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Les différentes maladies cardiovasculaires

Défibrillateur cardiaque : comment s'en servir ?

Comment utiliser un défibrilateur cardiaque ? © iStock / MarioGuti

Publié par Oriane Dioux  |  Mis à jour le par Sylvie DellusExperts : Anastasia Apukhtina, chargée de mission Formation grand public à la Croix-Rouge française & Pr Jacques Mansourati, cardiologue au CHU de Brest et membre de la Fédération française de cardiologie & Dr Pascal Cassan, médecin conseiller national de la Croix-Rouge française

Depuis le 1er janvier 2020, la loi oblige tous les établissements pouvant recevoir plus de 300 personnes à s’équiper d’un défibrillateur cardiaque. Quel est le rôle d'un défibrillateur ? Comment se pose-t-il ? Comment l’utiliser ? On fait le point.

Chaque année en France, entre 40 000 et 50 000 personnes sont victimes d’un arrêt cardiaque. Sans prise en charge immédiate, plus de 92 % de ces arrêts cardiaques sont fatals. Le Samu ou les pompiers mettent en moyenne vingt minutes pour arriver sur place ! Or, au-delà de cinq minutes, le cerveau, qui n’est plus oxygéné par le sang venu du cœur, subit des dommages importants, parfois irréversibles. Grâce à une défibrillation immédiate, qui permet de faire repartir le cœur, on peut considérablement augmenter ce taux de survie. 

Dans 70 % des cas, les arrêts cardiaques se font devant un ou plusieurs témoins. La personne s’effondre, elle est inconsciente, ne réagit plus aux stimulations et ne respire plus normalement. Inutile de chercher son pouls. Ces signes suffisent à alerter. Si vous êtes témoin, il faut agir très rapidement : chaque minute de gagnée, c’est 10 % de chance de survie en plus ! D’où l’entrée en vigueur, depuis le 1er janvier 2020, d’une nouvelle loi qui impose aux établissements pouvant recevoir plus de 300 personnes de s’équiper d’un défibrillateur. Depuis 2007, tout le monde peut s’en servir, même sans formation ! 

À quoi sert un défibrillateur cardiaque ?

Un défibrillateur automatisé externe est un petit appareil portatif qui, via deux électrodes posées sur la poitrine, envoie un choc électrique au niveau du coeur et le remet en route. "Dans les trois-quarts des cas, l’arrêt cardiaque est lié à une fibrillation ventriculaire. Le coeur a besoin d’un choc électrique pour repartir à un rythme régulier", observe le Pr Jacques Mansourati, cardiologue au CHU de Brest.

Malaise cardiaque : comment réagir quand vous êtes témoin ?

Si la personne ne répond pas aux questions, ne réagit pas quand on lui demande de nous serrer la main ou de faire un mouvement, et ne respire pas normalement, c’est qu’elle est en arrêt cardiaque, explique Anastasia Apukhtina, chargée de mission Formation grand public à la Croix-Rouge française.

Placez alors la victime sur une surface plane et sèche.

Si vous êtes seul(e)

  1. Appelez les secours (15, 18 ou 112), en mettant votre téléphone sur haut-parleur afin de garder les mains libres.
  2. Pendant ce temps, allez chercher le défibrillateur s’il est à portée de vue ou accessible en moins de 10 secondes.
  3. Suivez les instructions des secours en attendant leur arrivée.

Si une autre personne est présente

  1. Demandez-lui d’appeler les secours (15, 18 ou 112) et d’aller chercher le défibrillateur. "En attendant, il faut débuter un massage cardiaque", explique Anastasia Apukhtina.
  2. Placez vos mains l’une sur l’autre, au milieu du torse et au niveau de la ligne dessinée par les tétons. Solidarisez vos mains avec vos doigts.
  3. Les bras tendus, coudes verrouillés, comprimez le sternum en essayant de n’appuyer qu’à l’aide de la paume de la main. Le bon rythme, c’est celui de la chanson Staying Alive, des Bee Gees (100 à 120 battements par minute).

