Quels sont les différents types de masques de protection ?
Face à l'arrivée de nouveaux variants du SARS-CoV-2 (plus contagieux), le Haut Conseil de la santé publique (HSPC) recommande d'éviter certains masques, moins filtrants. Alors quels masques privilégier pour une protection optimale ?
Le masque filtrant FFP2, dit "de protection respiratoire"
Ce type de dispositif comporte souvent une soupape pour respirer plus confortablement et permet de filtrer l'air expiré. Le masque FFP2 répond à la norme NF EN 149 qui garantit qu'au moins 94 % des particules de 0,01 à 1 micron pouvant contenir des virus en suspension dans l'air (aérosols) sont bloquées. Il protège aussi des postillons et gouttelettes de salives potentiellement infectieuses projetés lors d'une toux ou d'un éternuement. Il est normalement réservé aux soignants. "Il filtre 94 % de particules 0.6 micron, beaucoup plus petites que le masque chirurgical", précisaigt le Dr Thierry Lavigne, médecin hygiéniste au CHU de Strasbourg interrogé par Franceinter vendredi 7 janvier. Le médecin rappelait que ces chiffres ne sont valables que lorsque le masque FFP2 est parfaitement porté, ce qui signifie que le masque doit être parfaitement adapté au visage.
Le port de ce type de masque de différentes formes (coque, 2 plis, 3 plis, becs de canard…) est plus contraignant (inconfort thermique, résistance respiratoire) que celui d’un masque chirurgical. Sa durée d'utilisation est de 8 heures. Une fois cette durée passée, il faut le jeter.
Il existe deux autres catégories de masques FFP (estimées en fonction de l’efficacité du filtre et de la fuite au visage) : les masques FFP1 filtrant au moins 80 % des aérosols et les masques FFP3 filtrant au moins 99 % des aérosols.
Par ailleurs, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) recommande d'éviter de porter les masques FFP2 contenant du graphène. Déjà suspendu en France depuis mai 2021, l'agence sanitaire juge que ces masques seraient potentiellement toxiques pour la santé. Dans un communiqué publié mardi 14 décembre, l'Anses estime qu'il y a un "manque d'information sur le graphène utilisé par les fabricants et sur la toxicité de cette substance, en particulier à long terme" et préconise donc de l'éviter par précaution.
Le masque FFP2 recommandé pour les personnes immunodéprimées
Dans un communiqué publié le mercredi 2 février, le ministère des Solidarités et de la Santé recommandait le port d'un masque type FFP2 pour les personnes immunodéprimées. Cette recommandation concerne les personnes à risque de formes graves de Covid-19, en échec de vaccination et en capacité de le porter. Depuis le mercredi 2 février, les personnes concernées pourront recevoir gratuitement des masques FFP2 en pharmacie sur présentation d’une prescription médicale, pris en charge par l’Assurance maladie. Elles ont accès à 20 masques FFP2 pour 2 semaines ou 50 masques FFP2 pour 5 semaines en pharmacie. Au total, 300 000 personnes sont concernées par cette mesure.
« Les pharmacies d’officine délivrent gratuitement (…) des masques de type FFP2 (…) aux personnes à risque de formes graves du Covid-19 et immunodéprimées, pour lesquelles la vaccination n’induit pas la production et le maintien d’un titre d’anticorps à un niveau suffisant pour assurer une protection suffisante » précise un arrêté publié au journal officiel le jour-même.
Le masque chirurgical, dit "anti-projections"
Ce dispositif médical doit être conforme à la norme EN 14683. Il stoppe au moins 95 % des particules de 3 microns et plus. Ainsi, il évite la projection vers l’entourage des gouttelettes émises par celui qui porte le masque et protège également celui qui le porte contre les projections de gouttelettes émises par une personne en vis-à-vis. En effet le masque chirurgical a surtout pour fonction de"protéger les autres de nos sécrétions", expliquait Hélène Rossinot, médecin spécialiste de santé publique, à Franceinter le vendredi 7 janvier.
