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Inondations en Espagne : les risques sanitaires viennent compliquer le travail des sauveteurs

inondation boue © Getty Images / pixzzle

Publié le par Shoona Woolley

Dix jours après les pires inondations que l'Espagne a connues depuis des décennies, les opérations de déblaiement sont entravées par une odeur insupportable émanant de viande avariée des supermarchés et de boue stagnante.

À Sedavi et Catarroja, des villes particulièrement touchées par les crues, les sauveteurs et bénévoles peinent à respirer, souffrant de maux de tête et de vertiges provoqués par la puanteur qui s'élève des débris. La scène rappelle les débuts de la pandémie de Covid-19, avec des secouristes masqués et équipés de gants pour se protéger de possibles contaminations.

Selon les témoignages recueillis sur place, la puanteur provient principalement des restes de viande avariée dans les supermarchés, où l'électricité a été coupée pendant plusieurs jours, rendant les réfrigérateurs inutilisables.

La viande n'a été enlevée que récemment, bien après le début des inondations. Toni Marco, employé d'une société de nettoyage.

À cette odeur de viande pourrie s'ajoute celle des animaux morts enfouis sous la boue, ainsi que de la matière organique en décomposition. Angel Aldehuela, pompier expérimenté de Séville, décrit une diversité de miasmes qui varient d'une rue à l'autre, en fonction des éléments en décomposition.

Des risques sanitaires en hausse : infections, maladies gastro-intestinales et hépatite

L'odeur nauséabonde n'est pas le seul problème. Les experts en santé publique redoutent une augmentation des maladies infectieuses à mesure que le nettoyage avance. Miguel Rodilla, biologiste à l'université polytechnique de Valence, explique que lorsque la boue sèche, la décomposition de la matière organique sans oxygène produit des émanations particulièrement toxiques.

Même si les concentrations actuelles ne sont pas encore dangereuses, respirer ces fumées n'est clairement pas idéal pour la santé. Miguel Rodilla, biologiste

Les eaux stagnantes, en plus de dégager une forte odeur, deviennent rapidement un terreau fertile pour la prolifération de bactéries et de virus.

Monica Garcia, la ministre de la Santé, a averti des risques accrus de troubles gastro-intestinaux, notamment des cas de gastro-entérite et d’hépatite A, en raison de la contamination possible de l’eau potable. Les hôpitaux de la région de Valence se préparent à une vague de patients souffrant d'infections liées à la stagnation des eaux de crue et à la boue contaminée. Les autorités mettent en garde contre la consommation d'eau provenant de sources locales et incitent les habitants à prendre des précautions supplémentaires.

Invasions de nuisibles et risques de maladies transmises par les moustiques

En parallèle, les eaux stagnantes créent des conditions idéales pour la prolifération des moustiques, des cafards et des rats, ce qui pourrait aggraver la situation sanitaire. Selon les spécialistes, les moustiques, vecteurs de maladies comme le paludisme et la dengue, trouveront dans cette situation un habitat idéal pour se reproduire, augmentant le risque d'épidémies dans les semaines à venir.

Nous devons nous préparer à une hausse des maladies transmises par les insectes à mesure que le nettoyage progresse. Javier Marcos, chef de l'unité d'urgence de l'armée.

Dans les zones où le nettoyage a été mené plus rapidement, des odeurs plus agréables, comme celle de pain ou de fruits frais, remplacent progressivement la puanteur. Mais dans les villes encore submergées, les fumées fétides persistent et pourraient empirer dans les jours à venir, selon les secouristes. "Les odeurs ne feront que s'intensifier tant que nous n'aurons pas retiré toute la boue", avertit Aldehuela, ajoutant que le processus pourrait durer encore une semaine ou plus.

Colère et manifestations contre la gestion de la crise

Alors que les opérations de déblaiement continuent, la population exprime sa colère face à la lenteur de la réaction des autorités locales et nationales. Des manifestations sont prévues ce week-end dans plusieurs villes espagnoles, notamment à Valence, où les habitants accusent les responsables d'un manque de préparation et de réactivité. Carlos Mazon, président de la province de Valence, a été hué et couvert de boue lors d'une visite dans la ville sinistrée de Paiporta, où il était accompagné du roi Felipe et de la reine Letizia, ainsi que du Premier ministre Pedro Sanchez. La visite a dégénéré lorsque des habitants furieux ont crié "assassins" et lancé de la boue sur les représentants, nécessitant l'intervention de la police montée pour disperser la foule.

Face à cette colère croissante, les autorités sont sous pression pour accélérer le nettoyage et éviter une crise sanitaire majeure. Les experts insistent sur l’importance d’une intervention rapide pour limiter les infections et endiguer la propagation des maladies, tandis que les habitants attendent des réponses concrètes et des mesures efficaces pour prévenir de futures catastrophes.

Sources
OSZAR »