Lorsqu’on effectue un massage cardiaque, on comprime le cœur contre les vertèbres, ce qui renvoie le sang vers le cerveau. Le choc électrique du défibrillateur va resynchroniser les cellules cardiaques et relancer la contraction ventriculaire. En pratique, les deux électrodes posées sur la poitrine de la victime  permettent l’analyse du rythme cardiaque. A partir de là, l’appareil ne "choque" qu’en cas de nécessité. 

Comment fonctionne un défibrillateur cardiaque ?

  • Allumez-le et suivez ses instructions vocales : dégagez la poitrine de la victime ; coupez les vêtements, soutien-gorge compris, rasez rapidement le torse s’il est très poilu.
  • Placez les électrodes comme indiqué sur l’emballage. L’une sous la clavicule droite, l’autre sous le sein gauche, au niveau des côtes.
  • Branchez le connecteur des électrodes au boîtier. L’appareil analyse alors le rythme cardiaque de la victime. "Il faut s’assurer que personne ne touche la victime", précise Anastasia Apukhtina.
  • Si un choc est nécessaire, l’appareil le délivre lui-même s’il est entièrement automatisé. Il vous demande d’appuyer sur un bouton s’il est semi-automatique. Dans tous les cas, ne touchez pas la victime. Si d’autres personnes sont présentes, demandez-leur de s’écarter.
  • Une fois le choc délivré, reprenez le massage cardiaque. Si vous êtes formée au bouche-à-bouche, alternez 30 compressions avec 2 insufflations.
  • Le défibrillateur réalise une nouvelle analyse du rythme cardiaque toutes les 2 min. Stoppez alors le massage cardiaque. L’appareil délivrera, ou vous demandera de délivrer, un nouveau choc si nécessaire. Dans le cas contraire, poursuivez le massage cardiaque jusqu’à l’arrivée des secours.

Si la victime respire à nouveau mais reste inconsciente, n’éteignez pas le défibrillateur. Placez-la sur le côté, en position latérale de sécurité (PLS), tout en laissant les électrodes en place.

Si elle respire et est consciente, placez-la dans la position la plus confortable pour elle.

Un défibrillateur cardiaque à la maison, utile ou pas ?

7 arrêts cardiaques sur 10 ont lieu à domicile, ce qui signifie que les proches du patient vont devoir intervenir très vite. Dans ces conditions, avoir un défibrillateur à portée de main est un atout.

Pour le Dr Cassan, médecin conseiller national de la Croix-Rouge française, "avoir un défibrillateur à domicile permet d’assurer la sécurité de sa famille mais aussi celle de ses voisins, dans un esprit d’entraide communautaire".

De son côté, le Pr Mansourati estime que cet équipement "est intéressant pour les personnes à risque, c’est-à-dire les familles dans lesquelles il y a des maladies cardiaques héréditaires et des antécédents de mort subite, mais aussi les patients porteurs d’une anomalie génétique pouvant entraîner un arrêt cardiaque, ou encore les hommes de plus de 50 ans et les femmes de plus de 60 ans qui ont des facteurs de risque cardiovasculaire, à plus forte raison des antécédents d’infarctus".
Il rappelle, cependant, que le massage cardiaque reste essentiel jusqu’à l’arrivée des secours car, une fois sur quatre, l’arrêt cardiaque n’est pas lié à une fibrillation ventriculaire. Dans ce cas, le défibrillateur ne va pas se déclencher.

Autre bémol, l’achat de l’appareil reste un investissement lourd. La batterie doit être changée environ tous les cinq ans, ce qui engendre des coûts supplémentaires.

Est-ce dangereux d'utiliser un défibrillateur cardiaque ?

Le défibrillateur n’envoie un choc électrique que s’il est nécessaire. "Ce type d’appareil ne se trompe jamais", insiste le Dr Cassan. Et si les électrodes sont mal posées, "le seul risque, c’est d’être inefficace", ajoute-t-il.

Une chose est sûre, il vaut mieux tout tenter de l'utiliser que de perdre une vie.

Les applis utiles :

Gratuites et disponibles pour iOS et Android, les applications Staying Alive et SAUV Life, régulièrement mises à jour, cartographient les défibrillateurs cardiaques recensés en France et proposent des tutoriels pour adopter les bons gestes en cas d’arrêt cardiaque.

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