Qu'est-ce qu'un fibrome utérin ?
Les fibromes (appelés aussi léiomyomes ou fibromyomes) correspondent à des tumeurs bénignes de l’utérus constituées de tissu musculaire. La croissance des cellules de ce tissu est activée par l'hormone de l'œstrogène.
Les fibromes sont courants, particulièrement chez la femme, à partir de 40 ans. Après 30 ans, ils concernent plus d'une femme sur 4. Les femmes d'origine Africaine sont plus exposées (source 1).
Dans la moitié des cas, le fibrome n'engendre aucun symptôme. Parfois, il entraîne des règles abondantes et douloureuses avec une sensation de pesanteur pelvienne. Les fibromes peuvent se compliquer d’hémorragie conduisant à une anémie.
"Un fibrome ne peut pas dégénérer en tumeur cancéreuse. Il n'augmente donc en aucun cas les risques de cancer de l'utérus", selon le docteur Olivier Marpeau, chirurgien gynécologue.
L’échographie permet le diagnostic du fibrome. Le traitement peut aller d'une simple surveillance échographique à l'hystérectomie (ablation de l'utérus) en passant par la prise de progestatifs ou encore par la résection du fibrome.
Quelles sont les différentes formes de fibromes utérins ?
Il existe plusieurs types de fibromes selon leur taille et leur localisation dans le tissu recouvrant l’utérus :
- les fibromes interstitiels ou intramuraux : il s'agit des fibromes les plus fréquents. Il se forment dans la couche musculaire de la paroi de l'utérus ;
- les fibrome sous-séreux : ils se développent vers l’extérieur de l’utérus et y sont parfois rattachés par un pédicule ;
- les fibromes sous-muqueux : ils sont plus rares et se forment sous la muqueuse de l'utérus. Ils entraînent souvent des saignements abondants.
Comment évolue un fibrome utérin ?
"Généralement, un fibrome a tendance à augmenter de volume au moment des périodes durant lesquelles la production d'œstrogène augmente dans l'organisme", selon le docteur Olivier Marpeau.
La grossesse et les traitements hormonaux augmentent les taux d'œstrogène. Or, il a été démontré que la plupart des fibromes n'augmentaient pas en volume au cours de la grossesse (source 2) et évoluaient plus lentement lors de la prise d'une contraception hormonale (source 3). Néanmoins un grand nombre de fibromes sont découverts au cours d'une grossesse. En outre, les fibromes auraient effectivement tendance à augmenter en début de péri-ménopause (période durant laquelle les taux d'œstrogène sont plus élevés) et en cas d'hormonothérapie de remplacement après la ménopause (mais dans ce cas la croissance du fibrome reste faible) (source 4). Enfin, les fibromes ont tendance à diminuer de volume après la ménopause sans hormonothérapie.
Quelles sont les complications du fibrome utérin ?
Les complications d'un fibrome peuvent être :
- des hémorragies et une anémie ;
- une baisse de la fertilité (en cas de fibrome volumineux bloquant les trompes de Fallope) ;
- une fausse couche en cas de grossesse ;
- une stérilité ;
- des complications lors de l'accouchement (comme une hémorragie de la délivrance) ;
- une nécrobiose aseptique au décours de la grossesse. Il s'agit d'une ischémie de l’artère nourricière du fibrome qui occasionne de la douleur, des saignements et de la fièvre. Le traitement demeure symptomatique (prise d'anti-inflammatoires) ;
- une torsion du fibrome qui peut survenir lorsque celui-ci est pédiculé c'est-à-dire fixé à la paroi utérine par un pédicule étroit. Cette complication engendre de violentes douleurs ;
- l'accouchement du fibrome par le col : le fibrome est alors partiellement évacué au niveau du col de l'utérus et se retrouve en partie dans le vagin. Les fibromes accouchés par le col sont relativement rares, sans danger, et ne représentent qu'un risque mineur d'infection suite à la nécrose éventuelle des tissus. La prise en charge médicale est généralement chirurgicale ;
- une compression d'organes voisins (vessie, rectum, uretères, veine, nerfs sciatiques ou obturateurs...). La patiente peut ressentir des douleurs mais aussi un dysfonctionnement et des pathologies de ces organes (incontinence, rétention d'urine, constipation, faux besoin, thrombose, colique néphrétique, pyélonéphrite...) ;
Un fibrome ne peut pas dégénérer en tumeur cancéreuse. Il n'augmente donc en aucun cas les risques de cancer du col de l'utérus.
Causes : à quoi est dû un fibrome utérin ?
Les causes de survenue des fibromes utérins sont mal connues, mais une origine génétique associée à des facteurs hormonaux et environnement est suspectée.
En effet, le fibrome serait lié à la mutation génétique d'une cellule au sein de l'utérus qui se serait multipliée de façon incontrôlée. Par la suite, les œstrogènes (hormones féminines) favoriseraient la croissance du fibrome.
Quels sont les facteurs de risque du fibrome ?
