Comment vit-on deux ans après un cancer ? En 2004, une première étude avait déjà été réalisée sur ce thème. À l’époque, l’enquête avait révélé de sérieuses inégalités entre les patients.
Dix ans après, la deuxième édition de cette recherche, dévoilée aujourd’hui 10 juin, montre que quelques points se sont améliorés. Mais il reste beaucoup de travail pour que les malades du cancer ne soient plus pénalisés dans toutes les facettes de leur vie : professionnelle, familiale, amoureuse…
Des échanges entre médecins et patients de meilleure qualité
Premier point positif : « Les consultations d’annonce se sont inscrites dans la réalité », a annoncé Anne Burstin, directrice générale de l’Institut national du cancer (Inca), commanditaire de ce travail. Néanmoins, 18 % des personnes interrogées dénoncent la brutalité de cette annonce. Et « une personne sur dix s’est vu annoncer son cancer par courrier ou par téléphone », souligne le Dr Patrick Peretti-Watel de l’Inserm.
Les échanges d’information entre patients et professionnels sont, aujourd’hui, de meilleure qualité. Plus de 63 % des patients s’en disent satisfaits, voire très satisfaits.
Les écarts se creusent surtout après la maladie
D’une manière générale, les auteurs de cette vaste enquête constatent que, pendant la phase de soins, tous les patients sont à peu près traités sur un pied d’égalité. C’est après la maladie, lors du retour à la vie "normale" que des écarts se creusent.
Le retour à l’emploi : seuls six patients sur dix ont un travail deux après un cancer, contre huit sur dix au moment du diagnostic. Le retour à l’emploi est plus difficile pour les plus jeunes et les plus âgés.
L’infertilité : « Le sujet reste tabou », déplore Anne Burstin. Les femmes sont les premières à en pâtir. Trop souvent, elles ne sont pas au courant des risques d’infertilité après un traitement anticancer et des mesures préventives qui peuvent être proposées.
Les délais de prise en charge : les inégalités territoriales persistent.
La stigmatisation : une personne sur dix s’est sentie rejetée par son entourage du fait de sa maladie. « Ces patients nous ressemblent. Ils nous renvoient le fait que nous sommes aussi exposés au risque de cancer », constate le Dr Peretti-Watel.
Cette deuxième enquête a été menée par l’Inserm pour le compte de l’Institut national du cancer, sur la base de l’interrogatoire de patients âgés de 20 à 85 ans et en s’appuyant sur des données de l’Assurance-maladie. L’objectif, désormais, est d’interroger les mêmes personnes cinq ans après la maladie.
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