Les chercheurs commencent à mieux connaître l’ennemi. À présent, ils savent avec certitude que la Covid-19 se transmet via des sécrétions contaminées par la bouche ou le nez. D’où la nécessité de porter un masque de protection et de respecter une distanciation sociale. Mais ce n’est pas tout. Plusieurs études révèlent que le virus pourrait également se transmettre par l'intermédiaire de gouttelettes microscopiques, capables de « flotter » dans l'air pendant plusieurs heures en raison de leur légèreté.
Selon les conclusions d’une étude présentée cette semaine, l'air autour des patients atteints par la Covid-19, ainsi que leurs toilettes, le personnel soignant et les espaces publics des hôpitaux présentent tous des niveaux significatifs de contamination par le SRAS-CoV- 2. Cette recherche a été réalisée par le Dr Gabriel Birgand, Centre hospitalier universitaire de Nantes, et ses collègues.
Un air contaminé
Dans cette étude, les auteurs ont examiné les preuves actuelles sur la contamination de l'air par le SRAS-CoV-2 en milieu hospitalier, la charge virale et la taille des particules, ainsi que les facteurs associés à la contamination. Pour cela, ils ont recherché dans les bases de données MEDLINE, Embase, Web of Science des articles originaux en anglais détaillant la contamination de l'air par le COVID-19 en milieu hospitalier pendant plusieurs mois, entre le 1er décembre 2019 et le 21 juillet 2020. Ainsi, sur 2 034 enregistrements identifiés, 17 articles ont été jugés éligibles et inclus dans la revue scientifique. Résultat ? 27,5% de l'air prélevé dans l'environnement des patients proches était positif pour l'ARN du SRAS-CoV-2, sans différence entre les paramètres. Seulement 1,5% des échantillons dans l'air à moins de 1 mètre du patient ont été testés positifs pour le SRAS-CoV-2 et seulement 4 sur 67 (soit 6%) des échantillons de 1 à 5 mètres de distance.
D’autres résultats sont davantage préoccupants. Par exemple, le taux de positivité était de 23,8% dans les toilettes des patients, de 9,5% dans les zones cliniques, de 12,4% dans les zones réservées au personnel soignant. Le taux atteignait 34,1% dans les espaces publics. Les concentrations médianes d'ARN du SRAS-CoV-2 se sont révélées 10 fois plus élevées dans les toilettes des patients que dans les chambres des patients.
De plus, les chercheurs ont également réalisé 78 cultures virales, ils ont constaté que 4% étaient capables de se reproduire. "À l'hôpital, l'air près des patients atteints de COVID-19 est fréquemment contaminé par l'ARN du SRAS-CoV-2, avec cependant une faible preuve de son infectivité - ce qui signifie que nous avons détecté l'ARN viral, mais en essayant de cultiver ces échantillons, il y avait peu de preuves de virus viable. Des charges virales élevées ont été retrouvées dans les toilettes, les salles de bains, près du personnel soignant et dans les couloirs publics. Cela signifie que ces zones nécessitent une forte conformité aux mesures de nettoyage et aux équipements de protection individuelle", notent les auteurs de cette étude.