En revanche, l'Afnor (Association française de normalisation) souligne qu'il "ne protège pas contre la dispersion et l’inhalation de très petites particules en suspension dans l’air (aérosols)". Le masque chirurgical va en effet stopper 98 % des particules de tailles 3 micron contenues dans nos postillons. Ce type de masque protège des particules qui sont plus grosses que celles stoppées par un masque FFP2.
Sa durée d'utilisation ne doit pas dépasser 4 heures (à condition qu'il soit bien porté et qu'il ne devienne pas trop humide).
Le masque en tissu de catégorie, pour un usage non sanitaire
Ce type de masque dit "grand public" ou "alternatif" est destiné à compléter les gestes barrières et de distanciation sociale. Il filtre au moins 90 % particules de 3 microns et est doté d'au maximum cinq couches (une de coton, trois de polypropylène non tissé, une de coton). Il est lavable et réutilisable. Depuis le 8 février, il fait partie des masques autorisés à l'école (avec le masque chirurgical à usage unique). Il est exclusivement réservé à un usage non sanitaire (hors des établissements de santé).
Ces masques sont fabriqués par les industriels du textile et vendus en pharmacie et dans la grande distribution. Ils ont été testés par les services de la Direction générale de l'armement (DGA) et répondent à des normes sanitaires spécifiques pour filtrer les gouttelettes infectieuses. "Les masques en tissu de catégorie 1 [...] sont aussi efficaces que les masques chirurgicaux", assurait lundi 18 janvier le Pr Didier Lepelletier, coprésident du groupe de travail Covid-19 du HCSP, à l'AFP.
Pour savoir si votre masque en tissu appartient à cette catégorie, référez-vous à l'emballage ou à la description du produit sur site. Des logos spécifique permettent d'authentifier un masque grand public testé et validé par les pouvoirs publics. Les masques grand public sont lavables 50 fois maximum. La DGE n’autorise pas l’utilisation d’un logo supérieur à 50 lavages. Par exemple, voici celui pour un masque permettant 50 lavages.

Le masque de catégorie 2 n'est plus recommandé : ce type de masque qui filtre au moins 70 % des particules de 3 microns et est composé de trois couches de tissu alternant deux de coton épais et une de textile non tissé, est désormais déconseillé par le Haut Conseil de la santé publique qui estime son efficacité trop faible face aux nouveaux variants du coronavirus.
Le masque en tissu fait maison, fortement déconseillé
Il a un temps été conseillé de fabriquer soi-même ses masques en tissu, à l'aide de tutos mis en ligne par l'Afnor (en complément de son document technique destiné aux professionnels de la mode et du textile). Le modèle décrit permet de filtrer au moins 70 % des gouttelettes. Une efficacité jugée également trop faible et aléatoire par le HCSP.
Ces masques faits maison ne sont pas normés, ni testés. "Le masque artisanal fabriqué chez soi avec la meilleure intention du monde en respectant les normes Afnor n'offre pas nécessairement toutes les garanties", avait insisté le ministre de la Santé et des Solidarités, interviewé sur France Inter, mardi 19 janvier 2021. Une position partagée par l'Afnor qui indique qu'il n'y a pas « la garantie absolue qu'un masque fait maison soit suffisamment performant. La prudence recommande donc d’opter pour un nouveau masque, fabriqué par un industriel et testé par un laboratoire, et qui indique être de catégorie 1.»
Les études font en effet état d'une efficacité deux à trois fois moindre que celle des masques chirurgicaux. Dans un document publié en juin 2020, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) rappelait que l'efficacité d'un masque en tissu dépend en grande partie de l’étanchéité de ses tissus car ce sont eux qui filtrent les gouttelettes potentiellement contaminées par le Covid-19.
Si vous conservez ces masques, sachez qu'ils ne doivent pas être portés plus de 4 heures. À la moindre usure, ou déformation, ils doivent être jetés. Selon l'OMS, un tel masque doit comporter trois couches de tissus pour constituer une réelle barrière contre le virus.
