérapies de l’eczéma ou du psoriasis l’ont déjà fait ».
Plusieurs molécules sont à l’essai. Le dupilumab n’a pas encore d’autorisation de mise sur le marché, en France, dans le prurigo nodulaire. Mais depuis une décision de la Haute autorité de santé en septembre 2022, il est disponible en accès précoce dans le prurigo nodulaire modéré à sévère de l’adulte nécessitant un traitement par voie générale. Le traitement consiste en deux injections sous-cutanées au démarrage, suivies d’une nouvelle dose toutes les deux semaines. La prescription de ce médicament est réservée aux médecins spécialistes (dermatologues ou allergologues).
D’autres molécules sont en cours d’essai, notamment le némolizumab qui semble donner de bons résultats. Il est lui aussi administré par voie sous-cutanée.
Comment soigner le prurigo naturellement ?
Sur son site l’association France prurigo nodulaire signale que l’acupuncture, les cures thermales, l’hypnose, les techniques de relaxation et les psychothérapies peuvent aider les patients à mieux supporter leur maladie. Ces différentes techniques complètent le traitement médicamenteux, mais ne le remplacent pas.
Prurigo strophulus : un prurigo aigu
Cette forme particulière de prurigo concerne essentiellement les enfants. On parle de prurigo aigu car la crise survient brutalement. Elle peut durer plusieurs semaines.
Prurigo aigu : quelles causes ?
Acariens, punaises, puces, moustiques... La peau de certains enfants ne les supporte pas, ce qui explique la réaction violente.
Un prurigo estival
Ce type de désagrément survient en général aux beaux jours. « La cause du prurigo strophulus est une hypersensibilité aux piqûres d’insectes. De ce fait, il est surtout rencontré au printemps et en été », explique le Pr Misery.
Un prurigo bulleux
Sur la peau de l’enfant, on voit apparaître des nodules, mais surtout des cloques : de petites bulles. Ces lésions sont localisées essentiellement sur les bras et les jambes. Comme pour le prurigo chronique de l’adulte, elles ne laissent des cicatrices que si l’enfant se gratte très profondément.
Prurigo : quelle crème ?
Le traitement consiste à appliquer une crème à base de corticoïdes sur la peau, pour son action anti-inflammatoire. Des médicaments anti-histaminiques peuvent également être prescrits.
VIH, grossesse, diabète... Les autres formes de prurigo
La démangeaison et la lésion de grattage typiques du prurigo se retrouvent dans certaines pathologies comme l’infection au VIH ou le diabète. Elles peuvent également être présentes chez la femme enceinte. Les explications du Pr Misery : « Le prurigo lié à la grossesse est assez mal compris. Le prurigo lié au diabète ou à l’infection par le VIH est dû à une neuropathie des petites fibres, c’est-à-dire à une atteinte des terminaisons nerveuses qui sont dans la peau. Les traitements sont les mêmes que ceux du prurigo chronique mais avec une préférence pour la gabapentine. »