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Colique hépatique : tout savoir sur cette douleur brutale

homme-mal-au-ventre-colique-hepatique © Istock / elenaleonova

Publié par Dora Laty et Ysabelle Silly  |  Mis à jour le Experte : Docteure Vianna Costil, gastro-entérologue et hépatologue libérale à Paris.

La colique hépatique désigne une douleur provoquée par un ou plusieurs calculs qui se bloquent dans les canaux biliaires du foie. Une intervention chirurgicale est généralement nécessaire pour en venir à bout. On fait le point avec la docteure Vianna Costil, gastro-entérologue et hépatologue. 

Qu'est-ce qu'une colique hépatique ?

La colique hépatique est davantage un symptôme qu’une maladie. Il s'agit d'une douleur brutale dans le creux de l'estomac ou sous les côtes du côté droit. Cette douleur est constante et s'intensifie rapidement. Elle oblige souvent à cesser toute activité. 

La colique hépatique est provoquée par l’obstruction des voies biliaires (voies d’écoulement de la bile à la sortie du foie ou de la vésicule biliaire) par un calcul (lithiase) ou le déplacement de ce dernier dans le canal cystique. "Le calcul bloque le passage de la bile (elle est stockée dans la vésicule biliaire et permet la digestion) et provoque une mise en tension brutale des voies biliaires" , selon la docteure Vianna Costil, gastro-entérologue et hépatologue libérale à Paris. . 

La colique hépatique dure de 30 minutes à quelques heures. Elle cesse lorsque le calcul s’est déplacé et ne bloque plus la voie biliaire.

Après une crise de colique hépatique, une consultation médicale est indispensable.

Quelles sont les complications de la colique hépatique ?

Les complications de la colique hépatique sont celles du calcul biliaire qui en est la cause. En l'absence de traitement, l'évolution de la maladie peut être défavorable : 

  • une récidive de colique hépatique est possible dans 2/3 des cas (source 1) ;
  • une inflammation peut résulter de l'obstruction chronique du canal biliaire cystique, nous parlons alors de cholécystite aiguë ;
  • si le calcul migre vers les voies biliaires et le cholédoque, la maladie peut occasionner :
  • un ictère (ou jaunisse) ;
  • une angiocholite ou infection aigüe du cholédoque ;
  • une pancréatite aiguë ou inflammation du pancréas (en effet, le cholédoque fusionne avec le canal de Wirsung en provenance du pancréas).

À quoi est due une colique hépatique ?

La formation de calculs biliaires

La colique hépatique est due à l’obstruction des voies d’écoulement de la bile à la sortie du foie ou de la vésicule biliaire par un ou plusieurs calcul(s). Nous parlons de calculs biliaires ou de lithiase biliaire ou vésiculaire. Les calculs peuvent aller de la taille d'un grain de sable à celle d'un petit caillou. "Ils se forment le plus souvent à partir du cholestérol contenu dans la bile. Parfois, ils sont composés d'autres éléments présents dans la bile", selon la docteure Vianna Costil. Il peut s'agit notamment des pigments biliaires (substances brunes ou noires) ou d'une association de cholestérol et de pigments. 

Une vésicule biliaire saturée en cholestérol ou qui fonctionne mal

Les calculs biliaires sont le plus souvent constitués de cholestérol. Leur formation peut être provoquée par :

  • un excès de sécrétion de cholestérol dans la bile. Dans ce cas, une hypercholestérolémie, un surpoids et/ou encore un diabète sont en cause ;

" Attention toutefois, contrairement aux idées reçues ce facteur de risque n'a rien de systématique :  il existe beaucoup de patients qui ne connaissent aucun problème de cholestérol ni de surpoids et qui pourtant présentent des calculs biliaires", souligne la docteure Vianna Costil. 

  • un défaut de sécrétion biliaire des facteurs qui rendent le cholestérol soluble ;
  • une diminution de la motricité de la vésicule biliaire qui se contracte mal pour évacuer la bile. Ce dysfonctionnement peut survenir avec l'âge notamment.

Parfois, les calculs biliaires sont constitués de pigments. Dans ce cas, les facteurs de risque sont plutôt l’augmentation de la bilirubine, du fait de maladies ou de médicaments favorisant la destruction des globules rouges, les infections biliaires, le rétrécissement de la voie biliaire ...

Quels sont les facteurs de risque de la colique biliaire

Les principaux facteurs de risque de la colique hépatique sont :

  • le surpoids et l'obésité ;
  • des troubles métaboliques comme le diabète et l'hypercholestérolémie ;
  • une prise ou une perte de poids importante et rapide ;
  • un régime alimentaire hypercalorique et particulièrement riche en graisses et pauvre en fibres ;
  • un régime hypocalorique, un jeûne prolongé ou une anorexie mentale ;
  • la grossesse (durant la grossesse, la bile contient davantage de cholestérol et la motricité de la vésicule biliaire diminue) ;
  • le vieillissement (qui engendre une perte de motricité de la vésicule biliaire) ;
  • l’alcoolisme ;
  • la prise de certains médicaments ( les traitements à base d’œstrogènes (contraceptifs), certains médicaments contre l'hypertriglycéridémie (fibrates)...) ;
  • certaines maladies chroniques comme la maladie de Crohn ou la mucoviscidose ;
  • une prédisposition familiale.