Les masques fabriqués avec du tissu, du papier, du coton, du polyester ou du plastique ne doivent jamais être utilisés dans un cadre médical. Etant donné qu'ils ne sont pas conçus selon les mêmes caractéristiques et normes que les masques à usage médical, ils ne répondent pas aux standards de qualité attendus par les professionnels de santé .
Des masques transparents pour faciliter la communication avec certains publics
Plusieurs modèles de masques à fenêtre transparente ont été autorisés sur le marché français. Ils sont destinés aux personnes sourdes et malentendantes ou souffrant d'un handicap cognitif, qui ont besoin de décrypter les expressions du visage pour comprendre l'information (notamment les enseignants de maternelle et ceux accueillant des élèves malentendants ou handicapés dans leurs classe).
Où trouver un masque pour enfants ?
Vous pourrez en trouver en pharmacies, par exemple le masque Kid Security de catégorie 1 fabriqué en France par le groupe médical Thuasne (0,08 euros l'unité, de 6 à 14 ans).
Un certain nombre d'enseignes de la grande distribution (Monoprix, Carrefour Auchan, Intermarché…) proposent des masques en tissu ou des masques jetables adaptés aux enfants. Des enseignes spécialisées en mode (Kiabi, Gemo, Mango Kids, C&A…) proposent aussi des masques en tissu, parfois déclinés en plusieurs tailles, mais ils ne sont pas tous de catégorie 1.
Une fois qu'on a porté son masque, que fait-on ?
Une fois le masque utilisé (même quelques minutes), sa face interne en contact avec le visage risque d’être contaminée par le SARS-coV- 2. Des traces d’ARN du coronavirus peuvent subsister et on ignore si, ou combien de temps, elles restent infectieuses. Selon le type de masque utilisé, il convient d'adopter les bons gestes.
Si le masque est jetable
Mettez-le immédiatement dans un sac plastique à part bien fermé, tout comme les autres matériels sensibles que sont les gants et les mouchoirs usagés, à conserver 24 heures avant de le placer dans la poubelle générale.
Peut-on laver les masques chirurgicaux ?
Selon une étude publiée en octobre 2021 dans le journal Chemosphere, les masques chirurgicaux seraient toujours autant efficaces après avoir été lavés. En effet, même après 10 lavages en machine à laver, les masques resteraient conformes aux normes. "Un masque chirurgical lavé reste plus performant qu'un masque" en tissu", explique Philippe Cinquin, coordinateur scientifique du Centre d’investigation clinique du CHU de Grenoble et co-auteur de l'étude, lors d'une entrevue pour Franceinfo.
Par ailleurs, le masque chirurgical est considéré comme un dispositif médical à usage unique selon le code de la santé publique. Ce cadre légal très strict est censé protéger les patients dans le milieu médical et éviter les contaminations. Mais, comme le précise la direction générale de la santé, "aucun texte réglementaire n’encadre la réutilisation des masques à usage médical pour le grand public".
SI le masque est lavable
- Isolez-le dans un sac en plastique (et pas dans votre poche ou votre sac) avant de le laver.
- Lavez-le en machine, pendant au moins 30 minutes à 40 degrés, avec un détergent, comme le linge de corps : la température de 60°C n’étant pas plus justifiée pour le lavage des masques que pour le lavage des mains (avis de l'Académie de médecine publié le 7 septembre). Le masque peut aussi être lavé à la main avec du savon pour un usage ménager. Et non, la méthode de la casserole d'eau bouillante n'est pas efficace pour désinfecter un masque.
- Une fois le masque lavé, séchez-le bien « car il ne doit pas rester d’humidité ». Vous pouvez le mettre au sèche-linge ou utiliser un sèche-cheveux.
- Une fois le masque propre, avant de le réutiliser, il faut vérifier qu'il n'a pas été abîmé. « S’il a la moindre usure ou déformation, le masque doit être jeté car son efficacité n’est plus certaine. »
Si l’on n’a pas de masque de rechange, la priorité étant de protéger la partie interne, on peut plier le masque, face interne à l’intérieur, et le glisser dans sa poche.