Les facteurs de risque reconnus sont :
- l’hérédité : si une mère a eu un fibrome, sa fille présente plus de risque d’en avoir aussi ;
- L’ethnie : les femmes africaines seraient deux fois plus touchées que les femmes d'origine caucasienne (source 1) ;
- l’absence de grossesse ;
- le surpoids ou l’obésité ;
- la périménopause ou la prise d'une hormonothérapie de substitution après la ménopause augmenteraient la croissance d'un fibrome déjà existant.
Quels sont les symptômes du fibrome ?
"Généralement, la majorité des fibromes utérins de petite taille ne présente aucun symptôme. Leur découverte est souvent faite de manière fortuite lors d’un examen gynécologique, échographique ou radiologique réalisé pour toute autre chose", pour le spécialiste.
Les fibromes utérins sont fréquemment à l’origine :
- d’hémorragies génitales pendant les règles qui deviennent alors plus abondantes ;
- d’hémorragies entre les règles (métrorragies) ;
- de douleurs ;
- d’une pesanteur ressentie dans le bas du ventre.
"Lorsque les fibromes compressent les organes voisins, ils peuvent provoquer des troubles urinaires, digestifs (constipation…) ou veineux (œdème des membres inférieurs…)", explique le docteur Olivier Marpeau.
Lorsque les fibromes augmentent de volume rapidement, saignent abondamment, se tordent ou dégénèrent, ils peuvent entraîner des douleurs vives et soudaines.
La femme peut quelquefois, en palpant, sentir une masse au niveau du ventre.
Comment peut-on prévenir l'apparition d'un fibrome ?
Les origines des fibromes étant mal connues, il n’existe pas de mesure préventive, hormis une éventuelle perte de poids en cas de surcharge pondérale. En effet, les graisses favorisant la production d'œstrogène engendrent la croissance du fibrome. Une alimentation saine et une activité physique régulière sont donc des mesures préventives.
" Une surveillance gynécologique n'est même pas indispensable lorsque le fibrome est asymptomatique et de petite taille", selon le docteur Olivier Marpeau.
Il est enfin recommandé de consulter un gynécologue en cas de douleurs pelviennes et de saignements anormaux.
Comment est établi le diagnostic de fibrome utérin ?
Pour diagnostiquer un fibrome utérin, un examen gynécologique complet est nécessaire.
Des examens complémentaires sont réalisés : l’examen clef pour le diagnostic et le suivi est l’échographie. L’hystéroscopie et l’IRM sont réalisés en seconde intention.
Quel est le traitement du fibrome utérin ?
Parfois une simple surveillance
Les fibromes utérins asymptomatiques et de petite taille ne sont généralement pas traités. Une surveillance échographique régulière peut être recommandée.
Le recours aux médicaments parfois indispensable
Lorsque les symptômes deviennent gênants, certains médicaments peuvent être prescrits :
- la prise de médicaments, souvent hormonaux (agonistes de la gonadotrophine (hormone sexuelle), progestérone…) pour soulager les symptômes déclenchés par le fibrome (douleurs, saignements...) ;
- la prise d’antalgiques, d’anti-inflammatoires et d’anti-fibrinolytiques pour lutter contre les douleurs et hémorragies peuvent aussi être prescrits ;
- Un complément en fer peut être prescrit aux femmes qui souffrent d’hémorragie importante, afin de compenser la perte en fer dans leur organisme.
La chirurgie pour les fibromes importants
Quand les fibromes sont de taille importante ou très symptomatiques, les patientes peuvent opter pour la chirurgie ou d'autres méthodes comme l'embolisation.
- La chirurgie dans certains cas (hémorragie récidivante, fibrome de croissance rapide…).
"Le traitement chirurgical est conservateur chaque fois que la patiente souhaite garder une fertilité. Il consiste alors en l'ablation chirurgicale du fibrome (myomectomie chirurgicale) ou en la résection endoscopique. L’hystérectomie (ablation de l'utérus) est envisageable dans les autres cas, idéalement par voie vaginale. L'hystérectomie totale est le seul traitement qui protège définitivement des récidives (en conservant les ovaires pour ne pas provoquer de ménopause) ", explique le gynécologue Olivier Marpeau.
Attention des traitements hormonaux peuvent être prescrits à court terme dans les mois qui précédent une chirurgie afin de bloquer la production d'œstrogène et de ralentir la croissance du fibrome.
- En alternative à la chirurgie, l’embolisation sélective des artères utérines ou EAU (injection de microparticules qui bloquent la circulation sanguine vers le fibrome) offre des résultats comparables à cinq ans par rapport à ceux de l’hystérectomie, en permettant de préserver l’utérus. Cependant, cette technique n’est pas recommandée pour traiter les fibromes sous-muqueux.
- Une méthode appelée ligature des artères utérines est aussi réalisable par coelioscopie. Elle consiste à poser des clips sur sur les artères. Mais elle semble moins efficace que l’embolisation au fil du temps.