L’Académie nationale de pharmacie a publié, mercredi 20 mars, une série de recommandations afin de limiter les ruptures de stock auxquelles sont quotidiennement confrontées les officines.
Une difficulté liée aux matières premières
14 % des ruptures de stock de médicaments auraient pour origine une difficulté d’approvisionnement en matières premières, une situation difficile à gérer, alors que 60 à 80 % de ces matières actives sont fabriquées hors de l’Union européenne, principalement en Inde et en Asie (contre 20 % il y a trente ans).
Dès lors, l’Académie propose d’établir au niveau des autorités européennes des états périodiques des risques de pénurie et des besoins de relocalisation. Elle préconise de définir une “politique de relocalisation à long terme tout spécialement pour les matières actives pour lesquelles un fabricant mondial unique a été identifié”.
De plus, l’Académie souhaite fixer une liste des matières actives tombées dans le domaine public, dont la pénurie peut entraîner des problèmes de santé publique. L’Académie s’est aussi exprimée concernant la mise en place d’un répertoire européen recensant les sites de fabrication des matières actives, les sites de contrôle et l‘historiques des évènements.
Prévoir des stocks
L’Académie de pharmacie préconise d’interdire l’exportation d’un stock de médicaments “nécessaire aux besoins nationaux” et “sans équivalent thérapeutique”.
En septembre 2012, le gouvernement avait publié un décret relatif à l’approvisionnement des médicaments mentionnant l’obligation de “couvrir les besoins des patients en France”, mais sans aller plus loin. Ce texte prévoyait la création de centres d’appels d’urgence, à la charge des laboratoires.
Un problème réel pour l’hôpital
Cette rupture d’approvisionnement concerne aussi les services hospitaliers. Afin de remédier à cette pénurie, l’Académie “encourage la production nationale ou européenne de ces principes actifs même dans le cadre du marché étroit des pathologies orphelines”.
Elle préconise de faciliter la mise à disposition pour les pharmacies hospitalières “des matières premières de qualité pharmaceutique nécessaires aux préparations réalisées en leur sein”.
5 % des médicaments commandés chaque jour sont en rupture
50 % des ruptures dépassent les quatre jours, une situation quotidienne difficile à gérer pour le pharmacien d’officine. Une série de mesures préconisées par l'Académie pourrait soulager leur quotidien.
Concernant les ruptures d’approvisionnement :
- Donner plus de visibilité aux numéros d’urgence des laboratoires afin d’assurer les dépannages d’urgence ;
- “Promouvoir la mise en place d’une plateforme d’échange d’informations au sein de la répartition pharmaceutique”.
Pour les ruptures de stock chez le fabricant :
- Rendre plus accessibles aux pharmaciens et aux prescripteurs l’information mise à disposition par l’Agence nationale de sécurité du médicament ;
- Mettre en place des structures locales d’échange médecins/pharmaciens/assurance maladie permettant de partager les solutions alternatives thérapeutiques les plus appropriées afin de favoriser la poursuite du traitement médical dans les meilleures conditions.
Au Québec, une loi autorise “la substitution d’un médicament prescrit en cas de rupture d’approvisionnement complète au Québec par un autre médicament d’une même sous-classe thérapeutique”. L’Académie nationale de pharmacie souhaite qu’une réflexion s’inspirant de ce modèle soit entamée.
Source : "Médicaments: Ruptures de stocks, ruptures d’approvisionnement", Académie nationale de pharmacie, 20 mars 2013.