Masque et pratique du sport, masque barrière pour sportifs
Le port du masque en salle est une aide pour limiter la propagation du coronavirus. Mais pas n'importe quel masque. Un cahier des charges dédié à la fabrication de masques spécialement conçus pour la pratique sportive a été établi mi-février, en partenariat entre le ministère des Sports, l'enseigne Décathlon et l’Union sport et cycle (USC). L'Association française de normalisation (Afnor) a donné son feu vert et publié un guide pratique, "Afnor Spec S70-001", permettant aux industriels et aux fabricants du textile de produire des masques barrière pour sportifs, occasionnels ou professionnels.
Le document liste des exigences spécifiques : le dispositif d’ajustage à la tête, l'efficacité de filtration du matériau (le masque doit filtrer les particules de plus de 3 microns à plus de 90 %) et ses dimensions, la résistance respiratoire (à minima une respirabilité de 200 L.m ̄2.s ̄1 pour une activité modéré) et perméabilité à l’air et la teneur en dioxyde de carbone de l’air inhalé. L'Afnor précise aussi que pour un usage sportif, avec la transpiration qu’il implique, le masque devra être renouvelé et lavé plus fréquemment que pour un usage non sportif.
Porter un masque pendant un exercice intense serait sans danger pour les personnes en bonne santé
Selon une étude italienne publiée en 2021 dans l'European Respiratory Journal, le port du masque n'a qu'un effet modeste sur la capacité des personnes en bonne santé à faire de l'exercice physique intense. L'équipe de chercheurs a effectué des tests sur la respiration, l'activité cardiaque et les performances physiques auprès de 12 personnes ayant utilisé un vélo d'appartement avec et sans masque.
Les résultats ont montré que le port du masque avait provoqué une réduction d'environ 10% de leur capacité à effectuer des exercices d'aérobie (endurance). Cet effet serait dû au fait qu'il était légèrement plus difficile pour les volontaires d'inspirer et d'expirer à travers les masques. "La réduction est modeste et, surtout, elle ne suggère pas de risque pour les personnes en bonne santé faisant du sport avec un masque même lorsqu'elles travaillent à leur plus grande capacité.
Les masques pourraient donc être portés en toute sécurité pendant un exercice physique intense, par exemple entre des personnes présentes dans une même salle de sport. Cependant, d'autres études sont nécessaires pour les personnes souffrant d'une maladie cardiaque ou pulmonaire.
Plusieurs masques barrière à usage sportif déjà disponibles
Il existe actuellement 4 modèles de masques spécifiquement conçus pour la pratique sportive en France. Ils sont vendus entre 9 et 18 euros. Trois d’entre eux ont reçu la norme AFNOR SPEC MASQUE SPORT :
- Le "SPORTS MASK", vendu 18 euros (hors frais de livraison) par la marque "Salomon ! Time to play". "Conçu pour être réutilisé (jusqu’à 50 lavages à 40 °C maximum), ce masque fabriqué en France filtre plus de 90 % des particules de 3 µm, conformément au cahier des charges", précise la marque.
- Le masque barrière réutilisable Activ’ Security Sport, développé par Thuasne, spécialisé dans les dispositifs médicaux, est disponible à la vente depuis le mois d'avril sur le site de la marque et dans les magasins partenaires (prix public conseillé : 9,95 € TTC, taille unique adulte). Répondant aux exigences de la norme spécifique MBS Afnor SPEC S70-001, le masque est réutilisable 50 fois.
- Le masque "SPORT VIRALSTOP", vendu 12 euros, garantit une respirabilité de 600 L.m ̄2.s ̄1, soit 6 fois plus qu’un masque chirurgical. Il filtre 100% des particules de 3 µm, d'après la marque, qui le présente comme un masque "virucide anti covid19, anti bactérien et anti fongique." Il résiste jusqu'à 20 lavages à 60°. 10 centimes d’euros par masque vendu sont reversés à la caisse de solidarité des sports.
