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Mononucléose : qu'est-ce que la maladie du baiser ? Comment la traiter ?

Tout savoir sur la mononucléose infectieuse © iStock / Pornpak Khunatorn

Publié par Ysabelle Silly  |  Mis à jour le par Dora LatyExperts : Dre Caroline Pombourcq ; Dr Charles Cazanave, chef d’unité au service des maladies infectieuses et tropicales au CHU de Bordeaux

La mononucléose infectieuse, ou “maladie du baiser”, est une maladie infectieuse provoquée par le virus d’Epstein-Barr qui se transmet par la salive. Symptômes, contagion, diagnostic, traitements… On fait le point.

 

Définition de la mononucléose infectieuse

La mononucléose infectieuse appelée aussi « maladie du baiser » ou « maladie des fiancés » est une maladie virale infectieuse provoquée par le virus Epstein-Barr (ou EBV), de la famille des herpès virus.

Sa transmission se fait essentiellement par voie salivaire de façon directe (par un baiser ou des postillons) ou indirectement par des objets ayant été en contact avec la salive : « Classiquement, lorsque des jeunes s’échangent leurs verres lors d’une soirée », illustre le Dr Charles Cazanave, chef d’unité au service des maladies infectieuses au CHU de Bordeaux. Cependant, la transmission peut se faire exceptionnellement par voie sanguine (transfusion sanguine) ou sexuelle (source 1).

Si parfois le patient est parfois asymptomatique, il peut aussi présenter certains symptômes : « Il s’agit principalement d’un état d’asthénie profonde souvent accompagnée de fièvre et parfois d’une adénopathie (ou gonflement ganglionnaire) rappelant une angine », précise l’infectiologue.

La mononucléose est sans gravité. Elle est rarement à l’origine de complications, sauf chez les patients immunodéprimés. C’est notamment le cas lorsque le volume de la rate augmente, provoquant de fortes douleurs. C’est alors une urgence médicale.

Les adolescents particulièrement à risque

La maladie peut être contractée à tout âge et touche également les individus des deux sexes. Nous estimons que 90 % des adultes ont déjà été en contact avec le virus Epstein-Barr (source 2).

La contamination se fait le plus souvent au début de la vie, mais le développement des mesures d’hygiène a permis de préserver les nourrissons et les enfants (qui sont le plus souvent asymptomatiques).

En revanche, chez le jeune adulte et surtout chez l’adolescent, la contamination est fréquente. Les symptômes surviennent après quatre à sept semaines d’incubation. « Généralement les adolescents restent symptomatiques et conservent un état de fatigue marquée pendant près d’un mois », souligne le praticien. Ils peuvent rester contagieux six mois après la primo-infection.

La maladie n’épargne pas les femmes enceintes mais ne provoque pas de complications fœtales particulières.

Causes : virus, mode de transmission

Le virus d’Epstein-Barr

La mononucléose est provoquée par le virus d’Epstein-Barr ou virus de l’herpès 4 (HHV-4) de la famille des Herpesviridae. Il est à l’origine de la mononucléose mais aussi de certains lymphomes. Trois types de lymphomes ont un lien avec l’infection à l’EBV (source 3) : le lymphome non hodgkinien lié à une immunodépression due à une greffe d’organe ou au sida, le lymphome de Burkitt, qui fait partie des lymphomes non hodgkiniens, et le lymphome hodgkinien. « Toutefois, le lymphome survient des années après l’épisode de mononucléose. Bien souvent les malades ne font pas le lien entre ces deux pathologies », selon le Dr Cazanave, infectiologue. « Il n’est cependant pas rare que les deux maladies soient confondues car leurs tableaux cliniques présentent des similitudes », ajoute le spécialiste.

Une transmission par la salive

Ce virus est extrêmement contagieux. Il se transmet par un simple contact direct ou indirect avec la salive d’une personne contaminée. Le risque de transmission est maximal pendant la phase aiguë de la maladie (lorsque le patient est symptomatique). Attention, lorsque le patient ne présente plus de signes cliniques, il peut rester contagieux pendant 6 mois.

Une fois le malade guéri, il est immunisé et ne peut plus attraper à nouveau la maladie. Cependant le virus reste dans l’organisme du patient qui risque une réactivation en cas d’immunodépression. Or les patients immunodéprimés sont plus à risque de complications que les patients immunocompétents.
Dr Charles Cazanave, chef d’unité au service des maladies infectieuses et tropicales au CHU de Bordeaux

La réponse immunitaire à l’origine des symptômes

Une fois entré dans le corps humain (principalement par voie salivaire), ce virus provoque une augmentation de la réponse immunitaire de la personne atteinte, ce qui induit une grande production des lymphocytes monocytaires. Cet accroissement des globules blancs entraîne une augmentation de taille des organes où sont produits ces derniers (ganglions des aisselles, de l’aine, du cou et de la rate). Cela explique les manifestations de la mononucléose infectieuse.