Quelles sont les personnes à risque de colique hépatique ?

Les personnes à risque de colique hépatique sont celles sujettes aux calculs biliaires. 80% des calculs biliaires sont asymptomatiques. Il y a donc finalement peu de patients qui souffrent de colique hépatique en cas de calculs biliaires.

Les calculs biliaires concernent 10 à 15 % des adultes de 20-60 ans. Leur fréquence augmente avec l’âge, pour atteindre 60 % après 80 ans (source 1). Ils sont plus fréquents chez les femmes que chez l'homme. Les personnes en surpoids ou obèses et les femmes enceintes ou ayant eu plusieurs grossesses sont particulièrement à risque. 

Quels sont les symptômes de la colique hépatique ?

Dans plus de 80 % des cas, les calculs biliaires n’engendrent aucun symptôme. Dans 20% des cas ils peuvent générer une gêne voire une douleur. Lorsque cette dernière est intense, nous parlons de colique hépatique. Cette douleur intense traduit une tension brutale des canaux qui transportent la bile. 

Généralement, les symptômes de la colique hépatique sont :

  • des douleurs intenses et brutales :

" La douleur est située en haut et à droite de l’abdomen, sous les côtes, pouvant irradier entre les omoplates ou dans l’épaule. La douleur est augmentée par la respiration", décrit la docteure Vianna Costil.

Elle s’intensifie rapidement et devient constante, obligeant souvent à cesser toute activité. Si cette douleur se déclare pendant la nuit, elle réveille le malade ;

  • des nausées et des vomissements sont parfois associés ;
  • une gêne respiratoire peut être décrite par certains patients.

La colique hépatique dure de 30 minutes à quelques heures. Elle cesse lorsque le calcul s’est déplacé et ne bloque plus la voie biliaire.

En cas de symptômes, il est urgent de prendre en charge la personne touchée. Afin d’éviter les complications, une consultation médicale rapide voire une hospitalisation est nécessaire.

Comment prévenir la colique hépatique ?

Pour éviter une colique hépatique, il est nécessaire d'anticiper l’apparition d’une lithiase biliaire  :

  • essayer de se stabiliser à un poids normal car l’obésité favorise l’apparition de calculs ;
  • adopter un régime alimentaire sain et équilibré ;
  • éviter le jeûne car il favorise la formation de calcul ;
  • équilibrer la glycémie en cas de diabète (pour éviter un excès de cholestérol) ;
  • éviter la consommation excessive et régulière d'alcool ou effectuer un sevrage alcoolique ;
  • pratiquer une activité physique régulière.

Comment est établi le diagnostic de colique hépatique ?

Tout d'abord, le médecin réalise un examen clinique par un interrogatoire du patient (concernant la nature des symptômes ainsi que ses antécédents personnels et familiaux). Le médecin palpe l'abdomen (au niveau de la région épigastrique et sous les côtes). En présence de douleurs à la palpation, le médecin peut soupçonner des calculs biliaires. 

"Afin de confirmer la colique par la présence de calculs, une échographie abdominale est nécessaire. Cet examen permet de visualiser les calculs, mais aussi l'état de la vésicule et des canaux biliaires", selon l'experte.  

Quel est le traitement de la colique hépatique ?

"En cas de colique hépatique, le médecin prescrit des antalgiques, anti-inflammatoires et antispasmodiques. Il oriente aussi le patient vers un chirurgien digestif. Ce dernier peut proposer une intervention chirurgicale afin de retirer la vésicule biliaire sous cœlioscopie ou par laparotomie", selon la docteure Vianna Costil. 

  • La cholécystectomie sous cœlioscopie permet d’ôter la vésicule biliaire avec une ouverture très limitée de l’abdomen. L’hospitalisation est alors de courte durée ( souvent en chirurgie ambulatoire) et le retour à domicile se fait le jour même. Les suites opératoires et la convalescence sont aussi très courtes. La cœlioscopie est privilégiée lorsque le patient est en bon état général.
  • La cholécystectomie par laparotomie est plus invasive. Elle est pratiquée lorsque la cœlioscopie est contre-indiquée. La laparotomie consiste en ouverture de la paroi abdominale sous les côtes pour enlever les calculs. L'hospitalisation et la convalescence sont plus longues que la cholécystectomie sous coelioscopie.

À la fin de l'intervention, une fois la vésicule biliaire enlevée, le chirurgien vérifie l’absence de calcul dans les canaux biliaires. Le fait de retirer la vésicule biliaire est sans conséquence sur la digestion ou l'état général du patient. 

Les autres traitements de la colique hépatique

D’autres méthodes thérapeutiques sont possibles s’il existe des contre-indications à l’opération :

  • la lithotritie utilise des ondes à haute fréquence pour faire éclater les calculs en fragments qui s’éliminent ensuite par les voies biliaires à l’aide de médicaments dissolvants ;
  • l’administration par voie orale d’acides biliaires peut également être possible, mais les récidives sont fréquentes.
Sources

Publié par Dora Laty et Ysabelle Silly  |  Mis à jour le Experte : Docteure Vianna Costil, gastro-entérologue et hépatologue libérale à Paris.

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