- Le masque Décathlon, "conçu et testé pour les sports individuels sans contact, outdoor et indoor", annonce la marque dans un communiqué. Conformément au référentiel, le masque répond au niveau 1 de filtration (il filtre plus de 90% des particules de 3 µm). "Le masque permet de respirer grâce à sa structure rigide. La matière respirante en polyester recyclé évacue facilement l'air expiré (perméabilité à l'air supérieure 300 L.m2.s-1 pour une dépression de 100 Pa) évitant toute sensation d’humidité", indique la marque. Il est disponible en trois tailles et lavable au minimum 50 fois. Son prix de vente annoncé : 9 euros.
Pourquoi le port du masque ne dispense pas des mesures barrière ?
Peu importe le type de masque, le risque de transmission indirecte du coronavirus existe toujours, par exemple en se frottant les yeux après avoir touché une surface contaminée par le SARS-CoV-2 sans se laver les mains par la suite. Sans compter que tous les masques offrent une protection plus ou moins garantie uniquement s'ils sont bien adaptés au nez et au contour de la bouche afin qu’il y ait le moins d’interstices possible.
Les agences sanitaires sont unanimes : le port du masque est un geste barrière additionnel, qui ne doit donc pas remplacer ceux déjà connus (se laver régulièrement les mains, tousser dans son coude, utiliser des mouchoirs à usage unique, nettoyer régulièrement les surfaces souillées, rester chez soi jusqu’à disparition des symptômes). Il s'applique en parallèle de la distanciation physique.
Quelles sont les bonnes pratiques liées à l'usage de ces masques ?
Outre le fait de respecter la durée d'utilisation, il est indispensable d'adopter certaines recommandations qui s'appliquent à tous les masques.
- Lavez-vous les mains à l’eau et au savon ou avec une solution hydroalcoolique avant d'en mettre un, puis avant et après l'avoir enlevé.
- Ajustez votre masque de façon à recouvrir le nez et la bouche et veillez à l’ajuster au mieux sur son visage. Ne jamais le mettre en position d'attente sur le front ou sur le menton.
- Changez votre masque lorsqu'il devient humide.
- Il doit être enlevé par derrière (par les lanières) : il ne faut pas toucher le devant.
Pendant le port du masque (quel que soit son type), celui-ci ne doit pas être touché ou déplacé chaque fois que l’on touche un masque usagé, le lavage des mains est obligatoire.

Pourquoi bien ajuster son masque est important ?
Lorsqu'il s'agit de choisir son masque, réutilisable ou non, plusieurs critères entrent en compte. Outre sa conformité et sa matière, il convient de s'assurer qu'il puisse s'adapter parfaitement au visage, l'un des critères les plus importants. C'est ce que rappellent des chercheurs de l'université de Cambridge dans une récente étude publiée dans la revue Plos One.
Ils ont constaté que lorsqu'un masque de protection respiratoire haute performance, tel qu'un masque N95, KN95 ou FFP2, n'est pas correctement ajusté, ce dernier fonctionne beaucoup moins bien. Des différences mineures dans les traits du visage du porteur, telles que la quantité de graisse sous la peau, conduisent aussi à des différences significatives dans l'adaptation du masque. Leurs résultats suggèrent également que la routine de vérification de l'ajustement utilisée dans de nombreux établissements de santé a des taux d'échec élevés, car les « fuites » mineures peuvent être difficiles ou impossibles à détecter par le porteur. « Nous savons qu'à moins qu'il n'y ait une bonne étanchéité entre le masque et le visage du porteur, de nombreux aérosols et gouttelettes fuiront par le dessus et les côtés », explique la Pre Eugenia O ' Kelly, première auteure de l'étude.
