Bien que le concept de « charge mentale » soit de plus en plus connu, les inégalités hommes-femmes persistent et les tâches ménagères en sont le parfait exemple. Une étude menée par des chercheurs de l'University College London révèle en effet que ce sont toujours les femmes, dans une large majorité, qui s'occupent de tenir la maison. Ainsi, seuls 7% des couples pris en compte pour cette recherche partageaient les tâches ménagères de manière égale. Pour en venir à cette conclusion, les chercheurs ont analysé les données de plus de 8 500 couples âgés de 16 à 65 ans et ont créé huit groupes en fonction de la manière dont ils répartissaient leur temps entre travail rémunéré et domestique.
« Nous voulions examiner comment les couples partagent différentes responsabilités et tester un certain nombre d'hypothèses sur les raisons pour lesquelles une plus grande égalité sur le lieu de travail ne s'est pas accompagnée d'une division plus équitable du travail à la maison », explique le Pr Anne McMunn, auteure principale de l'étude. Les chercheurs ont examiné le type de travail des couples (travaux ménagers, travail rémunéré, garde d'enfants et soins aux adultes). Ils ont ensuite regardé leurs différences en matière de niveau d’éducation et ont analysé leurs attitudes vis-à-vis des « rôles de genre » : étaient-ils traditionnels, égalitaires ou ni l'un, ni l'autre des partenaires n'est plus égalitaire que l'autre.
Une répartition des tâches plutôt « traditionnelle »
Les résultats ont montré que peu de couples partageaient les tâches ménagères équitablement : pour deux groupes sur huit, la contribution des hommes aux tâches ménagères était égale ou supérieure à celle de leurs partenaires. Dans l'un de ces deux groupes, représentant 6% de l'ensemble de la cohorte totale de l'étude, les femmes étaient les principales sources de revenus du foyer et étaient plus susceptibles que leurs partenaires d'avoir un niveau d'instruction plus élevé. Dans l'autre groupe, à peine 1% de la cohorte totale, les hommes restaient à la maison et effectuaient plus de 20 heures de travail domestique. Mais même dans ce groupe, les deux tiers des femmes les effectuaient également.
Dans le groupe le plus important en termes de couples membres (près de la moitié des couples interrogés), ces derniers avaient un double salaire, avaient tendance à être employés à temps plein, mais étaient moins susceptibles d’avoir des enfants à la maison. Le deuxième groupe en termes d'importance numérique (28% des couples) avait une division du travail plus traditionnelle : les hommes étaient principalement employés à plein temps, tandis que plus de la moitié des femmes n’étaient pas rémunérées ou occupaient un emploi à temps partiel. Les femmes de ces couples effectuaient plus de tâches ménagères, dont plus de la moitié s'y consacrait au moins plus de 20 heures par semaine.
« Les normes relatives au genre restent fortes »
A l'inverse, 63% des hommes de ces couples contribuaient moins de cinq heures par semaine aux tâches ménagères. Enfin, le troisième groupe de couples le plus fréquent comportait des membres âgés entre 50 et 60 ans, dont les femmes effectuaient un nombre de tâches ménagères relativement élevées. Ce qui laisse suggérer, selon les chercheurs, que ces couples adoptaient par le passé une répartition du travail domestique fondée sur le sexe. Les scientifiques ont également constaté que les attitudes des couples à l'égard du genre influaient sur leurs pratiques de travail. Aussi, ceux qui ne partageaient pas les mêmes convictions égalitaires étaient plus susceptibles de vivre selon un mode de vie plus traditionnel.
« En ce qui concerne les tâches ménagères, nous constatons que l'égalité des sexes reste rare et que les normes relatives au genre restent fortes », ajoute le Pr Anne McMumm. « Changer les mentalités autour des normes de genre est un moyen d'encourager le changement dans ce domaine. Cela suggère que même les couples qui partagent des idées égalitaires sur les rôles des hommes et des femmes pourraient ne pas être en mesure de surmonter les obstacles potentiels. » Les chercheurs estiment cependant que des mesures gouvernementales comme celles adoptées dans les pays scandinaves peuvent les y aider, à l'instar de congés paternité bien payés et des services de garde abordables.