Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le trampoline n’est pas l’apanage des jeunes enfants ! Depuis son invention en 1930, il a connu bien des rebondissements : d’abord très présent dans les parcs de loisirs, il a ensuite été plébiscité par les astronautes de la NASA dans les années 1980 avant d’être consacré comme une discipline à part entière aux Jeux Olympiques de Sydney, en 2000. En quoi consiste-t-il exactement ? À qui s’adresse-t-il ? Et quelles compétences permet-il de développer ? On fait le point avec Audrey Gers, éducatrice sportive à l’Olympic Garennois Trampoline (OG Trampoline) et Axel Saget, président de l’Olympique Antibes Juan-les-Pins de Trampoline (OAJLP).
Un peu d’histoire…
Comme indiqué ci-dessus, le trampoline a été inventé en 1930 par George Nissen, un gymnaste américain alors âgé de 16 ans. Fasciné par la capacité des trapézistes de cirque à rebondir sur leurs filets de sécurité, il entreprit de construire la première « plateforme rebondissante » dans le garage de ses parents avec un cadre de lit en métal, des ressorts et un convoyeur en toile (source 1).
S’il a d’abord conquis le cœur des enfants et des gymnastes, il s’est progressivement imposé comme un outil de renforcement musculaire indispensable : l’armée de l’air américaine s’en est notamment servie pour entraîner ses pilotes et ses parachutistes pendant la Seconde Guerre mondiale. Et plus insolite encore, il est même utilisé par la NASA (National Aeronautics and Space Administration) depuis les années 1980 pour permettre aux astronautes de préserver leur densité osseuse.
Le trampoline aux Jeux Olympiques
Aujourd’hui le trampoline est considéré comme une discipline gymnique à part entière : les premiers championnats du monde de trampoline ont été organisés à Londres en 1964, et la discipline a rejoint le giron de la Fédération Internationale de Gymnastique 32 ans plus tard, en 1996 (source 2).
Comme le précise la Fédération Française de Gymnastique (FFGym), il a rejoint la gymnastique artistique et la gymnastique rythmique aux Jeux Olympiques de Sydney, en 2000. Dans le détail, il compte une épreuve individuelle masculine et une épreuve individuelle féminine au cours desquelles les trampolinistes défient les lois de la gravité en sautant parfois jusqu’à six, voire huit mètres de haut !
Le trampoline, une discipline olympique méconnue
Vous l’aurez deviné, cette discipline consiste à rebondir sur des trampolines de compétition bien différents des trampolines de jardin ou de fitness : les toiles mesurent 4 mètres sur 2 et sont généralement situées à 1, 15 mètres du sol (source 3).
Concrètement, les gymnastes réalisent une série de sauts acrobatiques dans un axe horizontal ou vertical : des chandelles, des vrilles, des saltos en avant ou en arrière, etc. Audrey Gers, éducatrice sportive à l’Olympic Garennois Trampoline.
Et l’experte de poursuivre : « Comme n’importe quel sport, le trampoline peut être pratiqué en compétition ou en loisir. En loisirs, on peut s'entraîner une à deux fois par semaine (généralement en fonction des créneaux horaires des clubs). L'évolution en compétition, elle, implique entre deux et trois entraînements par semaine, rythme qui augmente avec le niveau de compétition et l'âge : les sportifs de haut niveau s'entraînent tous les jours ». Au fil des séances, on décompose différentes figures pour mieux les maîtriser : on apprend à retomber assis, sur les genoux, sur le ventre, sur le dos et debout, jambes tendues. « Les enchaînement les plus simples consistent en une alternance de sauts droits et de réceptions assises, sur le dos ou sur le ventre, les plus complexes comprennent des saltos avant, arrière, voire intégrant des vrilles », souligne Audrey Gers.
À quelle hauteur peut-on sauter ?
« Les trampolinistes sautent généralement à quatre, voire à cinq mètres de haut. Et à un niveau compétitif, certains peuvent atteindre jusqu’à huit mètres de haut ! », répond Axel Saget.
Comment se déroulent les compétitions ?
Comme nous l’explique Axel Saget, il existe plusieurs types de pratiques : la compétition individuelle (chacun pour soi), la compétition en équipe (équipes de quatre gymnastes) et la compétition synchronisée (deux partenaires effectuent les mêmes figures au même moment et à la même hauteur sur deux trampolines différents).