L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) estime que le port de masque chirurgicaux n'est pas dangereux pour la santé seulement s'ils sont bien portés. L'Anses a réalisé cette expérimentation dans le but d'évaluer les éventuels risques liés à la présence de substances chimiques et leur inhalation ou contact avec la peau. "Les expositions aux substances chimiques retrouvées dans les masques ne dépassent pas les seuils sanitaires, aussi bien pour les adultes que pour les enfants" peut-on lire dans le communiqué publié ce mardi 14 décembre. Cette étude "garantit l’absence de risque pour la santé des populations, que ces substances soient inhalées ou en contact avec la peau" si le masque est porté correctement précise dans le communiqué Céline Dubois, coordinatrice de l'expérimentation.
Un seul modèle de masque ne convient pas à tous
Les participants de l'étude publiée dans la revue Plos One, ont subi des tests d'ajustement quantitatifs, qui utilisent un compteur de particules pour mesurer la concentration de particules à l'intérieur et à l'extérieur du masque, tout en portant des masques N95 et KN95, des masques chirurgicaux et des masques en tissu. Les résultats obtenus n'ont évalué que la protection apportée au porteur du masque.
Les masques de type N95 offraient des degrés de protection plus élevés que les autres catégories de masques testées. Cependant, la plupart ne s'adaptaient pas correctement aux participants. Lorsqu'ils étaient correctement ajustés, les masques N95 filtraient plus de 95% des particules en suspension mais lorsqu'ils étaient mal ajustés, leur efficacité n'étaient comparables qu'à celles des masques chirurgicaux ou en tissu. « Il ne suffit pas de supposer qu'un seul modèle N95 conviendra à la majorité d'une population. Le masque le plus ajusté que nous ayons examiné, le 8511 N95, ne convenait qu'à trois participants de notre étude », note Eugenia O ' Kelly.
Les chercheurs ont constaté que la bride du masque était le critère le plus important pour garantir un bon ajustement : les masques qui s'adaptent au plus grand nombre de participants avaient tendance à avoir des brides plus larges et plus flexibles. « Ajuster parfaitement un masque à un visage est un défi technique difficile et, comme notre recherche le montre, de petites différences telles qu'un nez plus large d'un centimètre ou des joues légèrement plus 'pleines' peuvent faire ou défaire l'ajustement parfait d'un masque », ajoute la Pre O'Kelly.
Covid-19 : une étude montre à quel point le masque est efficace, surtout lorsque bien ajusté
Publiée le 1er novembre dans la revue PNAS (Source 3), une étude basée sur plusieurs cas pratiques montre l’importance du masque plutôt que de la distanciation seule pour limiter le risque d’infection par le Sars-CoV-2.
Verdict : même à trois mètres, il suffit de moins de cinq minutes à une personne sans masque, contagieuse et non vaccinée pour transmettre à coup sûr le virus à une autre personne, si elle n’est pas non plus masquée. En revanche, si les deux personnes portent des masques chirurgicaux bien ajustés, ou mieux, des masques FFP2, le risque d’infection diminue considérablement. Même à trois mètres, l’air expiré se répand sous forme de cône dans l’air, et les particules virales se diluent dans l’environnement proche.
L'étude confirme que les masques FFP2 ou KN95 sont particulièrement efficaces pour filtrer les particules infectieuses de l'air respiré - surtout s'ils sont portés de la façon la plus hermétique possible au niveau du visage. Si les deux interlocuteurs portent des masques FFP2 bien ajustés, “le risque maximal d'infection après 20 minutes n'est guère supérieur à un pour mille, même à la distance la plus courte”, indiquent les chercheurs. Alors que “si leurs masques sont mal ajustés, la probabilité d'infection augmente à environ quatre pour cent”. Enfin, “si les deux portent des masques médicaux bien ajustés, le virus est susceptible de se transmettre dans les 20 minutes avec une probabilité maximale de dix pour cent”, indiquent encore les scientifiques.
Les chercheurs invitent donc tout un chacun à continuer à porter le masque, si possible un modèle FFP2, et de bien l’ajuster. Ils estiment que leurs résultats sont en faveur du port du masque dans les écoles pour limiter la transmission du virus entre enfants.
