Le détartrage dentaire prévient les caries et les maladies parodontales en éliminant le tartre, favorisant ainsi une meilleure hygiène buccale. Voici ce qu’il faut savoir sur cette procédure.
Définition : qu’est-ce que le tartre dentaire ?
Le tartre se dépose naturellement sur les dents et les gencives. C’est une sorte de film composé de concrétions de phosphate de calcium (la plaque dentaire). La réaction chimique se forme à partir de la salive.
Les dents qui 's’entartrent' le plus facilement sont les incisives inférieures et les molaires supérieures, car elles sont situées en face des canaux excréteurs des glandes salivaires, explique le Dr Yves Lauverjat, parodontiste et professeur à la faculté d’odontologie de Bordeaux.
Quels sont les bienfaits du détartrage dentaire ?
« Le tartre n’est pas pathogène en soi. Il est normal d’en avoir », poursuit le spécialiste. Le problème, c’est que ce tartre se comporte comme une colle sur laquelle les bactéries viennent se fixer. À partir de là, le risque de carie et de maladies parodontales (déchaussement des dents) augmente. Et si le tartre pénètre sous la gencive, il favorise l’agression bactérienne, avec à la clé un risque de gingivite (inflammation réversible de la gencive) ou de parodontite (perte osseuse autour de la dent). D’où l’importance du détartrage dentaire.
Le détartrage peut prendre deux formes :
- Le détartrage préventif conseillé une fois par an chez un dentiste. Pas besoin d’anesthésie ;
- Le détartrage sous-gingival, appelé surfaçage radiculaire. Il est réservé aux patients souffrant de parodontite et se pratique sous anesthésie locale.
Pourquoi certaines personnes ont plus de tartre que d’autres ?
La formation du tartre est très variable d’une personne à l’autre. Elle dépend essentiellement de la quantité de salive produite. Les patients sous traitement antidépresseur ou anxiolytique en sécrètent moins, ce qui peut engendrer des problèmes bucco-dentaires.
L’eau de boisson a également une influence. Ainsi, les eaux riches en calcium favorisent la formation du tartre.
Enfin, l’accumulation de tartre peut s’expliquer tout simplement par un brossage insuffisant : « la plaque dentaire se réinstalle très rapidement après le brossage. D’où l’importance de se brosser les dents au moins deux fois par jour. Le brossage du soir est le plus important car il faut savoir que le tartre se forme essentiellement la nuit. Dans la journée, les mouvements de la langue et les fluides buccaux limitent le phénomène », indique le Dr Lauverjat.
Comment faire un détartrage chez le dentiste ?
Pour éliminer le tartre, le dentiste a recours la plupart du temps aux ultrasons. Pendant l’intervention, la bouche est irriguée en permanence pour éviter les échauffements.
Concrètement, des instruments appelés inserts envoient des vibrations qui vont décoller les dépôts de tartre. « On peut varier l’intensité de ces vibrations et utiliser des inserts plus ou moins fins pour passer entre les dents », précise le spécialiste.
Est-ce qu’on ressent de la douleur ?
« L’intervention est sans douleur. Il n’y a pas besoin d’anesthésie dans la grande majorité des cas. C’est seulement lorsque les gencives sont rétractées qu’on propose une anesthésie locale ».
Pour compléter l’action des ultrasons, le dentiste a recours à des curettes qui lui permettent, manuellement, d’aller chercher le tartre dans des zones difficiles d’accès.
Le polissage des dents
Enfin, il termine par un polissage des dents à l’aide d’une pâte spéciale ou d’une poudre projetée sous pression : « ce polissage permet d’éviter les rayures microscopiques et laisse une surface dentaire lisse et propre, sur laquelle le tartre se collera moins facilement ». Autre avantage du polissage : les dents sont légèrement blanchies.
Détartrage sous la gencive : dans quel cas ?
Pour un surfaçage radiculaire, ce détartrage sous-gingival pratiqué en cas de parodontite, une anesthésie locale est nécessaire. Le dentiste utilise des inserts plus fins pour pénétrer plus profondément sous la gencive. L’intervention peut se faire en une à six séances en fonction de la profondeur des lésions.
Faut-il prendre des antibiotiques pour un détartrage ?
Chez une personne en bonne santé, sans facteurs de risque particuliers, les antibiotiques ne sont pas recommandés à l’occasion d’un simple détartrage des dents ou d’un surfaçage radiculaire.
Seules les personnes « à haut risque » doivent prendre un flash d’antibiotique (en général l’amoxicilline) en dose unique, dans l’heure qui précède le soin. Chez ces patients, un relargage de bactéries dans la circulation sanguine pourrait atteindre les valves cardiaques. Il existe alors un risque d’endocardite infectieuse, une complication rare mais grave.
Ces personnes considérées à haut risque sont :
- Les patients ayant des antécédents d’endocardite ;
- Les porteurs d’une prothèse valvulaire (les stents et les pacemakers ne sont pas concernés) ;
- Les patients atteints de certaines cardiopathies congénitales ;
- Les personnes immunodéprimées (patient sous traitement anti-rejet après une greffe d’organe, infecté par le VIH, souffrant d’une leucémie, sous chimiothérapie…).
Détartrage chez l’enfant : à quel âge commencer ?
Un détartrage très doux, sans recours aux ultrasons, peut être pratiqué dès l’âge de trois-quatre ans, chez des enfants qui ont un terrain favorable aux caries.
En général, on commence les détartrages dès l’âge de 8-10 ans, au rythme d’une fois par an. C’est l’occasion pour le dentiste de faire un contrôle bucco-dentaire. Dr Yves Lauverjat, parodontiste et professeur à la faculté d’odontologie de Bordeaux
Comment enlever le tartre sur les dents naturellement ?
Selon le Dr Lauverjat, aucun dentifrice n’est plus efficace qu’un autre contre la formation de la plaque dentaire.
Il recommande, en revanche, l’usage d’une brosse à dents souple, dont les poils peuvent aller dans tous les recoins sans faire mal. « Pour que le brossage soit efficace, il faut que les poils soient inclinés à 45° par rapport à la dent, et non pas à l’horizontale. Il faut effectuer des mouvements rotatifs, sans oublier la face interne des dents », rappelle-t-il.
Les brossettes, qui permettent d’éliminer le tartre entre les dents, complètent efficacement le brossage. « Il y a peu de risque de se blesser, mais il vaut mieux apprendre auprès de son dentiste à bien les utiliser pour ne pas provoquer de micro-abrasions, des brèches qui favoriseraient le passage des bactéries », souligne le Dr Lauverjat. Le conseil vaut surtout pour le fil dentaire qui, mal appliqué entre les dents, peut occasionner des coupures de la gencive.
Peut-on se détartrer les dents tout seul à la maison ? Comment ?
Certaines personnes tentent de se détartrer elles-mêmes les dents avec du vinaigre ou du bicarbonate de soude. Pour le Dr Lauverjat, cette technique n’est pas anodine : « il existe un risque de brûlure par agression chimique ». Le jeu n’en vaut pas la chandelle, d’autant que ce soin dentaire est pris en charge par la Sécurité sociale.
Quel est le prix d'un détartrage dentaire ? Est-il remboursé ?
La Sécurité sociale rembourse le détartrage des dents à hauteur de 60 % du tarif conventionnel (28,92 €), le reste pouvant être complété par une mutuelle. Le surfaçage radiculaire n'est pris en charge que pour les personnes diabétiques, à hauteur de 100 % dans le cadre d'une affection de longue durée.