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HGPO : comment dépister le diabète gestationnel ?

Diabète gestationnel © Adene Sanchez

Publié le par Lise Lafaurie Experte : Dre Lecornet-Sokol, médecin endocrinologue à Paris

Le test d'hyperglycémie provoquée par voie orale - HGPO - est le test de référence pour diagnostiquer le diabète gestationnel, une maladie qui touche 8 à 10% des futures mamans en France et qui peut entraîner des risques pour l'enfant. En quoi consiste ce test ? Quand est-il prescrit à la femme enceinte ? Comment interpréter les résultats ? La docteure Emmanuelle Lecornet-Sokol, auteure (1) médecin endocrinologue à Paris, nous explique tout.

Diabète gestationnel : qu'est-ce que c'est ?

Le diabète gestationnel peut se définir comme une intolérance au sucre, causée par une production insuffisante d'insuline par la future maman.

Docteure Lecornet-Sokol, endocrinologue : Le diabète gestationnel est donc une anomalie de l’équilibre du taux de sucre pendant la grossesse qui peut avoir des conséquences sur l’enfant et sur le bon déroulement de l'accouchement.

Il apparaît généralement au cours du 2ème trimestre de la grossesse.
 
Les principaux risques d'un diabète gestationnel non - ou mal - traité sont essentiellement pour l’enfant :

  • la prématurité : causée par une augmentation du liquide amniotique dans l'utérus pouvant entraîner un accouchement prématuré, avant le 8e mois,
  • la macrosomie foetale : le fœtus, qui se nourrit des nutriments présents dans le sang de la maman par le biais du placenta, absorbe trop de sucre et grossit donc de façon trop importante et rapide. La macrosomie foetale expose le bébé à des hypoglycémies néonatales, à des risques plus élevés de jaunisse et de détresse respiratoire. "Contrairement à ce qu'on pourrait penser, un gros bébé est plus fragile pendant les premières heures de vie" insiste l'endocrinologue.
  • les complications à l'accouchement, liées à la macrosomie foetale. "La dystocie des épaules est le risque le plus fréquent : il s'agit d'une urgence obstétricale liée à une difficulté d'extraction du foetus après la sortie de la tête, causée par des épaules trop larges" résume la spécialiste.

Pour la maman, l'accouchement d'un gros bébé augmente les risques de césarienne et de déchirure du périnée

"Enfin, on pense qu’à long terme les risques de surpoids et de diabète de type 2 sont augmentés chez les enfants nés de mère ayant eu un diabète gestationnel » ajoute la docteure Lecornet-Sokol.  

Les risques d'un diabète gestationnel sont donc nombreux et sérieux, d'où l'intérêt de le dépister le plus tôt possible afin de les réduire au maximum. 

Définition : qu'est-ce qu'un examen d'hyperglycémie provoquée par voie orale (HGPO) ?

Le dépistage du diabète gestationnel se fait en 2 temps.

Au cours du premier trimestre de grossesse, la glycémie à jeun est proposée aux futures mamans à risque. Il s'agit d'une prise de sang après être resté à jeun pendant 10 à 12 heures. " Cette glycémie doit être inférieure à 0,92 g/L. Si c'est le cas, on attend le 6è mois pour faire l’HGPO. Si elle est supérieure à cette valeur, on parle de diabète gestationnel précoce qui représente environ 30% des diabètes gestationnels : il n'est alors pas utile de faire l'HGPO. Les femmes sont prises en charge dès ce stade" décrit l'endocrinologue.

Entre 24 et 28 SA, l'HGPO : cet examen consiste en une première prise de sang à jeun, suivie de l'ingestion d'une dose standard de 75g de glucose, d'une seconde prise de sang après une heure et d'une troisième après deux heures. 

Indications : pourquoi faire le test HGPO ?

Le test de dépistage HGPO n'est pas un test systématique du suivi de grossesse. Il n'est proposé - selon les recommandations françaises- qu'aux femmes présentant au moins un de ces quatre facteurs de risque :

  • âge supérieur à 35 ans,
  • surcharge pondérale avec un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 25,
  • personne diabétique dans la famille proche : père, mère, frère ou soeur,
  • diabète gestationnel ou accouchement d'un enfant macrosome - à savoir avec un poids de plus de 4 kg à terme - lors d'une grossesse précédente,

Certaines équipes proposent ce test systématiquement à toutes les femmes enceintes pour ne pas passer à côté d’un diabète gestationnel. 