Où se procurer des masques ? A quel prix ?
Les collectivités locales et les acteurs privés, comme la grande distribution ou les pharmacies, ont la possibilité de commander et d'importer des masques, notamment de type chirurgical, depuis un décret du 23 mars.
Pour les masques grand public en tissu
Les pharmacies françaises ont été autorisées à vendre des masques alternatifs en tissu, fabriqués selon les normes Afnor. C'est aussi le cas des enseignes alimentaires de la grande distribution et des bureaux de tabac.
Leur prix ? Entre 2 et 3 € en fonction de leur durée de vie. Le ministère a précisé que ce type de masques se prête mal à une régulation des prix : ils répondent à "des spécifications diverses, notamment en termes de nombre de lavages et donc de réutilisations, à une grande variété de tissus utilisés et à une hétérogénéité de leurs modes et donc de leurs coûts de fabrication (fabrication française ou étrangère, artisanat ou industrie, produit grand public ou création couture)".
Pour les masques chirurgicaux
Les pharmacies sont autorisées à vendre au grand public des masques en papier à usage unique (masque chirurgical) issus de leurs propres stocks. Ceux issus du stock d’Etat doivent continuer à être distribués gratuitement aux professionnels de santé, selon la liste établie par le ministère de la Santé. Les buralistes et les enseignes de la grande distribution proposent aussi à la vente des masques chirurgicaux.
L'encadrement des prix, initialement prévu jusqu'au 10 janvier 2021, est prolongé : 95 centimes TTC d’euros maximum un masque chirurgical à usage unique, soit 47,50 euros la boîte de 50 masques.
Les masques FFP2 restent réservés aux personnels de santé.
Masques gratuits ou remboursés, qui est concerné ?
Des masques gratuits pour les plus précaires
Les Français.es bénéficiant de la complémentaire santé solidaire ou de l'Aide médicale d'État (un dispositif permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d'un accès aux soins) peuvent percevoir des masques gratuitement.
Les professionnels de santé bénéficient de dotations d'État
En pharmacie, les professionnels de santé peuvent bénéficier de masques gratuits (chirurgicaux ou FFP2), issus des des stocks constitués par l'Etat.
- Les médecins, dentistes, infirmiers, ont par exemple droit à 24 masques par semaine.
- Les pharmaciens, kinésithérapeutes et sages-femmes, eux, peuvent en obtenir 18.
- Les audioprothésistes, diététiciens, opticiens, ergothérapeutes, orthophonistes, orthoptistes, pédicures-podologues, psychologues, psychomotriciens et orthoprothésistes et podo-orthésistes peuvent en obtenir 12.
- Enfin, les salariés de l'aide à domicile peuvent obtenir 15 masques par semaine.
Pour rappel, en entreprise, un salarié peut également bénéficier de masques gratuits (équipements de protection individuels indispensables).
Des masques remboursés pour les malades, cas contact et personnes à risque
Le masque peut être remboursé pour :
- Les personnes touchées par le coronavirus, qui doivent présenter leur prescription médicale, le résultat positif de leur test virologique et leur carte Vitale . Elles ont droit à 28 masques pour 2 semaines.
- Les cas contacts, qui doivent présenter leur carte Vitale. La délivrance de masques se fera sur indication de l’Assurance maladie via son téléservice dédié sur la plateforme Ameli Pro. Sont éligibles les personnes qui vivent dans le même domicile qu'un patient contaminé et celles qui ont eu "un contact avec le patient dans les 48 heures précédant l'apparition des premiers symptômes", précise l'Assurance maladie.
- Les personnes à risque de développer une forme grave de la maladie, qui doivent présenter une prescription médicale et leur carte Vitale. Les plus de 70 ans, les malades cardiaques, les personnes atteintes de pathologies respiratoires et les diabétiques bénéficiant du régime en Affection longue durée (ALD) peuvent ainsi bénéficier de 10 masques par semaine.
