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Comment la profession de taxi joue sur le risque de décès par maladie d'Alzheimer

Un taxi à Bordeaux © OceanProd/Getty Images

Publié le par Hélène Bour

Par leur métier, taxi drivers, ambulanciers et autres livreurs pourraient être mieux lotis en cas de maladie d’Alzheimer, d’après une nouvelle étude.

Être tout le temps sur les routes a de nombreux inconvénients, mais aussi des avantages. Taxi drivers, ambulanciers, facteurs et autres livreurs pourraient en effet tirer bénéfice de leur métier pour ce qui est de la maladie d’Alzheimer.

Moins de risque d’en mourir

C’est du moins ce qui ressort d’une nouvelle étude, parue récemment dans le British Medical Journal (Source 1). Des chercheurs du Massachusetts General Brigham (États-Unis) rapportent avoir observé que les métiers nécessitant un traitement fréquent de données spatiales, comme le fait d’être chauffeur de taxi, étaient associés à une diminution du taux de mortalité en cas de maladie d’Alzheimer. Autrement dit, ces métiers n’empêcheraient pas forcément de contracter ce type de démence, mais diminueraient le risque d’en mourir.

Précisons que si l’on ne meurt pas exactement de la maladie d’Alzheimer, on meurt généralement de ses complications, liées aux blessures ou aux chutes, ou à la difficulté à s’alimenter et s’hydrater (dénutrition, déshydratation), la cause de décès la plus fréquente étant la pneumonie d’aspiration, due à l’inhalation accidentelle de substances irritantes (suite à des vomissements ou une fausse route).

443 professions passées au crible

Les chercheurs ont ici passé au crible les données nationales sur les professions de personnes décédées entre le 1er janvier 2020 et le 31 décembre 2022, pour évaluer le risque de décès par maladie d’Alzheimer, dans 443 professions. C’est en recoupant les données que l’équipe s’est aperçue que taxi drivers et autres ambulanciers étaient des professions associées à un taux de mortalité directement lié à la maladie d’Alzheimer inférieur au taux observé pour d’autres professions.

Sur près de 9 millions de personnes incluses dans l’étude, toutes professions confondues, 3,88 % (348 328) sont décédées de la maladie d’Alzheimer. Parmi les chauffeurs de taxi, 1,03 % (171/16 658) sont décédés de la maladie d’Alzheimer, tandis que parmi les chauffeurs d’ambulance, le taux était de 0,74 % (10/1 348).

Après ajustement, les conducteurs d’ambulance (0,91 %) et les chauffeurs de taxi (1,03 %) présentaient la plus faible proportion de décès dus à la maladie d’Alzheimer, parmi toutes les professions étudiées ici.

Précisons que cette tendance n’a pas été observée dans d’autres emplois liés au transport mais qui utilisent des itinéraires prédéterminés, comme les conducteurs d’autobus (3,11 %) ou les pilotes d’avion (4,57 %), qui dépendent moins du traitement spatial et de la navigation en temps réel. Par ailleurs, cette tendance n’a pas été observée pour les autres types de démence (Parkinson, démence à corps de Lewy, etc.), et les scientifiques ont bien pris en compte les éventuels facteurs de biais (niveau d’études, origine ethnique, sexe, âge).

Des hypothèses mais aucune certitude

La partie du cerveau impliquée dans la création de cartes spatiales cognitives – que nous utilisons pour naviguer dans le monde qui nous entoure – est également impliquée dans le développement de la maladie d’Alzheimer”, a souligné l’auteur principal de l’étude, le Dr Vishal Patel, dans un communiqué (Source 2).

Pour autant, l’équipe se garde bien de faire des conclusions hâtives à partir de ces résultats, car il s’agit d’une étude observationnelle, et non d’un lien de cause à effet.

Nos résultats soulignent la possibilité que des changements neurologiques dans l’hippocampe ou ailleurs chez les chauffeurs de taxi et d’ambulance puissent expliquer les taux plus faibles de décès dus à la maladie d’Alzheimer”, a déclaré le Dr Anupam B. Jena, coauteur de l’étude.

Ces résultats laissent en tout cas entendre qu’il y aurait bien des différences au niveau du risque de décès par Alzheimer selon le type de profession que l’on a exercé. Certaines activités cognitives, ici le repérage dans l’espace, pourraient ainsi être utilisées à titre préventif.

Sources
OSZAR »