Dre Lecornet-Sokol : "Il existe également d’autres situations où le test peut être utile : les femmes ayant un syndrome des ovaires polykystiques, un traitement par corticoïdes ou encore une hypertension artérielle."

Prise de sang : comment se fait une HGPO ?

Le test HGPO s'effectue en laboratoire de biologie et dure en totalité deux à trois heures. Il nécessite d'être à jeun depuis la veille au soir, à savoir depuis au moins 10 heures.

  • A l'arrivée au laboratoire, une première prise de sang est faite à jeun, pour estimer la glycémie à jeun.
  • Puis, la future maman est invitée à boire une boisson contenant 75 g de glucose, appelée dose standard. "C'est une boisson très sucrée, assez désagréable à boire, qui contient l'équivalent de 15 morceaux de sucre et qui doit être bu en moins de 10 minutes", décrit la docteure Lecornet-Sokol. Son ingestion peut provoquer des malaises : vertiges, nausées, voire vomissements.
  • Une seconde prise de sang est effectuée une heure après la prise de la dose standard, puis une troisième une heure plus tard, toutes deux pour mesurer la glycémie de la future maman.

Résultats et interprétation : quels sont les normes et les taux de glucose qui définissent un diabète gestationnel ?

Le diagnostic de diabète gestationnel repose sur des normes très strictes. "Il suffit qu'une valeur sur les trois soit supérieure ou égale aux normes pour que le diagnostic soit posé" résume l'endocrinologue.

- A jeun : en dessous de 0,92 g/L,
- A une heure : en dessous de 1,80 g/L,
- A deux heures : en dessous de 1,53 g/L,

"Ces valeurs seuils ont été définies sur des centaines de milliers de personnes : on a observé à partir de quels taux de glycémie les complications étaient les plus nombreuses, c’est un consensus international" explique la docteure Lecornet-Sokol.   

Quoi manger avant le test pour un diabète de grossesse ?

La seule recommandation avant le test HGPO est d'être strictement à jeun depuis au moins 10 heures. Il n'y a aucune contre-indication sur le contenu du repas de la veille. "Si la femme n'est pas diabétique, même avec un repas très riche en sucre, la glycémie aura eu le temps de revenir à la normale", explique l'endocrinologue.

Que manger après un test de glucose ?

Après la prise de la dose standard, il est essentiel de ne rien manger ni boire en attendant les deux prises de sang à une heure et à deux heures d'intervalle.
Une fois les deux prélèvements effectués, la patiente peut s'alimenter normalement sans contre-indications. Il est fréquent que la femme se sente nauséeuse et barbouillée : la prise d'aliments solides de type biscuits secs ou biscottes, peut soulager ces symptômes.

Test de glucose pendant la grossesse à jeun : peut-on boire de l'eau ?

S'il est essentiel de ne manger aucun aliment solide ni aucune boisson - même café ou thé non sucré - durant les 10 heures qui précèdent le test, boire un verre d'eau est en revanche toléré. 

Que faire en cas de diabète gestationnel ?

Si un diabète gestationnel est diagnostiqué, la future maman va devoir surveiller son alimentation en limitant au mieux les aliments riches en sucre d'assimilation rapide, afin d'éviter les pics de glycémies. Un régime alimentaire équilibré et varié lui sera établi par un diététicien. Et elle devra surveiller sa glycémie quotidiennement à la maison à l'aide d'un dispositif d'auto-surveillance pour vérifier l'efficacité du régime. Si la glycémie n'est pas normalisée avec ces mesures diététiques, un traitement à l'insuline sera proposé par le médecin.
Si le diabète est bien équilibré tout au long de la grossesse, dans la majorité des cas l'accouchement se passera normalement.

Et après l'accouchement ?

Si le diabète gestationnel régresse spontanément après l'accouchement, Il est possible qu'un diabète diagnostiqué pendant la grossesse soit révélateur d'un diabète de type 2, qui persiste donc après la grossesse.

Dre Lecornet-Sokol : "Deux à trois mois après l'accouchement, il faut donc refaire une HGPO pour vérifier que les valeurs redeviennent bien normales."

Si ce test ne peut être refait, on peut au moins proposer une glycémie à jeun avec une HbA1c.

Sources

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