Santé Magazine, le féminin qui fait du bien !

Selon une étude, il y aurait un lien entre ces troubles du neurodéveloppement et le microbiote intestinal

Concept de lien entre l'intestin et le cerveau © Ekaterina Chizhevskaya/Getty Images

Publié le par Hélène Bour

L’état du microbiote intestinal du jeune enfant aurait une influence sur le risque de survenue de troubles du neurodéveloppement, si l’on en croit une nouvelle étude.

On ne compte plus les études faisant état de l’importance d’un microbiote sain, riche et équilibré sur de nombreux aspects de la santé. La dernière en date fait état d’un lien étonnant entre microbiote intestinal (ou flore) perturbé chez le jeune enfant et risque accru de recevoir un diagnostic de trouble du spectre autistique (TSA) ou de trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Publiée en avril 2024 dans la revue Cell (source 1), l’étude est la première à examiner la composition de la flore intestinale du nourrisson et de la mettre en relation avec la survenue de troubles du neurodéveloppement.

L’étude a inclus les données de 16 440 enfants suédois nés entre 1997 et 1999, parmi lesquels 1 197 ont reçu un diagnostic de trouble du spectre autistique ou de TDAH, de trouble de la communication ou encore de déficience intellectuelle. Un grand nombre de facteurs liés à l’environnement et au mode de vie ont été scrutés, grâce à plusieurs enquêtes. Les chercheurs ont notamment analysé des substances présentes dans le sang de cordon ombilical, et les bactéries présentes dans les selles des enfants lorsqu’ils étaient âgés d’un an.

Les méfaits des antibiotiques soupçonnés

Nous pouvons constater dans l’étude qu’il existe des différences nettes dans la flore intestinale dès la première année de vie entre ceux qui développent [un trouble autistique] ou un TDAH et ceux qui ne le font pas. Nous avons trouvé des associations avec certains facteurs qui affectent les bactéries intestinales, comme un traitement antibiotique pendant la première année de l’enfant, qui est lié à un risque accru de ces maladies”, a commenté le Pr Johnny Ludvigsson, chercheur à l’Université de Linköping (Suède) et coauteur de l’étude, dans un communiqué (source 2).

Les enfants qui avaient eu des otites à répétition lors de leur première année de vie présentaient également un risque accru de recevoir un diagnostic de TSA ou de TDAH plus tard dans leur vie. Là encore, les chercheurs soupçonnent une influence nocive des traitements antibiotiques sur la flore intestinale. Ils ont notamment constaté que la présence de bactéries de type Citrobacter ou l’absence de bactéries de type Coprococcus augmentait le risque de recevoir un diagnostic de TSA ou de TDAH dans la vie future. “Coprococcus et Akkermansia muciniphila ont des effets protecteurs potentiels. Ces bactéries ont été corrélées à des substances importantes présentes dans les selles, telles que la vitamine B et les précurseurs des neurotransmetteurs qui jouent un rôle essentiel dans l’orchestration de la signalisation dans le cerveau. Dans l’ensemble, nous avons constaté des déficits de ces bactéries chez les enfants qui ont ensuite reçu un diagnostic de trouble du neurodéveloppement”, a expliqué Angelica Ahrens, première autrice de l’étude.

L’étude a par ailleurs mis en évidence un sur-risque de diagnostic de ces troubles lorsque les parents sont fumeurs, et un effet protecteur de l’allaitement.

Les PFAS en ligne de mire ?

L’étude rapporte également l’effet potentiellement nocif des PFAS, ces « polluants éternels ». Les enfants de l’étude ayant reçu un diagnostic de TSA ou de TDAH plus tard dans leur vie présentaient des niveaux plus élevés de PFAS dans le sang de cordon que le groupe témoin (constitués d’enfants ne présentant ni TSA ni TDAH plus tard). Rappelons que ces substances présentes dans de nombreux produits du quotidien peuvent pénétrer dans l’organisme, et affecter le système immunitaire.

Selon les auteurs de l’étude, ces premiers résultats doivent toutefois être considérés avec prudence, même s’ils constituent une bonne base pour la mise en place d’interventions dans la toute petite enfance pour prévenir la survenue de troubles du neurodéveloppement. Il reste notamment à déterminer si ces déséquilibres du microbiote résultent de traitements antibiotiques ou si d’autres facteurs entrent en jeu (alimentation maternelle, polluants environnementaux…).

Ces travaux pourront aussi aboutir à des pistes d’amélioration du diagnostic, pour que ces troubles neurodéveloppementaux soient détectés plus précocement.

Dans l’attente, il est toujours possible de prendre soin du microbiote intestinal de son tout-petit, sur avis médical, via l’administration de probiotiques, via l’allaitement et via une alimentation saine et équilibrée faisant la part belle aux fruits et légumes et aliments bruts, peu ou pas transformés.

Sources
OSZAR »