Trois millions de produits pharmaceutiques contrefaits ont été saisis en 2010 en Europe, selon l'Union des fabricants. Tous les types de médicaments sont concernés : antibiotiques, antiviraux, anticancéreux, etc. Et la liste des médicaments contrefaits est de plus en plus longue.
8 à 10 % des médicaments en Europe sont contrefaits
Ce trafic en plein essor n’est donc plus la seule réalité des pays en voie de développement. L’Europe en fait désormais les frais. Près de 10 % des médicaments sont en circulation sur le vieux continent », insiste Christophe Zimmermann, coordinateur de la lutte contre la contrefaçon et la piraterie de l’organisation mondiale des douanes. « La contrefaçon de médicaments fait plus de morts que le terrorisme, et ce, dans l’indifférence la plus totale. »
La France relativement épargnée par le trafic de faux médicaments
Grâce à un circuit pharmaceutique très réglementé, le trafic de faux médicaments est relativement endigué. En France, la vente de médicaments est strictement réservée aux pharmaciens, c’est le monopole pharmaceutique. La vente sur Internet de médicaments sous ordonnance est illégale en France. Cette interdiction constitue un premier rempart contre le trafic. Pourtant, en autorisant l’achat en ligne de traitements d’automédication ou de médicaments dits “de confort” (des produits de prescription médicales facultatives), une brèche s’est créée dans la législation. Exploitant ces failles, certains trafiquants échappent encore à la vigilance des autorités.
Attention aux portails Internet illégaux
« Près de 62 % des médicaments contrefaits sont vendus sur la Toile », affirme Alain Delgutte, membre de l’Ordre des pharmaciens. Selon lui, ces trafiquants peu scrupuleux ne manquent pas de professionnalisme lorsqu’il s’agit de duper les acheteurs : « C’est de plus en plus compliqué pour un internaute lambda de différencier un vrai site – assermenté – d’un site illicite, de mieux en mieux réalisé. »
Pour lutter contre la profusion de portails illégaux, un groupe de réflexion constitué par le ministère de la Santé envisage la mise en place de cyberpharmacies. Elles seraient adossées à des officines réelles et hébergées par un site tenu par l'Ordre des pharmaciens. Dans l’attente de voir émerger ces pharmacies en ligne, il est vivement recommandé aux consommateurs de se fournir auprès d’une officine ayant pignon sur rue.
Des principes actifs mal dosés dans les faux médicaments
Pour les spécialistes de la santé, le trafic de faux médicaments est un fléau. Un véritable problème de santé publique. Et pour cause. La consommation d’un médicament contrefait peut avoir des incidences désastreuses sur la santé. Le Dr Gilles Forte, de l’OMS, en témoigne. Ces traitements suspects contiendraient, pour partie, des principes actifs mal dosés, voire toxiques. Du plâtre, de la chaux ou du liquide réfrigérant remplaceraient des composants de base, et ce au mépris manifeste de la vie humaine. Un trafic criminel… Mais extrêmement lucratif. Vingt-cinq fois plus rentable que le trafic d’héroïne, le commerce frauduleux de médicaments génère près de 75 milliards d’euros par an.
La progression de ce trafic et sa dangerosité rendent la lutte indispensable. A l’échelle européenne, des réglementations sont d’ores et déjà examinées. L’une des principales options retenues consiste en une traçabilité renforcée des médicaments. Elle est déjà rendue possible grâce à un code sécurisé dit Datamatrix, peu à peu mis en place depuis 2011.