Quel impact du port du masque sur les bébés et jeunes enfants ?
S’il va sans dire que le port du masque est une mesure barrière indispensable contre le Sars-CoV-2, la question de son impact sur les tout-petits se pose. Depuis le début de la pandémie, des voix s'élèvent pour souligner un potentiel risque de retard de langage chez les très jeunes enfants gardés en collectivité (crèche ou halte garderie), entourés d’adultes au bas du visage masqué. Car il semble que l’apprentissage des sons, des syllabes, des mots, mais aussi des émotions, passe par le mimétisme et l’observation de la bouche, celle-là même qui est masquée chez les professionnels de la petite enfance.
Psychologues et pédopsychiatres dénoncent une catastrophe annoncée
Dans une tribune publiée le 8 mars 2021 par Le Figaro, et rédigé par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, plus d’une centaine de pédopsychiatres, psychologues, médecins et psychomotriciens ont alerté quant à une catastrophe annoncée. Ils craignent que les enfants encadrés par des adultes masqués paient le prix fort de cette obligation liée à la pandémie, notamment en termes d’acquisition du langage ou de la sociabilité.
Boris Cyrulnik cite notamment une étude chinoise menée auprès de plus de 15 000 enfants durant l’épidémie de Sras de 2003, et une enquête réalisée récemment auprès de 600 professionnels de la petite enfance, par l’Université de Grenoble. Toutes deux font état d’un risque réel au niveau du développement langagier et psycho-affectif du jeune enfant, du fait du port du masque chez l’adulte. La distribution de masques inclusifs transparents a été clairement insuffisante et ne résout pas tous les problèmes, notamment parce qu’ils génèrent buée et inconfort chez les professionnels.
Boris Cyrulnik souligne par ailleurs que le port du masque en crèche est une mesure illusoire au vu des circonstances : les tout-petits mettent tout à la bouche, salivent beaucoup, éternuent, touchent le masque des adultes, et ont avec eux une grande proximité physique qui est nécessaire. “Les tout-petits ont besoin d'être câlinés, bercés, en permanence”, rappelle-t-il. En crèche, le risque serait surtout d’adulte à adulte.
Le masque à l'école, une mesure barrière jugée nécessaire et efficace
Une étude parue le 20 décembre 2021 dans la revue Frontiers in Public Health (source 5) montre l’importance du port du masque par les adultes exerçant dans les établissements scolaires. Cette mesure, obligatoire dans de nombreux pays durant cette pandémie, aurait réellement permis d’éviter la transmission du virus.
Des chercheurs allemands ont ici analysé les données de surveillance de routine de l’Etat fédéral allemand du Mecklembourg-Poméranie occidentale, entre août 2020 et mai 2021. Ils ont observé les taux d’incidence dans les écoles au regard des mesures et du protocole sanitaires mises en place. Dans les écoles, les enfants étaient le plus souvent les cas index, c’est-à-dire des cas positifs et symptomatiques. Mais lorsqu’un adulte était cas index, les événements épidémiques se sont avérés plus graves : le cas index a engendré davantage de cas secondaires que lorsque celui-ci était un enfant. Le port du masque obligatoire chez les adultes a cependant changé la donne, en bien, puisque de 4,5 personnes contaminées par un adulte symptomatique non masqué, on est passé à 0,5 avec le port du masque.
“Nos résultats montrent que le masquage obligatoire des enseignants, des soignants et des enfants dans les écoles au cours de l'année scolaire 2020-2021 a entraîné une réduction significative du nombre de transmissions de Covid-19”, ont conclu les chercheurs dans un communiqué (source 6). Si l’étude a quelques limites, notamment par le fait que le statut vaccinal des adultes n’était pas connu et a pu contribuer au moins en partie à ces bons résultats, les chercheurs estiment que l’obligation du port du masque chez l’adulte encadrant des enfants fait sens, en particulier en de recrudescence épidémique et avec l’émergence de nouveau variant encore plus infectieux.