Symptômes de la mononucléose infectieuse

Le temps d’incubation de la mononucléose est long : de 4 à 7 semaines. Par la suite le patient ressent un ensemble de symptômes appelé « syndrome mononucléosique ». Ce nom désigne l’anomalie sanguine provoquée par la mononucléose caractérisée par une augmentation transitoire des globules blancs. Nous retrouvons ce syndrome dans d’autres affections comme la toxoplasmose, le cytomégalovirus, le VIH…

Les symptômes occasionnés par la mononucléose sont :

  • une altération de l’état général (fatigue, perte d’appétit, amaigrissement) ;
  • des céphalées ;
  • des nausées, vomissements ;
  • une forte fièvre (vespérale) souvent supérieure à 39 °C. « Le patient peut présenter des frissons et souvent des courbatures pendant une à deux semaine(s) » ;
  • une angine douloureuse avec des difficultés à déglutir. La gorge est rouge et parfois recouverte de dépôts blancs ;
  • une adénopathie, c’est-à-dire la présence de ganglions gonflés au niveau du cou, de l’aine, des aisselles. Ils sont parfois douloureux ;
  • une jaunisse ou ictère ;
  • une éruption cutanée : en cas de prise d’antibiotiques (ampicilline), des plaques rouges peuvent apparaître sur le tronc, les bras et les membres inférieurs.

Même si les symptômes s’effacent spontanément en quinze à vingt jours, la fatigue perdure pendant près d’un mois. « Toutefois, si les symptômes ou la fatigue persistent trop longtemps, il est recommandé de consulter un médecin afin de ne pas passer à côté d’une autre pathologie plus sérieuse comme un lymphome », alerte le praticien.

Des symptômes plus discrets chez l’enfant

Généralement, l’enfant ne présente pas de symptôme. Rarement, une fièvre, une fatigue et parfois une angine sont observées. L’enfant peut être bougon, colérique et perdre l’appétit.

Attention, il existe des complications !

  • La rupture de rate : « C’est la complication classique que nous ne rencontrons heureusement que très rarement. Pendant la mononucléose, les ganglions gonflent dont la rate. À ce moment-là un traumatisme au niveau de l’abdomen (coup, accident de voiture…) peut entraîner une fragilisation voire une rupture de la rate. Elle constitue une urgence chirurgicale. »
  • Une hépatite ou inflammation du foie : elle accompagne parfois la mononucléose. Nous parlons d’hépatite fulminante au virus Epstein-Barr (source 4). Elle est transitoire et bénigne. Une insuffisance hépatique ne survient que dans des cas très exceptionnels, le plus souvent chez les patients immunodéprimés.
  • Une anémie (c’est-à-dire baisse des globules rouges). Elle peut se traduire par une fatigue, un essoufflement et une jaunisse.
  • Une thrombopénie (baisse du nombre de plaquettes sanguines) qui est souvent asymptomatique et sans conséquence sur la santé lorsqu’elle reste au-dessus d’un certain seuil.
  • L’encéphalite fulgurante à EBV de façon exceptionnelle (source 5).

Conseils de prévention

« Il semble difficile de prévenir la survenue de la maladie, car nous n’allons pas interdire aux jeunes de s’embrasser par exemple. Cependant, il est recommandé d’éviter d’échanger les verres ou d’autres ustensiles, de fumer une même cigarette… » En outre, il est essentiel d’éviter d’embrasser les personnes malades ou en convalescence. En effet, le virus reste contagieux plusieurs mois après la fin des symptômes.

Examens : comment savoir si on a attrapé la maladie du baiser ?

 

  • Un examen clinique qui comporte une observation des symptômes et un interrogatoire du patient.
  • Un test TDR peut aussi être effectué par le médecin pour s’assurer que le patient ne souffre pas d’une angine bactérienne (infection au streptocoque du groupe A).
  • Des examens sanguins :
    - Numérotation formule sanguine (NFS) : une élévation importante des globules blancs (et particulièrement des lymphocytes monocytaires) est constatée en cas de mononucléose ;
    - Une augmentation des transaminases peut être un signe d’une atteinte du foie ;
    attestant la présence d’anticorps spécifiques.
    - Un test sérologique (MNI-test)

Traiter une mononucléose infectieuse

Le traitement de la mononucléose infectieuse repose sur :

  • beaucoup de repos et une activité modérée pendant trois mois : « les enfants ne doivent pas aller à l’école tant qu’ils sont contagieux, les adultes doivent aussi rester confinés et demander un arrêt de travail » ;
  • boire beaucoup d’eau pour éviter la déshydratation qui accentue la sensation de fatigue ;
  • une alimentation saine ;
  • la prise d’antipyrétiques (paracétamol ou ibuprofène en cas de contre-indication au paracétamol) pour faire baisser la fièvre. Rappelons que l’aspirine est déconseillée chez les enfants atteints d’infection virale ;
  • « Très rarement en cas d’infection sévère et de ganglions particulièrement gonflés, les corticoïdes peuvent être prescrits », selon l’expert.

Attention, les familles d’antibiotiques ampicillines ou amoxicillines sont évitées car elles peuvent provoquer un exanthème impressionnant (coloration rouge sur la peau). lt

Sources

Publié par Ysabelle Silly  |  Mis à jour le par Dora LatyExperts : Dre Caroline Pombourcq ; Dr Charles Cazanave, chef d’unité au service des maladies infectieuses et tropicales au CHU de Bordeaux

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