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L'exposition à la pollution avant et après la naissance affecte les capacités cognitives

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Publié le par Alexandra Bresson

Une étude menée en Espagne auprès d'enfants de la période prénatale à l'âge de 7 ans montre que l’exposition aux particules fines au cours des premières années de la vie était associée à une moins bonne performance de la mémoire de travail et des capacités d'attention. Les garçons seraient davantage touchés.

De plus en plus de recherches suggèrent que l'exposition à la pollution de l'air dès les premiers stades de la vie est associée à des effets négatifs sur la santé. En cause notamment, les particules fines. Si les particules d’un diamètre n’excédant pas 10 μ (≤ PM10) peuvent pénétrer et se loger à l’intérieur des poumons, celles dont le diamètre est inférieur ou égal à 2,5 μ (≤ PM2.5) sont encore plus nocives pour la santé. Comme l'explique l'Organisation mondiale de la santé, elles peuvent franchir la barrière pulmonaire et entrer dans la circulation sanguine, c'est pourquoi une exposition chronique contribue au risque de développer des maladies cardiovasculaires, respiratoires et des cancers pulmonaires.

Des chercheurs de l'Institut pour la santé mondiale de Barcelone (ISGlobal) fournissent de nouvelles données en ce qui concerne l'impact d'une exposition à des particules de diamètre inférieur à 2,5 µm pendant la grossesse et les premières années de la vie sur les capacités cognitives. L'étude, réalisée dans le cadre du projet « Breathe », a été publiée dans la revue Environmental Health Perspectives. L’objectif était de s’appuyer sur les connaissances acquises lors d’études antérieures qui avaient révélé des niveaux de développement cognitif inférieurs chez les enfants fréquentant des établissements scolaires présentant des niveaux élevés de pollution de l’air liée au trafic.

Une exposition chronique conduit à un « effet cumulatif »

Les travaux portaient sur 2 221 enfants fréquentant des écoles à Barcelone. Leurs capacités cognitives ont été évaluées à l'aide de divers tests informatisés, tandis que l'exposition à la pollution à la maison pendant la grossesse et tout au long de l'enfance a été estimée à l'aide d'un modèle mathématique. Les résultats ont révélé qu'une exposition importante aux PM2.5 entre la grossesse et l'âge de 7 ans était associée à des scores de mémoire de travail inférieurs au regard des tests effectués entre 7 et 10 ans. Qui plus est, l'exposition aux particules fines tout au long de l'étude a eu un effet cumulatif, bien que les associations soient plus fortes avec les années d'exposition les plus récentes.

La mémoire de travail est un système cognitif responsable de la conservation temporaire d'informations pour une utilisation ultérieure. Elle joue un rôle fondamental dans l'apprentissage, le raisonnement, la résolution de problèmes et la compréhension du langage. Les chercheurs ont également procédé à une analyse par sexe, celle-ci ayant montré que la relation entre l'exposition aux PM2.5 et une mémoire de travail diminuée n'était retrouvée que chez les garçons. « Pour l'instant, nous ne comprenons pas la cause, mais il existe divers mécanismes hormonaux et génétiques qui pourraient amener les filles à mieux réagir aux processus inflammatoires déclenchés par les particules fines et à être moins sensibles à leur toxicité », explique le Pr Ioar Rivas, auteur principal de l’étude.

Plus de 90% des enfants dans le monde respirent chaque jour un air pollué

Enfin, l'étude montre également qu'une exposition élevée aux particules fines était associée à une réduction d'une capacité appelée « attention exécutive » chez les garçons comme chez les filles. Il s'agit de l'un des piliers qui constituent la capacité d'attention d'une personne, impliqué dans des formes d'attention de haut niveau : c'est elle qui permet de déterminer comment les informations sélectionnées sont traitées. « Cette étude confirme nos conclusions précédentes et confirme que l'exposition à la pollution au début de la vie et tout au long de l'enfance constitue une menace pour le développement neurologique et un obstacle qui empêche les enfants d'atteindre leur plein potentiel », concluent les chercheurs.

A noter qu'en 2018, l'Organisation mondiale de la santé affirmait que chaque jour, près de 93% des enfants de moins de 15 ans dans le monde (soit 1,8 milliard d’enfants) respirent un air si pollué que leur santé et leur développement sont gravement mis en danger. Nombreux sont ceux qui vont en mourir : l'organisme estime qu’en 2016, 600 000 enfants sont décédés d’infections aiguës des voies respiratoires inférieures dues à la pollution de l’air. « La pollution de l’air a aussi des répercussions sur le développement neurologique et les capacités cognitives, et peut provoquer de l’asthme et certains cancers de l’enfant », expliquait-elle, pointant également des dangers même au moment de la grossesse.

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