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Infection à Escherichia coli : quels symptômes ? comment la soigner ?

Bactéries Escherichia coli © Adobe Stock / lyosha_nazarenko

Publié par Dora Laty  |  Mis à jour le Experte : Dre Vianna Costil, gastro-entérologue et hépatologue à Paris

L’infection à Escherichia coli peut provoquer des symptômes intestinaux comme des diarrhées lorsque certaines souches pathogènes prolifèrent dans le côlon. Cette infection bactérienne est aussi la première cause d’infection urinaire telle que la cystite (très fréquente chez la femme). On fait le point.

Définition : qu'est-ce qu'une infection à Escherichia coli ?

L’infection à Escherichia coli est une maladie bactérienne qui peut affecter de nombreux organes. Cependant, dans la majorité des cas elle touche l’intestin ou les voies urinaires. En effet, les bactéries Gram-négatives Escherichia coli sont naturellement présentes dans la flore intestinale. Mais certaines souches produisent des troubles digestifs comme une diarrhée.

En outre, toutes les souches d’Escherichia coli sont pathogènes lorsqu’elles envahissent les sites sains comme les voies urinaires. Le patient peut alors présenter une infection urinaire des voies basses (cystite, prostatite…) ou hautes (pyélonéphrite, pyélite…).

En cas de gastro-entérite à E. coli, le traitement est souvent symptomatique. Pour ce qui est des infections urinaires, des antibiotiques oraux sont nécessaires.

Quelles sont les différentes formes d'infection à E. coli ?

Bien souvent, les infections à E. coli sont localisées au niveau des voies intestinales ou urinaires. Ces infections sont plus ou moins sévères en fonction du profil du patient (âge, état de santé…) et des souches en cause. Plus rarement, d’autres sites peuvent être touchés.

Les infections intestinales à E. coli

La bactérie E. coli est physiologiquement présente dans le tractus gastro-intestinal. Cependant, certaines souches ont acquis des gènes qui favorisent les infections intestinales. Lorsqu’elles sont ingérées, ces souches peuvent provoquer des symptômes comme une diarrhée.

Ces infections sont rarement invasives. Toutefois, elles peuvent être sévères chez les nouveau-nés et les patients immunodéprimés.

Certaines souches peuvent provoquer des diarrhées hémorragiques (notamment les souches produisant la toxine Shiga avec un risque d'évolution grave vers le syndrome hémolytique et urémique), des diarrhées aqueuses (tourista du voyageur), des diarrhées inflammatoires (la muqueuse du côlon s’enflamme, s’ulcère ou devient congestionnée et sécrète des protéines, du sang, du mucus et d’autres liquides, qui augmentent la masse et le contenu liquide des selles), des diarrhées chroniques…

Les infections urinaires à E. coli

La grande majorité des infections urinaires est due à E. coli. L’infection urinaire est liée à l’intrusion de la bactérie par l’extrémité inférieure des voies urinaires : le méat urétral externe, qui se trouve chez les hommes à l’extrémité du pénis et chez les femmes au niveau de la vulve. L’infection se développe ensuite par voie ascendante à travers l’urètre jusqu’à la vessie, et parfois jusqu’aux reins. Le manque d’hygiène favorise la présence de E. coli au niveau des voies urinaires. E. coli peut provoquer des infections des voies urinaires basses (cystite, urétrite, prostatite, épididymite…) ou infections des voies urinaires hautes (pyélonéphrite, pyélite).

Les autres sites d’infections à E. coli

D’autres souches sont susceptibles d’entraîner une infection extra-intestinale si les barrières intestinales sont rompues (par exemple par une ischémie, une maladie intestinale inflammatoire ou MICI ou par un traumatisme). Dans ce cas, le germe peut se propager aux structures adjacentes ou envahir le sang. Des infections hépatobiliaires, péritonéales, cutanées et pulmonaires sont également possibles. Une bactériémie à E. coli (présence de bactéries dans le sang) peut également se manifester sans point de pénétration évident. Chez les nouveau-nés, les nourrissons prématurés en particulier, E. coli est une cause fréquente de bactériémie ou de méningite.

Causes : à quoi est due une infection à E.coli ?

Une infection intestinale à E. coli est liée à l’ingestion de souches pathogènes. Il peut s’agir d’une intoxication par consommation d’aliments ou d’eaux souillées (intoxication alimentaire, tourista du voyageur….).  En France, les aliments les plus souvent mis en cause lors d’épidémies d’infections à E.coli sont les steaks hachés, consommés crus ou insuffisamment cuits, et les fromages au lait cru.Il peut aussi s’agir d’une contamination par l’intermédiaire des mains portées à la bouche (notamment chez l’enfant). Il est indispensable de se laver les mains régulièrement et après chaque passage aux toilettes.

Une infection urinaire à E. coli peut être due à un manque d’hygiène corporelle. Il est prépondérant de s’essuyer de l’avant vers l’arrière (et non l’inverse) après la selle (cette méthode est considérée comme la plus sûre, parce que vous éloignez les matières fécales des voies urinaires). En outre, il est préférable de se laver au savon (de préférence avec un produit adapté à la flore génitale) et à l’eau les zones intimes après avoir été à la selle.

D’autres facteurs peuvent favoriser un contact entre E. coli en provenance de l’intestin et les voies urinaires comme le port de strings ou de pantalon trop serrés, une incontinence fécale, des pratiques sexuelles anales, une faible longueur de l’urètre chez la femme (et chez la petite fille)… 

Quels sont les facteurs favorisant cette infection bactérienne ?

