Grossesse : les femmes enceintes peuvent-elles continuer à courir ?

  La grossesse est une période de transformation impressionnante pour les femmes enceintes qui remettent en question de nombreuses habitudes de vie et interrogent parfois leurs pratiques sportives. Le jogging - ou running - inquiète particulièrement les coureuses les plus aguerries : est-ce bien raisonnable de continuer à courir enceinte ? Jusqu’à quel mois ? Et quelles précautions prendre ? Réponses du Dr Antoine Bruneau, médecin du sport au CHU d’Angers et médecin des équipes de France d’athlétisme.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la course à pied ne présente pas de risque particulier pour les femmes enceintes ou leurs enfants à naître - tant que la pratique reste adaptée et raisonnable. Autrement dit, la course à pied n’augmente pas la probabilité de naissance prématurée ou de faible poids de naissance ! « En l’absence de complications ou de contre-indications médicales, si la grossesse se déroule sans accroc, les femmes qui ont l’habitude de courir peuvent tout à fait poursuivre leur pratique », assure le Dr Bruneau qui insiste sur l’importance de l’activité physique adaptée pendant la grossesse.

Comme toute activité sportive modérée, la course à pied peut s’avérer très bénéfique pendant la grossesse :

Difficile de répondre précisément à cette question… « L’effort doit rester modéré, quel que soit le stade de la grossesse, insiste le Dr Bruneau. L’objectif est de courir en endurance fondamentale, c’est-à-dire à une allure qui permet de courir tout en maintenant une conversation sans être essoufflée. » Le fractionné et les sprints en général sont déconseillés ! Quant au timing, tout dépend de vos capacités, de vos habitudes et surtout de votre ressenti. Quoi qu’il en soit, les séances de course doivent rester agréables et non épuisantes.

La réponse ne risque pas de vous surprendre, il est évidemment déconseillé de courir un marathon ou un trail pendant votre grossesse ! Et ce pour des raisons évidentes : les marathons peuvent induire une déshydratation, une élévation excessive de la température corporelle et un stress cardiovasculaire. Par ailleurs, les ligaments et les articulations sont plus souples pendant la grossesse, ce qui peut augmenter le risque de blessures musculaires et articulaires…

Là encore… Impossible de faire des généralités. En théorie, les femmes enceintes peuvent courir dès les premiers mois de leur grossesse et jusqu’à ce que l’inconfort devienne trop important pour continuer, note le Dr Bruneau. Certaines femmes peuvent ainsi courir jusqu’à 5, voire 6 mois de grossesse avant d’opter pour des activités plus douces comme la gymnastique, la natation ou le yoga. À l’inverse, certaines femmes sont trop indisposées par les nausées et la fatigue pour pouvoir courir en début de grossesse et préfèrent la marche rapide. « Chaque grossesse est différente : écoutez votre corps, cessez de courir au moindre signe d’alerte et n’hésitez pas à demander conseil à la personne qui suit votre grossesse », conseille le médecin du sport.

Si votre état de santé vous le permet, vous pouvez tout à fait continuer à courir en début de grossesse. Mais comme indiqué ci-dessus, cette période n’est pas toujours de tout repos pour les futures mères… Certaines sont en proie à des nausées matinales et à une fatigue inhabituelle qui sont difficilement compatibles avec la course à pied. Sans oublier que certaines femmes rencontrent des complications dès le premier trimestre de grossesse.

Au risque de nous répéter, la course à pied est déconseillée aux femmes enceintes qui n’ont jamais couru. « Seules les femmes en bonne santé, ne présentant pas de contre-indication et qui avaient l’habitude de courir régulièrement avant leur grossesse sont incitées à continuer », indique le Dr Bruneau. 

« Commencer la course à pied pendant la grossesse peut être mal toléré dans la mesure où le corps est déjà en pleine mutation. Les risques de blessures, d’essoufflement et même de dégout du sport sont importants », poursuit-il. Pour rappel, les femmes enceintes sont plutôt incitées à se tourner vers la marche rapide, la gym douce, ou encore le vélo ».

On ne le répétera jamais assez : n’hésitez pas à consulter un professionnel de santé avant de commencer ou de poursuivre une activité sportive pendant votre grossesse. Il peut vous conseiller en fonction de vos antécédents médicaux et sportifs, de votre état de santé et de l’évolution de votre grossesse. Dans le détail, il s’assure de l’absence de contre-indications en amont et surveille l’absence de complications tout au long de votre grossesse ! Il peut aussi vous aider à déterminer la fréquence, la durée et l’intensité d’exercice qui vous conviennent le mieux.

« Si vous faites face à des symptômes tels que des nausées, de la fatigue ou des douleurs, médecins et sage-femmes peuvent vous fournir de précieux conseils pour apprendre à les gérer et à limiter les blessures tout en restant active », souligne le Dr Bruneau. Et d’ajouter : « Discuter avec un professionnel et obtenir son approbation peut offrir une certaine tranquillité d’esprit : les femmes enceintes se sentent souvent plus en confiance ».