« J’ai l’impression d’avoir la tête dans un sauna », avoue Rosa sur un forum. « Moi, j’ai des sueurs la nuit et je me réveille épuisée », ajoute Sophie. Entre 60 et 70 % des femmes souffriraient de bouffées de chaleur à la ménopause. Un phénomène qui joue les trouble-fêtes et peut sérieusement impacter la qualité de vie. Heureusement, des solutions existent pour y remédier…
Bouffées de chaleur et sueurs nocturnes chez la femme : de quoi parle-t-on ?
Les troubles vasomoteurs – plus communément appelés « bouffées de chaleur » – sont les signes les plus fréquents de la ménopause. « On parle de bouffées vasomotrices un vocable qui désigne à la fois les bouffées de chaleur sèches diurnes et celles accompagnées de sueurs plutôt la nuit », confie la Dre Odile Bagot. L’intensité, la fréquence et surtout la tolérance des bouffées de chaleur sont très variables selon les femmes : « De quelques bouffées en journée à des nuits passées à essorer sa nuisette ! », confirme la gynécologue.
Et chez les hommes ?
Les bouffées de chaleur ne sont pas uniquement l’apanage des femmes. Les hommes aussi peuvent en souffrir notamment au moment de l’andropause ! Elles sont dues à la baisse de production de la testostérone. Certains médicaments prescrits dans le traitement du cancer de la prostate peuvent également être à l’origine de bouffées de chaleur…
Quels sont les symptômes des bouffées de chaleur ?
Les bouffées de chaleur se manifestent par une sensation de chaleur qui part du thorax vers le cou ainsi qu’au niveau du visage accompagnée parfois de rougeurs voire de sueurs. Elles sont principalement déclenchées par :
- les émotions, le stress ;
- la chaleur ;
- la consommation de mets épicés ou de boissons chaudes ;
- l’alcool.
Pourquoi j’ai des bouffées de chaleur ? Quelles sont les causes ?
À la ménopause, les bouffées de chaleur sont étroitement liées à la chute brutale des œstrogènes qui perturbe le centre de régulation de la température corporelle située dans l’hypothalamus. « Le centre de régulation de la température, autrement dit le thermostat de votre corps, se situe dans le cerveau, plus précisément dans l’hypothalamus, explique la Dre Bagot dans son ouvrage Ménopause, pas de panique ! Il est réglé, avant la ménopause, sur 0,4 °C, la zone de neutralité thermique. Quand la température centrale varie de plus de 0,4 °C, le corps évacue ce trop-plein de chaleur sous la forme d’une bonne suée ou en dilatant tous les vaisseaux de la peau pour rafraîchir le sang. Une femme ménopausée qui souffre de bouffées de chaleur possède un seuil de neutralité thermique proche de zéro : sa « climatisation » se met en route pour un oui ou pour un non ! »
Quels sont les facteurs favorisants ?
Certaines femmes sont plus à risque de souffrir de bouffées de chaleur. « Plusieurs études ont démontré un lien entre l’indice de masse corporelle et les bouffées de chaleur, les femmes en surpoids ou obèses y étant plus sujettes car leurs petits vaisseaux de surface évacuent plus difficilement la chaleur », précise la Dre Odile Bagot. A contrario, certaines études épidémiologiques tendent à prouver que moins de 25 % des femmes japonaises auraient des bouffées de chaleur. Leur alimentation riche en soja, qui contient des isoflavones (phyto-œstrogènes), serait-elle un début d’explication ?
Quand se terminent les bouffées de chaleur ? Jusqu’à quel âge une femme peut-elle avoir des bouffées de chaleur ?
Cela diffère d’une femme à une autre. « En début de ménopause, plus des trois quarts des femmes souffriront, à des degrés variables, de bouffées de chaleur ; cinq ans plus tard, encore une sur deux s’éventera, et j’ai même vu des dames âgées de 80 ans réclamer leur minidose d’œstrogènes pour éviter les bouffées de chaleur. C’est rare, mais ça existe, confie le Dr Odile Bagot. Quelques chanceuses sont épargnées, sans qu’on arrive pour autant à dresser leur profil. »
Comment savoir si l’on est ménopausée ?