  • Un manque d’hygiène corporelle ;
  • un manque d’hygiène des mains ;
  • des conditions sanitaires insuffisantes sur le plan alimentaire : consommation d’aliments crus ou de produits avariés, le fait de briser la chaîne du froid pour la conservation des aliments, un manque de cuisson des aliments, le fait de ne pas laver correctement les fruits et légumes, un frigo sale…
  • un voyage à l’étranger dans un pays dont les conditions d’hygiène sont précaires (risque de tourista) ;
  • la consommation d’une eau non potable ;
  • le port de strings ou de pantalons trop serrés ;
  • des pratiques sexuelles anales ;
  • une incontinence urinaire ou fécale ;
  • une immunodépression….

Quelles sont les personnes à risque d’une infection à E.coli ?

Les infections à E.coli sont très fréquentes et peuvent toucher n’importe qui. Certaines personnes sont plus à risque :

  • les femmes (notamment les petites filles et les femmes ménopausées) qui connaissent généralement un ou plusieurs épisodes de cystite au cours de leur vie ;
  • les patients immunodéprimés, hospitalisés (infection nosocomiale) et les nouveau-nés plus exposés à des formes sévères d’infection à E. coli.

Quels sont les symptômes d'une infection à E.coli ?

Généralement les infections à E. coli affectent les intestins ou les voies urinaires.

Symptômes intestinaux

  • diarrhées parfois sanglantes ou aqueuses ;
  • nausées ;
  • vomissements ;
  • ballonnements ou météorismes ;
  • flatulences ;
  • maux de ventre et douleurs abdominales ;
  • fièvre ;
  • maux de tête…

Symptômes urinaires

  • brûlures ou douleurs en urinant ;
  • sensation de poids dans le bas du ventre ou des douleurs du bas-ventre ;
  • besoins pressants d’uriner (impression de ne pas pouvoir se retenir) ;
  • besoins d’uriner très souvent sans pouvoir évacuer beaucoup d’urine (pollakiurie) ;
  • urines troubles, dégageant une odeur inhabituelle et contenant éventuellement des traces de sang ;
  • difficultés à uriner ;
  • fièvre, frissons et douleurs musculaires ;
  • troubles sexuels…

Comment peut-on prévenir cette infection bactérienne ?

Afin de prévenir une infection à E. coli, il est recommandé de :

  • se laver régulièrement les mains surtout après chaque passage à la selle ;
  • laver à l’eau et au savon les zones intimes après un passage à la selle surtout en cas de diarrhée ;
  • éviter le port de pantalons trop serrés et de strings et privilégier les sous-vêtements confortables en coton ;
  • cuire les aliments à une température interne sécuritaire ;
  • bien laver les fruits et légumes crus avant de les manger ;
  • éviter de consommer de l’eau du robinet lors d’un voyage à l’étranger (notamment dans un pays dont les conditions d’hygiène sont précaires) ;
  • boire de l’eau traitée ou embouteillée provenant d’une source sûre ;
  • éviter de consommer des aliments crus et des glaces/sorbets à l’étranger ;
  • maintenir les animaux de compagnie à l’écart des aires d’entreposage et de préparation des aliments ;
  • respecter les dates de péremption des produits alimentaires ;
  • respecter la chaîne du froid ;
  • ne pas recongeler des aliments.

Pour les personnes les plus à risque, comme les enfants, les personnes âgées ou immunodéprimées (source 1), il est recommandé de :

  • cuire à cœur (70 °C) les viandes hachées et les produits à base de viande hachée ;
  • éviter la consommation de lait cru et de produits au lait cru (à l’exception des fromages à pâte pressée cuite) ;
  • éviter la consommation de produits crus ou insuffisamment cuits à base de farine (pâtes à cookies, …).

Vous pouvez aider à empêcher les autres de tomber malades en communiquant avec votre autorité de santé publique. Signalez toute inquiétude par rapport à :

  • des restaurants ou des épiceries malpropres ;
  • une intoxication alimentaire soupçonnée après avoir mangé dans un restaurant ou un produit alimentaire en particulier.

Diagnostic : comment savoir si on a une infection à E.coli ?

Bien souvent, en cas de gastro-entérite (ou intoxication alimentaire) ou d’infection urinaire, un examen clinique est suffisant à orienter le traitement.

Parfois des prélèvements de sang, de selles sont réalisés et mis en culture.

En cas d’infection urinaire, le diagnostic peut être établi par le médecin par un premier test au moyen d’une bandelette urinaire. L’examen est complété par un examen cytobactériologique des urines (ECBU).

Si une bactérie est identifiée à l’issue de ces examens, une étude de sa sensibilité à différents antibiotiques (antibiogramme) est réalisée. Si E. coli est en cause, une antibiothérapie adaptée peut être administrée.

Quels sont les traitements de l'infection à E.coli ?

En cas de gastro-entérite ou d’intoxication alimentaire le traitement est généralement symptomatique (repos, alimentation sans fibre, réhydratation, prise de pansements digestifs de probiotiques et d’antipyrétiques en cas de fièvre…). En cas de symptômes aigus, l’antibiothérapie peut être envisagée. L’infection digestive par E. coli entérohémorragique n’est pas traitée par les antibiotiques.

En cas d’infection urinaire, une antibiothérapie par voie orale est généralement prescrite (nitrofurantoïne, fosfomycine, quinolones, céphalosporines, ciprofloxacine…).

Différents antibiotiques peuvent être employés en cas d’infection à E.coli en fonction du siège de l’infection et de l’antibiogramme.
L’hospitalisation peut être nécessaire en cas de symptômes aigus. La chirurgie peut être envisagée pour contrôler la source de l’infection (par exemple, évacuer le pus, débrider les lésions nécrosées ou éliminer les corps étrangers).

Sources

Publié par Dora Laty  |  Mis à jour le Experte : Dre Vianna Costil, gastro-entérologue et hépatologue à Paris

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