« Quoi qu’il en soit, les athlètes doivent réaliser une à trois séries de dix acrobaties, évaluées en fonction de leur difficulté, de leur exécution et du temps de vol », précise-t-il. À noter : la compétition synchronisée est reconnue au Championnat du monde de trampoline mais pas aux Jeux Olympiques !
Ne pas confondre le trampoline artistique et le jumping fitness !
Le jumping fitness est une forme d’entraînement cardiovasculaire émergente qui consiste à réaliser une série d’exercices fitness sur un mini-trampoline individuel équipé d’une poignée de maintien pour favoriser la stabilité. Il permet de renforcer ses muscles profonds, de se dépenser et de brûler rapidement des calories tout en s’amusant sous la supervision d’un coach sportif ! Rien à voir, donc, avec le trampoline « acrobatique ».
Enfants ou adultes : à qui s’adresse le trampoline ?
Le trampoline est un sport très accessible qui peut être pratiqué par des enfants, des adultes et même par de jeunes seniors. « Les enfants peuvent commencer à prendre des cours de baby trampoline dès l’âge de 5 ou 6 ans. Ces cours mélangent des exercices de baby gym et de trampoline qui permettent aux plus petits de travailler leur coordination, leur équilibre et leur force musculaire en toute sécurité », explique Audrey Gers.
Des groupes de niveau existent à l’adolescence comme à l’âge adulte, sachant qu’il n’y a pas vraiment de limite d’âge : « certains sexagénaires continuent à pratiquer en prenant leurs précautions. Tout dépend de leur tonus musculaire et de leur capacité à se repérer dans l’espace : la sécurité passe avant tout ! », insiste-t-elle. Et d’ajouter : « Le trampoline est aussi adapté à différentes formes de handicaps, certains trampolines peuvent même accueillir des personnes en fauteuil roulant ».
Faut-il une taille minimum pour pratiquer cette discipline ?
« Il est vrai qu’à une époque la plupart des trampolinistes étaient assez petits et toniques. Mais depuis quelques olympiades différentes morphologies s’imposent : l’un des meilleurs trampolinistes français, Allan Morante, mesure par exemple plus d’1m80. Et cette tendance se confirme dans les meilleures équipes mondiales, à savoir les équipes chinoise et japonaise », observe Axel Saget. Autrement dit, ne vous restreignez pas à cause de votre taille !
Un sport complet qui présente de nombreux avantages pour notre corps
Le trampoline est une discipline rigoureuse et complète qui sollicite l’ensemble de notre corps et améliore notre santé globale, assurent nos deux experts !
En quoi est-ce que le trampoline est bon pour la santé ?
- Rebondir sur un trampoline est une activité aérobique qui stimule le système cardiovasculaire et augmente l’endurance.
- Cela sollicite aussi de nombreux groupes musculaires (ceux des jambes, des abdominaux, du dos et même des bras), contribuant ainsi au renforcement musculaire global.
- Maintenir l’équilibre sur un trampoline tout en sautant exige aussi une coordination précise et un bon sens de l’équilibre !
- Les sauts répétés sur un trampoline peuvent aider à renforcer les os, ce qui peut être particulièrement bénéfique pour prévenir l’ostéoporose et améliorer la densité osseuse.
- Par ailleurs, le trampoline est une formidable activité pour dépenser de l’énergie et brûler rapidement des calories. Un entraînement régulier aide à maintenir un poids de santé et à perdre du poids. « Une session de 10 acrobaties équivaut à un sprint de 100 mètres », souligne Axel Saget.
- En prime, il peut aider à réduire l’apparence de la cellulite dans la mesure où il stimule la circulation sanguine, ce qui favorise le drainage lymphatique et l’élimination des toxines accumulés dans les tissus.
Quels sont les muscles les plus sollicités ?
- Les muscles des jambes, responsables de la propulsion et de la stabilisation pendant les sauts : les quadriceps, les ischio-jambiers, les muscles fessiers et les muscles du mollet.
- Les muscles du cou et du dos, activés pour maintenir la tête droite et la colonne vertébrale alignée pendant les sauts et acrobaties.
- Les muscles du tronc, comme les abdominaux, essentiels pour garder une bonne posture et pour stabiliser le corps.