La ménopause – diagnostiquée, rappelons-le au bout d’un an complet sans règles – est précédée d’une phase baptisée préménopause qui débute généralement vers l’âge de 47 ou 48 ans et s’étend jusqu’à l’arrêt définitif des règles. « On parle plutôt aujourd’hui de transition ménopausique, précise le Dr Bagot. Pendant cette transition ménopausique les femmes vont alterner les périodes d’hyperœstrogénie relative – avec tension des seins, cycles menstruels qui raccourcissent, règles plus abondantes, troubles de l’humeur, etc. – et les périodes d’hypoœstrogénie où elles seront en aménorrhée pendant plusieurs mois et pourront ressentir de premières bouffées de chaleur. »
Préménopause et ménopause : comment faire pour ne plus avoir de bouffées de chaleur ? Quelles sont les solutions ?
Les bouffées de chaleur impactent très fortement votre quotidien ? Pas d’inquiétude, il existe des solutions pour y remédier. Sachez que le traitement des troubles vasomoteurs de la ménopause est l’indication principale du traitement hormonal de la ménopause (THM).
« La supplémentation en œstrogènes vient toujours à bout des bouffées de chaleur, rassure la spécialiste. Si ce n’est pas le cas, on recherchera une autre cause aux troubles vasomoteurs, comme un dysfonctionnement thyroïdien (hyperthyroïdie), une hypertension ou encore une hypoglycémie. Chez les femmes pour qui le traitement hormonal est contre-indiqué – par exemple en cas d’antécédents de cancer du sein – des alternatives existent en médecine complémentaire. »
Quels sont les traitements naturels pour lutter contre les bouffées de chaleur ?
Compléments alimentaires, homéopathie, phytothérapie, sophrologie, séances d’acupuncture ou encore de relaxation : de nombreux traitements naturels permettent de soulager en partie les bouffées de chaleur.
L’homéopathie
Des complexes homéopathiques comme Acthéane® (Boiron), Complexe 518® (Weleda) et Climaxol® (Lehning) contribueraient à diminuer les bouffées de chaleur. « Certains d’entre eux font légèrement mieux que les placebos, sans que pour autant la différence soit très significative, affirme le Dr Bagot. Mais l’effet placebo représente déjà, dans les bouffées de chaleur, 50 % environ des réactions. Peu importe, on ne leur demande qu’une chose, c’est de soulager en toute innocuité, non ? » Vous pouvez, si nécessaire, vous adresser à un médecin homéopathe qui individualisera le traitement en fonction de vos symptômes.
Les compléments alimentaires
De nombreux compléments alimentaires à base d’isoflavones assurent atténuer les troubles vasomoteurs de la ménopause. « La dose quotidienne d’isoflavones des compléments alimentaires ne devrait pas dépasser 40 mg, insiste la Dre Bagot dans son ouvrage. Il faut donc faire preuve de vigilance lorsque le produit propose, en association avec le soja, déjà riche en isoflavones, un phyto‐œstrogène d’une autre famille, comme les lignanes du houblon ou le coumestrol de la luzerne ». Les phyto-œstrogènes sont par ailleurs contre-indiqués en cas d’antécédents de cancer du sein.
La phytothérapie
Plusieurs plantes comme l’actée à grappes noires, la luzerne, le houblon, le fenouil ou les graines de lin ont une activité de type oestrogénique prouvée et peuvent aider à mieux vivre la ménopause. « L’actée à grappes noires est utilisée traditionnellement contre les bouffées de chaleur mais son mode d’action est complexe, affirme la spécialiste. Par principe de précaution, son utilisation en phytothérapie (mais pas en dilution homéopathique) est contre‐indiquée dans les cancers gynécologiques, en particulier du sein. »
La relaxation
Enfin, la relaxation, la sophrologie, l’hypnose ou encore la méditation de pleine conscience diminuent l’impact des troubles vasomoteurs sur la qualité de vie. Et la Dre Bagot de conclure : « Pratiquer une activité physique régulière est également une bonne chose. Si les sportives n’ont pas significativement moins de bouffées de chaleur que les sédentaires, elles se sentent souvent mieux dans leur corps, ce qui participe largement à une bonne tolérance des troubles climatériques. Une dernière astuce ? Pour la nuit, investissez dans des couettes séparées, une légère pour vous et une plus épaisse pour votre moitié ! ».