- Les muscles des bras et des épaules, comme les muscles deltoïdes, les biceps, les triceps et les muscles de l’avant-bras, utilisés pour prendre de l’élan ou pour effectuer des mouvements acrobatiques.
Trampoline : quels bienfaits pour notre santé mentale ?
Comme tout exercice physique, le trampoline favorise la libération d’endorphines, des hormones qui agissent comme des analgésiques naturels, et contribue à réduire le stress et l’anxiété. Il améliore également l’énergie et l’humeur en stimulant la production de neurotransmetteurs tels que la sérotonine. « Pratiqué régulièrement, il permet donc de s’évader, de se détendre et de se divertir ! », assure Audrey Gers.
La maîtrise de nouvelles compétences et le fait de surmonter sans cesse des défis, peuvent également renforcer l’estime de soi, ce qui peut se traduire par une plus grande confiance en soi dans d’autres aspects de la vie quotidienne. Par ailleurs, les enchaînements complexes nécessitent une très grande concentration : « Il faut se concentrer sur le moment présent et éviter de se laisser distraire pour limiter les risques », insiste Axel Saget.
Le soutien des entraîneurs, des autres athlètes, des proches et du public peut aussi faire la différence ! Sans compter que le trampoline permet aux athlètes d’exprimer leur créativité et d’apprendre à mieux gérer leurs émotions, ce qui peut améliorer leur bien-être global. Axel Saget, président de l’Olympique Antibes Juan-les-Pins de Trampoline (OAJLP).
Risques et contre-indications : quels sont les inconvénients de cette discipline ?
Bien que le trampoline puisse être bénéfique, il comporte son lot de risques et d’inconvénients : des chutes malencontreuses peuvent survenir en cas de non-respect des règles de sécurité, de manque de concentration, d’équipements ou de surentraînement. Les blessures les plus « fréquentes » ? Des contusions, des entorses, voire des fractures au niveau des chevilles, des genoux ou des poignets, prévient Audrey Gers. Certaines chutes accidentelles peuvent aussi être à l’origine de traumatismes crâniens, voire de commotions cérébrales.
Le b.a.-ba de la sécurité
Plusieurs règles de sécurité permettent de limiter les risques de blessure :
- Ne sautez pas sans surveillance et assurez-vous qu’un entraîneur vous supervise toujours ;
- Prenez vos précautions (pas plus d’une personne par trampoline) ;
- Évitez les figures acrobatiques complexes ou dangereuses si vous êtes novices ;
- Assurez-vous que le trampoline est correctement sécurisé (pads adjacents en bon état, tapis tout autour, etc.) ;
- Montez et descendez prudemment du trampoline pour éviter de vous coincer les doigts ou de trébucher ;
- Ne laissez aucun objet sur votre trampoline, ils pourraient occasionner des chutes ;
- Ne sautez pas avec des lunettes, des bijoux une capuche ou tout autre cordon qui pourrait se coincer dans le tapis ;
- Restez au centre du trampoline lorsque vous sautez pour éviter de heurter les bords ou le cadre.
- Arrêtez de sauter dès que la fatigue se manifeste pour éviter les accidents dus à la perte de contrôle.
Quelles sont les principales contre-indications ?
Difficile de répondre à cette question : chaque cas est particulier ! « Des blessures récentes, des problèmes de dos, des problèmes articulaires, de graves troubles de l’équilibre ou de la vue et des problèmes cardiaques peuvent éventuellement contre-indiquer la pratique du trampoline ou nécessiter certaines adaptations », prévient Audrey Gers.
Le trampoline est aussi fortement déconseillé aux femmes enceintes et aux personnes souffrant d’incontinence urinaire dans la mesure où il exerce une très forte pression sur les muscles du plancher pelvien ! En cas de doute, demandez toujours l’avis de votre médecin qui pourra vous confirmer l’absence de contre-indication et vous guider vers une pratique plus sûre.
De l’importance de se muscler en amont des séances de trampoline !
« Quel que soit le niveau de pratique, il est indispensable d’être suffisamment tonique et musclé pour limiter les blessures. Or la pratique n’est pas suffisante pour développer suffisamment sa musculature : des séances de renforcement musculaire ne peuvent être que bénéfiques ! », estime Axel Saget. L’idéal est de travailler ses abdominaux, ses cuisses et ses épaules de manière équilibrée.